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La Société canadienne d’hypothèques et de logement a élaboré un indicateur d’abordabilité des logements locatifs, qui sert à déterminer dans quelle mesure un marché locatif est abordable pour les ménages qui y sont locataires (CMM, 2008b). Techniquement, il compare la moyenne sur trois ans des revenus médians des ménages locataires et le loyer médian des appartements de deux chambres (4 ½) dans la même région urbaine. Le calcul est effectué en fonction du seuil maximal de 30% du revenu total avant impôt que les ménages devraient attribuer aux dépenses de logement. Si l’indicateur se chiffre à 100, le prix médian des appartements de deux chambres correspond au seuil

20 de 30% de revenu que les ménages consacrent au paiement de leur loyer. Si l’indicateur se chiffre à plus de 100, les loyers médians sont sous le seuil de 30% du revenu médian des ménages, alors qu’un indicateur de moins de 100 désigne des loyers médians représentant plus de 30% du revenu médian des ménages.

L’indicateur augmente à Montréal depuis 2006, ce qui peut être interprété comme une hausse relative du revenu médian des ménages locataires. En 2008, l’indicateur se chiffrait à 135, deux points plus haut que celui de 2007 (133). Cependant, d’autres éléments peuvent faire fluctuer l’indicateur, comme la cohabitation des jeunes, qui partagent un même loyer entre plusieurs revenus indépendants. En effet, une étude de la Communauté métropolitaine de Montréal (Montréal, CMM, 2008b) démontre que le taux d’effort des ménages locataires a augmenté de 2000 à 2001 à Montréal. En 2006, on comptait 10 000 ménages de plus qui consacraient plus de 30% de l eur revenu à un l ogement locatif qu’en 2001. En 2006, ce chiffre représentait plus d’un ménage sur trois, dont 80% (plus de 200 000 ménages) sont des ménages à faible revenu. I l en r ésulte que la situation de l ogement de ces ménages ne constitue pas un choix, mais une contrainte vis-à-vis de l’insuffisance de l ogements à loyers abordables (Montréal, CMM, 2008c).

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CHAPITRE 3 LE CONTEXTE D’IMMIGRATION AU CANADA ET

L’ACCÈS AU LOGEMENT PAR LES RÉFUGIÉS

L’immigration est devenue, depuis le milieu des années 1980, l’une des composantes majeures de la croissance démographique canadienne, et particulièrement celle des régions métropolitaines. (Ley et Hiebert 2001 : 121). En effet, les tendances démographiques canadiennes se sont transformées au cours du dernier siècle, laissant un déficit de naissances qui a éventuellement nécessité l’intervention de l’État. Les taux de fertilité n’étant plus suffisants pour atteindre le niveau de renouvellement de la population, l’État a m is en place, à l a fin des années 1960, des politiques qui devaient favoriser l’immigration. L’acte sur l’immigration de 1967 a entraîné des transformations majeures au portrait de l’immigration canadienne.

Durant la première décennie de l a confédération canadienne, la politique d’immigration favorisait grandement la provenance européenne; les statistiques de l’époque présentent un taux de 80% à 90% de nouveaux arrivants en provenance de l’Europe ou des États-Unis. La loi sur l’immigration de 1967, conçue de façon à favoriser l’entrée de nouveaux arrivants selon le capital humain qu’ils portent ainsi que la réunification familiale, a r adicalement transformé la situation. Comme le mentionnent Ley et Smith (2000 :38), la part d’Américains et d’Européens parmi les immigrants a diminué à 30 % en l’espace de près de dix ans, puis à 20% vingt ans plus tard. La proportion de la population canadienne qui est née en A sie, Afrique, Moyen Orient et Amérique latine est passée de 1, 7% au t ournant des années 1970 à 79,0% en 2008 (CIC, 2009; Walks et Bourne, 2006). Au Québec, les tendances vont dans le même sens mais de façon moins dramatique, car l’immigration francophone des pays européens est favorisée.

Fiedler et al. (2006: 207) affirment que l’immigration est aujourd’hui perçue comme une façon de gérer le déclin des naissances, le vieillissement de la population et le déficit éventuel de travailleurs; ce sont des enjeux démographiques qui menaceraient la viabilité de pl usieurs programmes sociaux gouvernementaux. L’immigration ne co mporte toutefois pas uniquement que les avantages de l’équilibre démographique. E lle engendre des questions importantes quant aux enjeux urbains, dont les marchés de logement, et la gestion de la diversité culturelle, ethnique et économique sont des éléments importants.

Même si au cours des dernières années les programmes d’immigration du Canada, du Québec et des autres provinces ont davantage visé les immigrants des classes économiques (entrepreneurs, travailleurs autonomes, investisseurs et travailleurs qualifiés), les objectifs humanitaires de réunification familiale et d’accueil de réfugiés font partie intégrante de la politique d’immigration canadienne. Les réfugiés vivent souvent un plus grand nombre de difficultés, notamment à cause du manque de ressources à l’arrivée. Les demandeurs d’asile, qui arrivent en terre canadienne sans statut définitif, se

22 trouvent dans une position d’autant plus vulnérable qu’ils doivent dans certains cas attendre quelques mois avant de voir leur demande de statut de réfugié reconnue officiellement par le gouvernement fédéral (Rose and Ray 2001 : 494), et la période d’attente avant la décision quant à l’octroi du statut de résident permanent est souvent de quelques années. Dans cette section, nous nous attarderons au contexte d’immigration des nouveaux arrivants, et plus spécifiquement à ce lui des réfugiés et demandeurs d’asile. Un accent particulier sera mis sur leurs caractéristiques socioéconomiques ainsi que sur les conséquences que leur situation à l’arrivée peuvent avoir sur leur intégration à la société d’accueil. Nous nous attarderons par la suite à l’accès au logement, puisqu’il s’agit là d’un facteur important de l’intégration à la société d’accueil. Nous aborderons les modes d’accès au logement par les nouveaux arrivants, les obstacles rencontrés, les stratégies mobilisées pour surmonter ces obstacles et les conditions de logement dans lesquelles ils vivent dans les régions métropolitaines canadiennes. Nous aborderons finalement le phénomène de ségrégation résidentielle ethnique, puis la localisation résidentielle des nouveaux arrivants et immigrants à Montréal.