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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Les choses grâce aux mots

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Academic year: 2021

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LES CHOSES GRÂCE AUX MOTS

Guy LÉVÊQUE*, Denise ORANGE**, Guy STOUFF*** *Lycée Saint Amand Montrond/IUFM Orléans/CRCMD Uni. Dijon **IUFM des Pays de Loire, ***Éditions CELDA

MOTS-CLÉS : MOTS – CHOSES – GUIDE RESSOURCE –

PRATIQUES INSTRUMENTALES – PRATIQUES DE COMMUNICATION – INVESTIGATION EXPÉRIMENTALE

RÉSUMÉ : Nous testons une mallette CELDA-JEULIN « Alimentation et digestion » constituée d’un guide ressource, de différents objets de laboratoire et de réactifs chimiques. Au cours de l’atelier un participant réalise une activité expérimentale à la manière d’un professeur des écoles à partir des fiches pédagogiques du guide ressource. Tous les membres de l’atelier s’engagent dans une analyse critique et une discussion de l’articulation entre pratiques instrumentales et pratiques de communication.

ABSTRACT : We test a case CELDA-JEULIN "Food and digestion" made up of a guide resource, various objects of laboratory and chemical reagents. During the workshop a participant carries out an experimental activity with the manner of a professor of the schools starting from the teaching cards of the guide resource. All the members of the workshop engage in a critical analysis and a discussion of the articulation enter the instrumental practices and the practices of communication.

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1. L’ÉQUIPE

Deux animateurs ont préparé et coordonnent l’atelier : Guy Lévêque, est professeur de Sciences de la Vie et de la Terre en lycée, formateur associé à l’IUFM d’Orléans, et doctorant au CRCMD, Université de Bourgogne et Guy Stouff, Bac C, maîtrise de lettres, licence en sciences de l’éducation, enseignant à divers niveaux (secondaire et primaire puis formateur) pendant 15 ans. Aujourd’hui Directeur éditorial chez Celda. L’atelier est petit par le nombre de participants : ils sont quatre d’horizons variés, un membre de l’INRP, deux chercheurs, un maître de conférence IUFM.

2. LA PROBLÉMATIQUE DE CELDA ÉDITIONS ET LE MATÉRIEL UTILISÉ

La société Celda est reconnue depuis de nombreuses années sur le marché scolaire primaire comme la spécialiste du matériel de manipulation dans de nombreuses disciplines tant scientifiques (mathématiques et sciences) que sciences humaines (histoire et géographie). Convaincu de l’importance pour les jeunes enfants que l’approche concrète par la manipulation favorise les apprentissages, Celda a donc développé depuis de nombreuses années des fichiers ressources permettant aux enseignants d’organiser des séances dans lesquelles les élèves construiront leur apprentissage en étant actifs (manipulation, expérimentation), en laissant une part au tâtonnement, au droit à l’erreur mettant ainsi en avant que « ce qui est compris se retient ». Pendant deux ans, Celda s’est attaché le partenariat des Éditions Jeulin qui ont développé des protocoles dans l’esprit de la « Main à la Pâte ». C’est un de ces protocoles qui a été étudié dans le cadre de l’atelier.

3. L’ATELIER

3.1. Objectifs de l’atelier

Nous proposons l’atelier « Les choses grâce aux mots » dans le cadre du thème des Journées, « Par les mots et par les choses ». « Les choses » est un ensemble d’objets, une « boîte à manip » : le Kit Celda « Alimentation et digestion ». Il s’agit pour les participants d’utiliser les objets à partir des mots d’un cédérom ou d’un guide ressource qui suggèrent des activités pour des élèves du cycle 3. L’atelier permettra de :

1. Découvrir les notices d’utilisation ou notices pédagogiques qui accompagnent les objets du kit. Il existe également la possibilité de découvrir les fiches sur un support numérique, un cédérom

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livré dans la mallette. Au cours de cet atelier nous n’avons pas utilisé le support numérique. 2. Utiliser les objets à partir des mots des notices.

3. Construire une critique des notices par l’usager qui a entre les mains les choses et les mots. Notre questionnement : Les mots des fiches ou du cédérom sont-ils indispensables pour que l’enseignant puisse envisager une utilisation simple du matériel devant ses élèves. Les fiches sont-elles au contraire trop fermées, pour le professeur, pour l’élève ? Conduisent-elles à une démarche spontanée ou à une démarche dirigée ? Quel est le support le plus adapté, cédérom ou livret. La construction d’une grille d’analyse critique est envisagée.

3.2. Fonctionnement de l’atelier

Il s’agit d’une part d’expérimenter comme le ferait un professeur des écoles qui vient d’acquérir la mallette « Alimentation et Digestion ». Un membre de l’atelier réalise les expériences alors que les autres membres le guident à partir des fiches protocoles et des informations scientifiques du guide ressource. D’autre part, la réflexion collective du groupe a pour objectif de mettre en rapport les pratiques expérimentales sur les choses contenues dans la mallette (les béchers, les tubes à essais, les produits et réactifs chimiques…) avec les pratiques de communication, les mots (le texte et les conseils des fiches). Nous ne nous situons pas dans une critique didactique de la séquence présentée ; en revanche nous portons notre réflexion sur l’usage des fiches en lien avec des objets mis à disposition.

La problématique proposée par les animateurs lors de la présentation de l’atelier (diaporama en annexe) est mise en œuvre par les participants. En effet les participants acceptent de partir des fiches pour identifier les liens problématiques qu’entretiennent les « mots » et les « choses ».

Les participants se familiarisent avec le contenu « objets » et le contenu « mot » de la mallette. Deux activités sont successivement réalisées : « Que contiennent les aliments que nous mangeons » et « Comment les aliments sont-ils digérés ? » qui correspondent aux séances trois et cinq des activités de classe. Les fiches donnent une indication au professeur du temps envisageable : une heure trente pour identifier le contenu des aliments et une heure quinze pour l’activité de digestion. Notre atelier se déroule sur trois heures.

3.3. Déroulement de l’atelier

Le contenu de la mallette est complété par un « pack course » comprenant des gobelets en plastique, des filtres à café, des élastiques et quelques aliments à tester (pain, banane, pomme…). Si la prise en main des différents objets à disposition est aisée, en revanche les fiches du guide sont assez entropiques. En effet, les documents de la séance numéro trois « Que contiennent les aliments que

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nous mangeons » comprennent plusieurs types de fiches qui apportent de très nombreuses informations : des fiches « préparation de la séance », « scénario détaillé », « trace écrite », « activités complémentaires », « annexe », « outil », « expérimentation », « évaluation formative », « évaluation ». Les activités expérimentales sont malgré tout possibles à effectuer sans difficultés majeures grâce aux protocoles fournis. Le professeur des écoles peut réaliser à l’avance les activités et les proposer ensuite à ses élèves.

Notre réflexion porte sur le sens des mots. Nous relevons en effet des manques et des implicites dans les mots utilisés, d’une part pour la dénomination des objets et d’autre part pour les choix et l’explicitation des mises en œuvre.

3.4. Analyse critique, réflexion, discussion des participants

Les résultats sont également lisibles dans un tableau récapitulatif du diaporama (annexe). À l’attention du professeur :

- le mot « sucre » : il est utilisé pour simplifier, sans doute. Cette simplification est dommageable car le réactif utilisé ici, la liqueur de Fehling permet seulement de repérer des « sucres réducteurs ». Le sucre habituel, le saccharose n’est pas utilisable eu égard à son caractère non réducteur.

- « l’eau de pain utilisée » masque des confusions et des contradictions dans l’approche des processus(le protocole propose d’utiliser de l’eau de pain testée par le Lugol pour mettre en évidence l’amidon du pain, alors que la mie de pain convient). En effet comment lors de la deuxième séance sur la digestion montrer que la digestion solubilise les grosses molécules d’amidon si au départ on utilise de l’eau de pain pour mettre en évidence la présence de féculent (l’amidon) dans le pain. Il sera difficile au non spécialiste de faire découvrir le concept de digestion à l’élève.

- les mots imposent leur démarche au professeur qui construit ainsi son activité À l’attention de l’élève :

- le choix du « pain rassis » est perturbant pour l’élève qui risque de prendre en charge des problèmes éloignés de la problématique retenue.

- la « disparition » évoque la magie tout autant qu’une réelle transformation des constituants en produits de la réaction.

À l’attention du professeur et des élèves :

- l’élève n’est pas dans une situation d’investigation pour l’utilisation des choses. L’activité expérimentale est privilégiée pour elle-même. Elle ne favorise pas l’apprentissage par essais et erreurs. Nous résumons nos questionnements dans le tableau page suivante.

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4. PERSPECTIVES

Les échanges que nous avons eus au cours de l’atelier entre les enseignants, les théoriciens en didactique d’une part et les acteurs de la médiation d’autre part permettent d’esquisser des perspectives intéressantes dans la conception de guides ressources permettant d’articuler au mieux les pratiques instrumentales avec les pratiques de communication.

Quelques grandes questions Points abordés, remarques, questions Sous le couvert des « mots » et des « choses »,

quelle conception ont les auteurs de l’activité scientifique ?

- Quelle « distance » leur démarche entretient – elle avec une démarche d’investigation ?

- Quelle distinction fait-on entre culture scientifique et vulgarisation ?

- La place accordée au tâtonnement, à l’essai, est réduite.

- Quelle place accorde-t-on aux pré-requis ? Aux conceptions ?

- Leçon de choses, éveil, démarche expérimentale, démarche d’investigation

On emploie « sucre » au lieu de « sucre réducteur »

Quels sont les apprentissages visés ?

- L’élève ne risque-t-il pas de prendre en charge d’autres problèmes (exemple : pourquoi du « pain rassis » ?

- N’est-on pas sur l’activité expérimentale pour l’activité expérimentale ?

- On privilégie l’activité expérimentale et le résultat, moins les problèmes et les erreurs. -

Comment utilise-t-on les « choses » ?

Quels sont les possibles d’investigation expérimentale pour un élève de 9 ans ?

- Comment apprend-on à se servir des choses ? Quelle prise en compte a-t-on du qualitatif, du quantitatif et de leur articulation ?

- Il y a un nombre fixé de tubes, pas un de plus.

Vers quoi peut s’orienter l’élève ?

- La « profondeur » cachée des mots :

polysémie, inscription dans des univers différents. Difficulté d’être univoque.

À questionner les « mots », on se dote de repères.

Expérience « témoin » « constater » = observer

« disparition » = transformation mais l’élève peut vite se situer du côté de la magie

Quels mots sont restitués après les choses ?

Des erreurs conceptuelles Repérables par : Amidon soluble, sucre, sucre

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ANNEXE

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