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voirie urbaine ?

6.1. La voirie : Le tracé des objets graphiques

Dans la suite, nous allons nous intéresser à la question des objets graphiques représentant les intersections de voirie. Auparavant, nous observons des différences de construction des limites des objets graphiques, notamment aux points de jonction entre tronçons et intersections de voirie.

Notre première hypothèse expliquant les différences observées tient du processus de généralisation. Comme pour les données linéaires présentées précédemment (Cf. 5.1, p. 103), la construction des objets graphiques dépend de la représentation souhaitée, c’est-à-dire de l’échelle, du contenu et du processus de généralisation retenu pour sélectionner et traduire l’information. La simplification est observable en superposant les données de voirie à une image aérienne dont la granularité est suffisamment fine pour identifier avec précision les limites de voirie. Cette superposition permet de repérer le tracé des objets géographiques de voirie et de le comparer aux objets graphiques représentant la voirie dans les SIG.

À partir de ce type d’observation, on constate des différences notamment au niveau des intersections de voirie. Trois types de tracés pour les objets graphiques ressortent : – des tracés à angle pointu lorsque la limite des sommets est pointue ; – des tracés à angle arrondi lorsque la limite des sommets est courbe ; – des tracés à angle biseauté lorsque la limite des sommets est en biseau.

Les choix constructifs des bases de données géographiques surfaciques existantes

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Une analyse des objets graphiques produits pour représenter les intersections de voirie dans cinq bases de données confirme cette hypothèse (Figure 6-1).

Légende : a) Bordeaux – France, b) Paris – France, c - d) San Francisco – USA, e) Montréal – Canada, f) Victoria – Canada Sources : SIG – Bordeaux Métropole 2019, SIG – Paris 2019, SIG – San Francisco 2017, CityOfVictoriaBC, 2019, Service des

infrastructures du réseau routier – Division de la géomatique de la ville de Montréal, 2019 Auteur : A. Pavard, 2020

Figure 6-1 – Correspondance objets graphiques et objets géographiques

Des tracés à angles biseautés correspondent aux morphologies induites par les bâtiments localisés aux angles de voirie (Figure 6-1 a et b). Dans ce cas, l’opérateur a retenu une généralisation permettant de traduire la forme observée. Un extrait d’un document technique de la Division des plans de voirie de la Mairie de Paris, que nous présenterons plus loin l’illustre (Mairie de Paris – Division des plans de voirie 2011) (Cf. Figure 6-7, p. 126). En revanche, des tracés à angles pointus droits repérés majoritairement pour les quartiers en damiers de San Francisco ainsi que pour Victoria (Figure 6-1 c et e) correspondent à des simplifications importantes de la morphologie terrain. Pour ces deux terrains d’étude, une simplification moins importante conduirait à réaliser des tracés à angles soit biseautés soit arrondis. Ce résultat s’explique selon nous de deux façons : Premièrement, un processus automatisé de construction des objets graphiques peut conduire à une simplification des tracés. Toutefois, si tel était le cas, nous ne devrions pas constater de différence d’un quartier à l’autre d’une même municipalité. Or, les quartiers sinueux de San Francisco présentent des tracés par angles arrondis (Figure 6-1 d). Nous notons d’ailleurs pour ces quartiers qu’une simplification est également réalisée, même si les tracés respectent plus souvent la morphologie terrain. Deuxièmement, l’image renvoyée par les morphologies en damier conduit probablement plus facilement le géomaticien à opérer une

119 simplification des tracés. Enfin, pour Montréal, deux éléments ressortent (Figure 6-1 f). D’abord, il apparait que les tracés au niveau des intersections les plus larges sont majoritairement à angles arrondis respectant la morphologie terrain, tandis que les intersections les plus étroites présentent des angles pointus. Par ailleurs, certains quartiers présentent des intersections exclusivement à angles arrondis, tandis que d’autres quartiers présentent des intersections exclusivement à angles pointus. Ce résultat suggère l’intervention de plusieurs géomaticiens n’ayant pas respecté une spécification commune pour l’ensemble de la municipalité.

Ainsi, compte tenu des différences observées au sein d’une même base de données, nous formulons une deuxième hypothèse : Les différences tiennent de la variété des morphologies urbaines et donc de celles des tracés de voiries des municipalités. Cette hypothèse découle de la première dans le sens où les tracés de voiries peuvent conduire les géomaticiens à opérer des choix variables de simplification. Les morphologies diffèrent de par l’histoire et la topographie des lieux (Allain 2014 ; Marshall 2005 ; Kostof 1993). Ainsi, nous constatons que Bordeaux et Paris ont un tracé de voirie composé de tronçons articulés et parfois courbés (Figure 6-2 a et b). À l’inverse, San Francisco, Montréal et Victoria disposent d’un tracé de voirie pour l’essentiel en grille ou damier, issu de la combinaison de lignes droites (Figure 6-2 c, e et f). Dans ces trois municipalités, des quartiers sont toutefois plus sinueux du fait d’une topographie accidentée, comme à San Francisco (Figure 6-2 d).

Légende : a) Bordeaux – France, b) Paris – France, c - d) San Francisco – USA, e) Montréal – Canada, f) Victoria – Canada Sources : SIG – Bordeaux Métropole 2019, SIG – Paris 2019, SIG – San Francisco 2017, CityOfVictoriaBC, 2019, Service des

infrastructures du réseau routier – Division de la géomatique de la ville de Montréal, 2019 Auteur : A. Pavard, 2020

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De ces différences morphologiques peuvent résulter des variations de tracés des objets graphiques notamment au niveau des intersections de voirie (Tableau 6-1). On remarque que dans le cas d’une morphologie articulée et courbée, les tracés présentent soit des angles arrondis, comme dans le cas de voiries sinueuses à San Francisco, soit des angles biseautés comme à Bordeaux ou Paris. Dans le cas d’un tracé de voirie en damier, les objets graphiques sont en majorité à angles pointus.

Tableau 6-1 – Types de tracés de voirie aux intersections selon les municipalités

Auteur : A. Pavard, 2020

Ces différences suggèrent que la morphologie de la voirie explique en partie les choix de simplification réalisés par les géomaticiens lors du tracé des objets graphiques. Dans la mesure où les objets graphiques sont créés de façon à respecter au mieux les objets géographiques qu’ils représentent, le lien entre morphologie de voirie et tracés des objets graphiques semble logique.

En conclusion, les choix de tracés relèvent de la combinaison de la morphologie de la voirie et du choix de représentation opéré lors de la construction des objets graphiques dans les SIG. Le cas de Montréal conduit à rappeler l’importance d’observer des spécifications communes pour un territoire donné de façon à éviter une hétérogénéité au sein d’une même base de données.

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