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Les revenus et les ressources financières des ménages dont le soutien est un immigrant sont, sans surprise, moins élevés que ceux des ménages dont le soutien est un C anadien d’origine. I ls représentent entre 65% et 70% des revenus moyens des Canadiens d’origine. Les ressources des immigrants récents sont encore plus faibles que ceux des immigrants arrivés depuis plus longtemps (Murdie, 2008; Rose et al., 2006). On remarque également que les revenus et ressources financières

40 des immigrants issus des minorités visibles sont plus bas que ceux des autres immigrants. Au Canada, on considère qu’un logement est abordable pour un ménage lorsque celui-ci consacre un maximum de 30% de son revenu total avant impôts pour se loger et on considère les ménages qui y consacrent plus de 30% de leur revenu « à risque ». Plus encore, on considère que les ménages qui consacrent plus de 50% de leur revenu au logement sont « vulnérables » à l’itinérance (SCHL, 2008). Nous faisons ici une br ève recension des connaissances actuelles en ce qui concerne les coûts de logement et les revenus des ménages. Certaines informations demeurent inconnues car Statistique Canada ne l es publie pas; c’est le cas des ratios moyens des coûts de logement par rapport aux revenus pour les immigrants, par exemple. D’autres sont cependant rendues disponibles sous forme de compilations spéciales à certains chercheurs universitaires.

Selon Fiedler (2006) et Shapcott (2004), les années 1990 et 2000 ont été le théâtre de cr ises d’inabordabilité des logements au Canada, et au moins 250 000 personnes par an vivent des épisodes d’itinérance. Il s’agit là du phénomène d’itinérance « cachée », qui demeure difficilement observable et quantifiable. C’est aussi le type d’itinérance qui est en vaste partie relié à des difficultés financières. Cette réalité touche en grande partie, mais pas exclusivement, des immigrants récents et des réfugiés. La tendance à être en situation de vulnérabilité extrême est plus grande chez les immigrants plus récents. À Vancouver, par exemple, Hiebert et al. (2006), D’Addario et al. (2007) et Francis (2009) trouvent que les demandeurs d’asile sont contraints à vivre dans des conditions inadéquates et misérables, ce qui contribue entre autres à leur condition d’ « itinérants cachés » (D’Addario et al, 2007; Hiebert et al, 2006). Leur statut d’immigration rend leur situation incertaine et des obstacles spécifiques aux demandeurs d’asile tels leurs très faibles revenus et la faiblesse de leur capital social les rend d’autant plus vulnérables à l’itinérance. D ’autre part, la taille des ménages immigrants, le nombre très limité de logements subventionnés par l’État, les prix des loyers du marché locatif privé et les relations avec les propriétaires sont aussi des facteurs qui restreignent l’accessibilité aux logements pour tous les immigrants récents.

Le coût des logements est de loin l’obstacle le plus difficile à surmonter pour les nouveaux arrivants. (Hulchanski, 2000; Murdie 2004, 2008; Rose et Ray 2001; Teixeira, 2008; Yu et al, 2007). Dans une étude sur la situation résidentielle et les besoins en logement des immigrants récents dans la région métropolitaine de Montréal, R ose et al. (2006) trouvent qu’en 2001, les Montréalais issus de l’immigration ont plus souvent tendance à consacrer 30% ou pl us de leur revenu avant impôt au logement. Cette réalité est davantage présente chez les ménages locataires, qu’ils soient immigrants ou non, mais toujours plus forte chez les ménages immigrants que chez les non-immigrants. Moore et Skaburskis (2001 : 406) identifient les mêmes difficultés pour les immigrants dans une étude sur l’accessibilité financière au logement au Canada, ajoutant que les difficultés liées à l’accessibilité sont plus fréquentes chez les immigrants récents, car en tant que groupe, ils sont généralement plus jeunes,

41 ont de pl us faibles revenus, sont majoritairement locataires et éprouvent des difficultés à i ntégrer le marché du travail.

Nouveaux arrivants propriétaires

En ce qui concerne les propriétaires, selon Statistique Canada (2005), les immigrants montréalais semblent vivre des difficultés financières liées au logement non seulement à ca use des prix des logements mais également de leurs niveaux de revenus. L’année d’immigration est l’un des facteurs les plus importants qui explique la difficulté financière associée au logement. En effet, plus l’immigration est récente, plus les difficultés financières semblent être fréquentes chez les propriétaires immigrants. Les minorités visibles sont aussi plus susceptibles d’allouer plus de 30% de leur revenu au poste de dépenses lié au logement (Rose et al., 2006).

Environ 6% des propriétaires consacraient plus de 50% de leur revenu au logement en 2001. Cette situation de vulnérabilité affecte presque deux fois plus souvent les propriétaires immigrants (9%) que les propriétaires non-immigrants (5%) (Rose et al, 2006).

Nouveaux arrivants locataires

En ce qui concerne les locataires, la situation est généralement plus difficile. En effet, la proportion de ménages locataires qui sont considérés « à risque » à M ontréal est de 18% . La pr oportion d’immigrants locataires dans cette situation est de 40%, et celle des non-immigrants locataires est de 35%. Tout comme dans le cas des propriétaires, l’incidence de problèmes d’accessibilité financière au logement est plus haute chez les immigrants plus récents. Toutefois, selon Rose et al. (2006), contrairement au cas des propriétaires, la population immigrante locataire qui consacre plus de 30% de son revenu au logement ne présente aucune différence entre les groupes de minorités visibles et les autres immigrants. Les ménages immigrants qui consacrent plus de 50% au l ogement sont plus nombreux chez les locataires, représentant 25% des ménages locataires montréalais. Les immigrants sont également surreprésentés parmi les ménages qui consacrent plus de 50% du revenu de leur ménage au paiement d’un logement locatif.

Dans une étude sur l’accès au logement par les demandeurs d’asile et les réfugiés acceptés à Toronto, Murdie (2008) trouve que la majorité des ménages des deux groupes consacre plus de la moitié de son revenu au logement (Murdie 2008 : 98). Il mentionne également, avec Hiebert et al. (2006) et Rose et Ray (2001) que la plupart d’entre eux éprouvent des difficultés à payer leur loyer, entre autres à cause des faibles opportunités d’emploi. Danso et Grant (2001) ajoutent que chez les ménages africains de Calgary particulièrement, l’inaccessibilité financière aux logements est l’obstacle le plus difficile à surmonter.

42 En somme, l’accès à un logement convenable et abordable représente un enjeu de taille pour tous les ménages canadiens à faible revenu, particulièrement pour les immigrants récents. Certaines tendances ressortent quant aux immigrants qui sont dans les situations les plus précaires. E ntre autres, on remarque que les ménages issus des minorités visibles, les réfugiés et les demandeurs d’asile sont plus fréquemment en si tuation de v ulnérabilité financière (notamment Francis, 2009). Soulignons toutefois que l’existence de réseaux sociaux et le fait de parler aisément la langue du propriétaire ou d’être issu de la même origine ethnique que lui semblent constituer des facteurs favorisant l’accès à un logement (Murdie, 2002; Robinson et al, 2007). Selon Murdie (2004 : 155), finalement, des études dans plusieurs villes canadiennes ont démontré que le marché locatif privé est tout simplement mal adapté aux besoins des immigrants et réfugiés, notamment en r aison des prix des logements, mais également à cause du stock de logement qui est souvent inadéquat par rapport à la taille des familles immigrantes, et au fonctionnement du système de logement qui peut engendrer des situations discriminatoires à l’égard des nouveaux arrivants.