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ARTheque - STEF - ENS Cachan | La vulgarisation scientifique comme moyen d'inclusion sociale

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Academic year: 2021

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LA VULGARISATION SCIENTIFIQUE COMME MOYEN

D’INCLUSION SOCIALE

Maria Helena CARNEIRO Universidade de Brasília, Brésil

MOTS-CLÉS : INCLUSION SOCIALE – VULGARISATION SCIENTIFIQUE – INÉGALITÉS

RÉSUMÉ : Ce travail porte sur l’analyse des actions de vulgarisation scientifique subventionnées par le Ministère des Sciences et Technologie brésilien (MST). L’analyse des documents du MST nous montre que la plupart des activités de vulgarisation sont engagées par les universités, les musées et centres de vulgarisation des sciences. Ceux-ci sont plus nombreux dans les grandes villes mais restent peu fréquentés.

ABSTRACT : This study aims to analyze the actions to popularize scientific knowledge proposed by the Brazilian Ministry of Science and Technology (MST). The analysis of the documents available in the MST site show that the majority of the actions involving the popularization of such knowledge are developed by universities, museums and science centers located in big urban areas.

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INTRODUCTION

Avant de présenter mes réflexions sur le thème des Journées de Chamonix, il me faut préciser le sens d’un des termes du titre du travail : Inclusion sociale. La ségrégation de personnes ou de groupes sociaux qui ne s'intégraient pas dans les modèles de normalité d’une certaine époque et qui étaient naturellement exclus. Le processus d’exclusion est aussi ancien que l’histoire de l’humanité. En réalité, ce qui a changé au cours de l’histoire c’est la motivation qui amène le groupe dominant à exclure les autres de la convivialité sociale. Ce n’est pas sans raison que la Révolution Française et la Révolution Russe ont eu un grand impact sur la façon de vivre de la population de ces pays. Au Brésil, le terme inclusion est très employé : on parle d’inclusion sociale, d’inclusion scolaire, d’inclusion digitale, d´inclusion technologique, etc. Actuellement, les politiques gouvernementales entreprennent des actions dans des contextes sociaux les plus divers dans l’espoir de promouvoir ce qu’on appelle l’inclusion sociale. Or, si nous parlons d’inclusion c’est parce que, d’une certaine manière, l’exclusion existe encore dans notre pays. Qui sont les exclus ? Dans un contexte général nous pourrions parler de l’exclusion des noirs, des homosexuels, des indiens, des étrangers, des communautés religieuses et des individus économiquement défavorisés, etc. ; dans un contexte plus spécifique, notamment le contexte éducationnel, s’exerce aussi la pratique d’exclusion. L’école exclut des élèves différents, ceux qui ne s’intègrent pas au modèle de normalité imposé, quoique de façon dissimulée, par l’école. Lorsque « l’école » essaie d’homogénéiser une classe d’élèves elle oublie que, quel que soit le critère utilisé pour les regrouper, elle se confrontera toujours à l’hétérogénéité car chaque individu est un être unique, avec ses valeurs, ses spécificités culturelles et avec des formes d’apprentissage distinctes. En ignorant la diversité, l’école contribue à l’échec scolaire et donc à l’exclusion.

Perrenoud (1993, p. 105/6) nous rappelle que l’école tient un discours pédagogique qui ne s’adapte pas à la réalité. Il s’agit d’un discours idéaliste. Selon cet auteur, nous parlons de l’enfant et du professeur au singulier, nous les situons dans un monde imaginaire où nous conjuguons au présent de l’indicatif ce qui ne devrait être dit qu’au conditionnel : si tous les adultes aimaient les enfants, si on se respectait les uns les autres, si tous se préoccupaient de la justice et de l'égalité, si l'évaluation ne contribuait pas à la sélection, l'éducation ne porterait pas au conformisme ; alors, peut-être, pourrions-nous affirmer que le professeur libère, développe les êtres singuliers, les respecte, augmente leurs potentialités, pour en faire des hommes ».

Or, si l’on considère les présupposés théoriques de Bourdieu et Passeron (1982), l’école reproduit ce qui est fait par la société. L’école brésilienne, au cours de son histoire, a renforcé les inégalités sociales et, aujourd’hui, les surmonter est devenu un défi.

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Dans ce travail, nous proposons de réfléchir à l’une des actions du Ministère de Sciences et Technologie brésilien qui vise à la vulgarisation de la connaissance scientifique et technologique dans le contexte scolaire.

LA VULGARISATION SCIENTIFIQUE ET L’INCLUSION SOCIALE

Ces dix dernières années le gouvernement brésilien a fait de lourds investissements afin d’améliorer les conditions de vie de la population et de faciliter l’accès aux connaissances scientifiques et technologiques. En ce qui concerne la vulgarisation scientifique, le Ministère de la Science et de la Technologie (MST) a créé un département chargé de la formulation et de la mise en place de politiques, de programmes et de stratégies favorisant la diffusion et la vulgarisation des connaissances scientifiques.

Le MST comprend l’inclusion sociale comme "une action qui propose aux gens qui sont socialement et économiquement exclus – ayant un accès réduit aux biens (matériels, éducationnels, culturels, etc.) et des ressources économiques bien en dessous de la moyenne des autres citoyens – des opportunités et des conditions adaptées pour qu’ils puissent être intégrés à la tranche de la société qui peut jouir de ces biens. " (Moreira, 2006. Programmes du Gouvernement).

Pour atteindre ce but ambitieux, le Secrétariat de S&T pour l’inclusion sociale a établi des priorités parmi lesquelles :

1 – promotion des centres et des musées de sciences ;

2 – présence plus large et plus qualifiée de la science et de la technologie dans les médias ; 3 – collaboration pour l'amélioration de l’enseignement des sciences dans les écoles ; 4 – promotion d’événements nationaux de divulgation scientifique ;

5 – aide à la formation et qualification de communicateurs en sciences ;

6 – incitation des universités à développer des actions de vulgarisation de la science et de la technologie.

Sans aucun doute l’initiative du MST a contribué au développement d’actions qui promeuvent la vulgarisation de la connaissance scientifique et technologique dans le pays. Mais nous sommes encore loin d’avoir un programme de vulgarisation scientifique qui réponde aux besoins de la population brésilienne. Il y a aujourd’hui, au Brésil environ 80 centres de sciences et musées des sciences, dans un pays dont les dimensions sont continentales.

En ce qui concerne la priorité 3 on peut lire dans un des documents du MST : « L’un des grands problèmes du pays, c’est l’éducation. Notre système éducatif est bien en deçà de ce dont les

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brésiliens ont besoin et de ce qu´ils méritent. (...) il faut renouveler l’enseignement – et vite – ; la vulgarisation de la science serait une des voies pour améliorer l’éducation. Dans les trois dernières années, les politiques publiques ont pris quelques initiatives dans ce sens. »

Dans cette perspective, la vulgarisation scientifique assume un nouveau rôle social : donner un support à l’éducation scientifique entreprise dans l’école ; elle ne se limite plus à développer des actions dans des espaces formels et informels d’enseignement destinés au grand public.

On admet ainsi officiellement l’incompétence des écoles dans l’accomplissement de leur rôle et la vulgarisation scientifique est présentée comme l’une des alternatives pour résoudre le problème ; des actions telles que les compétitions, foires de sciences et concours, etc. sont ainsi développées. Mais de telles actions contribuent-elles vraiment à l’amélioration de la qualité de l’éducation scientifique ?

L’encouragement à la création de musées, de centres de sciences, est fort louable, mais nous ne pouvons oublier que ces espaces non formels d’enseignement sont concentrés dans les grands centres urbains. L’une des caractéristiques de ces espaces est que la majorité des visiteurs provient des écoles : enfants et adolescents, en visites organisées par les écoles ou par les musées et centres de sciences eux-mêmes. Selon Moreira (2006, p. 13) « malgré la croissance importante des dernières années, un nombre très petit de Brésiliens, environ 1 % de la population, visite un centre ou un musée de sciences chaque année. » Dans certains pays d’Europe, ce taux atteint 25 % de la population.

Quoiqu’on reconnaisse les musées et les centres de sciences comme des lieux importants de vulgarisation, nous nous demandons si les activités développées dans ces institutions ne sont pas beaucoup trop scolarisées. La prédominance des activités orientées ne serait-elle pas en train de limiter la curiosité des élèves, en limitant leur liberté d’exploiter l’espace plus librement ? Un espace d’enseignement non-formel ou informel n’est-il pas, peu à peu, en train de se formaliser ? Les activités, telles qu’elles sont développées, contribuent-elles vraiment à former un nouveau public ? Rendre prioritaires les activités dans les musées et les centres de sciences ne conduirait-il pas à répéter les mêmes "fautes" qu’à l’école, en essayant d’homogénéiser des groupes d’élèves ? Je ne doute pas du potentiel pédagogique de ces institutions, mais il faut rappeler que si toute action pédagogique en dehors des murs de l’école, rompant avec la routine, a un effet positif, on ne peut cependant garantir qu’il y aura apprentissage.

Un autre aspect qui peut être dégagé de l’analyse des documents est que la vulgarisation scientifique est devenue un droit du citoyen. Le champ des connaissances scientifiques et technologiques, que l’école n’a pas été capable de promouvoir, que l´on considère nécessaire à la formation du citoyen pour qu’il puisse travailler de façon critique en tenant compte des nouvelles questions qui sont posées par le développement de la science et de la technologie.

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C’est dans cette perspective que le MST énonce un de ses objectifs : « Il est important que les Brésiliens aient la possibilité d’acquérir une connaissance de base sur la science et son fonctionnement, qui leur apporte des moyens de comprendre ce qui les entoure (souligné dans le texte), d’augmenter leurs opportunités sur le marché de travail et d'agir politiquement en connaissance de cause ».

Cette vision du rôle social de la connaissance scientifique nous amène à nous interroger : pour comprendre ce qui l’entoure, une communauté a-t-elle besoin de dominer la connaissance scientifique ? Nous pouvons mentionner comme contre exemple une communauté brésilienne, d'origine esclave, qui a vécu en isolement de la société dite civilisée durant presque un siècle, et qui n’a pas eu besoin de connaissance scientifique et technologique actuelle pour comprendre ce qui l’entourait et résoudre ses problèmes. L’accessibilité aux connaissances scientifiques et technologiques doit être permise à tous, mais la décision de s’en servir est individuelle.

CONCLUSIONS

Pour finir, il est important de rappeler que la vulgarisation scientifique n’est pas une activité nouvelle au Brésil. Les premières initiatives datent du XVIIIe et commencent à se consolider avec la création de musées de sciences à la fin du XIXe siècle dans quelques capitales brésiliennes. De nos jours, nous pouvons dire que malgré les efforts du gouvernement et les initiatives du secteur privé, nous sommes au début d’un long chemin pour atteindre un programme de divulgation scientifique de qualité et de grande portée.

Considérant les caractéristiques géographiques et sociologiques du Brésil, il faut réévaluer les actions de vulgarisation de la connaissance scientifique et technologique. Nous avons besoin de réfléchir sur des actions plus intégrées et moins éphémères.

BIBLIOGRAPHIE

GIORDAN, A. (dir) (1997). Musées&Médias. Genève : Georg.

GOUVÊA, G., MARANDINO, M., & LEAL, M.C.(coord) (2003). Educação e museu. Rio de Janeiro : Access.

JACOBI, D., & SCHIELE, B.(dir) (1988). Vulgariser la science. Paris : PUF.

MOREIRA, I. C. (2006). A inclusão social e a produção da ciência e tecnologia no Brasil. Inclusão Social, Brasília, 1,2, 11-16.

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PERRENOUD, P. (1993). Práticas pedagógicas. Profissão docente e formação. Lisboa : Dom Quixote.

http://www.mct.gov.br/index.php/content/view consulté le 2/11/2007

Références

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