• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTÉRATURE

2.2. Maladies cardiovasculaires

2.2.2. Facteurs de risque de maladies cardiovasculaires

2.2.2.4. Syndrome métabolique

2.2.2.4.2. Prévalence de syndrome métabolique

La prévalence du syndrome métabolique (SM) est fonction de la définition utilisée, donc des anomalies des marqueurs choisis, de la région géographique, de l’âge et du sexe des individus [137, 138], de même que de la race ou du groupe ethnique [138]. Elle augmente avec l’âge dans la plupart des études [137-140], mais la tendance selon le sexe des individus varie d’une population à une autre [139, 141-144].

La comparaison des prévalences du SM est difficile, car les études diffèrent souvent dans le devis utilisé, les critères de sélection des sujets, la taille d’échantillon, l’âge des sujets inclus, l’année et le site de l’étude. La modification par les chercheurs des critères de définition de SM [145, 146], ou l’utilisation de valeurs seuils des anomalies différentes de celles de la définition d’origine [147] ; il y a aussi l’absence de détails méthodologiques dans certains articles [148], alors que dans d’autres, on a soit des prévalences brutes, soit des prévalences ajustées pour l’âge. En dépit de ces limites, nous avons utilisé les données de Cameron et al. [137] auxquelles nous avons ajouté nos propres résultats [139, 140, 142, 145, 147-153], pour exposer les prévalences de SM

suivant divers critères : définition utilisée, âge, sexe, zone géographique, lieu de résidence (urbain ou rural). Les études utilisant les définitions modifiées ont été écartées pour les comparaisons internationales, ainsi que celles qui avaient uniquement des catégories d’âge avancé.

Au niveau mondial, les données ont montré, avec la définition ATPIII, que la prévalence variait de 8% (Inde)[137] à 46,4% (Mexique)[151] chez les hommes, et de 7% (France) [137] à 23,5% (Etats-Unis) [137] chez les femmes. Avec la définition de l’OMS, la prévalence variait de 12,6% (Angleterre) à 44,8 (Angleterre) [137] chez les hommes, et de 7,6 (Hollande) à 33,9% (Angleterre)[137] chez les femmes. Avec la définition de l’EGIR, la prévalence variait de 9% (Île Maurice) à 24,6 (Italie) chez les hommes [137] et 8,3% (Hollande)[137] à 17% (Hollande)[153] chez les femmes. La prévalence de SM avec la définition de l’IDF variait de 17,5% (Noirs Haïtiens du Canada) [151] à 44,2% (Mexique) [151].

L’Europe occidentale avec une population suffisamment homogène de caucasiens et les Etats-Unis avec une population multiethnique sont les régions les plus étudiées, alors que l’Afrique en est une des moins documentées. Les données d’études épidémiologiques rapportées pour cette dernière concernent le Maroc [148], la Tunisie [154], le Cameroun [145] et l’Afrique du Sud [155, 156]. L’étude au Maroc, portant sur 249 femmes du milieu urbain âgées de 15 ans et plus, a rapporté une prévalence globale de 16,3% avec la définition de l’OMS [148], alors qu’en Tunisie la prévalence avec ATPIII modifiée (utilisation du cholestérol total au lieu de HDL-cholestérol) était plus importante chez les femmes que les hommes (18% c. 13%, respectivement, p < 0,001). La prévalence de SM était aussi plus importante en milieu urbain que rural (21% c. 11% chez les femmes et 16% c. 8% chez les hommes respectivement, p < 0,001) [154]. Au Cameroun, des définitions modifiées de celles de l’OMS, d’ATPIII et d’IDF ont aussi été utilisées en prenant le cholestérol total élevé (> 5,2 mmol/l) à la place du HDL- cholestérol bas pour comparer la prévalence du SM en milieu urbain et rural [145]. Des prévalences très basses y ont été rapportées tant en milieu rural (1,9%, 0%, 0% chez les hommes et 1,8%, 0% et 0,3% respectivement pour OMS, ATPIII et IDF) qu’en milieu urbain (7,3%, 0,5% et 1,2 % chez les hommes ; 5,9%, 0,2%, 1,5% chez les femmes). La prévalence était plus importante en milieu urbain que rural pour les définitions de l’OMS et de l’IDF, mais non pour l’ATPIII. Pour ce qui est de l’Afrique du Sud, les

données ont montré une prévalence globale de SM selon l’IDF de 24,8% chez des femmes noires et de 30,4% chez les femmes caucasiennes vivant dans la province du Nord-Ouest [155], alors que la prévalence était de 31% chez des hommes blancs cadres de sociétés [156].

Outre les facteurs socioéconomiques, démographiques et du mode de vie qui influencent le SM comme ses composantes, la prévalence du SM peut aussi varier selon les races ou groupes ethniques [143, 151, 157]. Les résultats de l’analyse de données de l’enquête NHANES III (USA) rapportés par Ford et al. [143] montraient que la prévalence de SM ajustée pour l’âge était plus élevée chez les femmes noires (25,7%) que chez les femmes blanches non-hispaniques (22,8%), mais moins que chez les blanches d’origine mexicaine (35,6%); alors que chez les hommes, la prévalence était plus basse chez les Noirs (16,4%) comparativement aux Blancs non hispaniques (24,8%) ou aux Blancs d’origine mexicaine (28,3%). Cette étude a ainsi montré que la prévalence de SM était plus importante chez les Mexicains-américains que les Africains-américains et les Blancs non hispaniques [143]. Delisle et al.[151] ont aussi rapporté des prévalences de SM plus importantes chez les hommes mexicains que les Indiens et Noirs Haïtiens du Canada (46,4%, 32,5% et 16,7% respectivement avec la définition ATPIII; 44,2%, 36,1% et 17,5% avec IDF). Dans ces études [143, 151] comme dans celles du Vénézuela [140] ou d’Afrique du Sud [155], les Noirs avaient des prévalences de SM plus basses que celles des autres groupes ethniques. Cela laisse à penser que les différences dans la prévalence de SM ne seraient pas uniquement liées à la situation géographique ou à l’environnement, mais aussi aux différences ethniques dans la prédisposition aux composantes du SM. Les Noirs, par exemple, ont une susceptibilité génétique pour l’hypertension [158], mais leur niveau élevé de concentration de HDL-cholestérol dans le sang tend à les protéger contre les maladies MCV [138, 159, 160]; les Blancs en revanche, ont une plus forte prédisposition aux dyslipidémies [161], alors que les Sud asiatiques semblent plus à risque de diabète [162].

La prise en compte des différences ethniques est essentielle dans le débat actuel sur les valeurs seuils des composantes du SM de chaque définition en vue d’une meilleure détection du SM chez les individus. Ford et Giles [134] ont comparé les taux de prévalence de SM dans la population multiethnique américaine en utilisant les

définitions de l’ATP III et de l’OMS. Dans la définition de l’OMS, ils ont utilisé le quartile supérieur de HOMA-IR [Homeostasis Model Assessment – Insulin Resistance] de l’ensemble de la population américaine (≥2,68) comme seuil de résistance à l’insuline à la place du verrouillage et le rapport albumine-créatinine (≥20 mg/g) pour évaluer la micro albuminurie. Les résultats ont montré que les taux de prévalence de SM ajustés pour l’âge étaient de 23,9% avec ATP III et 25,1% avec l’OMS. Dans l’ensemble de l’échantillon, 86,2% des sujets étaient correctement classés comme ayant ou n’ayant pas le SM par l’une ou l’autre des deux définitions. Cependant, ces deux définitions montraient des différences dans les taux de prévalence à l’intérieur de chaque groupe ethnique; chez les hommes noirs-américains par exemple, la prévalence était de 24,9% avec l’OMS et 16,5% avec l’ATP [134]. L’usage du seuil de 2,68 de HOMA-IR pour l’ensemble de la population américaine plutôt qu’une valeur spécifique à l’ethnie, ainsi que les mêmes seuils pour l’obésité abdominale alors qu’il existe des différences ethniques dans l’adiposité, pourraient être des facteurs expliquant les différences observées. La définition de l’IDF [128], la seule qui prenne en compte les différences ethniques dans l’adiposité abdominale, n’inclut pas la résistance à l’insuline comme marqueur de risque de SM. Toutefois, l’utilité clinique des seuils de l’IDF, comme d’ailleurs du SM en tant que tel, est encore fortement discutée [150].

2.2.2.4.3. Risques de morbidité et mortalité par MCV associés