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CHAPITRE V : MÉTHODOLOGIE

5.3. Variables à l’étude et moyens de mesure

5.3.2. Variables indépendantes : facteurs environnementaux de risque

5.3.2.4. Variables alimentaires

5.3.2.4.3. Apports et qualité alimentaires

Les apports alimentaires et nutritionnels ont été appréciés à partir des données de rappels alimentaires de 24 heures, deux rappels pour l’ensemble des sujets et un troisième rappel sur le tiers de l’échantillon. Ces rappels ont été effectués en l’espace d’un mois (à environ une semaine d’intervalle). Les jours de célébrations ou d’événements spéciaux (fêtes chrétiennes ou musulmanes, fêtes nationales, célébrations traditionnelles, réceptions…) ont été exclus. Les plats composés et sauces ont été décomposés en aliments simples, puis traduits en nutriments à l’aide de la table de composition des aliments de Worldfood [411] et d’autres tables de la sous région de l’Afrique de l’Ouest, notamment du Mali [412] et du Nigéria [413]. D’autres détails sur les procédures du traitement de données sont présentés plus loin (section 5.5.3).

Divers indices de qualité ont été utilisés pour évaluer les différents aspects de la qualité de l’alimentation : la diversité alimentaire, l’adéquation des apports en micronutriments et un indice de ‘prévention’ ou indice d’alimentation prudente. Nous examinons les relations entre ces divers indices ainsi que leurs associations éventuelles avec les conditions socio-économiques, le milieu de résidence et les facteurs biologiques de risque de MCV.

o Diversité alimentaire

La diversité alimentaire a été déterminée par le nombre total de groupes d’aliments répertoriés à partir des rappels de 24 heures. Nous avons initialement recensé 24 groupes : produits céréaliers locaux, produits céréaliers importés, racines et tubercules locaux, racines et tubercules importés, légumineuses, noix et amandes, gibier, viandes rouges, volaille, poissons et fruits de mer, œufs, lait, produits laitiers, fruits, jus de fruits purs, légumes, feuilles vertes, huiles végétales, graisses, boissons gazeuses et sucreries, boissons alcoolisées, produits de restauration rapide, thé et infusions, condiments. Les 20 premiers groupes ont été agrégés en 10 groupes lesquels sont utilisés dans la construction du score de diversité alimentaire. Ce score est la somme des scores de chaque groupe d’aliments (1 = présence; 0 = absence dans chaque groupe) [280, 414]. Les individus ayant un score plus élevé ont une alimentation plus diversifiée que les sujets qui ont un score moins élevé.

o Adéquation des apports en micronutriments

Cet indice correspond à la satisfaction des apports nutritionnels recommandés (ANR) en vitamines et minéraux [280, 415]. Certaines carences en micronutriments sont associées à des troubles métaboliques prédisposant aux maladies chroniques dont les dyslipidémies, MCV et cancers [55, 92]. Des carences en folates et vitamine B12, par exemple, sont associées à l’augmentation de la concentration sérique d’homocystéine augmentant par conséquent le risque de MCV [234, 416, 417]. Ces raisons justifient l’utilisation de cet indice dans notre étude, outre le fait que l’alimentation urbaine puisse être carencée en d’autres micronutriments, surtout parmi les plus pauvres.

L’adéquation en micronutriments a été appréciée par le degré de satisfaction des apports nutritionnels recommandés par le Comité conjoint d’experts FAO/OMS [418] en 10 vitamines (A,E, C, thiamine, riboflavine, niacine, B6, B12, folates, acide pantothénique) et quatre minéraux (calcium, magnésium, zinc, fer). Le ratio d’adéquation nutritionnelle (RAN) de chaque individu (en %) est estimé en divisant l’apport d’un nutriment donné par l’ANR. Tous les RAN sont tronqués à 100%. La satisfaction individuelle des ANR, correspondant à 100% du RAN, est cotée ‘0’ ou ‘1’, selon que l’apport n’atteint pas ou atteint l’apport de référence pour l’âge et le sexe. Le score total d’adéquation en

micronutriments est construit par la somme des scores de l’adéquation pour chaque micronutriment considéré, soit un maximum de 14.

o Indice de prévention des maladies chroniques

Notre évaluation de l’alimentation préventive a été faite à la lumière des plus récentes recommandations nutritionnelles pour la santé et la prévention des maladies chroniques de l’OMS [419]. Le pourcentage d’énergie provenant des lipides (lipides totaux, acides gras saturés, acides gras polyinsaturés), protéines et sucres libres, ainsi que les apports recommandés en cholestérol, fruits et légumes et fibres totales sont les éléments considérés dans la construction de cet indice (Tableau VI).

Tableau VI: Apports nutritionnels recommandés pour la prévention des maladies chroniques

Facteur alimentaire Recommandations (% d’énergie ou quantité)

Lipides totaux a 15-30%

Acides gras saturés (AGS) a < 10%

Acides gras polyinsaturés (AGPI) a 6-10%

Sucres libres a <10% Protéines 10-15 % Cholestérol < 300 mg/j Fruits et légumes ≥ 400 g/j Fibres totales > 25 g/j a

Pourcentage d’énergie total b

Sucre ajouté par cuisson, manufacture, sirop de fruit, miel.

Source : OMS [419]

Nous n’avons malheureusement pas tenu compte des apports en acides gras polyinsaturés oméga-3 en raison de l’absence de valeurs sur ce nutriment dans les tables de composition utilisées. Un score de ‘0’ ou ‘1’ était respectivement attribué au non respect ou au respect de chaque recommandation. Le score global d’alimentation préventive était obtenu par la somme de scores de l’ensemble des huit recommandations considérées.

o Index international de qualité alimentaire

Le DQI-I (Diet Quality Index International) est un indice de qualité alimentaire développé par Kim et al. [275] à partir du DQI de Patterson et al. [278] pour évaluer la qualité de l’alimentation au niveau international. Cet indice a été utilisé dans un certain nombre d’études dans les pays développés et en développement [275, 282-286]. Il présente l’avantage d’évaluer plusieurs aspects de la qualité de l’alimentation grâce à ses quatre principales composantes : la variété, l’adéquation, la modération et l’équilibre général. Les scores de chaque élément sont additionnés à l’intérieur de chacune des quatre composantes principales, alors que les scores de ces quatre composantes principales (variété : 0-20, adéquation : 0-40, modération : 0-30 et balance générale : 0- 10) sont additionnés pour avoir le score total du DQI-I, qui varie de 0 à 100. Les détails sur la construction du DQI-I sont présentés dans la section 5.5.3.2 (page 123).

 Variété

La variété est évaluée par deux éléments principaux : la variété générale entre les groupes d’aliments et la variété à l’intérieur du groupe d’aliment sources de protéines. La consommation d’au moins une portion par jour d’un aliment appartenant à l’un des cinq groupes (viandes/volailles/poissons/œufs, produits laitiers/légumineuses, céréales, fruits et légumes) correspond au score maximum pour la variété générale entre les groupes (score = 15). En l’absence d’un ou plusieurs groupes parmi les cinq groupes considérés, on retranche 3 points du score maximum par groupe absent (voir Tableau IX, page 232).

La variété des sources de protéines est incluse pour montrer les avantages d’inclure diverses sources de ce nutriment dans l’alimentation. La consommation d’une demi- portion ou plus par jour est considérée comme un apport significatif [275]. Le score maximum de 5 points est attribué si l’apport est ≥ 3 différentes sources de protéines. Lorsque le nombre de différentes sources de protéines décroit à 2, 1 et 0 source, le score correspondant est aussi diminué respectivement à 3, 1 et 0 points (Tableau IX, page 232).

• Adéquation

Cette composante évalue l’apport des éléments qui doivent être consommés en quantité suffisante pour garantir une saine alimentation, comme éviter la sous alimentation et les carences nutritionnelles. Les scores pour les huit éléments de cette composante sont assignés sur la base de l’atteinte des apports nutritionnels recommandés (ANR), lesquels varient de 0 pour l’absence d’apport d’adéquation à 5 points pour 100% d’adéquation. Les ANR pour les fruits, légumes, céréales et fibres sont fonction de l’apport énergétique. Une alimentation contenant 2 à 4 portions de fruits et 3 à 5 portions de légumes, en fonction des trois niveaux d’apport énergique (1700 kcal, 2200 kcal et 2700 kcal) est considérée comme optimale et obtient le score le plus élevé, soit 5 points. La consommation quotidienne d’au moins 6, 9 et 11 portions du groupe de céréales et de plus de 20, 25 et 30g de fibres respectivement pour les trois niveaux d’apport énergétique, permet d’atteindre l’adéquation en céréales et en fibres et d’obtenir le maximum de score pour chacun de ces éléments considérés, soit 5 points [275].

Dans le cas de notre étude, l’apport alimentaire n’a pas été mesuré par des portions spécifiques. Ainsi, nous avons utilisé la pyramide américaine (MyPyramid) [420] et le Guide alimentaire canadien [421] pour déterminer la quantité en grammes correspondant à une portion. Le nombre total de portions a été obtenu en divisant l’apport en grammes par la quantité correspondant à une portion.

L’apport en protéines est considéré comme adéquat lorsque le pourcentage d’énergie venant des protéines est > 10%, alors que l’adéquation en fer, calcium et vitamine C est dérivée des ANR selon l’âge et le sexe. Les ANR du comité conjoint FAO/OMS [418] ont été utilisés à cet effet.

• Modération

La modération évalue les apports alimentaires et nutritionnels en lien avec les maladies chroniques. Ces apports, notamment en lipides, acides gras saturés, cholestérol et sucres, doivent être limités pour une saine alimentation. Lorsque l’énergie des lipides totaux est ≤ 20% de l’énergie totale, on attribue le score le plus élevé (6 points), alors

que le score le plus bas (0) est attribué quand l’énergie des lipides est > 30% de l’énergie totale. De même, lorsque l’énergie des acides gras saturés est ≤ 7% de l’énergie totale, on attribue le score le plus élevé (6 points), tandis que le score le plus bas (0) est attribué quand l’énergie des acides gras saturés > 10% [275]. Les ANR du Comité conjoint d’experts de la FAO/OMS en sodium et cholestérol ont servi de référence et les détails des scores correspondants sont présentés dans le Tableau IX (page 232).

La composante ‘aliments à calories vides’ traduit la dépendance des aliments énergétiquement denses, mais de faible qualité nutritionnelle. Pour l’apport énergétique, la consommation excessive d’aliments tels que alcool, huiles, graisses et sucre, augmente le risque de maladies chroniques [55]. Lorsque l’énergie des ‘aliments à calories vides’ est ≤ 3% de l’énergie totale, on attribue le score le plus élevé (6 points), alors qu’on attribue le score le plus bas (0) quand l’énergie des ‘aliments à calories vides’ est >10% (Tableau IX, page 232). Dans notre étude, l’énergie venant des boissons alcoolisées, des huiles et graisses (huiles végétales, beurre, margarine, mayonnaise, sauces grasses), du sucre de table ajouté aux aliments à domicile (pâtisseries, yaourt, lait, thé, café et autres boissons ou pâtisserie), et du sucre contenu dans les aliments et boissons sucrées (biscuits, chocolat, sirops, boissons gazeuses, bonbons, lait concentré sucré) a été utilisé pour déterminer l’apport énergétique assimilable à l’énergie des aliments à faible densité nutritionnelle.

• Équilibre général

Cette composante décrit la proportion d’énergie provenant des macronutriments (glucides, protéines et lipides) et la proportion des différentes catégories d’acides gras (polyinsaturés, mono insaturés et saturés) [275]. Les scores attribués varient de 0 à 6 pour l’équilibre en macronutriments et de 0 à 4 pour les acides gras (Tableau IX, page 232).

L’utilisation du DQI-I dans notre étude permet de comparer la qualité de l’alimentation et ses liens avec les facteurs biologiques du risque de MCV avec un indice différent de ceux que nous avons utilisés, ce qui permet une validation relative de nos indices.

Toutefois, cette comparaison a été faite uniquement dans la petite ville et le milieu rural du Bénin. Les résultats de cette comparaison sont présentés dans la section 7.2.