• Aucun résultat trouvé

formes d’organisation territoriale

1.1 Revue des formes territoriales organisées

1.1.1 Profusion et confusion des modèles théoriques

Plusieurs travaux offrent déjà des panoramas très complets sur cette question, avec pour certains une lecture critique de l’évolution des idées ((Moulaert & Sekia, 2003; Asheim & Mariussen, 2003; Iammarino, 2005; Santos Cruz & Teixeira, 2007). Selon Martin & Sunley (2003), les différents observateurs de la nature et des formes d’agglomérations spatiales d’indus- tries ont su inventer une profusion de néologismes : ’district industriel’, ’nou- veaux espaces industriels’, ’complexes territoriaux de production’, ’noeuds neo-marshalliens’, ’milieu innovation’, ’régions apprenantes’. La diffusion des concepts dans la littérature connaît d’ailleurs une accélération depuis le début des années 2000, preuve que l’idée continue de susciter beaucoup d’intérêt dans les communautés académiques (Santos Cruz & Teixeira, 2007). La mul- tiplicité des modèles a d’ailleurs conduit beaucoup d’auteurs à critiquer la base du concept, son caractère flou et « attrape-tout » qui conduiraient à la perte de sa substance et de sa pertinence (Martin & Sunley, 2003). Maskell & Kebir (2005) soulignent avec ironie : « Nous courons le risque que le concept

de cluster rejoigne ces rares termes du discours public qui sont passés direc- tement de l’obscurité à l’absurdité, sans aucune période de cohérence »2

Ces différentes notions partagent trois grandes hypothèses communes

2. Notre traduction de « we run the risk that the cluster concept will join those rare terms of public discourse that have gone directly from obscurity to meaninglessness without

(Santos Cruz & Teixeira, 2007). La première est relative à la proximité géo- graphique entre les composantes du cluster. Cette géographie permet de générer des économies d’agglomération, par la spécialisation in- terne et la division du travail. Beaucoup de ces travaux mettent à jour les liens entre proximité spatiale et avantage technologique (Gallaud & Torre, 2001). Deuxièmement, une autre dimension est celle des réseaux sociaux, qui mettent en œuvre divers types de liens au sein du cluster, avec pour effet la formation de différentes formes de proximité, et à la transmission de connaissances et d’apprentissages collectifs. Une troisième dimension reflète l’importance de la culture, des institutions informelles et du climat d’affaires (business climate) qui permettent le développement de nouvelles entreprises et ainsi l’évolution du cluster.

Cependant, nous pouvons distinguer au sein de la littérature deux dé- marches de recherche. La première considère de manière générique un mo- dèle d’agglomération territorial sans s’attarder sur les distinctions possibles. Porter et ses tenants considèrent ainsi que le cluster est un outil d’analyse glo- bal, qui peut être mobilisé de manière relativement indistincte. Cependant, le cluster fera ensuite l’objet d’investigations plus précises qui amèneront peut être à formuler diverses typologies de clusters. Le concept de district a égale- ment connu ce destin : le district a d’abord été pensé comme une stylisation des phénomènes observés en Italie du Nord, mais ensuite, le concept s’est voulu global jusqu’au moment où il est apparu que la portée explicative du concept était faible, en dehors du cas précis de l’Italie.

La deuxième démarche cherche à maintenir la diversité des notions et appelle à approfondir la diversité, en supposant qu’il y a dans chacune des notions proposées des enjeux différenciés à la fois théoriques mais aussi en termes d’action publique (Maskell & Kebir, 2005). Ainsi Maskell et Kebir (2005) soulignent ainsi qu’au moins trois notions (district de Marshall, le cluster et le milieu innovateur) renvoient à des visions de la performance différente.

1.1.1.1 La généalogie des systèmes territoriaux

S’appuyant sur un travail bibliométrique approfondi (qui amène à distin- guer une généalogie de plusieurs écoles de pensée selon un schéma représenté dans la figure 1.1), Santos Cruz & Teixeira (2007) proposent une analyse à la fois qualitative et quantitative de la littérature sur les clusters.

Figure 1.1 – Revue des écoles de pensée sur les modèles territo- riaux(Santos Cruz & Teixeira, 2007)

Ces auteurs ont tracé la filiation des différents modèles territoriaux en distinguant trois grandes périodes.

La première période est caractérisée par une économie fondée sur les res- sources agricoles et des capacités industrielles. L’industrie est toujours au

cœur de la deuxième période, mais le poids de la technologie comme source d’avantage concurrentiel devient de plus en plus central.

Une deuxième période historique est marquée par l’affluence de réflexions critiques sur le capitalisme moderne centré autour de la firme verticalement intégrée. L’essor des réflexions sur le capital social et les théories de l’en- castrement (Granovetter, 1985) offre une nouvelle perspective qui valorise le rôle des liens sociaux et de la solidarité dans les relations économiques. La troisième période voit émerger des grilles de lecture issues de l’économie évo- lutionniste et des théories institutionnelles. Ces nouvelles approches mettent l’accent sur les aspects interactionnistes des clusters, et travaillent sur des approches socio-historiques, pour montrer l’influence des trajectoires histo- riques et des institutions locales dans le développement de ces clusters.

D’autres manières de regrouper la littérature existent et se justifient (Be- lussi, 2004; Asheim, 2003; Moulaert & Sekia, 1999). Pour notre part, nous considérons qu’il y a surtout trois conceptions différentes du territoire qui s’expriment dans les différents modèles.

D’abord, il y a l’idée que le territoire est un ensemble de ressources disponibles dans une zone de « proximité géographique ». Les économistes industriels ont cherché à analyser les phénomènes de localisation géogra- phique par la présence d’externalités liés à la concentration de ressources3. 3. Il faut cependant noter à ce propos que différentes formes d’externalités existent. Nguyen & Vicente (2003) distinguent quatre formes d’effets externes ou externalités :

– les externalités pécuniaires proviennent du partage des coûts fixes d’infrastructure disponibles sur le territoire

– Les externalités technologiques résultent de la spécialisation des activités et de la division du travail. Ces externalités technologiques découlent de l’interaction entre producteurs et dépassent la seule logique de mutualisation d’infrastructures. Elles s’apparentent à des externalités de connaissances.

– Les externalités d’adoption résultent de ce que les économistes qualifient d’effet réseau. Plus les clients sont nombreux, plus les bénéfices de ceux qui ont déjà adopter le produit sont grands.

– Les externalités dynamiques aussi appellées externalités d’apprentissage meetent en valeur la proximité entre les entreprises et les clients, pour aider les premières à caractériser leurs produits lors de la définition du « dominant design »

Mais ces ressources peuvent concerner aussi le capital social.

La deuxième version serait du « territoire stratégique ». Le territoire n’est pas seulement un contenant donné a priori, il est au contraire délibé- remment élaboré par les acteurs qui développent une identité et des stratégies spécifiques, « une construction sociale d’un groupe com- posite »(Leloup et al., 2005). En effet le territoire peut être analysé comme

un espace de projets collectifs, un espace de création d’avantages spécifiques (Lauriol et al., 2008a).

Enfin la dernière version serait celle du « territoire systémique ». Le terri- toire est pensé de manière élargie, comprenant à la fois un système d’acteurs productifs et un ensemble d’institutions (Gilly & Pecqueur, 2000). Se pose dès lors la question des mécanismes de régulation et de gouver- nance. Pour Filippa (2003), « tout territoire est caractérisé par une forme de

régulation des comportements des agents » mais « les mécanismes de gouver- nance ne sont pas forcément intégrés dans la représentation d’un territoire ».

Ainsi, il nous semble possible de regrouper les modèles théoriques dans ces trois catégories, en gardant cependant à l’esprit que ces conceptions du territoire peuvent co-exister au sein d’un modèle. Par exemple, le district italien est fondé à la fois sur l’idée de ressources idiosyncratiques locales (culture, mais aussi savoir-faire spécialisés), mais également sur l’idée des relations entre les acteurs (division du travail, liens communautaires et capital social) :

Figure 1.2 – Les formes organisées classées selon leur conception du terri- toire

Cependant, plus que la manière de regrouper les différentes formes, notre point central est de mettre en évidence que ces différentes notions font ap- pel à des éléments constitutifs et des facteurs différents pour expliquer la dynamique et la performance des territoires.

1.1.1.2 Panorama des principaux modèles

Pour mieux comprendre les différences et les points communs entre ces formes, nous proposons un panorama des courants présentés dans le tableau précédent 1.2

Les théories de la localisation

De la fin du XIXème siècle jusqu’aux décennies 1950-1960, plusieurs cher- cheurs d’inspiration néo-classique se sont penchés sur la question du choix de la localisation industrielle et sur les phénomènes d’agglomération (parmi les

références les plus citées, Weber, 1929; Hoover, 1948). Dans cette conception néo-classique, la localisation et l’agglomération sont les résultats de processus d’optimisation des coûts de transports et d’effets d’économies externes. Par exemple, Barloon (1965) démontre que les caractéristiques de l’industrie dé- terminent le mode de transport optimal et donc le choix de la localisation de cette industrie. Ainsi les industries de process, manufacturières ont moins de contraintes de localisation que les industries lourdes, ce qui conduit Barloon à penser que la probabilité de changement de localisation de ces industries manufacturières est plus grande. Leur analyse de la question de la localisa- tion conduit souvent les auteurs à proposer des stratégies de planification du territoire, fondés sur la création de parcs industriels offrant des services et des infrastructures de qualité4.

Le modèle marshallien

Parmi ces auteurs, Marshall (1890) est reconnu comme un des pères fon- dateurs de l’analyse des ‘districts industriels’, qu’il définit comme :

« un mode de développement territorial basé sur le fonction- nement d’ensembles industriels fondés sur la recherche par des entreprises locales, d’un avantage compétitif issu de leur mode de coopération dans le traitement intégré de leur production parti- culière, que ce soit un secteur ou un produit. »

Le district industriel marshallien comprend cinq éléments constitutifs : – l’existence d’une spécialisation industrielle autour d’une filière produc-

tive ou d’éléments d’une filière ;

– l’existence d’un potentiel entrepreneurial basé sur les PME ;

– l’existence d’une tradition entrepreneuriale liée au degré de confiance qui règne ;

– la recherche d’économies d’échelle et d’externalités de proximité ; – la mise en place d’une organisation territoriale de la production.

4. Il y a eu dans les années 60-70 une vague d’implantation de parcs industriels aux Etats-Unis, en Californie, à Chicago, dans le Michigan. L’exemple du Michigan est original car cet Etat est le premier à mettre en œuvre une certification de ses parcs industriels (Towse, 1985). Cette procédure avait pour objectif de parvenir à une définition homogène

Les modèles fondés sur les coopérations locales

Le modèle du district a été re-découvert par les chercheurs italiens (Ba- gnasco, 1977; Becattini, 1981) pour mettre une étiquette sur des phénomènes stylisés. En effet, Becattini avait été frappé par les particularités de certaines régions italiennes, spécialisées dans des activités traditionnelles (par exemple la région du Prato et le textile) ou de moyenne technologie (petite méca- nique) où un ensemble de petites firmes spécialisées parvenaient à se répartir efficacement le travail, selon des étapes différentes du cycle de production et de distribution.

Le cadre d’analyse s’enracine dans le concept marshallien des effets ex- ternes localisés. Le modèle du district est communément défini comme un système productif géographiquement localisé où s’hybrident des relations de compétition, de complémentarité et liens communautaires - confiance et réciprocité- ancrés dans des institutions socio-culturelles.

Piore et Sabel (1984) ont vu dans ce concept un cas particulier d’un phéno- mène plus répandu, la spécialisation flexible, par opposition aux productions de masse. Beaucoup ont pensé alors que les districts préfiguraient d’un nou- veau modèle de développement économique basé sur des réseaux de petites entreprises géographiquement concentrées (Benko et al., 1996). Cependant le modèle a connu ses limites lorsque ses principaux défenseurs ont reconnu le caractère non transposable de cette forme à des territoires n’ayant pas les spécificités culturelles locale des régions italiennes. De plus, les districts ita- liens ont aussi connu des difficultés liées à leur incapacité à développer leur capacité d’innovation.

L’approche porterienne par la compétitivité

Michael Porter est à l’origine d’une réflexion globale sur les facteurs de la compétitivité au niveau d’une entreprise et au niveau des nations. Deux ou- vrages phares « the Competitive Advantage » et « the competitive advantage of Nations » présentent une vision commune de ce qu’est la compétitivité. Plus exactement, Porter transpose au niveau des Nations ce qu’il avait dé- duit à partir de simples cas d’entreprises dix ans plus tôt dans ses travaux

sur la stratégie compétitive des firmes (Aktouf, 2003). Comme le rappellent Maskell & Kebir (2005), l’objectif initial de Porter n’était pas de développer une théorie des clusters mais bien de proposer une analyse des facteurs de compétitivité locale, régionale et nationale. Porter (1990) insiste sur le rôle des ’grappes industrielles’5dans la création d’un avantage concurrentiel des

Nations. Il écrit6 :

« L’unité d’analyse basique pour comprendre les avantages na-

tionaux est l’industrie. Les nations ne réussissent pas dans des industries isolées, cependant, mais dans des grappes d’industries connectées par des relations verticales et horizontales. L’économie d’une nation contient une combinaison de grappes, dont la confi- guration et les sources d’avantages (ou de désavantages) reflètent l’état de développement de l’économie. » (p.73)

La création de facteurs d’avantage concurrentiel est influencée par l’intensité des relations verticales et horizontales entre les firmes. Porter (1998) insiste sur le fait que ce sont les relations à la fois de collaboration et de compé- tition entre ces entreprises qui créeront les conditions de la croissance, de l’innovation et de la compétitivité. Cette émulation localisée aura des effets d’entraînement sur les relations avec les universités locales, les infrastructures techniques et de formation etc.

5. le terme ’cluster’ est généralement conservé y compris dans la littérature francophone 6. Notre traduction de « The basic unit of analysis for understanding national advan- tages is the industry. Nations succeed not in isolated industries, however, but in clusters of industries connected through vertical and horizontal relationships. A nation’s economy contains a mix of clusters, whose makeup and sources of competitive advantage (or disad- vantage) reflect the state of the economy’s development (p.73) »

Figure1.3 – Le Diamant de Porter (1990)

L’existence de grappes industrielles stimulera la compétitivité des entre- prises, des régions et des nations de trois manières. En premier lieu, les entre- prises localisées dans un cluster bénéficient de gains de productivité, car elles ont accès des moyens, à des ressources auxquelles elles ne pourraient avoir accès si elles étaient isolées. En deuxième lieu, ces firmes sont non seulement plus productives, mais elles ont également une plus forte capacité d’inno- vation. Enfin les clusters favorisent l’entrepreneuriat, dans la mesure où les barrières à l’entrée sont diminuées.

Le concept de cluster est parmi les modèles de systèmes territoriaux celui qui s’est le mieux diffusé. Motoyama (2008) explique sa popularité par trois facteurs : la simplicité de l’explication proposée par Porter, le fait qu’elle donne une direction claire, et raison majeure, le fait qu’elle apporte une justification à l’action politique. En effet, en ancrant son concept dans une théorie de la compétitivité mondiale, Porter apporte un argument pour que les décideurs publics mènent des actions à un niveau local, mais qui peuvent contribuer à la compétitivité à l’échelle internationale (Motoyama, 2008). Conséquence de cette popularité, rien que sur la période 2000-2003, plus de 300 articles abordant les clusters ont été publiés dans les revues académiques

(Ketels, 2003). Porter a développé cette notion non seulement comme un concept analytique mais également comme un instrument de politique pu- blique. Dès le démarrage de ses travaux sur les clusters, il propose ses ser- vices d’expert et de consultant à plusieurs régions : le pays basque espagnol (Ahedo, 2004), la Thaïlande (Wonglimpiyarat, 2006), le Japon pour aider les décideurs publics à identifier les clusters potentiels et à mettre en place des actions de soutien au développement de ces clusters.

Pourtant, pas un concept n’aura été autant critiqué que celui proposé par Porter. Martin & Sunley (2003) offrent la critique la plus virulente. De leur point de vue, plusieurs éléments posent problème dans les développements théoriques de Porter.

Premièrement, le concept de cluster pose des problèmes de définition. Il n’y a d’abord aucune définition du périmètre géographique pertinent pour le cluster : cela peut être une ville, une région, un Etat. Ensuite, Porter fait de ce concept une théorie globale qui peut selon lui s’appliquer à tout un ensemble de localisations industrielles spécialisées avec des formes et de degrés divers. Enfin, la notion fondamentale de compétitivité est, selon ces auteurs, beaucoup trop simpliste et peu rigoureuse. En outre il est difficile de considérer que la compétitivité d’un territoire est de même nature que la compétitivité d’une entreprise, comme laisse à suggérer le travail de Porter. Le modèle de Porter repose sur l’idée que trois stratégies de compétitivité sont possibles pour une firme : la différenciation, la compétitivité par les prix et la stratégie de niche. Martin & Sunley (2003) s’interrogent cependant sur le caractère transposable de cette vision de la stratégie d’une firme à la stratégie d’un territoire. Ils critiquent par ailleurs le fait que Porter utilise de manière indifférenciée les termes de « compétition », « d’avantages com- pétitifs » et de « productivité ». Ce qui conduit selon eux à une tautologie « est-ce qu’une région est plus productive parce qu’elle est plus compétitive ou est-ce qu’elle est plus compétitive parce qu’elle est plus productive ? »

Deuxièmement, l’analyse des clusters pose une difficulté d’ordre métho- dologique. En effet, les méthodologies et les stratégies d’identification des clusters peuvent varier considérablement. A un extrême, l’approche qualifiée de top-down vise à cartographier les clusters à partir d’une sélection de don- nées quantitatives (emploi, part de la production, etc.) issues pour la plupart des données industrielles publiques. A l’autre extrême, l’approche bottom-up vise à identifier des clusters de manière qualitative sur la base des interac- tions réelles des acteurs. Mais si la première approche est controversée selon les auteurs, pour un grand nombre de raisons diverses (rôle de la classifica- tion industrielle, des données disponibles pour une échelle géographique non pertinente, relation non établie entre l’agglomération du nombre d’emplois et l’existence réelle d’un cluster), la deuxième est souvent difficile à mettre en oeuvre.

En dernier lieu, Martin & Sunley (2003) soulignent que deux éléments manquent dans l’analyse de Porter. D’une part, il conviendrait plus généra- lement de situer le développement du cluster dans la dynamique de l’industrie et de l’innovation. Pour comprendre l’évolution d’un cluster, il faut considérer aussi bien les trajectoires et les interdépendances des firmes hors du cluster que celles des firmes à l’intérieur du cluster (voir par exemple (Pouder & St. John, 1996).

En résumé, la critique de Martin et Sunley suggére que le modèle du cluster s’appuie sur des considérations trop générales, dont il est difficile de valider les hypothèses empiriquement, ce qui rend délicate la construction de procédures de validation ou de falsification.

L’introduction des théories de l’économie et de la sociologie de la connaissance et de l’innovation

Dans les années 80-90, l’innovation est devenu un thème de recherche cen- tral pour les observateurs de ces phénomènes territoriaux. En effet, depuis les travaux sur la croissance endogène, il semble communément admis que le changement technique et l’innovation sont les déterminants principaux de la croissance économique. Les nombreux travaux issus de l’économie évolu-

tionniste, de l’économie de l’innovation, mais aussi de théories plus générales comme celles de la théorie de la régulation et de la croissance endogène viennent influencer les recherches sur les territoires7. Ces réflexions donnent

lieu à trois concepts : le milieu innovateur, le système régional d’innovation et la région apprenante.

Dès le début des années 80, le Groupe de Recherche Européen sur les Mi- lieux Innovateurs créé à l’initiative de P. Aydalot, un pionnier de l’économie