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LA DESCRIPTION DES PROFILS INDIVIDUELS

PORTRAIT GLOBAL DE L’ENSEIGNANTE

4.2.9. Parcours TIC de Sophie

4.2.11.2. Difficultés d’ordre institutionnel

Durant son parcours, Sophie a quelquefois été confrontée à des difficultés d’ordre institutionnel. Il semble, en effet, que le contrôle externe qui engendre une inefficacité du système soit particulièrement dérangeant pour Sophie. Trois exemples, en particulier, en font foi. Ainsi, en tout début de parcours, quand son directeur laissait les nouveaux ordinateurs dans les boîtes car il ne savait pas à qui les attribuer, Sophie a vécu beaucoup de frustration. Elle a finalement pris la situation en main et elle a installé un ordinateur dans sa classe. « C’est ridicule! Parce que là, on

a décidé d’attribuer ça aux projets qu’on avait. Ce que l’on voulait faire avec. Il fallait qu’on écrive çà sur un papier et c’était à la direction de juger à sa discrétion… » (document S2E1, paragraphe 757). Sophie admet : « Il y avait eu des profs qui avaient chiâlé comme quoi que j’étais allée me servir. » (document S2E1,

paragraphe 751)

Sophie raconte aussi comment au moment de démanteler le laboratoire de l’école, elle a été confrontée à la lenteur des procédures administratives : « Cela avait été très

difficile, au moment où on a démantelé le labo qu’on a pris la décision. Parce qu’elle [direction] était prise dans la paperasse, tout ce qui est administratif. Il aurait fallu faire des demandes écrites. Et là, attendre qu’il y ait des autorisations »

(document S2E1, paragraphe 313). Sophie et sa collègue n’avaient pas attendu et avaient démantelé le laboratoire durant la fin de semaine. La direction de l’école n’avait pas vraiment apprécié cet empressement à régler le dossier. Sa collègue mentionne : « Des fois, ça peut déranger ça, dans une école. Oui, des fois, elle peut

s’être fait dire un «Woh!, tu vas trop vite! » (document S2EP1, paragraphe 224).

Finalement, Sophie souligne comment elle éprouve parfois des difficultés avec le contrôle exercé sur le serveur par le technicien actuel : « Lui, c’est un technicien qui

n’aime pas que l’on touche au serveur. Je lui avais demandé l’accès en tant qu’administrateur de serveur » (document S2E1, paragraphe 247). Elle poursuit :

L’autre fois, il a fallu démarrer le serveur. On a eu un pépin et il me demandait le « mausus » de mot de passe! J’avais deux classes qui étaient en attente d’un gros projet. Et ils attendaient de démarrer. Je n’ai pas été capable de rejoindre le technicien. J’ai trouvé ça… (document S2E1, paragraphe 253)

Sophie aime être autonome face à l’intégration des TIC. Elle n’aime pas attendre, et surtout, elle déteste le manque d’efficacité. Sophie aime aussi participer aux décisions face aux TIC. Un conseiller pédagogique mentionne : « Je pense que la

plus grande frustration que [Sophie] peut avoir, c’est de ne pas être en contrôle sur la technologie, que ce soit dans sa classe à elle, ou au niveau de l’école ou au niveau du réseau (…) » (document S2EP2, paragraphe 97). Lorsqu’elle est confrontée à des

gens qui exercent un contrôle injustifié, qui freinent l’intégration pédagogique des TIC, Sophie fonce et prend le risque de changer les situations. Elle souligne que « si

tu attends après les «ok» officiels, il ne se passe jamais rien » (document S2E1,

paragraphe 985) et « parce que s’il fallait être dans le système sans avoir des «passe

paragraphe 991). Même s’ils lui permettent de surmonter les difficultés et de faire avancer le dossier de l’intégration des TIC, Sophie est consciente que certains de ses gestes peuvent toutefois engendrer des tensions au niveau de ses relations avec certains membres de l’équipe école.

4.2.11.3. Difficultés d’ordre pédagogique

Le changement de niveau qu’a vécu Sophie dernièrement n’a pas eu que des conséquences bénéfiques, il a aussi amené son lot de difficultés. Sophie trouve effectivement plus difficile d’intégrer les TIC avec les petits qu’avec les grands. Elle ne peut pas aller aussi loin ; elle a l’impression d’être limitée dans ce qu’elle peut faire avec les TIC :

Mes productions ne sont pas comme celles que j’avais avec les grands. Les grands, à chaque semaine, on mettait des trucs en ligne. À chaque semaine, même eux autres faisaient de grandes découvertes. (…) Je trouvais que cela avançait. On faisait beaucoup de choses. Tandis que les petits, c’est des petites choses. (document S2E2, paragraphe 356)

Elle trouve aussi que la douzaine d’appareils dont elle dispose n’est pas facilement gérable avec les petits. Ils sont moins autonomes. Il est également difficile de trouver un moteur de recherche et des sites Internet appropriés à leur niveau de lecture. De plus, Sophie doit passer beaucoup de temps à bâtir ses ateliers car ce qui est disponible n’est pas toujours adapté à ce qu’elle fait en classe. Lentement, elle localise de nouvelles ressources et élargit son réseau de contacts pour partager du matériel adapté au premier cycle : « Là, j’ai eu accès la semaine dernière à des

banques de différents ateliers. Parce qu’on m’a dit… Voyons donc! Ne les fais pas toi-même! Il y en a des tout faits. Va les chercher ailleurs » (document S2Ei,

paragraphe 32). Elle n’hésite pas à explorer plusieurs avenues différentes et à faire des démarches pour obtenir ce dont elle a besoin :

En tout cas, je manquais aussi d’illustrations. Les Clip arts avec les droits… Ce n’était pas évident. Là, je suis tombée sur nos « mots étiquettes » que je viens de recevoir, avec toutes les illustrations à l’endos. Là, j’ai envoyé un courriel pour savoir si j’avais le droit de les convertir en format électronique pour les mettre, les illustrations, dans les ateliers. (document S2Ei, paragraphe 32)

Elle apprend aussi, lentement, à s’ajuster aux capacités et aux besoins particuliers de cette nouvelle clientèle. Ainsi, lorsqu’elle enregistre la démarche des élèves pour inclure ces extraits sonores dans leur portfolio numérique en arts, Sophie a « appris à

sortir dans le corridor avec le portable pour que chaque enfant dise vraiment quelque chose de personnel à lui » (document S2Ei, paragraphe 14), plutôt qu’il

répète ce que son copain avait dit juste avant lui. Au niveau pédagogique, il apparaît que Sophie a dû et continue de devoir s’ajuster au changement de niveau afin de surmonter les embûches et persévérer dans l’intégration des TIC, et ce, même si elle avait préalablement développé une utilisation importante des TIC à un autre cycle d’enseignement.