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Une vaste partie des résultats analysés dans le premier chapitre d’analyse se sont avérés conformes à ceux des études sur l’accès au logement par les groupes immigrants à faible revenu qui ont été effectuées antérieurement. C e fut notamment le cas de la situation de pr écarité financière dans laquelle vivaient la très grande majorité des participants. E nsuite, les données sur l’information recueillie par les participants nous ont permis de constater que conformément à l a littérature canadienne, les informations sur le logement existent, et sont diffusées. La source du manque d’information dont les nouveaux arrivants ont fait mention ne se trouve donc pas au niveau de l’existence même de ces informations, mais peut-être dans le mode de diffusion, les lieux de diffusion, et la quantité d’information offerte. Il importe de mentionner ici que, comme le soulignait un

128 informateur-clé (I-04) du milieu de l ’aide de première ligne pour les nouveaux arrivants, trop d’information ou de sources d’information n’est pas nécessairement profitable ni efficace.

Nos données sur le prix des logements et les problèmes d’abordabilité que vivent les ménages demandeurs d’asile ou réfugiés sont tout-à-fait conformes à la situation décrite dans la littérature canadienne. De plus, conformément à des recherches antérieures qui ont dénoncé la piètre qualité d’une partie du parc résidentiel de Montréal, et qui ont recommandé le redressement de la situation, nous avons recueilli des données indiquant en quoi les demandeurs d’asile sont vulnérables à cet égard, malgré l’existence d’une politique municipale relativement forte.

Au niveau des difficultés d’accès au logement, nous n’avons rien trouvé d’original en évoquant les multiples expériences de discrimination qu’ont vécues les participants. N ous avons toutefois fait la démonstration que la situation n’a pas beaucoup évolué depuis les vingt dernières années. Il demeure néanmoins que le fait d’être réfugié participe au cumul des désavantages liés à l’accès au logement. Nous avons également démontré que le choix d’étudier cette population spécifique, issue des minorités visibles, était valable. La discrimination sur la base de l’origine ethnique ne fut toutefois pas le seul obstacle qu’ont vécu les participants. Conformément à Dion (2001), qui a étudié le cas de Toronto, la source de revenu a également constitué un problème important pour les participants, qui ont souvent dû trouver un co ntresignataire pour leur bail, ou tout simplement trouver un aut re logement. Dans l’optique d’une trajectoire résidentielle ascendante, le logement subséquent semble plus facile à trouver si de bonnes références leur sont fournies par un pr opriétaire précédent. Certains participants semblent donc accepter d’occuper un logement inadéquat et de t aire les comportements abusifs ou négligents de leur propriétaires dans le but qu’il ne les évince pas, et qu’il leur fournisse de bonnes références lorsqu’ils seront prêts à quitter.

Nous n’avons recensé aucune stratégie révolutionnaire qui a permis de surmonter les obstacles qui se dressent sur les trajectoires résidentielles des demandeurs d’asile et réfugiés d’Afrique subsaharienne. Nous avons trouvé un nom bre assez élevé de cas de surpeuplement (ménages familiaux) et de colocation (ménages non-familiaux) de logements par des ménages demandeurs d’asile. Le soutien des membres de la communauté ethnoculturelle d’origine s’est avéré très utile dans les cas d’information sur le système de logement, de dépannage résidentiel d’urgence et de contresignature de baux.

Le second chapitre d’analyse a démontré la pertinence de la méthode de collecte de données choisie. Aux moyens de conversations semi-structurées avec les participants, nous avons eu l’opportunité de comprendre leurs perceptions de la réalité résidentielle montréalaise. L’ensemble des données, qui s’entrecoupent lors de la construction des discours, n’aurait probablement pas été saisissables par une autre méthode de collecte de données. Les entretiens nous ont permis de mieux comprendre les situations et d’établir les liens entre les concepts que nous avons analysés par la suite. L’analyse nous

129 a permis d’élaborer une schématisation des trajectoires résidentielles de l’ensemble des participants, où nous avons représenté les principales variables. E n associant l’autonomie résidentielle à l a satisfaction résidentielle dans une perspective chronologique, nous avons tenté de faire un portrait du logement comme facteur d’intégration des participants à la société. L’autonomie résidentielle est un thème important, original, et que nous n’avions pas prévu traiter dans le cadre théorique au départ. Ce thème est ressorti de l’analyse et nous a permis d’approfondir l’étude des trajectoires résidentielles. Ce chapitre d’analyse nous a également permis de comprendre la façon dont les demandeurs d’asile et réfugiés perçoivent leur environnement immédiat, et l’importance qu’a leur capital social dans leur intégration résidentielle. Conformément à Ray (1998) et Rose et Ray (2001) entre autres, la force et la diversité des réseaux sociaux revêtent une importance déterminante dans l’accès à un logement convenable à Montréal, tant sur le plan de l’information que sur celui de la recherche. Quant à la façon dont les participants perçoivent leur quartier en termes de communauté, nous avons analysé la situation sous plusieurs angles. Peu d’études sur les demandeurs d’asile et réfugiés à Montréal ont abordé cet aspect précis de la question, et des entretiens étaient probablement nécessaires à la conceptualisation de ce t élément. N ous avons toutefois trouvé, conformément à Ray (1998) que la sécurité est l’un des éléments liés au bien-être dans un quartier de résidence et que la présence de membres de la communauté ethnoculturelle d’origine n’était pas un facteur déterminant le choix de localisation résidentielle, mais un facteur qui participe à la perception du quartier comme une communauté.