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surfacique de voirie dans les SIG

10. La voirie selon son aspect : Quels choix de revêtements ?

10.1. Les critères pour choisir un revêtement

En plus de permettre une lecture efficace du partage de l’espace, les revêtements participent au cadre de vie urbain. Ils lui confèrent du caractère en mettant en valeur, par exemple, des éléments culturels ou patrimoniaux, notamment à l’aide de couleurs ou de matériaux naturels (Cerema 2016). Il existe une grande variété de revêtements ayant des qualités différentes (Ossola 2010 ; Abdo 2014 ; Cerema 2018a). Ainsi, il est essentiel pour les gestionnaires de voirie de connaitre leurs propriétés afin de réaliser un choix éclairé pour la conception et l’aménagement de la voirie. Nous constatons à travers les guides d’aménagement de la voirie urbaine, que le choix du revêtement est réalisé selon une approche multicritère prenant en compte en premier lieu différentes propriétés de performance des matériaux. Les performances concernent la sécurité des usagers, le confort, la résistance de l’infrastructure à des phénomènes extérieurs tels que le climat ou le trafic, la mise en œuvre ou encore l’entretien. Ces critères de sélection se retrouvent dans

183 les guides classiques de conception des chaussées routières, et ne sont donc pas spécifiques à des problématiques urbaines. Nous observons cependant que d’une part, certains sont réadaptés aux problématiques urbaines, tels que le confort des usagers, qui est élargie à tous les usagers rencontrés en ville et amène donc à des niveaux d’exigence différents ; d’autre part, que des critères plus spécifiques à l’urbain sont ajoutés, tel que l’esthétisme. Ainsi, nous présentons dans une première sous-section le choix du revêtement selon ses caractéristiques, et dans une deuxième sous-section le choix du revêtement selon ses performances et ses domaines d’emploi.

10.1.1. Le choix d’un revêtement : ses caractéristiques

Les usagers directs de la voirie, c’est-à-dire ceux qui utilisent une fonctionnalité de la voirie, ne sont pas les seuls acteurs concernés par la voirie. Deux autres catégories d’acteurs sont classiquement identifiées : – d’abord les différents intervenants techniques et gestionnaires de l’infrastructure ; – ensuite, les riverains, c’est-à-dire, les commerçants, et les habitants, qui entretiennent un lien étroit dû à leur contiguïté avec la voirie. Ceci est d’autant plus vrai en ville que la voirie est au centre du système complexe que forme la ville. Ainsi, elle est à la fois support de multiples activités, infrastructure de liaison, et lieu de vie. Certaines performances concernent alors spécifiquement les usagers, tandis que d’autres sont liées aux riverains, ou encore aux gestionnaires (Leroy 2012) (Tableau 10-1).

Tableau 10-1 – Comparaison des caractéristiques recherchées pour les revêtements de voirie selon les trois catégories d’acteurs (usagers, riverains, gestionnaires)

Sources : Leroy 2012 / Auteur : A. Pavard, 2020

Pour tous les usagers, l’infrastructure doit être sûre et confortable. Ces notions de sécurité et confort se traduisent au niveau des revêtements par différentes propriétés. D’abord, l’adhérence, qui réduit la glissance tant des véhicules que des piétons, est décrite à l’aide d’indicateurs, la

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macrotexture et la microtexture (Cf. Glossaire, p. 20) relatifs à la texture du revêtement (Aussedat et al. 2003 ; IDRRIM et Cerema-DTecITM 2016). Ensuite, viennent la stabilité et planéité, nommée « uni », lorsqu’il s’agit d’un revêtement de chaussée (Cf. Glossaire, p. 20). Sa qualité évite les déséquilibres ou facilite le maintien d’une trajectoire (Cerema 2018a), et a donc une incidence sur la sécurité ou le confort selon le type d’usager.

Les riverains sont quant à eux impactés par des nuisances dues à leur proximité de la voirie, telles que le bruit résultant du frottement avec les pneumatiques (Sandberg et Descornet 1980 ; Li et al. 2016), ou encore par la chaleur liée à la conductivité thermique des matériaux, notamment à travers les îlots de chaleurs (Stempihar et al. 2012 ; Hendel et al. 2015). L’esthétisme auquel la propreté est associable sont également des critères importants pour cette catégorie d’individus (Vlès, Berdoulay, et Clarimont 2005).

Enfin, les aménageurs et gestionnaires de voirie, doivent tenir compte des différentes attentes des usagers et des riverains pour choisir les revêtements, ce qui nécessite parfois des compromis : les propriétés permettant de sécuriser la circulation des usagers s’avèrent parfois inconfortables pour les usagers eux-mêmes ou pour les riverains. Par exemple, un revêtement de chaussée permettant une bonne adhérence peut entrainer un inconfort de circulation ou des nuisances sonores. D’autre part, outre les performances des matériaux aux conditions de service, les gestionnaires doivent aussi tenir compte des conditions de mise en œuvre et d’entretien des revêtements. En milieu urbain, la rapidité de mise en œuvre, et la facilité d’entretien sont particulièrement importants, et ce dans la mesure où les travaux deviennent souvent sources de nuisances. Les interventions sur voirie, selon les techniques utilisées et leurs délais d’exécution ont une incidence sur la circulation, ainsi que sur le cadre de vie avec des impacts visuels, olfactifs et sonores. Un programme de recherche, le projet FURET portant sur les chantiers en milieu urbain, a été mené entre 2009 et 2013. Ce projet associe des métropoles, des gestionnaires de réseaux techniques, des entreprises routières et des écoles d’ingénierie (Debreu 2013 ; Lille Métropole 2013 ; Christory 2015). Il a permis d’identifier des leviers d’action pour réduire l’impact des chantiers urbains, et les rendre plus furtifs et plus acceptables : – en améliorant la communication à destination des riverains, – en préconisant des solutions techniques et méthodes de travail permettant de limiter les gênes occasionnées.

Au cours de la dernière décennie, de nouveaux critères de performance ont émergé, tels que les impacts environnementaux. La Métropole de Bordeaux, par exemple, mentionne comme critères de choix, la recyclabilité ou encore la perméabilité des revêtements favorisant ou non l’évacuation des eaux pluviales, mais également l’infiltration des hydrocarbures (A’urbae et Bordeaux Métropole 2017).

185 10.1.2. Le choix d’un revêtement : performances et domaines d’emploi

Les caractéristiques de sécurité, de confort, de durabilité, de mise en œuvre et d’entretien, et d’aspect environnemental dépendent eux-aussi, des propriétés d’usage des éléments constitutifs de la voirie. On parle alors de domaine d’emploi des revêtements. À partir de guides techniques nous avons identifié les principales caractéristiques et performances attendues. Nous avons ensuite choisi un vocabulaire commun et proposons un tableau de synthèse qui présente les attentes, bien que toutes ne soient pas toujours partagées entre les métropoles (Tableau 10-2).

Tableau 10-2 – Caractéristiques des revêtements selon les propriétés d’usage

Sources : Lille 2003 ; Toulouse 2008 ; Lyon 2010 ; Bordeaux 2017 ; Cerema 2018a Auteur : A. Pavard 2020

Un trottoir ne subit pas les mêmes contraintes, notamment mécaniques qu’une chaussée. En effet, une chaussée doit être revêtue d’un matériau résistant aux contraintes induites par des pneumatiques et des charges importantes de façon à limiter les dégradations telles que les pertes d’adhérence et les déformations (Cf. 11, p.204). Un trottoir ne supportant que des piétons ne nécessite pas une résistance mécanique importante. Les dimensions de la surface à revêtir ont également un impact sur la mise en œuvre et l’entretien des matériaux. Les chaussées mesurent en moyenne 4 à 7,5 mètres de largeur (Cerema 2016), et ne présentent généralement pas d’obstacles. Des véhicules de travaux peuvent circuler aisément pour aider à la mise en œuvre et l’entretien des revêtements. En revanche, pour les éléments constitutifs de la voirie plus étroits,

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tels que les trottoirs, des précautions doivent être prises. La présence de mobiliers urbains tels que les bancs peut complexifier l’entretien et empêcher l’usage de matériel mécanisé imposant. Les matériaux utilisés doivent donc répondre aux contraintes de mise en œuvre et d’entretien. Par ailleurs, un même élément constitutif est souvent partagé entre plusieurs usagers. Un espace piétonnier est circulé par des piétons, des personnes à mobilité réduite (PMR), et parfois par des usagers de modes doux tels que les trottinettes ou les rollers. Tous n’ont pas les mêmes besoins en termes de confort et de sécurité. Un revêtement non stable ou avec des émergences a moins d’incidences sur un piéton que sur un PMR ou un usager mode doux (Ferreira et da Penha Sanches 2007). Les revêtements doivent alors être choisis selon les contraintes liées aux éléments constitutifs de la voirie et leurs usages. Enfin, le choix des revêtements est réalisé selon le partage en surface de la voirie, mais également selon la structure qu’il faut préserver (Cf. 11, p.204). Nous constatons qu’en termes d’usage de la voirie, pour les choix des revêtements, les usages en sursol sont principalement cités, et notamment les mobilités. Cependant, la présence de réseaux techniques enterrés peut également avoir un impact sur le choix des revêtements et l’évolution de leurs performances. En effet, compte tenu de la nécessité d’accéder à ces réseaux, les revêtements doivent a priori être manipulables et réparables aisément, et ce, avec des coûts raisonnables. Le Setra mentionnait la spécificité du milieu urbain dans un document de 1988 relatif à la réhabilitation des chaussées en traversée d’agglomération. Notamment, il relevait le besoin de prendre en compte les réseaux divers (Setra 1988). À ce sujet, il est indiqué que la réhabilitation est un point essentiel devant guider le choix des revêtements en cas de présence de réseaux enterrés. Concernant la réhabilitation, le terme réparabilité est couramment utilisé. Il s’agit de la plus ou moins grande facilité à réparer une partie des revêtements.

Plus récemment, le Certu dans son guide méthodologique et pratique d’entretien des chaussées urbaines indiquait que les tranchées relatives aux réseaux enterrés et réalisées sur la voirie endommageaient les revêtements (Certu 2010). Les recommandations nationales du Setra et du Certu s’arrêtaient à ces constats sans proposer plus de recommandations. À l’échelle locale, nous remarquons que des collectivités pointent davantage la problématique des réseaux enterrés pour le choix des revêtements : par exemple, la Métropole de Lyon, dans son guide technique, présente les impacts que peut avoir la présence de réseaux sous la voirie sur la durée de service des revêtements. En effet, lors de levés photographiques (Cf. 12, p. 220), nous observons sur le terrain, que les interventions répétées sur les réseaux engendrent un morcellement des revêtements en autant de rustines que de tranchées remblayées. Ceci est d’autant plus vrai lorsque le revêtement est peu réparable. Cette situation conduit à un patchwork de revêtements (Figure 10-1 a et b). Par ailleurs, au-delà de l’aspect esthétique, les interventions sur réseaux peuvent entrainer des dégradations superficielles ou structurelles de voirie (Cf. 11.1, p. 204). Ces

187 dégradations nécessitent alors une reprise intégrale du revêtement, ou une réhabilitation de la structure (Figure 10-1 c). Ainsi, l’information sur la réparabilité d’un revêtement dans les guides techniques est en partie liée implicitement à la présence de réseaux enterrés.

Source : A. Pavard, 2018

Figure 10-1 – Chaussée et trottoir après intervention sur réseaux

Les critères présentés sont généralement tous repris par les gestionnaires de voirie. Nous constatons que chacun se les approprie et en fait une synthèse différente en détaillant ou non certains points (Cf. Annexe I, p. 350). Ainsi, nous notons à travers les exemples de Lille, Lyon et Toulouse des priorités différentes : – Lille insiste sur les aspects rendus possibles par les matériaux tels que les couleurs ou encore les finitions, leurs domaines d’application et les conditions d’approvisionnement ; – Lyon accorde plus d’importance à l’entretien et à la maintenance des revêtements ; – Toulouse se focalise sur les caractéristiques physiques et la mise en œuvre des matériaux. Finalement, les sensibilités de chaque gestionnaire se retrouvent également dans la classification qu’ils proposent pour les matériaux.

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