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LE CADRE DE RÉFÉRENCE

2.2. Intégration des TIC

Le concept d’« intégration des TIC » est, quant à lui, au centre de la recherche. Mais que signifie-t-il exactement ? Le terme « intégration », défini dans un sens général, réfère, selon Legendre (1993), à l’« action de faire interagir divers éléments en vue

d’en constituer un tout harmonieux et de niveau supérieur » (p. 732). Appliquée aux

technologies de l’information et de la communication en éducation, cette définition permet de mettre en lumière l’importance de faire interagir harmonieusement les TIC avec les autres composantes de la situation éducative pour que la résultante, c’est-à-dire l’apprentissage et l’enseignement, soit de niveau supérieur.

Lauzon, Michaud et Forgette-Giroux (1991) expliquent qu’il existe deux types d’intégration de l’ordinateur à la pédagogie : l’intégration physique et l’intégration pédagogique. En regard de l’intégration physique, ils affirment qu’elle :

(…) consiste à placer les équipements technologiques à la disposition des enseignants et des élèves et à amener ces deux groupes à s’en servir occasionnellement en vue de répondre aux demandes pédagogiques ponctuelles du milieu. (p. 249)

Bray (1999) affirme cependant que : « simplement placer les technologies dans la

classe ou dans le laboratoire d’informatique ne signifie pas que les enseignants sauront comment les utiliser ou que le curriculum sera amélioré par leur présence23 » (Traduction libre, p. 15). Ainsi, selon le Conseil supérieur de l’éducation (2000a) et aussi selon de nombreux auteurs (Lauzon, Michaud et Forgette-Giroux, 1991 ; Depover et Strebelle, 1996 ; Dias, 1999 ; Jefferson et Edwards, 2000), l’intégration physique est incontournable, mais c’est l’intégration pédagogique qui devrait plutôt être visée par l’implantation des TIC. IsaBelle (2002) précise en ce sens : « en milieu scolaire, l’aspect pédagogique de celles-ci [TIC]

23 «!Simply placing technology in classrooms or computer labs does not mean that teachers will know

constitue la pierre angulaire de la réussite ou de l’échec de leur intégration » (p. ix).

Mais, qu’est-ce que l’intégration pédagogique ? Plusieurs auteurs procèdent par la négative pour tenter de cerner le phénomène de l’intégration des TIC. Ils expliquent que l’intégration des TIC, ce n’est pas seulement :

- placer les équipements dans les classes (Bray, 1999 ; Dockstader, 1999) ; - aller au laboratoire 40 minutes par semaine (Dias, 1999) ;

- utiliser les ordinateurs comme une feuille d’exercice électronique ou une récompense pour les élèves qui ont terminé leur travail (Dias, 1999) ;

- utiliser des logiciels sans but précis (Dockstader, 1999) ; - enseigner comment utiliser les TIC (Bailey, 1997).

Ce type de discours par la négative, sans vouloir en minimiser la valeur, ne permet pas de définir précisément ce qu’est l’intégration des TIC puisqu’il met plutôt l’emphase sur ce qu’elle n’est pas.

Peu d’auteurs proposent une définition de l’« intégration pédagogique des TIC ». Dias (1999) avance que :

(…) Les technologies sont intégrées lorsqu’elles sont utilisées de manière continue pour soutenir et pousser plus loin les objectifs du programme et pour engager les élèves dans des apprentissages significatifs.24 (Traduction libre, p. 11)

Cette définition réunit plusieurs aspects importants de l’intégration pédagogique des TIC. L’expression « de manière continue» [« seamless manner »] met en lumière le fait que le ministère de l’Éducation (2000) et de nombreux auteurs (Morton, 1996 ; Bailey, 1997 ; Sandholtz, Ringstaff et Dwyer, 1997 ; Dockstader, 1999 ; Sprague et Dede ; 1999 ; Karsenti, Savoie-Zajc et Larose, 2001) s’entendent à dire que les TIC

24 «!(…) technology is integrated when it is used in a seamless manner to support and extend

ne devraient pas nécessairement être introduites comme une nouvelle matière au curriculum et faire l’objet d’un enseignement systématique. L’expression « de manière continue » renvoie aussi à un autre aspect, soulevé par plusieurs auteurs (Hadley et Sheingold ; 1993 ; Parks et Pisapia, 1994 ; Depover et Strebelle, 1996 ; Salisbury, 1996 ; Sandholtz, Ringstaff et Dwyer, 1997) qui précisent que, pour vraiment parler d’intégration, les TIC doivent être utilisées de manière « quotidienne », « habituelle », « régulière » ou « fréquente ».

De plus, Dias, dans sa définition, attribue deux finalités à l’intégration des TIC : « soutenir et pousser plus loin les objectifs du programme » [« support and extend curriculum objectives »] et « engager les élèves dans des apprentissages significatifs » [« engage students in meaningful learning »]. Ces finalités soulèvent deux aspects importants à propos de l’intégration pédagogique des TIC. Tout d’abord, les TIC devraient non seulement soutenir l’enseignement et l’apprentissage, mais aussi l’améliorer. Même si cette constatation semble aller de soi, il apparaît important de souligner que l’intégration des TIC vise d’abord à susciter des apprentissages chez les élèves. En effet, rien ne sert d’intégrer les TIC à l’éducation, si ce n’est pas pour créer une résultante supérieure au niveau de l’apprentissage des élèves. Dockstader (1999) affirme en ce sens que : « l’intégration est l’incorporation

des technologies de manière à accroître l’apprentissage des élèves25 » (Traduction libre, p. 73). Ainsi, l’intégration pédagogique devrait avoir un effet positif sur l’enseignement et l’apprentissage.

Deuxième aspect important, l’utilisation des termes « engager les élèves » et « apprentissages significatifs » rappelle que Depover et Strebelle (1996) et Sandholtz, Ringstaff et Dwyer (1997), s’entendent quant à l’importance, pour bénéficier du plein potentiel des TIC, d’avoir recours à des pratiques pédagogiques d’inspiration constructiviste et, comme le mentionnent Payeur et Brunet (1995), à des « pratiques

25 «!Integration is incorporating technology in a manner that enhances student learning!» (Dockstader, 1999, p. 73).

plus proches de la vraie vie » (p. 12). Le Conseil supérieur de l’éducation (2000a)

abonde dans le même sens. Ainsi, l’intégration pédagogique des TIC implique que l’élève doit être activement engagé dans des activités d’apprentissage réelles et significatives.

L’intégration pédagogique des TIC est donc une utilisation habituelle et régulière des TIC en classe par les élèves et les enseignants, dans un contexte d’apprentissage actif, réel et significatif, pour soutenir et améliorer l’apprentissage et l’enseignement.