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Stratégie et design de recherche

3.3 Validité de la recherche

Tout chercheur se préoccupe du caractère valide et rigoureux de sa re- cherche. Les pratiques de recherche en sciences sociales peuvent faire appel à une grande variété de modes de validation. Savoie Zajc (2003) identifie 13 stratégies de validation dans les pratiques de recherche qualitative. Il s’agit de : 1) la localisation du chercheur ; 2) les stratégies d’écriture ; 3) les descriptions riches ; 4) les clarifications des biais théoriques et idéolo- giques ; 5) l’utilisation de plusieurs paliers d’interprétation ; 6) le retour aux participants ; 7) la réflexivité du chercheur ; 8) la qualité des interactions chercheur/participants ; 9) la durée de l’étude ; 10) la place de la subjectivité dans l’interprétation ; 11) le journal de bord ; 12) la confirmation par la pro- cédure de l’audit ; et enfin, 13) l’échantillonnage contrasté.

de validation. Premièrement, le retour aux participants a été un élément im- portant de notre démarche de recherche. Les entretiens, une fois les notes retranscrites et retravaillées, ont été envoyées à nos interlocuteurs. Néan- moins, malgré cette volonté de faire valider par le terrain leurs dires, peu d’interlocuteurs nous ont répondu par rapport à ces compte-rendus. L’expli- cation que nous pouvons avancer est liée à la longueur des entretiens, qui une fois retranscrits dans leur totalité, font parfois plus d’une dizaine de pages.

Une autre démarche de validation par les acteurs a prouvé plus d’effi- cacité. L’envoi des monographies et études de cas à nos interlocuteurs s’est révélé être une stratégie beaucoup plus efficace pour obtenir une validation de nos observations. En outre, ces monographies ont pu être complétées ou précisées, lorsque nos interlocuteurs n’étaient pas d’accord ou repéraient des erreurs d’interprétation. Cette stratégie a particulièrement bien fonctionné dans le cas du pôle nucléaire de Bourgogne, où la production de cette mono- graphie a suscité des échanges réguliers avec le président du pôle, qui voyait notre rôle de chercheurs comme une manière d’apporter de la réflexivité à ses actions.

Glaser & Strauss (1967) suggèrent que le point de saturation théorique est atteint lorsque, de la collecte des données, n’émerge plus rien de vraiment nouveau ni de vraiment consistant. Dans notre cas, la question de la satu- ration théorique est problématique. D’une part, l’abondance des acteurs et leur diversité imposeraient davantage d’entretiens et d’observations, ce qui est difficile à mettre en oeuvre. D’autre part, la saturation théorique est dif- ficile à atteindre quand dans notre cas, la participation fluide et surtout la dynamique de l’organisation modifient sensiblement les données.

En conclusion, nous souhaiterions attirer l’attention du lecteur sur « l’op- portunisme méthodique » selon l’expression employée par Girin, pour qua- lifier le déroulement d’une recherche en gestion. Selon Girin, la recherche en gestion suppose de pouvoir prendre en compte des évènements inatten- dus et de saisir intelligemment les possibilités d’observation qu’offrent les

circonstances. Girin justifie cet opportunisme méthodique pour plusieurs rai- sons. D’abord le chercheur en gestion doit pouvoir entrer dans le terrain ce qui suppose une négociation avec les acteurs, un compromis sur la place du chercheur. Ensuite, la recherche en gestion nécessite du temps, ce qui suppose que le compromis initial peut évoluer, être renégocié, au gré des changements d’interlocuteurs, des situations de gestion.

Enfin souligne Girin, l’opportunisme méthodique suppose une certaine vigilance concernant le rôle que le terrain donne au chercheur. Comme il l’in- dique « la matière nous manipule ». Pour procéder à une validation externe de nos résultats, nous avons bénéficié d’une « instance de contrôle », comme le recommande Girin à propos de l’opportunisme méthodique. L’instance de contrôle composée de l’équipe de recherche sur les pôles de compétitivité, qui est aussi l’équipe d’animation de l’Observatoire, nous a permis à la fois de limiter les risques de subjectivité dans l’interprétation, puisque nos proposi- tion étaient confrontées aux réactions de nos collègues, et de développer une forme de réflexivité sur notre place dans le dispositif de recherche.

Conclusion du chapitre

Nous souhaitons en synthèse rappeler, en quelques mots, l’originalité de notre approche méthodologique. Pour analyser cet objet en émergence, de nature inter-organisationnelle, nous avons procédé à plusieurs méthodes com- plémentaires :

– des entretiens semi-directifs auprès d’une centaines d’interlocuteurs – l’observation participante et non participante de situations de gestion,

où les parties prenantes de l’environnement institutionnel des pôles – la création d’un Observatoire des pôles de compétitivité

Dans cette thèse, nous suivons les recommandations de Forgues et al. qui suggéraient que l’analyse des réseaux inter-organisationnels nécessitaient à la fois une approche longitudinale et multi-niveaux

Notre matériau de recherche principal se situe néanmoins dans la produc- tion de quatre études de cas, réalisées en janvier 2006 et fin 2008. Ces études de cas qui seront exposées au chapitre suivant, sont décrites selon certaines dimensions, issues d’une version simplifiée d’une grille de caractérisation dé- taillée, présentée dans ce chapitre. Cette grille est un produit original de la thèse, d’abord par sa méthode de construction, car nous avons construit cette grille de manière collective, en partie grâce aux interactions avec la communauté des chercheurs travaillant sur les pôles. Ensuite cette grille est le fruit d’une synthèse d’une revue de littérature portant non seulement sur les formes territoriales et sur les analyses sectorielles, mais aussi sur les modes de pilotage et de management de l’innovation.

L’hétérogénéité des situations de