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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Expériences de vulgarisation scientifique en Pologne

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Academic year: 2021

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EXPE~IENCES

DE

VULGARISATIG~ SC:E~TIFiQUE E~

POLOGNE

?résentation : J6 ef Un ~er ~a sei URWIC it§ de Pro\·e~ce le

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L~TROOUCTION

~usqu'en 1969 je m'occupais de vulgarlsation scientifique en

?olo~ne. e~t~e autr'es, dirigeant pendant vingt-et-un ans la revuelensuelle plur;discip',inai~e

'Prop;e~~y" Prpbiémesi.'1ais je j01S eXPliquer que ce n'était Jas mon ac:iVlte professionnelle. Mon métier ae ~rofesseur

a

l 'Ecole ~alytechniquede 1arsovie ~:ait l'enseignement (supérieuriet ia '-ecnercne scientifique ,en ·:nhie

~r,jSlc,ue c'est justement comme travailleur scientifique que: 'éprouvais 1a nécessité je faire, en marge de mon occupation fondamentale, de la vulgarisation scientifique. J'estime cette activité comme un devoir social et, en méme temps, comme un priVl lége d'un chercheur. En vulgarisant la science, le chercheur donne quelque chose à la société mais il ne faut pas oublier qu'il reçoit aussi quelque chose de la oart Je cette société. Le contact avec le grand public l'enrichit. Il se trouve devant des questions qu'ïl ne se posait probablement ~as lui-méme. Cela exige souvent la clari-fication du langage. Le chercheur qui n'enseigne pas et ne s'occupe pas de vulgari-sation de la science est, à son détriment, dépourvu de cette possibilité précieuse.

2. SIX?UESTI ONS

Avant de donner quelques informations sur mon expérience, CJuvrant les années 1948-1969, comme directeur du journal polonais de vulgarisation scientifique, men-tionné plus haut, il serait,peut-être,utile de présenter mon credo dans ce domaine. Je ferai cela sous forme de réponses à six questions suivantes

1. Qu'est ce que la vulgarisation de la science 2. A quoi sert la vulgarisation scientifique 7 3. Pour qui faut-il vulgariser la science 7 4 Qui doit vulgariser la science

J, Que faut-il vulgariser? et, enfin, 6. Comment faut-il vulgariser la science Et voilà mes réponses succintes à ces questions

1. Par vulgarisation de la science j'entends, en principe, des forlles de dif"u-sion de 1a science ne consistant pas en enseignement systématique couronné par ~n diplôme ou visant à compléter la qualification professionnelle oien qu'il le soie, évidemment, pas ~ossible de tracer une ligne de démarcation Jrècise. La vulgarisa-tion ,je la science, selon ,moi, est, en général, 'a transmission des résJitats je la recnercne scientifique aux non spécialistes.

~. La tâche fondamentale de la vulgarisation scientifique est j'àider ' inG1Vi-du pour qu'il ne se sente pas perinG1Vi-du cevant l'avalanche des découvertes ,je là science contemporaine. Aujourd'hui aucun domaine de la 'lie ~uotidiennen'écnaope

a

i 'ingé-rence de la science. Comment le simple citoyen peut, par exemole, Jécider au sort de l'énergétiaue nucléaire lorsqu'il ne sait de quoi il s''.git ? Comment peut-ii

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Jas qu ' 2St ,~e '~ue .:Iest? ~: Jcit êt(e :;a.;rement"'enseignê ;Jour .:"ait'e son choIx. Jans not~e monde compiioué, malgré la contribution crO~3santede la 3cience, Jes jl":';ér'~~lts 3stroloques, /oyants, ~~éci31~stes en télépatnie, guérlSSeL.r~ Jar magnéti3me et J'autres ~nar!3:3ns , au nom de la liberté (ou, peut-étre, excés de ~iber~"':é:1 ,:?,xD1oitent la Ilaïveté jes jens. ~; .;uffit de feui;ieter des journaux

3-]rand tirage comme";élé-sept-jours", pour :rùuver des horoscopes ::,ue Jlusieurs ~ec­ teurs prennent très ~u sérieux. ~Iest j la Julga(isation scientifique qu'incJmbe e c61e 30:ial '~portant de les avertir, je 3 ooposer a cette action nuisiJle.

3. ~l vulgarisation 3cientifique doit s'adresser aussi Dien aux jeunes qu aux adultes, lUX gens de différents niveaux d'instruction, mème 3 ceux ayant acquis ~ne formation supérieure, méme aux chercheurs en denors, naturellement, de :eur spécia-lité. Un bon exemple de ce dernier cas est la revue"Scientific ';merican" (ou sa ver-sion française "Pour la Science"). La vulgarisation scientifique fournit ainsi un anti-poison contre les conséquences néfastes d'une, inévitable d'ailleurs 3ujour-d'hui,spécialisation très poussée.

4. Jn ~eut êraiter la vulgarisation scientifique comme une traduction des résul-tats scientifiques du langage hermétique de la science en un langage de tous les jours. Le traducteur doit bien maitriser ces deux langues. La première, dans la vul-garisation, est lièe à la compétence scientifique. La deuxiéme représente la capaci-té, sinon le talent de communication orale, éc~ite ou par image.

Seul un spécialiste peut présenter de manière simple les problèmes d'un sujet donné,sélectionner le matériel, extraire de toute une foule de détails l'essence, le simplifier sans faire d'entorse à la vérité scientifique. Enfin, dans la vulgari-sation, comme d'ailleurs dans toute activité,on ne doit pas sous-estimer le facteur émotionnel.Et qui peut mieux que le chercheur faire oartager la passion qu'il éprouvE pour le domaine dont il s'occupe? Seul le chercheur passionné par son travail est capable de montrer non seulement le résultat des recherches mais aussi ~eur charme et les arcanes du laboratoire scientifique. Existent-ils de meilleurs exemples de bonne vulgarisation que la série de conférences de Faraday sur le comportement j'une Dougie ou les livres de Gamov sur la physique moderne, et 3ussi classique'

~. Sans entrer dans ~e détail, je pense, qu'il faut vulgariser plus que tout autre sujet les recherches qui influencent le plus notre vie et qui, par conséquent, exigent une rénovation constante, une mise à jour incessante.

~e faut-il pas,pour commencer, expliquer l'inutilité et mème le manque de réflexion rationnelle de compter encore aujourd'hui en =rance en francs anciens au 'ieu de francs ... français, actuels. Les présentateurs à la télévision ont commencé

à parler des millions ou milliards de ... centimes. Jn Jeut leur preposer de compte~ en dixiémes ou centièmes de centimes s'ils ont une :elle préférence déraisonnaole de manipuler Jes grands nombres. Serait-il olus facile d'évaluer la consommation annuelle f~ançaisede charbon en kilogrammes ou mème grammes plutôt qu'en millions

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i73.

Je tonnes.

6. A la ~uestion, comment v~lgariser, il faut répondre bien, c'es~-~-aire J~ 'açon 'lgoureuse ~ais facile b comprendre et ~éme attrayante, en tenant co~cte ~~ niveau d'instruction du destinataire, de son àge, de ses ~rédispositions Jsycni-ques etc. Jn Jrocédé général n'existe pas. ~ais,en tout cas, il ne 'aut ~as Juoiier

que a tàche de vulgarisation n'est Jas de fournir un bagage important de connais-sances cnais plutôt inciter l'intérét pour la science.

3.~OlJRNAL DOLONAIS "PROBLEMY"

Les principes exposés ci-dessus ont guidé le travail de rédaction du journal polonais "Problemy" dont le tirage a atteint plusieurs dizaines de milliers d'exem-p laires. Cela red'exem-présente un succés incontestable, en d'exem-particulier, si on tient :or:1d'exem-pte

qu'il avait un niveau scientifique élevé et qu'il était édité en polonais, c'est-à-dire en :a langue d'un pays de trente trois millions d'habitants seulement, sans oublier que ce n'était pas un journal unique de vulgarisation scientifique en ?ologne. Le succés de "Problemy" s'explique par son contenu et sa forme.

Ce périodique exigeait chez les lecteurs le niveau, en principe,du baccalauréat et s'jdressait surtout à l'intelligent ia, au sens large du terme. Parmi ses lecteurs, on pouvait trouver des élèves de dernières classes du 1ycée, étudiants, instituteurs, cnaîtres dans l'enseignement secondaire, travailleurs scientifiques, ingénieurs, méde-cins, employés de bureau,etc., mais aussi des chauffeurs de taxis ct des vendeuses Je magasins. Ce ne signifie, naturellement,pas que chaque lecteur lisait toutes les 72 pages du grand format (abondamment illustrées). Chaque numéro était composé de telle maniére que chaque catégorie de lecteurs pouvait y trouver son intérét dans un quart au moins du contenu. C'était possible parce que les sujets aDordés étaient très variés. Cependant le mensuel était axé sur les mathématiques, sciences ~nysiques et nature 11 es "lais, contrairement aux autres journalL< 1:'

ce ::Yre. il consacra it Jn peu de place aux arts, lettres et sciences ~umaines. Les sciences en développement particuliérement rapide, comme physique nucléaire, astronautique, informatique, bio-'ogie cnoléculaire, l""nr-?sentaient les cJomaines )réfét·~s.

,\lous avons eu la crédilecion ~our les sujets pluridisciplinaires et, surtout, aux frontiéres de différentes dis-ciplines. :ontrairement à ce que font les autres journaux de vulgarisation s:ientlri-~ue.nous ne nous contentions pas de présenter l'état actuel du probléme considéré. Les articles dans notre journal permettaient ,je suivre la démarcne intel1ect~elle Juj

]Vait conduit au,rèsultats finals d'jujourd'hui. ',ous avons attribué JeaucJup J'H-tention à l 'histoire et la philosopnie de la science. \lous n'avons pas eu la

n~ces­ sité de faire appel au sensationnalisme, à l'embellissement facile mais inuti',e de la découverte scientifique lorsqu'il suffit de préser,ter l' aspec:lni11aticue or'lpre à la rechercne scientifique. Raopelons l 'hypothèse du neutrino émise Jar 'aul i Jour sjuver les lois de la conservation ou l' histoire des recnerches dramatiaues JU Jion I~éson pil, dont l'existence a été prévue par la théorie de Yukawa.La :ec0uver

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179.

mion méson miu) 3 été considérée au début comme un grand succés de la théorie. Mais

lorsqu'i: fut orouvé que cet:e oarticule élé~entaire ne remolissait pas les condi-tions de Y'Jkawa, :e -riomphe des ê'"éo,"iciens céda la ;liace ci la déception et ce n'est que seulement plusieurs an~~~s plus tar~ qu'on découvrit la oarticule recnerchée. Ce

déroulement ces événements ne ressemble-t-il oas à un roman policier ci suspense?

Les artIcles oubliés dans les 'Problemy" ont été écrits par les meilleurs spé-cialistes polonais et, ce temps en temps, aussi par des auteurs étrangers, en évi-tant des intermédiaires. >lous avons démontré que l'opinion répandue, suivant laquelie;

:es grands savants ne peuvent pas s'exprimer de façon accessible aux non spécialis-ees.est, sauf exceptions peu nombreuses, une contrevérité èlaturellement, l'aide et les conseils de la part de la rédaction sont souvent très utiles.

~os reportages des congrès scientifiques, par exemple, ne se bornaient cas à de simples comptes rendus mais orésentaient,en outre, le caore et l'atmosphère de ces manifestations, brossaient des caractéristiques des participants et commentaient les problèmes les plus marquants ayant fait l'objet de débats.

A part des articles à proprement parler, une partie importante(un tiers environ) de chaque numéro a été consacr,;e aux di fférentes rubri ques. Dans des courtes notes on relatait l 'actual ité de la vie scientifique. Dans la rubrique intitulée "Polémiques" on donnait la possibilité d'exprimer les points de vue divergents. Le courrier des lecteurs apportait des questions auxquelles répondaient les bons spécialistes, en partant du principe qu'il n'y a pas de sottes questions - seules les réponses peu-vent l'être. Dans 1a rubrique "Errare humanum est ... " on a rectifié les fautes scien-tifiques dans différentes publications, les "Problemy" inclus. On publiait des por-traits succints des savants contemporains et du passé, souvent très mal connus. On publiait des extraits des articles des autres journaux scientifiques, surtout de la presse étrangère. [1 n'y manquait pas non plus aphorismes et anecdotes concernant ia science, avec humour mais sans vulgarité. Nous pensions que les sujets scientifiques ne doivent pas être présentés de façon triste et ennuyeuse. Il y avait, naturellement, dans notre journal, aussi une rubrique contenant des analyses des livres scientifi-ques.

En 1960, pour commémorer le 15ême anniversaire du journal, on a fondé ~rois grands prix identiques pour la vulgarisation scientifique, attribués chaque année au mois de novembre. Parmi les lauréats de ce prix on trouve les plus éminents sa-vants polonais, entre autres Leopold [nfeld, physicien théoricien d'une renommée mondiale qui, avec Albert Einstein, a écrit le célèbre ouvrage de vulgarisation scientifique "Evolution de la physique", édité en anglais et traduit en plusieurs autres langues. Les prix des "Prob1emy" décernés aux personnalités reconnues dans le milieu scientifique ont augmenté l'appréciation de la vulgarisation parmi les scientifiques polonais.

Le mensuel "Problemy" ne pouvait que signaler l'existence des problèmes scienti-fiques intéressants. ~ais la curiosité réveillée du lecteur exigeait la suite,

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18 O.

l'approfondisse~ent des questions soulevées. Pour sa:iscaire cette demande, ~a rédaC-tion du journal, en collaborarédaC-tion avec la plus grande maison a'édirédaC-tion scientifique polonaise (Pa~stwowe ~ydawnictwo Naukowe), a entrepris la publication d'une série de monographies scientifiques de vulgarisation de niveau élevé, complétant les artlcles imprimés dans les "Problemy". Dans cette série, sous le nom Bibl iothéque des "Problemy" parurent plus de cent ouvrages. Pour une bonne compréhension de ces 'i-vres il était souvent nécessaire de donner des explications supplémentaires. :ette nécessité était à l'origine de la publication, dans cette série, des quelques oetites encyclopédies: " Petite encyclopédie des sciences", "Petite encyclopédie des techniques", "Petite encyclopédie de la santé", "Petite encyclopédie de la mu-sique", .. , En ce qui concerne l'encyclopédie de la santé, il faut remarquer que cet ouvrage, ainsi que les articles médicaux dans le journal et les réponses aux ques-tions des lecteurs sur ce sujet,ne comportait jamais des conseils pour les soins médicaux; cela appartient exclusivement aux consultations du médecin. Dans cette encyclopédie et dans notre journal, onca traité que le comportement de l'organisme numain bien portant et malade et on a parlé des méthodes de prévention de la maladiç.

La revue "Problemy", complétée par la Bibliothéque des "Problemy", a poussé plu-sieurs jeunes à se diriger vers la carrière scientifique. Presque toute une généra-tion de chercheurs polonais en sciences exactes, ayant aujourd'hui de 30 à 50 ans, avoue que c'est la lecture des "Problemy" qui leur a donné l'envie de faire con-naissance du domaine de leur future occupation scientifique.

En concluant, on ne peut pas nier une influence non négligeable de notre acti-vité sur la vie culturelle en Pologne d'après guerre et,surtout ,sur le développe-ment de l'humanisme scientifique.

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