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La voie sans issue d’une conception « chosifiée » du social

Responsabilité Sociale et Régulation hybride

17. La voie sans issue d’une conception « chosifiée » du social

Evidemment, la première manière d’envisager la Responsabilité Sociale est plus intuitive, puisqu’il paraît difficile de penser que la société puisse être « sujet » d’une responsabilité. Par contre, il est normal de parler de la société comme de « quelque chose » (nous ne nous en sommes pas privés au cours du premier chapitre), en faire l’objet de sa réflexion, de son souci, et vouloir la changer par l’action politique. Il est donc plutôt naturel de comprendre l’expression « responsabilité sociale » comme responsabilité des personnes vis-à-vis de la société. Mais pourquoi serait-ce une voie sans issue ? Essentiellement parce qu’elle correspond à ce que Latour et Strum (on vient de le voir) entendent par « modèle ostensif » de définition du social, et elle en accumule toutes les carences :

Dans ce mode de pensée, la société existe en soi comme un « tout », de son côté, et nous existons, d’un autre côté, comme acteurs sociaux distincts d’elle en elle, nous en sommes les éléments, les « parties ». Cette différence ontologique entre partie et tout rend bien compliquée la compréhension d’un quelconque pouvoir de la partie sur le tout, des sujets sur la société, donc la compréhension de ce que pourrait être une responsabilité de chaque partie vis-à-vis de ce tout. Le tout social dépasse par définition le pouvoir de chaque sujet immergé en son sein. Quel pouvoir pourrait avoir le sujet-partie sur ce tout-objet ? Or, nous l’avons vu, sans pouvoir, pas de responsabilité qui tienne.

De plus, si les sujets humains ne sont pas la société qui les englobe, ils ne peuvent être responsables vis-à-vis d’elle que de façon extérieure et objective, donc instrumentale, comme on peut dire aujourd'hui que nous sommes « responsables » de la survie des baleines, c'est-à-dire qu’elles sont à la merci de notre bon vouloir et de notre compétence technique pour les sauver de l’extinction. Or, une responsabilité technique de ce genre est hautement problématique en ce qui concerne ce non-objet qu’est la « société », autrement plus difficile à gérer que le sort des baleines.

De deux choses l’une : ou bien il est possible de connaître la société et d’agir sur elle, comme on peut connaître les besoins biologiques et écologiques des baleines et intervenir sur eux, ou bien il n’est pas possible de connaître la société, elle reste un concept sans contenu scientifiquement déterminable, elle échappe au pouvoir total des humains en demeurant un grand ensemble objectif plus vaste et englobant que toute action humaine, et toute intervention restera partielle et hasardeuse, simple initiative subjective dans la société. Notre problématique d’une responsabilité vis-à-vis de la société se divise alors en deux versions de la Responsabilité Sociale : soit celle d’une action objective sur une société connue (version technocratique) ; soit celle d’une action subjective dans une société inconnaissable (version éthique).

Dans les deux cas, la Responsabilité Sociale conçue comme responsabilité vis-à-vis de la société, par intervention sur elle ou dans elle, nous semble aboutir à des problèmes insolubles qui rendent cette conception chosifiée de la société peu fertile dans la pratique, voire même dangereuse. Agir sur une société-objet susceptible d’être connue et programmée aboutirait plutôt à une sorte de responsabilité technoscientifique des experts mondiaux pour la

soutenabilité planétaire, dans le cadre d’une oligarchie globale du pouvoir de la technique et de la science, donc non pas à une responsabilité sociale puisqu’il s’agirait de la seule responsabilité des dirigeants mondiaux, le grand public n’ayant qu’à leur obéir. Quant au second cas de figure, agir dans une société comme grand tout objectif pour y produire des résultats, cela risque de n’aboutir qu’à un simple engagement volontaire, libre de toute obligation légale, en faveur de causes sociales, donc pas non plus à une responsabilité sociale opposable, seulement à une bonne volonté morale dictée par la conscience de chacun, loin de toute institutionnalisation. La première solution nous ferait perdre le caractère social de la responsabilité que l’on cherche. La deuxième solution nous ferait perdre la responsabilité elle-même. Examinons cela :

Imaginons qu’une science de la société soit possible. Ceux qui la détiennent sont responsables de diriger cette société connue. Une responsabilité de type instrumental demande une connaissance du tout social par des spécialistes, des experts au statut socialement ésotérique, car ils doivent bénéficier à la fois d’une compréhension spéciale de ce tout, qui normalement échappe aux parties qui le constituent, et d’un pouvoir spécial d’intervention sur ce tout. C’est donc seulement une oligarchie d’experts, disposant d’un pouvoir de connaissance et d’action hors du commun, qui pourrait éventuellement exercer cette « responsabilité » vis-à-vis d’une société devenue transparente à leur jugement et à leur agir, puisque leur science leur en donnerait les moyens, à exclusion de tous les autres agents sociaux qui ne seraient rien que des éléments immergés dans ce tout qui les dépasse, donc qui n’auraient que des responsabilités individuelles limitées à leurs activités dans le tout social, mais pas vis-à-vis du tout social. La Responsabilité Sociale serait alors un type de responsabilité professionnelle précis, responsabilité réservée aux spécialistes surpuissants de la société (omniscients et omnipotents). La Responsabilité Sociale se retournerait alors contre la démocratie, elle ne serait plus un processus de socialisation de la responsabilité, mais au contraire le signe d’une

distinction entre des sujets globaux au pouvoir global et des sujets atomisés sans pouvoir social. Ne resterait au citoyen moyen (« idiot culturel » et débile global) aucune « responsabilité sociale » proprement dite, sinon seulement le devoir d’obéir aux injonctions de l’oligarchie des experts qui saurait pour lui ce qu’il doit faire pour la soutenabilité globale. Sa seule responsabilité « sociale » serait de laisser faire ceux qui savent ce qu’il faut faire pour la société.

Attention : Cette réflexion que nous menons n’est pas qu’un exercice théorique. Il existe déjà dans le mouvement de la RSE des organisations économiques globalisées qui, peut-être sans s’en apercevoir et en toute bonne foi, défendent implicitement une approche en réalité élitiste de la Responsabilité Sociale comme responsabilité spéciale des acteurs globaux les plus puissants (les firmes multinationales) pour conduire et opérer le « développement soutenable » de l’humanité entière, mais d’après leur propre définition particulière de ce qui doit être fait et une vision très pragmatique des techniques à mettre en œuvre, par des méthodes d’ingénieurs, pour résoudre les problèmes de soutenabilité vus comme de simples problèmes techniques. C’est par exemple le cas du World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) qui regroupe des directeurs de grandes entreprises et définit de façon ad hoc la « Vision du monde en 2050 » telle que le « business » doit la produire, à partir d’une curieuse distinction des acteurs sociaux en trois catégories : « business, governments, citizens », mettant donc en interlocution directe les entreprises (dont les dirigeants ne sont pas élus), les gouvernements élus et les gens qui les élisent. La « Vision » du monde soutenable est fondée sur la nécessité pragmatique de faire vivre 9 milliards d’humains en respectant les conditions systémiques écologiques d’habitabilité planétaire, problème technique global donc, qui doit être opéré par les organisations globales technoscientifiques capables de le résoudre financièrement et matériellement, c'est-à-dire les grandes entreprises, mais pas les Etats, et encore moins les « citoyens », puisque leur champ d’action est toujours réduit au local. Dans cette version technocratique globale de la RSE, on n’a plus vraiment besoin de « participation » des parties prenantes à travers une coordination consensuelle et une prise de coresponsabilités. On a surtout besoin des autorisations légales locales pour laisser mettre en œuvre les solutions techniques et scientifiques aux besoins des populations et des écosystèmes que la recherche nous fournit. Mais qui refuserait d’aider ceux qui vont produire la soutenabilité de toute l’humanité?219

Il ne faut absolument pas minimiser ce risque de technocratisme (totalitarisme ?) inscrit au cœur du désir de prévenir l’insoutenabilité planétaire. Comme Ulrich Beck l’a bien souligné, la société du risque est une « société de la catastrophe ». Elle accélère la production de risques, tout simplement parce qu’entre le modèle de la société industrielle productrice de richesses et le modèle de la société du risque :

      

219 Voir : WBCSD, Vision 2050, the new agenda for business, 2010 :

“c’est nécessairement la logique de la production de richesses qui gagne – et c’est justement pour cela que la société du risque finit par l’emporter.”220

En minimisant toujours les risques par intérêt, on en arrive donc à la production de

catastrophes. Or, dans une société de la catastrophe, “l’état d’exception menace d’y devenir un état normal”, car par définition : “la catastrophe actuelle ou potentielle [n’est] pas très douée pour la démocratie”221. En état d’urgence, il n’est plus temps de négocier, dialoguer, écouter les point de vue différenciés des acteurs, il faut agir vite et l’organisation la plus verticale et autoritaire est la plus efficace. Chez les indiens d’Amérique régnait en général une organisation horizontale très décentralisée et libre, sauf en temps de guerre où tous s’unissaient sous les ordres verticaux et unilatéraux du chef de guerre222. D’où l’idée que l’état d’urgence de catastrophes à répétition facilite systématiquement l’institution d’un totalitarisme « légitime », où des « responsables » assurent le contrôle de la société en état d’urgence d’insoutenabilité, en veillant à la soutenabilité systémique totale par une “dictature du danger” :

“Cette augmentation des dangers donne jour à de nouveaux défis pour la démocratie. La société du risque a tendance à générer un totalitarisme « légitime » de la prévention qui, sous couvert d’empêcher que ne se produise le pire, finit par créer, selon un mécanisme bien trop familier, les conditions d’apparition de ce qui est encore pire. Les « effets induits » politiquement par les « effets induits » de la civilisation menacent le système politico-démocratique dans son fondement même.”223

Rappelons que l’un des fondements du système politico-démocratique qui est le nôtre est l’affirmation anti-platonicienne que les affaires politiques sont les affaires de tout le monde et surtout pas des affaires de spécialistes, que donc tout le monde doit y participer, directement ou par des représentants, ces derniers ne devant pas confisquer l’exercice de l’action politique pour eux seuls, mais toujours agir publiquement et en se soumettant régulièrement au jugement du public (sanction par le vote, renouvellement périodique des responsables au pouvoir). Si l’on passe à une définition du politique comme exercice de la science de gestion de la société, conformément aux besoins cybernétiques de son équilibre systémique, alors on quitte la démocratie, la politique est une affaire de spécialistes et la publicité des agissement du pouvoir n’est plus un devoir, tout juste une cordialité aux vertus pédagogiques.

      

220

Beck U. La société du risque, op.cit. p 82.

221

Idem. p 142.

222 Voir : Clastres P. La société contre l’Etat, Editions de Minuit, 1974.

Avec le rejet de la démocratie disparaît aussi l’idée d’une coresponsabilité des agents sociaux, car si ceux-ci sont ontologiquement différents, en tant que « parties », du tout de la société, c’est leur appartenance un par un à ce grand ensemble qui les fait exister comme des êtres sociaux, les uns à côté des autres, et non pas leur association et coordination commune qui performent constamment la société comme réseau relationnel. N’étant pas des êtres relationnellement sociaux mais ontologiquement sociaux, c’est chacun de leur côté qu’ils auront des responsabilités vis-à-vis de la société, et non pas tous ensemble. Donc aucune obligation d’association pour la gestion coresponsable de la société n’est ici exigée. Nous perdons la moitié de notre concept de responsabilité socialisée, et nous tombons dans l’autoritarisme du pouvoir des experts globaux.

Là encore, ce travers n’est pas seulement théorique. Les acteurs de la RSE envisagent généralement la responsabilité sociale comme une tâche de chaque entreprise, chaque organisation ayant « sa » responsabilité sociale à assumer, et non pas comme une socialisation responsable commune créée à partir de nouveaux liens entre les organisations224. Ainsi, la « théorie des parties prenantes » (stakeholders theory) n’est pas tant comprise comme création de nouveaux réseaux d’acteurs coresponsables tous ensemble que comme devoir de « prendre en compte » les attentes de chaque partie prenante isolée, dans une relation bilatérale, où c’est l’entreprise qui répond aux intérêts de chaque interlocuteur pris à part, sans les mettre en synergie, et sans abandonner son rôle central de leader. Il n’y a donc pas production commune du sens social que devrait prendre l’entreprise, mais seulement satisfaction par l’entreprise d’intérêts de parties prenantes atomisées. Tout cela se visualise clairement dans la plupart des représentations graphiques des « relations de l’entreprise avec ses parties prenantes » : des diagrammes en forme de fleur où l’entreprise occupe le centre et chacune de « ses » parties prenantes (clients, fournisseurs, Etat, etc.) est un pétale n’ayant de lien qu’avec le cœur225.

      

224 Il y a certes beaucoup d’associations inter-entreprises de promotion de la RSE dans le monde. Mais la plupart cherche plutôt à promouvoir par des concours, des prix, des activités académiques, la responsabilisation sociale de chaque organisation membre, que d’organiser un projet commun de coresponsabilité entre tous les membres.

225 Voir pour un regard critique sur la théorie des parties prenantes : Bonnafous-Boucher, M. et Pesqueux Y. (dir.)

Imaginons maintenant qu’une science de la société ne puisse pas être produite. Alors, tout l’art de pratiquer « sa » Responsabilité Sociale serait pour le sujet celui d’écouter quelles sont les demandes les plus criantes qui émanent de la société (on invente alors le néologisme « sociétal » pour distinguer ces problèmes de la société en général du domaine économiquement plus précis de la « demande sociale ») et de s’en soucier en s’engageant pour tenter de les satisfaire. On ne songe plus ici à changer la société entière en opérant sur elle à partir d’une connaissance globale qu’on en a. On songe plus modestement à agir en elle en y produisant certains résultats désirables, parce qu’on ne veut pas rester sans rien faire face aux misères du monde. Ici, chacun peut exercer « sa » responsabilité vis-à-vis de ce qu’il conçoit être important à considérer dans la société, puisqu’il n’y a pas besoin d’être un spécialiste, ni un acteur global très puissant, pour se faire une certaine idée (mais jamais une idée certaine) de ce qui va et ne va pas autour de soi. La Responsabilité Sociale est alors une capacité de tout un chacun, elle conserve sa valeur démocratique. Mais bien sûr, si je me sens porté par l’obligation de répondre aux « problèmes sociaux » qui m’entourent, il est évident que je me dédierai à ceux qui me paraissent les plus urgents, ceux qui m’interpellent le plus, ceux qui touchent ma sensibilité morale : la fragilité des enfants pauvres, la vulnérabilité des handicapés, la douleur des malades, ou peut-être la détérioration d’un écosystème, la disparition d’une espèce animale, etc. La sensibilité morale personnelle gouvernerait donc en dernière instance la Responsabilité Sociale.

Ici aussi, notre analyse n’est pas seulement hypothétique et théorique. On y reconnaitra la très longue liste des « initiatives RSE » dédiées à la charité envers les plus vulnérables, qui tient souvent lieu de Responsabilité Sociale. A tel point que pour beaucoup, notamment aux Etats-Unis et dans les pays émergents, la RSE n’est que le nouveau nom pour désigner la charité institutionnelle de toujours : exercer « sa » Responsabilité Sociale signifierait dédier une partie des bénéfices de la firme à de bonnes œuvres à finalité « sociale », le plus souvent par l’intermédiaire d’une Fondation, à but non lucratif, financée par l’Entreprise-mère à but lucratif. Nous avons retrouvé la même attitude au sujet de la Responsabilité Sociale

Universitaire en Amérique Latine, spontanément interprétée par les acteurs académiques (étudiants, professeurs, cadres) comme devoir de mettre en œuvre des projets d’aide et de développement pour les populations les plus défavorisées, mais sans intégrer véritablement ces projets aux cursus d’apprentissage des étudiants ou aux lignes de recherche disciplinaires des Facultés. On voit nettement ici que la Responsabilité Sociale est en fait conçue comme un

altruisme moral ajouté en marge de l’activité de l’organisation, mais qui n’implique aucune responsabilisation de l’organisation pour changer ses propres impacts négatifs, ceux-ci étant au contraire plutôt masqués par l’activité charitable généralement histrionique. D’où le reproche ou le soupçon, sans cesse repris à l’encontre de la RSE, de tomber dans le « Markethics » intéressé pour les entreprises, ou bien dans le « paternalisme » et la bonne conscience déculpabilisatrice, et en tous les cas dans le manque de cohérence entre les bonnes actions à l’extérieur de l’organisation et les mauvaises pratiques à l’intérieur.

Dans ce sens, à partir d’une représentation morale personnelle de ce dont a besoin la société, formulée par le sujet en suivant sa connaissance empirique limitée du tout social et sa sensibilité éthique, la Responsabilité Sociale n’est rien d’autre qu’un engagement social pour une bonne cause. Etant fondée sur l’altruisme, elle doit toujours être conçue comme

volontaire. Cette dimension volontaire est essentielle au sens de l’engagement, puisque le caractère moral d’un acte dépend de la pure intention de faire le bien, et disparaît quand l’acte est égoïstement intéressé ou forcé par une contrainte externe. Personne ne peut obliger personne à s’engager pour une cause sociale, comme personne ne peut être obligé à aimer, croire ou militer. Mais alors, Responsabilité Sociale se confond avec philanthropie et ne devrait pas vraiment s’appeler « responsabilité » puisque, par définition, tout engagement volontaire n’entraine que des responsabilités relatives en aval de l’engagement, liées aux promesses à tenir vis-à-vis de ce à quoi on s’est engagé. Par contre, puisque l’engagement doit être libre, il ne peut donner lieu à aucune responsabilité inconditionnelle en amont, aucune contrainte à la responsabilisation, aucune obligation de s’engager. L’obligation juridique à l’altruisme tuerait la vertu de la bonne volonté, qui ne vit que de libre générosité désintéressée226.

Dans cette version « éthique » (et non plus « technoscientifique ») de la responsabilité vis-à-vis de la société, on en arrive ainsi à un concept dont le contenu se réfère à l’altruisme, la générosité active vis-à-vis des malheurs du monde, et dont la forme se limite au libre engagement volontaire du sujet moral, loin de toute obligation légale coercitive, donc loin de

      

226 C’est un vieux thème datant du patronage philanthropique du XIXème siècle où les libéraux s’opposaient férocement à toute idée d’assistance sociale fondée sur un droit au secours pour les pauvres, donc de Sécurité Sociale, en arguant que cela déresponsabiliserait le pauvre et supprimerait la bonté charitable du riche, rendue obligatoire par l’impôt et non plus vertueuse par le don. Voir sur ce sujet : Ewald F. Histoire de l’Etat Providence, op.cit.

tout pouvoir public qui l’obligerait à agir et à rendre des comptes sur son engagement, voire éventuellement le sanctionnerait pour non respect de ses responsabilités sociales. De quel droit en effet l’Etat se mettrait-il dans les intimes affaires de la morale des gens, et déciderait pour eux ce qu’il faut faire ou ne pas faire en faveur de la société, si chacun est libre de déterminer