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Le groupe de discussion a eu lieu dans une salle à l’Institut national de la recherche scientifique. Nous avions prévu une heur e trente minutes pour la discussion, mais elle s’est allongée à une heur e 50 minutes, pour diverses raisons dont la présence d’enfants, et le fait que le dîner a eu lieu au même moment que la discussion. L’ ensemble des sept participants qui étaient invités à se joindre à l’événement présentées à l’heure prévue, accompagnés de jeunes enfants, dans un des cas.

À l’heure prévue pour le groupe de discussion, le repas était prêt et installé sur place, la table était mise et les gens discutaient entre eux. Au moment où tous les participants étaient présents, nous avons distribué les formulaires de consentement que nous avions rédigés selon un modèle identique à celui du formulaire de co nsentement individuel. N ous avons alors débuté l’enregistrement, et posé un magnétophone très performant sur une table voisine. Nous avons réellement eu l’impression que les gens se sont exprimés sans contrainte vis-à-vis de l’enregistrement de la conversation.

Afin de tenir un groupe de discussion qui reflète les réalités des réfugiés et demandeurs d’asile en provenance d’Afrique, nous souhaitions que les participants se sentent confortables et bienvenus dans le cadre de l’événement. Sans sombrer dans une entreprise trop typée, où les participants auraient perçu un traitement différencié à cause de leur statut, nous avons planifié un événement dont le cadre réfère à la réalité africaine. Nous avons donc préparé un lunch maison, et nous avons placé tous les plats sur la table avant la discussion. Les participants étaient alors invités à se servir, à manger et à discuter. La pr ésence d’une petite fille de deux ans a également contribué, par son infantile manque d’inhibitions à l’aisance des participants et à l’ambiance informelle que nous tentions de créer.

Nous avons entamé la discussion en présentant les objectifs du groupe de discussion, et en expliquant brièvement la méthodologie de l a recherche, qui prescrit la tenue d’un focus group au terme de l’analyse préliminaire des résultats des entretiens individuels. Nous avions inscrit les thèmes principaux sur un t ableau à l’avant de l a salle, ce qui a per mis aux participants de connaître et de comprendre la trajectoire que prendrait la discussion. La discussion thématique s’est déroulée lentement, et plusieurs bifurcations vers des sujets connexes ont eu l ieu. D ans la plupart des cas, nous avons laissé libre cours à la conversation durant un court laps de temps, pour ensuite réorienter la discussion. L’ensemble des thèmes ont été abordés, mais la participation a ét é inégale chez les

74 différents membres du groupe. Il était cependant possible d’encourager la participation des personnes qui s’exprimaient moins souvent. D ans l’ensemble, les participants ont été satisfaits de leur participation à l’événement. Des informations pertinentes pour certaines personnes ont été échangées, quelques participants ont quitté avec des notes ou des contacts supplémentaires, et d’autres ont profité de l’occasion pour diffuser diverses informations. Tous ont quitté en nous remerciant pour le repas.

Opérationnalisation des concepts dans le guide d’entretien

Certaines questions du guide d’entretien sont susceptibles de faire l’objet d’une compréhension différente entre les participants et nous. Nous clarifions ici certains termes, qui pourraient appeler des réponses indiquant une mauvaise compréhension de l a question. Nous avons préalablement défini des termes dans le cadre théorique; nous présentons ici la façon dont nous avons prévu opérationnaliser les concepts de discrimination, de ch ez-soi et de co mmunauté, afin d’obtenir des réponses pertinentes de la part des participants aux entretiens de recherche. Les trois concepts font appel à l a perception des participants. N ous avons préféré laisser les parties de l’entretien qui en traitent sous une forme totalement non pré-structurée (Duchesne, 1996).

Discrimination

La discrimination sous toutes ses formes est un phénomène très difficile à comprendre lorsque l’on ne connaît pas ses pratiques. C omme nous souhaitons faire comprendre le sens et la portée de la question aux participants, nous leur avons demandé s’ils ont vécu et combien ils ont expérimenté de refus de visite ou des frais supplémentaires ou excessifs en lien avec la location d’un logement. Par la suite, nous les avons interrogés sur les motifs des refus de visite, ou des demandes excessives des propriétaires de logements. En troisième lieu, nous leur avons demandé d’expliquer la façon dont ils interprètent ces situations, ou s’ils y perçoivent un traitement différencié à leur égard. Nous notons ici qu’il faut tenir compte du f ait que tous les nouveaux arrivants ne sont pas toujours conscients des processus ou des structures de la discrimination. Comme nous l’avons mentionné précédemment, des nouveaux arrivants pourraient prendre certaines formes de racisme pour une m éconnaissance du marché ou du système résidentiel, et ainsi ne pas percevoir la discrimination là où elle se trouve.

Chez-soi

Le chez-soi est un concept assez vaste que nous devons clarifier lors des entretiens de recherche, afin que les participants nous répondent de façon cohérente pour les fins de la recherche. Nous devons également être en mesure de co mparer les réponses des différents participants. Pour que les participants comprennent bien le sens du terme, nous leur avons demandé de comparer leur logement de Montréal à celui qu’ils occupaient dans leur pays d’origine. Nous avons tenté de les emmener à discuter de la différence entre le confort, le bien-être et la perception d’appropriation de l’espace du

75 logement montréalais et de ce lui du pay s d’origine. E n ce sens, nous sommes en mesure de comprendre à quel point les participants conçoivent leur logement comme leur espace familial, personnel, confortable, libre et sécuritaire.

Communauté

Le terme « communauté » doit selon nous être appréhendé de façon similaire à celui de « chez-soi ». En effet, nous avons demandé aux participants de discuter de la manière dont ils perçoivent leur voisinage montréalais et dont ils décriraient leur sentiment d’appartenance au quartier, par rapport à la réalité dans leur pays d’origine. Ils étaient ainsi en mesure de discuter de la situation dans un cadre de référence connu.