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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Citoyenneté, problèmes globaux et éducation à l'environnement

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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CITOYENNETÉ, PROBLÈMES GLOBAUX

ET ÉDUCATION À L'ENVIRONNEMENT

Vilor OLIVEIRA

Département d'Éducation, Université d'Évora {Ponugal}

MOTS.CLÉS: CITOYENNETÉ - ÉDUCATIONÀ L'ENVIRONNEMENT-EFFET DE SERRE - RÉCHAUFFEMENT GLOBAL

RÉSUMÉ: Être citoyen d 'un état démocratique implique, dans tous les domaines, des droits et des devoirs, des options et des décisions. Quand le domaine est l'environnement global les frontières entre les états tombent et le concept de citoyen se complexifie. Celle communication, issue d 'un projet avec des élèves de 14/15 ans, souligne que l'éducation à l'environnement, basée sur l'étude de l'effet de serre et le possible réchauffement global, implique de la part des enseignants, la prise en compte de celte problématique.

SUMMARY : Citizenship, in a democratic state, involves, in each domain of everyday life, rights and duties, options and decisions. However, when the global environment is involved, physical borders are no more significant, and the citizen concept becomes much more complex. This paper, connected with a project involving 14-15-year-old pupils in the understanding of the greenhouse effect and the global wanning, stresses [hat this son of ethical problems must be taken in account in their teachers training.

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I. INTRODlJCTION

Celle année le thème des Journées présente un défi particulièrement difficile pour la notre réflexion. De quel citoyen veut-on parler quand on parle de citoyenneté? Et dans quelle cité sont établis ses droits et ses devoirs? De quel(s) concept(s) de citoyenneté avons-nous besoin pour préparer les citoyens de demain? En préparant cette communication, nous sommes tombés, un peu au hasard, sur deux anicles de journal, qui peuvent nous aideràréfléchir sur ces questions.

2. DE LA CITOYENNETÉ PASSIVE À LA CITOYENNETÉ ACTIVE

Le22 février dernierLibération,à propos du mouvement pour la "désobéissance civique" contre la loi Debré, note dans son éditorial, titré "Morale" :

"On a toujours raison de se révolter moralement. On peut cenes dauber sur l'emphase militante, sur 1indignation symbolique, sur la naïveté de l'artiste. Mais que veut-on, à la fin ? L indifférence? L'apathie citoyenne? La démocratie en pantoufles? Un mouvement civique n'est pas une sonate de Bach... L'harmonie n'en est pas toujours parfaite, les fausses notes viennent vi te. Doit-on pour autant préférer le silence de la foule solitaire? N'est-il pas bon pour la démocratie que des citoyens aussi nombreux que possible manifestent un sens sourcilleux des principes fondateurs ? ... Libération,22 février 1997, p.2.

Les concepts de citoyen, citoyenneté et civisme sont fondamentaux pour donner du sens à la prise de position de l'éditorialiste; la "citoyenneté militante" et la "citoyenneté apathique" sont confrontées, dans une claire option morale. On défend un citoyen activement solidaire avec les autres, surtout si ceux-là ne sont pas des citoyensàpart entière.

Dans les états modernes, sortis des révolutions de la fin du XVIIIe siècle, le concept de citoyenneté peut avoir deux sens complémentaires: d'une part, la citoyenneté des droits et du statut, la citoyenneté passive; d'autre pan, la citoyenneté active, associée aux responsabilités, aux devoirs civiques, bien comme a l'idée de partager avec les autres la construction du monde (Walzer, 1997).

La désobéissance civique est associéàla citoyenneté active. John Rawls (1972), dans son œuvre A Theory of Justicejustifie la désobéissance civique, en précisant quelle s 'applique dans le cas d'une société "presque juste", avec une autorité démocratique, légitimement établie, dans laquelle peuvent cependant arriver des graves violations de la justice. Dans ce cas, selon Rawls, "la désobéissance civique est un acte publique, pas violent, conscient et de nature politique, contraireàla loi, pratiqué avec l'objectif de provoquer le changement des lois ou de la politique du gouvernement établi". La désobéissance civique est donc une façon de faire appel aux sentiments de justice de la communauté, en défendant les principes fondamentaux de la coopération sociale.

Dans le cas précédent, les citoyens peuvent être "pour", "contre" ou même "indifférents" faceàune loi injuste. Toutefois, et à notre avis, c'est encore dans les murs de la "cité classique" qu'on continue à débattre et à prendre des positions, même quand on ose défendre que les étrangers et les esclaves doivent devenir des citoyens de plein droit.

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3. LES NOUVELLES DIMENSIONS DE LA CITOYENNETÉ

Le 23 février dernier. sous le titre "La fonte des glaciers des Alpes inquiète les chercheurs", le journal Le Monde, référant des prévisions récentes des experts du Groupe Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (I.P.C.C; - International Pannel on Climate Change), pour un cadre de développement "business as usual", traçait le suivant scénario apocalyptique,à propos du possible réchauffement de la planète:

"Année 2100 sur la planète bleue. La température s'est élevée de 22C. Sous l'effet de la dilatation des océans et de la fonte d'une partie des calottes glaciaires, le niveau de la mer a monté de 50 centimètres, noyant les basses terres et contraignant des dizaines de millions de personnesà l'exil. Sécheresses et inondations redoublent d'intensité. La disette alimentaire sévit dans de nombreux pays, et les ressources en eau douce se raréfient. Les maladies infectieuses font rage. Des espèces animales et végétales ont définitivement disparu de la Terre...LeMonde, 23/24 février 1997, p, 19. Le scénario précédant, malgré toutes les incertitudes, inhérentesà la complexité des interactions dans le système Terre, est plausible, si on prend en compte les prévisions pour le réchauffement global,à partir de plusieurs modélisations numériques (Graedel et Cruitzen, 1995). D'ailleurs, les prévisions sont fonement dépendantes du rôle joué par l'homme, une fois admis qu'une pan significative de la production de gazà effet de serre (surtout C02 et CH4) est d'origine anthropique et est associée aux modèles de développement actuels, en ce qui concerne la production d 'énergie et d'aliments. Comme le dit Thuillier (1992), "si l'effet de serre éveille tant d'échos c'est sans doute parce qu'il cristallise de multiples inquiétudes et donne l'occasion d'amorcer une réflexion globale sur les malaises du monde actuel... ".

La question globale qu'on peut se poser est la suivante: que type de citoyenneté active peut conlTibuer à combattre ce futur scénario, même si on considère que les prévisions peuvent être exagérées? Orientés par le principe de la précaution, on peut déplier cette question dans les suivantes:

- Peut-on considérercescénario inévitable? - Est-ce que je conlTibueà sa création?

- Que dois-je faire ?

Celle sorte de questions sont identifiables avec les célèbres questions kantiennes que, selon Greisch (1994), "résument les intérêts majeurs de la raison" :

- Que puis-je savoir?

- Que m'est-il pennis d'espérer?

- Que dois-je faire et quelles initiatives dois-je prendre?

Ces interrogations et ces initiatives sont inhérentesàla condition humaine et sont indissociables de la responsabilité de l'homme envers soi-même et envers la Terre, dans son ensemble (Jonas, 1992). Nous sommes donc au seuil d'une nouvelle citoyenneté active, associéeà des nouvelles dimensions de l'éthique kantienne, dans les domaines spatial et temporel, en ne perdant pas de vue que les points de repère sont, toujours, les droits fondamentaux de l'être humain.

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"Rien ne nous permet d'espérer une fin heureuse pour la crise actuelle. Si on ne s'engage pas sur la revitalisation des valeurs de la citoyenneté active et sur le panage démocratique des décisions politiques, si on se limite à soutenir l'existence de dispositifs structuraux involontaires pour rééquilibrer les déséquilibres en cours, on pourra affirmer, par anticipation, qu'on est en train de marcher vers une collision trJ.gique avec un futur sans perspectives."

Comme l'auteur précédént le démontre, les tâches inhérentes à la dimension globale de la crise environnementale ne peuvent pas être accomplies dans le cadre actuel de la démocratie par représentation ou par délégation. Ces taches exigent, de chacun de nous, une intervention consciente, li bre et responsable.

4. ENTRE LE CATASTROPHISME ET L'INDIFFÉRENCE

Les considérations antérieures s'insèrent dans un projet d'éducation àl'environnement avec des élèves de 14-15 ans, en classe de Physique où,àpropos du thème "L'atmosphère et le climat", l'effet de serre et le possible réchauffement global jouent le rôle de concepts organisateurs. L'analyse des réponses d'un questionnaire préalable sur les représentations des élèvesàpropos de ces phénomènes, de ses causes et de ses conséquences, a mis en évidence que, dans la plupart des cas, ils se les représentaient d'une façon biaisée, surtout en ce qui concerne les conséquences, pleines de prévisions catastrophistes,àcoun terme (Oliveira, 1996). Ces résultats relèvent deux aspects, apparemment contradictoires: d'une pan, il est évident que les élèves se préoccupent et sont concernés par les conséquences des possibles modifications du climat; d'autre part, ses prévisions catastrophismesà coun terme, en manque de confumation, peuvent aboutir à la méfiance envers les scientifiques et, en bref,àlïndifférence etàl'insensibilité, En attribuant ces visions au rôle joué par les médias auprès du public, Castri (1992) note:

"La plupart des informations qu'on peut lire dans les journaux sont assez biaisées. Les journalistes véhiculent une idée romantique de l'écologie, très éloignée de sa réalité : ils accentuent les controverses ou bien exagèrent la gravité d'un problème et prédisent lïmminence de catastrophes dantesques. Au bout de trois fausses alertes, l'écologie perd toute crédibilité auprès du public. Et quand la catastrophe se produira... l'opinion publique n'y croira pas."

Un questionnaire semblable àl'antérieur, mené auprès des douze professeurs stagiaires qui collaborent avec nous dans le projet, a mis en évidence qu'eux aussi, sont concernés par celte problématique. Confrontés avec la question "Qu'est ce que c'est l'effet de serre 7", ils le caractérisent, dans la totalité des réponses, comme une conséquence de la pollution atmosphérique. Toutefois, ces jeunes professeurs, venus d'un cours universitaire de l'Enseignement de la Physique, ont étudié l'effet de serre comme un phénomène naturel, essentiel en plus pour le maintien de la vie sur la Terre. Dans les séminaires de préparation, et en discutant ses réponses, on souligne que, malgré les aspects positifs de la caractérisation qu'ils ont fait, associéeàune attitude concernée par les problèmes de l'environnement, il est important de prendre en considération, auprès des élèves, la distinction conceptuel entre "l'effet de serre" et "le réchauffement global". La caractérisation positive du premier

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concept rend évidentl'imponance des plusieurs équilibres sur le système Terre; le potentiel danger du deuxième phénomène est un point de départ pour déchaîner des actions concrètes de protection de l'environnement.

5. CONCLUSION

Une stratégie d'abordage du thème précédent doit être fondée.ànotre avis. sur deux piliers: d'une pan, une connaissance, adéquate au niveau des élèves, des phénomènes qui sont en jeu; d'autre part, une compréhension de la dimension éthique des optionsàprendre. Contrairement à la position qui considère que l'augmentation dans l'atmosphère des gazàeffet de serre est un affaire seulement des patrons d'usine et des gouvernants. il faut que chacun de nous prenne en mains les responsabilités inhérentes au domaine global de ces problèmes, profondément associés aux activités humaines. En accord avec les mots deF. Mayor (1996), secrétaire général de ILJ.N.E.S.C.O., nous sommes ici devant la dimension planétaire de la citoyenneté: "Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la prise de conscience de l'impact global de nos actions (...) nous contraintàtout faire pour éviter que notre action sur l'environnement planétaire n'ait des effets irréversibles, qui pourraient empêcher les générations futures d'exercer tout ou partie de leurs droits (... ). Ces droits, d'un type nouveau, ne constituent des droits que parce que préexistent

à

la charge des générations actuelles des devoirs correspondants, dont les droits des générations futures représentent le pendant. Il s'agit d'un rappon dialectique droits/devoirs, qui devrait nous rendre conscients de l'unité intrinsèque de l'espèce humaine, dans l'espace comme dans le temps."

BIBLIOGRAPHIE

CASTRI F., L'Écologie en temps réel, in 1. Theys et B. Kalaora (Coords.), LaTerre outragée(pp. 78-86), Paris: Autrement, 1992.

GRAEDEL T., CRUITZEN P.,Atnwsfere, climate and chan!?e,New York: Scientific American Library, 1995.

JONAS H., LePrincipe de Responsabilité; une éthique pour la civilisation technologique,Paris: Éditions du Cerf, 1992.

MAYOR F., Les droits des générationsàvenir, LeCourrier de l'UNE.S.C.a.,1996,3,36-37. OLIVEIRA V., Efeito de eSlUfa : a imponância do conhecimento cientifico no desenvolvimento de uma ética ambiental, inLibrode Comunicacions ; Congreso / ncernacional "Estratetias e Practicas en Educacion Ambienta''',Santiago de Compostela: Universidad de Santiago, 1996,67-74.

RA WLS L,Atheory ofjustice,Oxford: Oxford University Press, 1972. SOROMENHO-MARQUES V.,RegressaràTerra,Lisboa: Fim de Século, 1994. THUILLIER P., L'humanité saisie par l'effet de serre, LaRecherche,1992,243,515-517. WALZER M., Communauté, citoyenneté et jouissance des droits,Esprit,1997,230-/, 122-131.

Références

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