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CHAPITRE IV : CADRE DE L’ÉTUDE

4.3. Zone de l’étude

4.3.1. Présentation et caractéristiques

La zone de l’étude comporte cinq quartiers de ville (Abatta 1, Abatta 2, Fonsramè, Docomey et Womey) et cinq quartiers ruraux ou villages (Ouessè, Hio, Houakpè-Daho, Fonkoumè et Pahou) [Tableau V].

Tableau V : Quartiers et arrondissements de la zone de l’étude

Urbain Rural

Quartier Arrondissement Village Arrondissement

Abatta 1 Ouidah 1 Ouessè Savi

Abatta 2 Ouidah 1 Hio Avlékété

Fonsramè Ouidah 3 Houakpè-Daho Houakpè-Daho

Docomey Ouidah 4 Fonkounmè Gakpè

Womey Ouidah 4 Pahou Pahou

Les quartiers urbains sont tous situés au centre de la commune et possèdent des caractéristiques semblables, quoique certains d’entre eux (Fonsramè, Abatta 1 et Abatta 2) soient plus vastes que d’autres (Docomey et Womey). Signalons que quelques uns de ces quartiers attirent plus de touristes que d’autres en raison de la présence en leur sein d’un ou plusieurs sites touristiques : c’est le cas de Docomey avec la présence du musée

d’histoire de Ouidah et Abatta 2 avec le, Temple des pythons et de plusieurs autres sites de la Route des esclaves jusqu’à la Porte du non-retour.

En milieu rural, les caractéristiques varient d’un village à un autre, surtout en fonction de la situation géographique. Les villages de Ouessè, Fonkounmè et Pahou sont situés sur des terrains non marécageux, alors que Hio et Houakpè-Daho sont des villages côtiers, lagunaires et lacustres. Pahou, à cheval entre le milieu urbain et le milieu rural, est le moins enclavé des villages non marécageux. Il possède l’un des plus grands marchés de Ouidah : le ‘marché Pahou’ qui a lieu tous les quatre jours. Son emplacement le long de la route nationale Nº1 (Hillancodji-Ouidah-Godomey-Cotonou- Porto-Novo-Sémè), reliant le Bénin au Togo et au Nigeria, lui permet de bénéficier de plusieurs commodités du milieu urbain tels que l’énergie électrique, l’eau courante, le service des PTT, les stations d’essence, etc. Ouessè et Fonkounmè sont un peu plus enclavés, mais possèdent néanmoins des voies principales de circulation automobile aboutissant à la route nationale Nº1. Notons que Founkounmè est surtout un village de cultivateurs qui écoulent leurs produits le plus souvent dans les grands marchés de ‘Pahou’ et de ‘Kpassè’ et qui bénéficient de la proximité de la zone industrielle de Gakpé située dans le même arrondissement.

Le village Hio possède des hameaux situés en bordure de l’océan Atlantique et d’autres hameaux plus enclavés en bordure des rivières ou entre des eaux lagunaires, alors que Houakpè-Daho est surtout enclavé sur des terres marécageuses dont l’accès est parfois très difficile en saison de pluies, particulièrement en période de crues. Ce sont tous deux des villages de pêcheurs, mais dans lesquels l’agriculture occupe également une place de choix.

4.3.2. Caractéristiques générales de l’alimentation

Les caractéristiques alimentaires présentées dans les lignes qui suivent découlent essentiellement des observations de l’auteur et des experts locaux. De ces observations, on peut retenir que les habitudes alimentaires dans les quartiers et villages de la zone de l’étude présentent des similitudes, mais il existe certaines disparités entre le milieu urbain et rural d’une part, et entre les différents quartiers du milieu rural d’autre part, en raison de la situation géographique ou de l’activité principale des populations. Ainsi, les

aliments comme le maïs et le manioc qui sont la base de l’alimentation sont accessibles à toute la population indépendamment du lieu de résidence. Le riz, bien qu’importé de l’étranger dans la plupart des cas, est aussi devenu un aliment de base. Il est en général cuit sous forme de riz blanc bouilli, tandis que le maïs est consommé sous forme d’ ‘Akassa’ (maïs roui, bouilli puis emballé dans des feuilles pour la vente), de ‘pâte’ (farine de maïs bouillie et consommé sous forme de pâte blanche) et d’ ‘Amiwo’ (farine de maïs bouillie avec de la tomate, consommée sous forme de pâte). Le manioc, quant à lui, est consommé sous forme de gari (tubercules de manioc rouis, concassés et séchés), de tapioca ou de tubercules frits ou bouillis.

Poissons, crabes, coquillages et autres fruits de mer sont des aliments des plus consommés, notamment en milieu rural ; l’accessibilité physique et monétaire y est plus facile, notamment pour les habitants des villages côtiers, lagunaires ou lacustres comme Hio et Houakpè-Daho, dans lesquels la pêche artisanale et même l’élevage de coquillages sont des activités courantes. Notons que le poisson et les fruits de mer restent la principale source de protéines animales dans l’ensemble de la population. La consommation de viande est très variable, mais un peu plus répandue en milieu urbain en raison de la présence des marchés qui en augmentent la disponibilité. En milieu rural, les viandes sont surtout représentées par la consommation de gibier, principalement dans les ménages où il y a la présence d’un chasseur. La présence de bétail (bovin, ovin…) n’influe pas, ou très peu sur la consommation de viande, car le bétail est surtout utilisé comme moyen d’épargne économique et ne se consomme qu’à des occasions très particulières.

La tomate est le légume-fruit le plus consommé dans la population. Elle est utilisée pour la sauce ‘Dja’7 (friture de tomate), la ‘sauce’ (préparation de soupe à base de tomate), ou encore comme condiment dans plusieurs autres sauces. La sauce ‘Dja’ est très fréquente dans tous les milieux et est souvent consommée avec le riz ou le maïs, surtout dans l’alimentation de rue. Dans certains villages comme Fonkounmè où la culture du palmier à huile est très répandue, on y retrouve une forte consommation de sauce à base de noix de palme (‘sauce graine’) et d’huile de palme.

7 Sauce à forte teneur en gras, faite à base de tomate fraiche frite avec de l’huile d’arachide ou de palme, mais dans laquelle l’huile est dominante et apparente. La sauce ‘Dja’ est souvent servie avec du riz, du maïs ou du poisson frit, principalement dans l’alimentation de rue.

La plupart des repas principaux sont pris au domicile familial, mais la consommation d’aliments de rue y est très répandue, beaucoup plus en ville qu’à la campagne. Les populations, tous âges confondus, prennent généralement au moins trois repas par jour. Le repas du matin est souvent couvert par l’alimentation de rue. Les principaux aliments de rue sont : le riz, le poisson, le maïs (akassa, amiwo, pâte), la tomate (dja, sauce), le gombo (sauce gombo), le ‘crin-crin’8 (sauce gluante), le haricot cuit (abobo). D’autres aliments incluants des fritures y sont aussi très fréquents : beignets de haricot (Atta), gâteaux de maïs ou de riz (Ablo), tubercules de manioc frits, fruit de l’arbre à pain frit (Blefoutou), viandes de mouton (Tchatchanga). Des aspects de l’alimentation de rue sont aussi évoqués dans les résultats de notre étude (section 7.1.2) et dans la discussion générale (section 8.2.2)

4.3.3. Consommation de tabac et d’alcool

Les consommations de tabac et d’alcool sont des habitudes de vie fréquemment rencontrées à Ouidah. Si le plus souvent les gens ne consentent pas à déclarer leur consommation, il paraît tout au moins, selon nos observations, que le tabac est plus consommé en milieu urbain, notamment sous forme de cigarette. La présence de «l’Imperial Tobacco», société productrice de cigarettes industrielles, peut avoir un impact non négligeable sur la consommation de tabac en milieu urbain où elle se situe. Pour ce qui est de l’alcool, la consommation paraît plus importante en milieu rural où l’on produit l’alcool distillé à base de vin de palme (Sodabi), principale boisson alcoolisée dans la population étudiée. En milieu urbain, en plus de la présence de ‘Sodabi’ vendu à plusieurs coins de rue, on retrouve aussi plusieurs boissons alcoolisées industrielles locales ou importées (bières, vins, liqueurs…) et qui sont régulièrement consommées dans les bars ou les maquis.

8 Feuilles vertes à sève très gluante (Corchorus olitorius L). Elles sont utilisées dans la préparation de sauce (parfois mélangées avec du gombo) dite ‘sauce gluante’, laquelle accompagne plusieurs repas de viande comme de légumes. Cette sauce est très repandues dans l’alimentation béninoise, tant dans l’alimentation de rue, les maquis que dans les consommations familiales à domicile.