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des différentes conceptions

2. La voirie selon les approches de génie civil et génie urbain – Délimitation et compréhension de l’objet géographique et technique compréhension de l’objet géographique et technique

2.2. La voirie urbaine en génie urbain : son aménagement en sursol

L’espace occupé en sursol par la voirie s’organise en secteurs, composés eux-mêmes d’éléments ou infrastructures nécessaires au bon fonctionnement de l’infrastructure et à la sécurité des usagers. À ce jour, en dehors de ce qui est présenté par le Code de la route (2010b), le législateur n’a pas dressé de liste complète de ces éléments. Ainsi, les gestionnaires de la voirie s’appuient principalement sur la jurisprudence et les coutumes pour définir les règles d’aménagement. Le vocabulaire utilisé dans les textes de loi, complété des précisions apportées par la jurisprudence et la coutume, nous permet de décrire la voirie et d’identifier quatre niveaux se superposant horizontalement.

2.2.1. Le profil en travers

D’abord, l’espace voirie complet, c’est-à-dire l’emprise du domaine public routier pour la voirie publique, correspond au terrain affecté aux voies de circulation et à l’ensemble de leurs dépendances. Il englobe l’assiette de la voirie et les délaissés de voirie. La première s’étend sur toute la surface utile au bon fonctionnement de l’infrastructure routière. Elle correspond le plus souvent à l’emprise de l’espace voirie. Toutefois, la voirie peut subir une modification ou un alignement. Ainsi, des parcelles se retrouvent exclues dès lors qu’elles ne contiennent plus d’infrastructure utile au bon fonctionnement de la voirie. Les espaces laissés vacants sont appelés délaissés de voirie (Conseil d’Etat 1989) (Figure 2-1).

59 Une coupe transversale telle que présentée en Figure 2-1, est appelée un profil en travers dès lors qu’elle met en évidence la composition de la voirie dans toute sa largeur et permet d’identifier chaque élément constitutif.

Auteur : A. Pavard, 2018

Figure 2-1 – Espace voirie, assiette, délaissés de voirie

Le profil en travers est un outil essentiel pour la voirie, et notamment la voirie urbaine. Il permet d’identifier les dimensions de chaque élément, et de redéfinir leurs limites dans la largeur de voirie disponible. Ainsi, il aide au partage de l’espace voirie (Leheis et Ziliani 2010 ; Certu 2009). Cet outil est d’autant plus important que l’aménagement de la voirie urbaine est repensé dans son intégralité en réaffectant une partie de l’espace historiquement réservé à la circulation motorisée individuelle aux mobilités douces ou aux transports en commun (Figure 2-2) (Reynaud 2008).

Sources : Certu 2008

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2.2.2. Le corps de la voirie : la chaussée

La voirie est donc composée d’une assiette, laquelle recouvre la chaussée et l’ensemble des dépendances. La chaussée correspond à la partie aménagée pour la circulation des véhicules dans leur ensemble. Dans son profil en largeur une chaussée est légèrement bombée au centre et présente de ce fait une inclinaison de 7% maximum. Cette pente appelée devers facilite l’évacuation des eaux pluviales vers l’extérieur de la chaussée (Setra 2006). La chaussée est ensuite décomposée en voies de circulation. Elles ont une largeur suffisante pour permettre la circulation de véhicules en une seule file. Les chaussées sont aménagées différemment selon le mode de transport auquel elles sont destinées. Ainsi, il existe des chaussées pour la circulation motorisée individuelle, appelées chaussées principales (Figure 2-3 a), d’autres réservées aux cycles de deux à trois roues non motorisées, les chaussées ou pistes cyclables (Figure 2-3 b), et finalement des chaussées à destination exclusive des transports en commun, les chaussées propres (Figure 2-3 c).

Légende : a) les chaussées principales, b) les chaussées cyclables, c) les chaussées propres Auteur : A.Pavard, 2018

Figure 2-3 – Différentes affectations des chaussées

Les chaussées principales sont soit dédoublées (Figure 2-4 a), soit uniques (Figure 2-4 b). Lorsqu’elles sont dédoublées, un aménagement central est réalisé, tel qu’un terre-plein ou encore un muret. Les chaussées séparées peuvent être à destination d’un même mode ou au contraire de modes de transport distincts. Il existe par exemple des chaussées pour transports en commun, et pour cycles. Cependant, pour des raisons d’espace, notamment en milieu urbain, ou de coût, le dédoublage des chaussées n’est pas toujours envisageable. Les transports doux tels que les cycles ou les transports en commun comme le bus, occupent alors une voie de la chaussée principale. Ces voies sont nommées voies de bus (Figure 2-4 c), ou bandes cyclables (Figure 2-4 d) (Deboudt 2009). Dans ce cas, les voies de bus sont produites par affectation d’une voie de circulation classique à la circulation des bus. Les bandes cyclables sont quant à elles délimitées par empiètement sur une voie de circulation.

61 Légende : a) les chaussées dédoublées, b) les chaussées uniques, c) les voies réservées au bus, d) les bandes cyclables

Auteur : A.Pavard, 2020

Figure 2-4 – Configurations des chaussées

Les chaussées ou pistes cyclables sont caractérisés par trois critères. Le premier critère correspond à la contiguïté entre la piste cyclable et la chaussée principale. En milieu urbain, pour des questions de place, les pistes cyclables sont généralement contiguës à la chaussée principale. À l’inverse, hors agglomération, elles sont éloignées pour assurer la sécurité des cyclistes. Le deuxième critère concerne la hauteur de la piste par rapport à la chaussée, au trottoir. Elles sont alors, soit à hauteur de la chaussée principale, et dites ordinaires, soit à hauteur intermédiaire entre le trottoir et la chaussée, soit à hauteur du trottoir. Le dernier critère tient de la localisation de la piste par rapport aux stationnements longeant la chaussée principale. Elle sera soit entre la chaussée et les stationnements, soit intercalée entre les stationnements et le trottoir (Poreau 2009). Enfin les chaussées propres sont caractérisées par le transport auquel elles sont destinées. Il existe des chaussées à destination des tramways ou des bus par exemple.

2.2.3. Les dépendances de la voirie

Autour des chaussées, des dépendances de la voirie sont aménagées. Celles-ci regroupent tous les autres éléments utiles à son exploitation. Il s’agit des espaces dédiés aux piétons, ou au stationnement, mais aussi d’espaces dédiés à la sécurité des usagers et à la bonne tenue de la voirie. Parmi les espaces dédiés aux piétons figurent les trottoirs, les galeries ou encore les arcades. Ces espaces sont aménagés pour la circulation des piétons. Comme le relevait le Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques (CERTU), le trottoir est mentionné par le Code de la Route, mais n’y est pas défini formellement (Billard et al. 2010). Ce sont finalement les textes de lois et décrets relatifs à l’accessibilité qui apportent un éclaircissement à son sujet. Ainsi le CERTU insiste sur le fait qu’il s’oppose à l’espace réservé aux véhicules. Ses limites sont facilement repérables et son revêtement est adapté au déplacement des piétons ou au cadre urbain (Cf. Partie III, 10, p. 182). Par exemple, le trottoir peut être revêtu

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d’un matériau ayant des propriétés antidérapantes pour assurer la sécurité des piétons (Figure 2-5 a), ou être revêtu de pavés pour s’intégrer et mettre en valeur les centres historiques (Figure 2-5 b). Les galeries (Figure 2-5 c) ou arcades riveraines (Figure 2-5 d) sont généralement utilisées aujourd’hui pour mettre en valeur des activités commerçantes en milieu urbain.

Légende : a) trottoir classique, b) trottoirs en pavés pour centre historique), c) galerie, d) arcade Auteur : A.Pavard, 2018

Figure 2-5 – Exemples d’aménagement des trottoirs

Les espaces dédiés au stationnement ont des aménagements variés en milieu urbain selon l’espace disponible. Il peut s’agir de places de stationnement le long de la chaussée. Ces places sont aménagées soit sur un espace intermédiaire entre la chaussée et le trottoir et exclusivement réservé au stationnement (Figure 2-6 a), soit directement sur la chaussée et délimitées par un marquage au sol (Figure 2-6 b). Lorsque l’espace est suffisant, des parkings sont aménagés. Ils sont alors entourés de chaussées ou placés sous les chaussées et ses autres dépendances (Figure 2-6 c).

Légende : a) Places de stationnement entre chaussée et trottoir, b) Places de stationnement sur chaussée, c) Parking séparé Auteur : A.Pavard, 2018

Figure 2-6 – Exemples d’espaces dédiés au stationnement

Des espaces sont également aménagés de façon à assurer la sécurité des usagers. Ces espaces permettent soit l’arrêt de véhicules dans le besoin en toute sûreté, soit de séparer les usagers plus fragiles tels que les piétons en créant une interface. Dans le premier cas, il s’agit classiquement de l’accotement (Figure 2-7). Lequel désigne l’espace entre la chaussée et un fossé, un talus ou

63 les limites d’une propriété. Un accotement est généralement composé de deux parties. La première partie, en bordure directe de la chaussée, est appelée bande dérasée. La bande dérasée est aménagée de façon à supporter l’arrêt de véhicules. La deuxième partie, séparée de la chaussée par la bande dérasée, est appelée berme. La berme est généralement couverte d’herbes courtes et permet d’élargir l’angle de vue des automobilistes. Les accotements latéraux peuvent présenter des aménagements spécifiques. Par exemple, des bandes d’arrêt d’urgence y sont aménagées dans le cas autoroutes ou autres axes de circulation importants. Lorsque la chaussée est dédoublée, un accotement central peut les séparer. Il s’agit alors d’un terre-plein central.

Auteur : A.Pavard, 2020

Figure 2-7 – Les accotements

L’aménagement des accotements en ville dépend des voies de circulation. Leur nature est conditionnée par l’importance du trafic et les contraintes d’aménagement de la voirie, telles que la géométrie de l’espace disponible. Ainsi, aux abords des voies à faible trafic, il peut se substituer au trottoir et former un espace piétonnier, ou un espace vert (Figure 2-8 a). Au contraire, lorsque le trafic est fort, il sert d’espace de sécurité entre chaussée et espace piétonnier (Figure 2-8 b).

Légende : a) non revêtu, b) revêtu Auteur : A.Pavard, 2018

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D’autres espaces et ouvrages sont dédiés à la bonne tenue de l’infrastructure routière. C’est le cas notamment des talus et fossés, lesquels favorisent l’écoulement des eaux des chaussées. Ces éléments se retrouvent principalement hors milieu urbain ou en zone de transition entre l’urbain et le rural. En milieu urbain, les égouts ont un rôle similaire, puisqu’ils favorisent l’évacuation des eaux usées ou pluviales (Figure 2-9 a). Des regards d’égouts sont alors installés sur les éléments de voirie tels que les trottoirs ou la chaussée pour accéder aux canalisations (Figure 2-9 b). Enfin, d’autres ouvrages tels que des murs de soutènement sont aménagés dans des zones présentant des dénivelés (Figure 2-9 c). Ces murs permettent de maintenir l’infrastructure et d’éviter les glissements et effondrements. En milieu urbain, ils sont, par exemple, utilisés en bordure de cours d’eau.

Légende : a) Entrée d’égout, b) Regard d’égout, c) Mur de soutènement Auteur : A.Pavard, 2018

Figure 2-9 – Espaces ou ouvrages dédiés à la bonne tenue de l’infrastructure routière

2.2.4. Les équipements de la voirie

Des équipements routiers, appelés accessoires sont également implantés sur la voirie. Ceux-ci sont utiles à la bonne gestion et au bon usage de la voirie. Certains de ces accessoires vont permettre d’accentuer la séparation des espaces selon les usages, tandis que d’autres aideront à organiser la circulation. Dans tous les cas ils favorisent une meilleure lecture de la voirie par les usagers. Il s’agit :

de poteaux (Figure 2-10 a) et pylônes,

de clôtures et murets de séparation (Figure 2-10 b),

de marquages verticaux tel que les panneaux de signalisation (Figure 2-10 c),

de bornes kilométriques,

de radars automatiques,

d’éclairage public (Figure 2-10 d),

ainsi que d’éléments d’affichage.

65 Légende : a) Poteaux, b) Muret de séparation, c) Panneaux de signalisation, d) Eclairage public

Auteur : A.Pavard, 2018

Figure 2-10 – Équipements ou accessoires routiers

Un dernier type d’espaces et d’accessoires permet d’habiller ou agrémenter la voirie. Il s’agit par exemple des terrains contigus à la voie publique. Ceux-ci sont aménagés et non clos par des riverains ou le gestionnaire public. D’autres espaces verts sont aménagés le long des chaussées ou sur les trottoirs tels que les arbres (Figure 2-11 a), les jardinières séparatrices (Figure 2-11 b) ou disposées sur les trottoirs (Figure 2-11 c). Au-delà du caractère esthétique qu’ils apportent à la voirie, certains de ces éléments peuvent aussi améliorer la tenue de l’infrastructure en absorbant l’eau de pluie par exemple, ou réduire l’effet d’îlot de chaleur en milieu urbain.

Légende : a) Arbres longeant une chaussée, b) jardinière continue entre trottoir et chaussée, c) Jardinière sur trottoir Auteur : A.Pavard, 2018

Figure 2-11 – Espaces ou éléments d’agrément

2.2.5. La voirie et ses autres ouvrages

Jusqu’ici, nous avons présenté la voirie selon sa configuration la plus classique. La voirie est en effet généralement implantée au sol et est constituée de sections courantes, appelées également tronçons de voirie, reliant des extrémités d’impasses et des carrefours (Cerema 2016). Nous verrons qu’il existe de nombreux types et de formes de carrefours (Cf. Partie II,

Figure 6-9

, p. 127). Ainsi, pour désigner l’intégralité de ces carrefours, nous utiliserons le terme intersection de voirie.

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La voirie peut également prendre des formes différentes :

1). Elle s’organise parfois de manière moins linéaire sous la forme de places. Celles-ci sont aménagées soit essentiellement autour d’espaces réservés aux mobilités douces (marche, cycles), ainsi que d’espaces ou éléments d’agrément ; soit en alliant les espaces réservés aux véhicules motorisés, dont les chaussées, et les espaces de stationnement. Dans le deuxième cas, les chaussées encerclent généralement un espace réservé aux mobilités douces.

2). D’autres fois, la voirie est également associée à des ouvrages d’art tels que les ponts (Figure 2-12 a), les tunnels (Figure 2-12 b), ou encore les bacs et passages d’eau.

Légende : a) Pont routier, b) Tunnel routier Auteur : A.Pavard, 2018

Figure 2-12 – Autres ouvrages dédiés à la circulation

En conclusion, la voirie est composée de différents éléments en sursol (Figure 2-13). Classiquement, elle s’organise autour d’une ou plusieurs chaussées selon les modes de transport qu’elle supporte et l’espace disponible. Autour des chaussées, sont aménagés des accotements ou des espaces dédiés aux piétons. Des équipements permettent de séparer et d’assurer la sécurité des différents usagers entre les chaussées, les accotements et les espaces piétonniers. D’autres équipements assurent une meilleure lisibilité de la voirie et facilite la circulation. Enfin, des éléments d’agrément contribuent à l’esthétisme de la voirie, ou peuvent également assurer d’autres rôles : en absorbant l’eau de pluie par exemple, ou pour apporter de la fraicheur en ville.

67 Auteur : A.Pavard, 2018

Figure 2-13 – Synthèse de la composition de la voirie en sursol

En-dessous, la voirie dispose d’une structure lui permettant d’assurer ses fonctions. Cette structure se compose de différents éléments qu’il convient de définir afin d’avoir une vision complète de l’infrastructure.

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