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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Ni par les mots ni par les choses : par les incorporels. Les Stoïciens, la Katalepse et la survenance

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NI PAR MOTS NI PAR LES CHOSES : PAR LES INCORPORELS.

LES STOÏCIENS, LA KATALEPSE ET LA SURVENANCE

Jean DELORD IUFM Toulouse

MOTS-CLÉS : REPRÉSENTATION – ASSENTIMENT – LOGIQUE – COMPRÉHENSION EXPRESSION – SURVENANCE

RÉSUMÉ : Si les idées ne constituent aucune limite et ne sont pas traductibles en concepts, si les choses n’ont pas de réalité, si les mots n’offrent aucune garantie de permanence, alors comment allons nous apprendre ? Par l’individu et par ses déclinaisons. Seulement, dans ce cas, connaître ce sera connaître par les effets incorporels et non par les causes. Au carrefour de la physique, de la logique et de la philosophie, cette approche de la « compréhension » a de quoi nous troubler, nous les héritiers des mots et des choses et des systèmes de connaissance

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1. INTRODUCTION : DE L’ÂME AUX « ÉTATS D’ESPRITS » DE L’ESPRIT

Pour les stoïciens, apprendre et comprendre renvoient aux incorporels, aux « exprimables » et aux événements. C’est par la « Katalepse » que la véritable didactique commence et elle sera alors une théorie de l’expression. « Si le premier, alors le premier » tel est le premier axiome qui fondera beaucoup plus tard la logique des prédicats comme science et la première ébauche d’une théorie de la survenance entendue moins comme une conception particulière de la représentation que comme une manière de poser le problème de la relation entre des relations

2. LE CONNAISSABLE : L’individuation comme autre modèle de la représentation (une autre SVT)

2.1. Qu’est ce qu’un signe

Le signe n’est autre chose que la proposition antécédente d’un lemme dans le cas particulier où les deux propositions sont vraies : « si une femme a du lait, elle a enfanté ; s’il fait jour, il fait clair » ou la première non démontrée de Chrysippe « Si le premier alors le premier » (cf. prédicat monde, référence et représentation)

Si le premier « fait » est le signe c’est parce qu’il porte en lui-même pour ainsi dire la signification de l’autre « fait » de manière « conventionnelle » c’est-à-dire concluante Si le premier « fait » est le signe c’est parce qu’il porte en lui-même pour ainsi dire la signification de l’autre « fait » de manière « conventionnelle » c’est-à-dire concluante. Les stoïciens excluaient du « syllogisme » les raisonnements non concluants et distinguaient en concluants faux et concluants vrais

2.2. Cicatrice et blessure

Le signe est donc intelligible seulement en tant qu’il n’est pas un objet de représentation sensible, mais un exprimable, un jugement. Sextus emploie ici, comme en d’autres cas, le mot noétique. Donc le signe est un exprimable incorporel. Ce dont il est signe est également un exprimable. C’est ce que veulent dire les Stoïciens en soutenant cette thèse paradoxale : « Le signe présent doit toujours être signe d’une chose présente » S’il a une cicatrice, il a eu une blessure la blessure en elle-même est sans doute une chose passée, mais ce n’est pas du tout la blessure, mais bien le fait d’avoir eu une blessure qui est signifié ; de ce fait présent, le signe est cet autre fait

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« L’emphasis » de Chrysippe si la première proposition n’est pas identique à la première le sunéménon peut être concluant « si elle y est contenue en puissance » s’il fait jour il fait clair et non « s’il fait jour il fait jour » (identité) le contradictoire (« il ne fait pas clair ») n’a de sens que dans un système de concepts définis. Cf. la notion de « monde » contemporaine ici et la différence conséquence (akoloutia) implication (p implique q différent de p cause de q. Dire le signe est un « intelligible » (et non un « sensible » comme la pensaient les épicuriens) revient à passer dans la dimension logique du monde de la prédication (logique du deuxième ordre donc) « fin du monde normal » et à la « dépendance ontologique » des théories holistiques modernes qui caractérisent cette propriété par la notion de « Survenances ».

Qu’il s’agisse de la survenance de concepts, de propriétés ou d’entités, la notion de base suppose que A survient sur B si et seulement si les variations de A covarient avec les modifications de B, et si A dépend de B sans pour autant que A soit réductible (par identité) à B.

On peut rendre compte d’une chose qui arrive à tel endroit en termes d’une autre chose qui arrive ailleurs, s’informer ou agir sur l’une en s’informant ou en agissant sur l’autre. La notion de dépendance (et sa converse, celle de détermination) joue un rôle central :

Les choses sont connectées les unes aux autres en ce que l’existence d’une chose ou les propriétés qu’elle a dépend et est déterminée par l’existence d’autres choses et par les types de choses qu’elles sont. Par où l’on voit que si elle ne suppose pas l’identité des descriptions la relation de survenance suppose cependant une forme de nécessité (qui peut être de nature logique, Nomologique ou Métaphysique)

Métaphysique doctrine essentialiste : si x à la propriété B il ne peut pas ne pas avoir la propriété A. Donc, s’il est B, il est essentiellement A

Nomologique : suppose simplement une loi telle que si quelque chose est B, alors il est A

Logique : dit simplement qu’une certaine description de quelque chose co-varie et dépend d’une autre description, sans y être réductible.

2.3. La logique de l’événement

Cet événement présent : avoir une cicatrice, ne diffère que dans les termes de cet autre événement également présent : avoir eu une blessure. il est indéniable que la représentation de la blessure n’est pas contenue dans la représentation de la cicatrice, et qu’il faut par conséquent l’expérience pour aller de l’une à l’autre. Mais, encore une fois, la dialectique ne s’occupe pas des représentations et de l’expérience, mais seulement des exprimables et des propositions.

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3. LE CONNU (L’incorporel et la logique de l’expression) 3.1. Attribut et proposition

Les Stoïciens, précédés sur ce point, semble-t-il, par quelques philosophes de l’école mégarique, en ont donné une solution profonde et ingénieuse, qui n’exige aucun appel à une théorie des idées. Si, dans une proposition, le sujet et le prédicat sont considérés comme des concept de même nature, et particulièrement des concepts indiquant des classes d’objets, on aura grand-peine à comprendre la nature de la liaison indiquée par la copule.

Si ce sont des classes différentes, chacune existe à part, en dehors de l’autre, et elles ne peuvent se lier. Si elles sont identiques, nous sommes réduits à des jugements d’identité. La liaison de participation que Platon avait trouvée, et celle d’inclusion qu’Aristote utilisait de préférence, étaient une solution possible à ces difficultés. Mais de telles solutions, qui, pour les modernes, ne concernent que les pensées, avaient, pour les anciens, une portée métaphysique, que l’on n’en pouvait disjoindre. Les termes du jugement désignent en effet non seulement des pensées, mais des êtres réels. Or si la réalité se concentre, comme chez les Stoïciens dans l’individu, une pareille théorie est inadmissible.

En effet chaque individu non seulement possède, mais est une idée particulière irréductible à tout autre. Pour que ces réalités participent l’une à l’autre ou soient incluses l’une dans l’autre, il faudrait que deux individus fussent indiscernables l’un de l’autre, ou qu’un même individu pût avoir en lui plus d’une qualité propre, ce qui est absurde ‘. Deux réalités ne peuvent coïncider. 3.2. Nature du prédicat : l’événement

Il suit de là que les Stoïciens n’accepteront que les propositions contenant un verbe : dans le verbe se confondent pour eux prédicat et copule. On voit par là tous les jugements qu’ils excluent, tous ceux dont l’attribut indique une propriété réelle du sujet, et qui indiquent un rapport entre concepts. Ce qui s’exprime dans le jugement, ce n’est pas une propriété comme : un corps est chaud, mais un événement comme : un corps s’échauffe.

3.3. La réalité logique

Le problème de l’attribution est donc résolu en enlevant aux prédicats toute réalité véritable. Le prédicat n’est ni un individu, ni un concept ; il est incorporel et n’existe que dans la simple pensée. Au contraire les Stoïciens, en admettant que les faits étaient incorporels et n’existaient que dans la

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n’ont cru que l’on pouvait avoir la pensée de quelque chose qui n’existe pas. Les Stoïciens, malgré les apparences, sont restés fidèles à ces tendances : si la pensée dialectique n’enserre plus, dans la proposition, des réalités, l’attribut pensé n’en est pas moins identique a l’attribut objectif. En refusant à la pensée la réalité telle qu’ils la conçoivent, ils ne peuvent ainsi que la refuser à son objet.

Ce qui rejoint les thèses les plus actuelles des sciences de la cognition :

1) Les explications cognitives partagent avec les explications ordinaires du comportement l’hypothèse qu’il y a un certain nombre de généralisations correctes sur le comportement exprimable au moyen d’un vocabulaire cognitif, faisant référence à des états « mentaux » qui sont des raisons (ou, en la circonstance des causes de ce comportement) Par exemple la psychologie ordinaire dit que cet homme a bu un verre d’eau parce qu’il désirait boire, et

parce qu’il croyait que ce verre contenait de l’eau. Elle nous dit aussi que, toutes choses

égales par ailleurs, un homme placé dans ces circonstances, et avec ces désirs et croyances, accomplirait la même action. Contrairement au behavioriste, le cognitiviste tient ces explications et prédications usuelles pour fondamentalement correctes, même si la tâche de la psychologie est de les raffiner et de les préciser.

2) Ces généralisations cognitives définissent un niveau autonome de description : elles ne peuvent pas être exprimées dans un vocabulaire « comportemental » ou phénoménologique. Cela veut dire que l’intentionnalité et la rationalité du comportement humain ne peuvent être expliquées ni éliminées dans les termes causaux de la biologie, de la neurophysiologie ni en termes des simples stimuli et réponses comportementaux. Ces généralisations cognitives doivent être exprimées en termes des contenus intentionnels ou des états représentationnels. Par exemple, si nous disons que Untel va au cinéma parce qu’il désire aller au cinéma, et parce qu’il croit que le cinéma passe un bon film, c’est parce que la croyance et le désir d’Untel ont un contenu spécifique qu’ils causent le comportement d’aller au cinéma.

4. (LE CONNAÎTRE) : Une pensée de la pensée la Katalepse et la survenance 4.1. Compréhension et raison : l’assentiment

L assentiment provoqué par la représentation compréhensive rejoint les théories cognitives sur la croyance forte et celle de dépendance On peut rendre compte d’une chose qui arrive à tel endroit en termes d’une autre chose qui arrive ailleurs, s’informer ou agir sur l’une en s’informant ou en

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agissant sur l’autre. La notion de dépendance (et sa converse, celle de détermination) joue un rôle central :

Les choses sont connectées les unes aux autres en ce que l’existence d’une chose ou les propriétés qu’elle a dépend et est déterminée par l’existence d’autres choses et par les types de choses qu’elles sont

C’est cette dépendance qui rend le monde intelligible ; c’est en vertu de cette dépendance que nous pouvons intervenir dans le cours des événements (et le modifier pour l’adapter à nos souhaits). L’assentiment stoïcien établit cette dépendance dans le jugement.

4.2. De la cicatrice au tire-bouchon ou de la survenance

En pratique, les sciences cognitives se développent bel et bien sur deux plans partiellement indépendants. Cette autonomie relative se manifeste par exemple dans le déploiement du concept de

représentation : on entend par là un état mental dont l’identité, l’individualité, est due à la fonction

qu’il occupe dans l’économie complexe des autres représentations, des perceptions et des actions. On retrouve une forme de Katalepse ici Le désir de boire de l’eau est un état dont l’essence est de se combiner avec certaines croyances, telles que celle qu’il y a un verre d’eau posé sur la table à portée de la main, pour produire, toutes choses égales d’ailleurs, une action de saisie du verre d’eau.

Une représentation a de ce point de vue, quelque chose de commun avec un tire-bouchon : c’est quelque chose de matériel, mais qui doit son identité, exclusivement, au fait qu’il sert à déboucher une bouteille. Si vous voulez, à partir de ce principe d’individuation, constituer une physique des tire-bouchons, vous n’y parviendrez pas :

Il y a toutes sortes de tire-bouchons qui répondent à des principes physiques différents (mécaniques, à gaz comprimé, etc.) lesquels n’ont rien de commun en tant que dispositifs matériels. La physique ne suffira donc pas à décrire les tire-bouchons, sinon de manière « disjonctive » et indéfinie. Vous ne pouvez définir ce qui est commun à tous les tire-bouchons qu’à partir de leur fonction (déboucher des bouteilles) et indépendamment des réalisations physiques particulières de cette fonction.

Comment néanmoins réconcilier le caractère causal de ces explications cognitives avec le postulat scientifique usuel selon lequel seules des entités physiques peuvent avoir des causes (c’est-à-dire comment accepter l’autonomie du niveau cognitif sans souscrire à une forme de dualisme) ? La réponse du cognitivisme classique est que les états mentaux des individus sont des relations entre des représentations mentales et l’organisme. Ces relations sont fonctionnelles ou computationnelles

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mentaux. Cela implique que les processus mentaux soient des séquences causales de représentations particulières et soient définis ainsi par leurs rôles causaux dans des systèmes d’états d’entrées

(inputs) et de sorties (outputs).

Pour concilier la thèse selon laquelle l’esprit contient des représentations avec celle du caractère causal de ces représentations, le cognitivisme classique postule que les contenus sémantiques des états mentaux sont encodés dans des propriétés du cerveau, comme les contenus sémantiques des représentations d’un ordinateur c’est-à-dire dans des structures de symboles physiques. En d’autres termes, comme le dit Fodor, on « connecte les propriétés causales d’un symbole avec ses propriétés sémantiques à travers sa syntaxe ».

4.3. Événements (Extension et Intension) et survenance

En premier lieu Davidson parle d’événements physiques et d’événements mentaux. Les événements sont pour lui des entités singulières, non répétables, et ontologiquement irréductibles, c’est-à-dire qui font partie de l’ameublement du monde Ils peuvent recevoir différentes sortes de descriptions. Quand un événement est décrit au moyen d’un vocabulaire physique, il est physique quand il est décrit au moyen d’un vocabulaire mental, il est mental.

Quand on explique une action au moyen d’une raison (par exemple « Il est allé à l’Église parce qu’il voulait faire plaisir à Tante Yvonne ») on énonce une certaine relation causale singulière entre un événement mental (le fait d’avoir une certaine attitude) et un événement physique (un mouvement du corps). Cette relation vaut quelle que soit la manière dont les événements sont

décrits, c’est-à-dire que la relation causale est extensionnelle. Par P3, il n’y a pas de loi reliant les

descriptions de l’événement décrit comme une raison à la description de l’événement décrit comme une action (il n’y a pas de loi causale disant que toutes les actions d’aller à l’Église sont causées par des désirs de plaire à sa tante). Autrement dit, les explications mentales sont intensionnelles et comme telles non nomologiques. Mais il y a nécessairement (par P2) une loi qui sous-tend la

relation causale singulière entre les deux événements décrits, même si nous ne la connaissons pas.

Tout l’argument repose sur la distinction entre le caractère extensionnel de la relation causale, opposé au caractère intensionnel de l’explication causale.

Les stoïciens distinguaient aussi le caractère extentionnel du monde des conséquences, des causes et des choses et le caractère intensionnel du schéma propositionnel du monde de l’implication, de l’inférence et des incorporels. Toutes choses égales par ailleurs la théorie des incorporels pour surprenante qu’elle soit se retrouve d’une actualité remarquable : le sens survient, dépend de l’activité pensante et covarie avec l’événement, sans être causé par lui et sans s’y réduire ce qui constitue la définition même de la survenance dans les Théories cognitives actuelles.

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