• Aucun résultat trouvé

LA DESCRIPTION DES PROFILS INDIVIDUELS

4.1.6. Utilisation pédagogique des TIC

4.1.6.1. Évolution de l’utilisation pédagogique des TIC

Pédagogiquement, Marie-France croit en l’importance d’intégrer les TIC. Elle ressent, en ce sens, « une grosse responsabilité » (document EGroupe, paragraphe 484), un sens du devoir envers les TIC, puisqu’elle travaille avec des jeunes en adaptation scolaire qui, provenant d’un milieu économiquement défavorisé, ont peu accès à l’ordinateur à la maison. Seulement trois de ses élèves sur les vingt ont accès à un ordinateur à la maison. Elle dit :

Pour moi, fondamentalement, je trouve important de les initier. (…) S’ils ne le vivent pas ici, je ne sais pas où ils vont le vivre. Alors, ça, c’est… Fondamentalement, je me dis: « Il faut ». Ça va tellement être omniprésent que si on ne le fait pas ici bien… Ça ne se fera pas. (document S1Ei, paragraphe 185)

Elle mentionne d’ailleurs à quelques reprises qu’ « il faut y croire » (document S1Ei, paragraphe 185), pour faire face aux nombreux problèmes qui surgissent lors de l’utilisation des TIC en classe.

Initialement motivée par son « intérêt personnel » pour les TIC (document S1Q, paragraphe 117) et par sa curiosité, c’est-à-dire « pour voir comment je peux exploiter

ça pour mon enseignement » (document S1E1, paragraphe 242), Marie-France intègre

les TIC depuis « plus de cinq ans » (document S1Q, paragraphe 111). Marie-France explique d’emblée, qu’au fil des ans, « on a beaucoup changé notre façon d’utiliser

l’ordi » (document S1Ei, paragraphe 455). Au tout début, Marie-France s’est

intéressée au logiciel Logowriter et à la robotique. Elle dit : « Je trouvais ça très

mathématique. J’aimais ça pour ça. Je trouvais que les élèves apprenaient beaucoup de concepts » (document S1E1, paragraphe 236). Mais, elle les a vite

abandonnés parce que c’était trop complexe techniquement et que « ça demandait

Marie-France fonctionnait déjà par ateliers, c’est dans ce contexte qu’elle a poursuivi l’intégration des TIC. Elle raconte : « Mais, comme on était à l’aise avec un style

tableau de programmation, ateliers de travail, ce n’était pas trop compliqué de chercher un autre atelier de travail avec les ordinateurs » (document S1Ei,

paragraphe 486). Marie-France précise : « On bâtissait nous-mêmes nos ateliers. On

faisait par exemple, quatre, cinq élèves travaillaient avec un certain matériel, quatre, cinq autres, un autre matériel. (…) Deux, trois à l’ordinateur avec un exerciseur58. Et là, en rotation, on tournait » (document S1Ei, paragraphe 461). Bien qu’elle ait

intégré les TIC de cette manière pendant un certain temps, Marie-France explique ce qui l’a amenée à les utiliser différemment en classe, il y a environ « deux ou trois

ans » (document S1Ei, paragraphe 455) :

Mais en même temps, j’étais rarement satisfaite de ce que je trouvais comme logiciel. (…) Au lieu de partir des objectifs que j’avais, je partais comme du logiciel et j’allais chercher mes objectifs. En tout cas, je n’étais pas toujours confortable à trouver ce que j’avais besoin d’avoir. (…) Des fois, je n’étais pas trop satisfaite dans ce qu’ils [les élèves] allaient chercher. (…) J’avais l’impression qu’il y avait rien qui restait après. (document S1Ei, paragraphe 486)

Alors, « à un moment donné, on a voulu encore aller plus loin » (document S1Ei, paragraphe 467). Marie-France poursuit en expliquant que le fonctionnement par ateliers et tableau de programmation « est encore présent. Mais souvent on se fait

embarquer par les projets qu’on lance avec les élèves. Et là, on a comme plus le temps de faire ça. Le temps qu’on a, c’est pour finaliser tout le temps ce que l’on a commencé » (document S1Ei, paragraphe 467). Ainsi, dans la classe de

Marie-France, le fonctionnement par projets « a amené à changer automatiquement

58 Marie-France mentionne, à titre d’exemple, le cédérom «!Mission Maths!», un jeu éducatif qui enseigne les bases du calcul et de la résolution de problèmes. Il est conçu pour des enfants de 6 à 12 ans. Pour plus d’informations, visiter l’adresse électronique suivante!:

l’utilisation de l’ordinateur » (document S1Ei, paragraphe 473). Dans ce contexte

d’intégration des TIC dans le cadre de projets, Marie-France remarque que :

(…) maintenant, on n’utilise que des logiciels-outils : Publisher et

ClarisWorks, AppleWorks59, avec beaucoup de traitement de texte, mise

en page, appareil numérique; dans Publisher quelques assistants pour faire des calendriers, pour faire des cartes. Quelques assistants malgré tout… [Elle conclut] Ce que je remarque, c’est qu’on utilise… C’est beaucoup les logiciels-outils. (document S1Ei, paragraphe 455)

4.1.6.2. Utilisation pédagogique actuelle des TIC

Au niveau pédagogique, Marie-France explique que présentement, les TIC sont, dans sa classe, des outils qui permettent d’atteindre un but pédagogique. Elle ne fait pas tout avec les TIC, sans discrimination. Elle souligne plutôt que : « Si cet outil-là peut

participer à répondre… Si cet outil-là fait partie des solutions à ces questions-là, bien, il va être très présent dans mon enseignement. Mais il ne sera pas obligatoire non plus » (document S1E1, paragraphe 548). Elle précise que « selon les moments de la journée, l'utilisation est différente » (document S1CC, paragraphe 11).

Ainsi, en début d’avant-midi, les TIC servent encore dans le cadre d’ateliers. Des tâches spécifiques, surtout reliées à l’atteinte d’objectifs disciplinaires en français et en mathématiques, sont alors proposées aux élèves. Les élèves utilisent des didacticiels (ou « exerciciels »). Lorsque le besoin s’en fait sentir, c’est aussi lors des ateliers que Marie-France initie ses élèves à certaines habiletés TIC plus spécifiques (document S1O, paragraphe 17). Elle explique : « À l'occasion, j'ai recours à

certains didacticiels ou des applications que je concocte pour que mes élèves acquièrent certaines techniques (ex: copier/coller, insertion d'image, choix de bordures…) » (document S1CC, paragraphe 3). Les didacticiels contribuent aussi, à

l’occasion, au processus d’évaluation (document S1G, paragraphe 50).

59 ClarisWorks est un logiciel-outil (traitement de texte, feuille de calcul, base de données, dessin bitmap et dessin vectoriel). La compagnie Apple a acheté ClarisWorks et a simplement changé le nom pour AppleWorks.

Après les ateliers, les élèves réalisent, à l’aide de logiciels-outil, des tâches « moins fermées », mais toujours en lien avec une matière spécifique, et assez limitées dans le temps. Les élèves, par exemple, ont été invités en début d’année à se peser, à se mesurer et à se dessiner. Ils ont ensuite été amenés à compiler et représenter graphiquement ces données pour toute la classe (document S1O, paragraphes 123-124). Marie-France commente la valeur pédagogique de ce type d’activité :

Et ils avaient simplement mis leur poids. Mais là, avec la liste d’élèves, de traiter l’information sous forme de tableau, de graphique… Ça fait partie des objectifs. Alors là, juste de reporter les données sur leurs feuilles, juste en numération, tu touches tout. Tu touches la lecture de nombre, l’écriture de nombre, la numération, le plus petit, plus grand… (document S1Ei, paragraphe 70)

Au retour des récréations, deux fois par jour, quatre élèves peuvent se servir de logiciels-jeux de leur choix, et ce, durant une semaine (document S1O, paragraphe 146). Cette mesure fut votée par les élèves lors d’un conseil de coopération. Lorsqu’elle est permise, lors des récréations, l’utilisation des ordinateurs est habituellement libre. Certains élèves choisissent de poursuivre un travail, alors que d’autres utilisent un logiciel-jeu.

En après-midi, l’utilisation des TIC varie habituellement en fonction du type de projets en cours. Elle explique : « J'utilise les TIC (appareil numérique, logiciel de

mise en page, traitement de texte, recherche d'images sur Internet, etc.) en fonction des projets dans lesquels mes élèves sont impliqués» (document S1CC, paragraphe

7). À ce moment, les élèves préparent, réalisent ou partagent un projet. Certains projets sont initiés par les enseignantes, d’autres par l’école, mais très souvent, ils émergent des intérêts et idées des élèves eux-mêmes. Ainsi, par exemple, les élèves vont :

- « préparer le petit cahier (…) qui va supporter notre sortie [au Biodôme] » (document EGroupe, paragraphe 652) ;

- préparer les listes de classe et les boîtes pour le courrier de Noël dans l’école (document S1O, paragraphe 73) ;

- créer un jeu de mémoire à partir d’images de jouets qu’ils aimeraient recevoir à Noël et des prix correspondants trouvés dans les circulaires de la semaine (document S1O, paragraphe 32) ;

- bâtir un jeu « Véritech » pour mettre dans le coin des jeux de table de la classe ;

- fabriquer, pour les élèves de troisième année, un « nombres-croisés » avec le logiciel Excel et le corriger par la suite ;

- recueillir, compiler et représenter graphiquement les données d’un sondage réalisé dans le cadre d’un projet-école auprès de tout le personnel et les élèves ;

- monter un kiosque et écrire une lettre pour inviter les parents à la présentation d’un projet.

Comme Marie-France travaille en classe d’adaptation scolaire, avec des élèves présentant des difficultés diverses et multiples, l’utilisation des TIC dans sa classe s’appuie souvent plus sur l’image que sur l’écriture. Marie-France explique que pour ses élèves : « l’outil premier, c’est l’appareil photo numérique » (document EGroupe, paragraphe 652). En effet, l’appareil photo numérique occupe, et ce, depuis plus de cinq ans, une place de choix dans sa classe, surtout dans le cadre des projets et du portfolio. Ainsi, les élèves gardent au portfolio des traces des activités vécues en classe, de leurs projets (démarche et produit final) et de leurs sorties éducatives (document S1O, paragraphe 95 et S1G, paragraphe 66). Mais, Marie-France souligne avant tout l’importance pour le développement et l’estime personnelle souvent ébranlée de ses élèves, de documenter concrètement, c’est-à-dire à l’aide d’images numériques, leurs réussites. Les recherches d’information, bien que moins nombreuses qu’en classe régulière, se font aussi à partir d’images, à l’aide d’un logiciel-outil contenant une banque d’images ou simplement d’un moteur de recherche.

Il est difficile de quantifier précisément le temps hebdomadaire d’utilisation pédagogique des TIC dans la classe de Marie-France. Mais, de façon générale, les ordinateurs « sont occupés plus de dix heures » par semaine par les élèves (document S1Q, paragraphe 124). Les élèves disposent aussi d’une période hebdomadaire au laboratoire d’informatique. Marie-France affirme avec énergie : « ça se peut même

pas, dans ma tête, que je ne les [TIC] aie pas. Je ne me pose même pas la question »

(document S1Ei, paragraphe 245). En entrevue de groupe, elle ajoute : « maintenant,

je ne m’en passerais plus » (EGroupe, paragraphe 326). Le directeur de son école

résume bien le portrait de l’utilisation pédagogique des TIC dans la classe de Marie-France : « (…) les ordinateurs servent beaucoup. Ce n’est pas quelque chose qu’on a

mis là dans un coin et qui ne bouge pas ou qui sert juste pour aller sur Internet. Ça sert à plusieurs choses dépendant aussi des besoins de chacun des élèves »

(document S1EP2, paragraphe 80).