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CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTÉRATURE

2.2. Maladies cardiovasculaires

2.2.2. Facteurs de risque de maladies cardiovasculaires

2.2.2.4. Syndrome métabolique

2.2.2.4.3. Risques de morbidité et mortalité par MCV associés au syndrome

Le SM est associé à l’augmentation du diabète de type 2 [130, 163] et des MCV [164]. Son rôle dans l’augmentation du diabète n’est pas surprenant puisque l’hyperglycémie à jeun, l’intolérance au glucose et la résistance à l’insuline qui sont des précurseurs du diabète, sont aussi des marqueurs de SM. Les marqueurs de SM pris séparément sont également des facteurs de risque de MCV [9, 165] et peuvent être associés à plusieurs troubles fonctionnels de l’organisme. L’obésité, par exemple, est associée à l’augmentation de l’hypertension [163, 166] et de la résistance à l’insuline [167]. La résistance à l’insuline est elle-même un facteur prédisposant au diabète de type 2 [168, 169]; elle augmente aussi les dyslipidémies qui à leur tour augmentent le risque d’athérosclérose et de maladies coronariennes [170]. Cette contribution indépendante des marqueurs du SM dans le risque de MCV est d’ailleurs à l’origine du débat sur l’importance clinique du SM et sa capacité à prédire le risque de MCV au-delà de ce qui

tient aux anomalies prises isolément [171]. Toutefois, des études ont montré qu’en présence du SM comparativement aux marqueurs pris individuellement, le risque de mortalité globale, ainsi que de mortalité par MCV et particulièrement par maladies coronariennes, était augmenté [144, 153, 164, 172].

Dans une étude basée sur les données de 11 cohortes prospectives européennes (8,8 ans de suivi), comportant 6156 hommes et 5356 femmes non diabétiques et âgés de 30 à 89 ans, Hu et al. [126] ont examiné l’association du SM avec le risque de mortalité globale et par MCV. Ils ont utilisé la définition du SM de l’OMS, modifiée en considérant le quartile supérieur de l’insulinémie comme indicateur de résistance à l’insuline [126]. Les résultats obtenus pour la période de suivi font état d’un total de 1119 décès dont 432 dus aux MCV. Le rapport des taux d’incidence (hasard ratio) de mortalité toutes causes confondues et mortalité par MCV chez les personnes avec SM comparativement à celles sans SM était de 1,44 (95% IC, 1,17-1,84) et 2,26 (95% CI, 1,61-3,17) chez les hommes et 1,38 (95% CI, 1,02-1,87) et 2,78 (95% CI, 1,57-4,94) chez les femmes et ce, après ajustement pour l’âge, le niveau de cholestérol sanguin et la consommation de tabac. Cette étude a ainsi montré que le risque de mortalité toutes causes confondues et par MCV était augmenté pour les individus ayant le SM.

Certains auteurs ont évalué le risque d’incidence et/ou de la mortalité de MCV lié au SM en utilisant l’une ou l’autre des définitions existantes, mais les résultats obtenus n’étaient pas unanimes. En Finlande par exemple, Lakka et al. [164] ont utilisé les définitions de l’OMS et de l’ATP III pour évaluer l’association entre le SM et le risque de mortalité par MCV et mortalité globale dans une cohorte prospective (7,4 ans de suivi) de 1209 hommes âgés de 42-60 ans et ne présentant ni MCV, ni cancer, ni diabète. Dans les modèles multivariés ajustés pour les facteurs conventionnels de MCV, les sujets avec SM présentaient 2,9 (IC 95%, 1,2 - 7,2) à 4,2 (IC 95%, 1,6–10,8) plus de risque avec la définition de NCEP/ATPIII et 2,9 (IC 95%, 1,2 – 6,8) à 3,3 (IC 95%, 1,4 – 7,7) plus de risque avec celle de l’OMS, de mourir de maladies coronariennes. Le SM selon l’OMS était associé à 2,6 (IC 95%, 1,4-5,1) à 3,0 (IC 95%, 1,5-5,7) fois plus de risque de mortalité par MCV et 1,9 (95% CI, 1,2-3,0) à 2.1 (95% CI, 1,3-3,3) fois plus de risque de mortalité toutes causes confondues, alors que la définition de NCEP/ATPIII était associée à un risque plus faible de mortalité par MCV et toutes causes confondues [164].

En Hollande, dans la cohorte prospective sur 10 ans (The Hoorn Study), Dekker et al. [153] ont utilisé les définitions du SM de l’ATP III, de l’OMS, de l’EGIR et de l’ACE [131] pour examiner également la relation entre le SM et le risque de morbidité et mortalité par MCV chez 615 hommes et 749 femmes âgés de 50 à 75 ans, sans diabète ni histoire familiale de MCV. Les prévalences de SM au début de l’étude variaient de 17% à 32% (19%, 32%, 19% et 41% chez les hommes, 26%, 26%, 17% et 35% chez les femmes respectivement pour l’ATP III, OMS, EGIR et ACE). Au terme du suivi, les auteurs ont rapporté que le SM tel que défini par l’ATP III était associé à deux fois plus de risques (ajusté pour l’âge) de mortalité par MCV chez les hommes et de morbidité chez les femmes, alors que le risque relatif était moins élevé avec les autres définitions. Le risque relatif augmentait avec le nombre de facteurs de risque. Les niveaux élevés d’insuline étaient plus fréquents chez les sujets avec plusieurs facteurs de risque, mais les definitions de SM incluant des niveaux élevés d’insuline n’étaient pas plus fortement associées au risque relatif, d’où l’importance de considérer l’ensemble de facteurs de risque et non le SM uniquement comme suggéré par certains auteurs [173, 174].

La prédiction du risque d’incidence de MCV en utilisant les formules de calcul de Framingham et PROCAM a été examinée chez 9669 sujets grecs (≥18 ans) dans l’étude d’Athyros et al. [150]. Les définitions de l’ATP III et de l’IDF ont été utilisées à cet effet. Les résultats ont montré que la prévalence de SM était significativement plus élevée (p<0,0001) avec l’IDF (43,4%) qu’avec ATP III (24,5%), mais le risque d’incidence de MCV était significativement plus bas (p<0,0001) avec l’IDF (6,1% et 7,2%, avec Framingham et PROCAM respectivement) qu’avec ATP III (11,3% et 13,7% avec Framingham et PROCAM respectivement).

Bien que le niveau de risque puisse être différent d’une définition à une autre, ces études montrent que le SM augmente le risque de morbidité et de mortalité par MCV, particulièrement la mortalité. Cependant, il existe beaucoup de disparités d’une étude à une autre dans la prédiction de morbidité et mortalité même pour une même définition, ce qui ne facilite pas la prise de décision quant à la meilleure définition à utiliser. Dans l’étude en Finlande par exemple, les auteurs ont conclu à une moindre prédiction de risque avec la définition de ATP III [164], alors que l’étude en Hollande a montré pratiquement le contraire [153].