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Le problème stratégique de la responsabilité globale

Mais cette responsabilité globale à partager pose aussi des difficultés d’ordre stratégique. Comment faire pour motiver les différents acteurs à travers le monde afin qu’ils se mettent d’accord au sujet de leurs devoirs communs et respectifs pour la soutenabilité globale ? Nous sommes tous responsables, certes, mais qui est ce nous ? L’équivoque vient du sens que prend le pronom personnel « nous » dans les différents cas de figure. D’une part, les effets induits négatifs de « notre » développement insoutenable sont souvent l’œuvre d’un « Ça » anonyme (ça arrive). D’autre part, ce n’est pas le même « nous » qui déclare : « Nous sommes tous responsables du monde » et qui prend les décisions qui s’imposent. Le premier est un observateur éthique impartial et plein de bonne volonté qui se soucie du monde, l’autre est un acteur collectif engagé dans la lutte pour la défense de ses intérêts qui remarque que toute prise de responsabilité en faveur de la cause commune va lui coûter et que les autres attendent qu’il fasse le premier pas. La langue des indiens quechuas des Andes péruviennes, le runasimi, permet de pointer la différence entre un « nous inclusif » et un « nous exclusif ». Cette langue distingue en effet deux sortes de pronoms pour la première personne du pluriel : « noqanchis » désigne un nous inclusif, c'est-à-dire nous autres ici présents plus tous les

      

autres, nous tous, ouverts à tous les « vous » et tous les « eux ». Tandis que « noqayku » désigne un nous exclusif, c'est-à-dire nous autres ici présents, à exclusion de tous les autres, de « vous » et d’« eux ».

Reformulé dans la grammaire quechua, le problème de la responsabilité globale s’énoncerait ainsi : Nous (noqanchis) sommes facilement convaincus par les buts moraux universels de la Charte de la Terre, mais nous (noqayku) ne voulons pas assumer ce qu’il faudrait faire, car cela irait contre nos (noqayku) intérêts immédiats. Les intérêts de nous tous (noqanchis) ne sont pas forcément nos (noqayku) intérêts immédiats. La redistribution des responsabilités communes entre tous les acteurs de la gouvernance mondiale devient ici un problème au moins aussi compliqué (pour la deuxième modernité) que celui de la redistribution des richesses sociales produites (pour la première modernité). C’est donc finalement au problème de l’organisation d’une coresponsabilité mondiale que le problème de notre insoutenabilité nous conduit, problème cosmopolitique par excellence, problème technique aussi de régulation, mais qui ne peut être résolu de façon simplement technique, sans passer par le consensus éthique et politique entre les acteurs.

Normalement, si tout se passait bien et si les humains étaient des êtres rationnels capables de coordonner rationnellement leur coexistence, la promotion du Public mondial dont la « Responsabilité universelle » a besoin pour faire advenir une société planétaire soutenable devrait, au cours du XXIème siècle, conduire à une réforme de nos institutions vers une économie réparatrice et une prise en compte systématique des effets collatéraux négatifs à corriger de nos actions collectives, dans le cadre d’une démocratie participative, un dialogue social transparent, responsable et pacifié. La soutenabilité devrait s’imposer facilement comme l’évidence de notre intérêt commun112, à partir de la simple considération qu’il ne faut pas scier la branche sur laquelle on est assis, et donner lieu au processus de mise en forme politique de cet intérêt général selon le schéma décrit par John Dewey : (1) reconnaissance

      

112 Isabelle Stengers écrit à ce propos : “La proposition de "durabilité" semble l'expression de la sagesse la plus élémentaire. Faire intervenir activement la question du long terme dans une décision, tenter d'en imaginer les conséquences, se donner les moyens de les rendre discutables et repérables pour pouvoir prendre en compte leur éventuelle non-conformité par rapport aux anticipations qui ont justifié la décision, tout cela porte un nom : cela s'appelle penser. L'intérêt potentiel de la notion de développement durable est donc pour moi qu'elle jette une lumière assez curieuse sur notre passé. Quelles mauvaises habitudes avons-nous prises pour nous penser en mesure de faire l'économie de la question de la "durabilité" ? Comment avons-nous pu être à ce point vulnérables, sans défense face à une tentation qui, d'une manière ou d'une autre, peut se dire "tentation de ne pas penser". Bref, qu'est-ce qui nous a anesthésiés ?” (Stengers I. «Le développement durable : une nouvelle approche ?» in

collective des conséquences systémiques engendrées par la vie en société ; (2) constitution en groupe d’intérêt commun des affectés par les conséquences négatives perçues ; (3) organisation d’un public structuré politiquement avec des représentants proposant de réglementer les actions collectives dans le sens de l’intérêt commun ; (4) constitution du Public en un nouvel Etat politique défendant l’intérêt commun, ce que Dewey nomme le passage de la “Grande Société” (qui n’existe que de façon amorphe, désintégrée, désarticulée) à la “Grande Communauté” (constituée en Public conscient de soi et de ses intérêts)113 :

“Lorsque les conséquences d’une activité conjointe sont jugées bonnes par toutes les personnes singulières qui y prennent part, et lorsque la réalisation du bien est telle qu’elle provoque un désir et un effort énergiques pour le conserver uniquement parce qu’il s’agit d’un bien partagé par tous, alors il y a communauté. La conscience claire de la vie commune, dans toutes ses implications, constitue l’idée de la démocratie.”114 Mais alors, pourquoi n’assiste-t-on pas à une très vive émergence d’une Grande Communauté mondiale, articulée par de nombreuses communautés nationales, autour des idées éthiques universelles que nous avons mentionnées (Interdépendance, Solidarité, Paix, Justice, Soutenabilité, Gouvernance démocratique, Transparence), avec une rapide constitution de ce Public éthique en Etats organisés pour faire advenir cet intérêt commun si facilement communicable et convaincant ? Quelle malédiction nous « anesthésie » sans cesse, pour reprendre la métaphore d’Isabelle Stengers ?

Dewey pense (dès l’année 1927, où il publie pour la première fois The Public and its problems ) que notre époque technoscientifique, en même temps qu’elle nous met en situation d’interdépendance et de communication, possède la propriété d’être si complexe qu’elle a la capacité d’éclipser le public, de le rendre incohérent et inorganisé, dispersé et atomisé, incapable de se reconnaître lui-même et de se former comme volonté politique :

“Les conséquences indirectes, étendues, persistantes et sérieuses d’un comportement collectif et interactif engendrent un public dont l’intérêt commun est le contrôle de ces conséquences. Mais l’âge de la machine a si considérablement déployé, multiplié, intensifié et compliqué la portée des conséquences indirectes, il a provoqué des liens dans l’action si longs et si rigides (et ce sur une base impersonnelle et non communautaire), que le public qui en résulte ne parvient pas à s’identifier et à se

      

113 Dewey J. Le public et ses problèmes, Gallimard, 2010, p 235. Voir aussi p 283 : “la Grande Société pourrait devenir une Grande Communauté, à savoir une société dans laquelle les conséquences toujours plus grandes et confusément ramifiées des activités sociales seraient connues au sens plein de ce mot, de sorte qu’un Public organisé et articulé en viendrait à naître”.

discerner lui-même. Or cette découverte de lui-même est évidemment une condition préalable de n’importe quelle organisation effective de sa part. Telle est notre thèse à l’égard de l’éclipse que l’idée et l’intérêt du public ont subie. Il y a de trop nombreux publics et trop de préoccupations publiques pour que nos ressources existantes puissent faire face. Le problème d’un public démocratiquement organisé est avant tout et essentiellement un problème intellectuel, et ce à un degré dont les affaires politiques des époques antérieures n’offrent aucun équivalent.

Notre préoccupation est pour l’heure d’établir comment il se fait que l’âge de la machine, en développant la Grande Société, ait envahi et partiellement désintégré les petites communautés du temps jadis sans engendrer une Grande Communauté.”115 Le sujet collectif public de notre responsabilité globale ferait donc défaut, à cause de la complexité des effets collatéraux ressentis, sans être réellement connus dans leur relation causale, ce qui empêcherait d’agir sur la cause et éliminer le mal :

“Un public informe n’est capable d’organisation que dans les cas où les conséquences indirectes sont perçues et qu’il est possible de prévoir des organismes qui ordonnent leur occurrence. A présent, de nombreuses conséquences sont ressenties plutôt que perçues ; elles sont endurées, mais on ne peut pas dire qu’elles sont connues, car pour ceux qui en font l’expérience, elles ne sont pas référées à leur origine. Il va donc de soi qu’aucun organisme apte à canaliser le flux de l’action sociale et ainsi, à le réglementer, n’est établi. Ainsi les publics sont amorphes et inarticulés.”116

“Le méli-mélo compliqué” d’une industrie “trop complexe et trop embrouillée” provoquent l’apathie politique par impossibilité de s’identifier aux problèmes engendrés. Bien avant le « cyberespace », Dewey écrit :

“Il y a de trop nombreux publics, car les actions conjointes suivies de conséquences indirectes, graves et persistantes, sont innombrables au-delà de toute comparaison ; et chacune d’elles croise les autres et engendre son propre groupe de personnes particulièrement affectées, tandis que presque rien ne fait le lien entre ces différents publics de sorte qu’ils s’intègrent dans un tout.”117

A ce manque de connaissance par surabondance de complexité (qu’aucun « expert » d’ailleurs ne peut plus résoudre) Dewey rajoute, dans une intuition étonnamment contemporaine, que les gens sont d’abord occupés à leur travail et leurs loisirs, et que les divertissements étant aujourd'hui nombreux et de faible coût, la diversion loin des problèmes politiques de l’homme, “animal consommateur et sportif autant que politique”118, s’avère puissante. De plus, alors que les anciens publics s’appuyaient sur des communautés locales statiques :

       115 Idem p 217-218. 116 Idem p 223. 117 Idem p 230. 118 Idem p 231.

“les nouvelles forces ont créé des formes d’association mobiles et fluctuantes. (…) Rien ne reste longtemps à la même place, pas même les associations concernant les affaires et l’industrie (…). On peut se demander comment un public pourrait être organisé s’il ne tient littéralement pas en place.”119

Dont acte : nous aurons besoin d’asseoir la possibilité d’une opérationnalisation effective de la responsabilité globale sur des processus permettant une réduction de complexitéresponsable

du champ social, afin que les conséquences insoutenables puissent être connues et ramenées à leur cause par un public recomposé autour d’intérêts communs publiquement perceptibles. Mais nous ne pourrons pas nous appuyer sur l’assurance naïve qu’il existe toujours déjà un Public rationnel et actif capable de promouvoir l’intérêt général contre les intérêts particuliers120.

Mais un autre penseur, économiste et sociologue celui-là, doit nous éloigner d’une autre naïveté, qui est celle de penser que les grands groupes sociaux, pour peu qu’ils soient conscients de leurs intérêts, essaieront toujours de les satisfaire contre les intérêts privés des petits groupes. Mancur Olson, dans un livre originellement publié en 1966121, examine un paradoxe troublant de l’action collective. Le paradoxe d’Olson peut s’énoncer ainsi :

Dans un grand groupe social, même si tout le monde est unanime sur l’intérêt général et ce qu’il faut faire pour le satisfaire, il y a peu de chance pour que les individus se mobilisent pour la réalisation de leur intérêt commun, qui profiterait pourtant à tous. Au contraire, chacun aura intérêt à attendre que les autres se mobilisent et à profiter des avantages de l’action collective sans en payer le prix personnellement, comme un passager clandestin (free rider). C’est pourquoi il y a peu de chance qu’un grand groupe satisfasse ses intérêts par la seule motivation sociale au bien de tous. Par contre, un petit groupe aura beaucoup plus de chance de faire triompher ses intérêts, car il pourra stimuler ses membres pour la réalisation de l’effort collectif. En conclusion, les grands groupes sociaux, même en démocratie de masse, se voient régulièrement battus par les petits groupes dans la satisfaction de leurs intérêts. Et il faut obliger les individus par des moyens coercitifs ou incitatifs distincts de l’intérêt général pour qu’ils réalisent le bien commun :

      

119

Idem p 232-233.

120

Dewey parle de la “superstition selon laquelle il existerait un public dévolu à déterminer la formation et l’exécution des mesures sociales d’intérêt général” (Idem, p 215).

“Que les membres d’un groupe aient avantage à atteindre leur objectif commun ne veut pas dire qu’ils agiront de manière à y parvenir, en admettant même qu’ils soient tous raisonnables et intéressés. En réalité, le cas des très petits groupes mis à part, à moins de mesures coercitives ou de quelque autre disposition particulière les incitant à agir dans leur intérêt commun, des individus raisonnables et intéressés ne s’emploieront pas volontairement à défendre les intérêts du groupe. (…) Ceci reste vrai même s’il règne un accord unanime quant au bien commun et aux méthodes pour se le procurer.”122 Pour expliquer ce paradoxe, Olson analyse ce qu’il appelle un « grand groupe latent ». Celui-ci aura tendance à ne pas chercher à obtenir le bien public qui bénéfiCelui-cierait à tous ses membres pour plusieurs raisons : Plus le groupe est grand, plus les coûts d’organisation sont élevés, et moins les individus reçoivent une récompense adéquate à l’effort déployé en faveur du collectif, puisqu’une fois le bien commun acquis, celui-ci bénéficiera autant à celui qui n’a rien fait qu’à celui qui y a consenti de gros efforts. D’autre part, plus le groupe est grand, moins l’action individuelle ne s’y remarque, donc la contribution ou non d’une personne n’affecte sensiblement pas les autres, aucune contribution n’est remarquable en soi, et comme les personnes ne se connaissent pas, aucune réaction du groupe n’ira dénoncer la stratégie de défausse de certains membres. L’individu n’y a donc aucune motivation à contribuer au bien collectif, même s’il reconnaît l’utilité de ce bien pour lui-même et les autres123. D’où le fait désolant suivant :

“Dans un grand groupe latent ne se dessinera aucune tendance à s’organiser en vue d’atteindre les objectifs communs par l’action volontaire, rationnelle des membres du groupe, même si le consensus est parfait.”124

Olson n’est pas un penseur cynique qui nie l’existence de comportements altruistes et désintéressés dans l’humanité, mais il affirme souligne le fait que ces comportements louables ne constituent pas une tendance sociale suffisamment efficace pour déterminer l’action collective à grande échelle et de façon pérenne : on ne peut pas attendre que l’altruisme soit majoritaire et efficace, ni s’appuyer sur lui pour organiser la gestion de la société. L’altruisme ne fait pas système. Par contre, les petits groupes organisés en lobbies ont, eux, une efficacité sociale patente :

“Les petits groupes « ayant des intérêts particuliers » jouissent d’un pouvoir démesuré (…) La petite industrie oligopoliste qui réclame une taxe atteindra parfois son objectif

      

122

Idem. p 22-23.

123 Idem p 85.

en dépit des pertes qu’il entraine pour la grande majorité de la population. Les groupes les plus petits réussissent souvent à battre les plus grands, qui dans une démocratie seraient normalement censés l’emporter. Si les groupes privilégiés et intermédiaires triomphent souvent des effectifs numériquement supérieur des groupes latents, c’est que les premiers sont en général organisés et actifs tandis que les seconds sont inorganisés et passifs.”125

La raison en est inverse à l’inefficacité des grands groupes latents : les individus dans un petit groupe s’organisent au moindre coût. Ils retirent clairement un avantage de leur participation. La collaboration comme la défection de chacun se remarquent et s’apprécient. Chacun se verra donc reconnu dans son bon comportement et incité par le groupe à ne pas se défausser, sous peine de perte d’estime sociale. Le petit groupe a donc toutes les chances de maximiser l’action de tous et de chacun pour le succès collectif.

Le paradoxe d’Olson est ainsi la triste nouvelle de la démocratie et des grandes causes sociales universelles. Plus l’intérêt est général et concerne tout le monde, et moins il y a de chances pour qu’il triomphe face aux intérêts particuliers :

“les grands groupes inorganisés sont les groupes les plus importants numériquement, et aussi ceux dont les intérêts communs sont les plus vitaux pour l’individu. (…) Les consommateurs sont certainement aussi nombreux que n’importe quel groupe national, mais ils ne disposent pas d’une organisation capable de faire contrepoids aux monopoles ou aux organisations de producteurs. Innombrables sont les partisans de la paix, mais où est le lobby qui contrecarrera les « intérêts spéciaux » de ceux qui ont tout à gagner dans la guerre ? Sans parler de ceux qui redoutent l’inflation et la dépression sans qu’aucune organisation ne reflète leur multitude.”126

Or, les grands thèmes de la responsabilité globale tombent tous dans la catégorie des intérêts communs à de grands groupes latents. Quoi de plus universel que la recherche de la fin de l’exploitation au travail, la juste répartition des richesses, l’éradication de la misère et la protection des conditions d’habitabilité écologique de la planète ? Et quoi de plus grand et latent que le groupe de « l’humanité entière, présente et future » pour soutenir ce bien commun universel ? N’est-ce pas effectivement ce que l’on constate actuellement à propos des grands thèmes de la soutenabilité ? Qui n’est pas en faveur d’une lutte efficace contre le réchauffement climatique, la pollution des eaux, l’extinction des espèces, la déprédation des forêts et des cultures locales ? Et pourquoi ne se mobilise-t-on pas pour faire advenir tous ensemble ces buts si louables et facilement consensuels ? Et pourquoi tant de lobbies arrivent

      

125 Idem p 155.

si facilement à empêcher, retarder, tergiverser les changements institutionnels et juridiques nécessaires à la construction d’une économie réparatrice plutôt que prédatrice ?

On voit donc très mal comment les citoyens pourraient agir en fonction du bien collectif de la soutenabilité, s’ils font alors partie du groupe le plus grand et latent possible qu’est « l’humanité entière », si leur action individuelle est la plus négligeable possible face au problème systémique des routines permanentes de tous au niveau mondial, si leur défection individuelle ne sera notée et blâmée par personne. Ce n’est pas que les gens soient méchants et égoïstes, qu’ils pensent en majorité : « après moi le déluge ! » On peut même espérer un très large consensus sur le fait que l’agir commun en vue de la soutenabilité de l’humanité sur Terre est un Bien et une nécessité impérieuse reconnue par-delà les différences culturelles et économiques. C’est le fait que même une unanimité mondiale ne ferait pas agir chaque individu en vue de la réduction de son empreinte écologique personnelle, par exemple, si cet effort n’était toujours qu’une goutte d’eau dans la mer et si une baisse générale de l’empreinte écologique par des mesures politiques mondiales appropriées permettait à tout un chacun de bénéficier de cette amélioration globale des conditions d’habitabilité de la planète sans en souffrir le sacrifice personnel. On ne voit donc pas pourquoi le grand groupe appelé « humanité » s’organiserait en vue de sa propre sauvegarde. Or, c’est bien de cela qu’il s’agit dans l’idée d’une responsabilité globale.

Olson indique que pour qu’un grand groupe latent soit poussé à s’organiser et agir dans une direction précise, il va falloir y exercer soit une contrainte sur ses membres, soit une motivation individuelle (avantage distinctif personnel) distincte de la motivation collective (avantage pour tous). C’est l’idée d’une « incitation indépendante et sélective », ou un « bien individuel non collectif », ou encore une « sanction individuelle non collective », qui vont permettre de pousser un individu raisonnable au sein d’un groupe latent à agir dans l’intérêt du