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La trajectoire résidentielle de Johanne

La figure 6.2 illustre la trajectoire résidentielle de Johanne (E-04). Les cubes de taille 3 et 4 qui se situent dans le 2e quadrant symbolisent sa trajectoire résidentielle avant son arrivée au Canada. Dans

ce cas, le premier cube (taille 4) représente la maison qu’elle a partagée avec sa sœur et la famille de celle-ci en Afrique. Elle revenait à ce moment d’un séjour d’études en Europe, et occupait un emploi, donc contribuait à sa façon aux coûts relatifs à la vie du ménage (autonomie = 4). Cette maison lui convenait bien et elle en était satisfaite (cube de taille 4). Le second cube (taille 3) renvoie au second logement qu’elle a occupé, après avoir quitté la maison familiale de sa sœur. Il s’agissait d’un

Autonomie résidentielle

Trajectoire résidentielle E-04/Johanne/da/60ans

Pays d’origine Arrivée au

Canada Logement actuel

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111 appartement en location qui était plus petit et dans lequel elle vivait avec les deux enfants auxquels elle a donné naissance. Elle occupait toujours un emploi qui lui permettait de subvenir aux besoins de sa famille monoparentale autonomie = 4). J ohanne a par la suite fait l’acquisition d’une propriété (autonomie = 5) dans laquelle elle a vécu avec ses deux enfants. C ette maison lui convenait et satisfaisait l’ensemble des besoins résidentiels du ménage (cube de taille 4). Elle a par la suite vendu sa maison et accédé à un appartement en location, avec ses deux enfants. La taille du cube indique une pleine satisfaction : « il [l’appartement] était très, très bien. Il y avait assez de place pour tout le monde, un grand appartement de trois chambres » (Johanne). Elle était toujours autonome, bien qu’elle ne soit plus propriétaire du logement qu’elle occupait (autonomie = 4).

Johanne a quitté cet appartement en direction du Canada, et suite à la première nuit qu’elle a passée au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle où elle a demandé l’asile, accompagnée de l’un de ses enfants, elle a été accueillie au centre d’hébergement pour demandeurs d’asile du YMCA. Bien que ce centre satisfasse ses besoins de base, elle ne le percevait pas comme un logement convenable (taille 1). Elle n’y était pas autonome, car elle n’avait pas de ressources financières, ni de revenu pour le moment (autonomie = 1). Après plus d’une semaine, elle a quitté le centre d’hébergement du YMCA pour s’installer chez un membre de sa communauté ethnique d’origine. Elle n’avait toujours pas de revenu, et devait dormir dans le même lit que la personne qui l’hébergeait. Elle a toutefois contribué du mieux qu’elle le pouvait aux tâches, mais ne considérait pas que le logement soit convenable (autonomie = 2, taille du cube = 1). Après quelque temps chez son amie, Johanne a accédé à un autre logement, en colocation avec son autre enfant, arrivé un peu avant elle au Canada. Elle a perçu les prestations de l’aide sociale et a t rouvé un emploi peu apr ès (autonomie = 3-4). E lle ne co nsidère cependant pas que la taille du logement soit suffisante, puisqu’elle vit une situation de surpeuplement : ses deux enfants âgés de 21 et 25 ans doivent partager la même chambre (cube de taille 2).

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Figure 6.3 Trajectoire résidentielle de Joliane

La trajectoire résidentielle de Joliane

La trajectoire résidentielle de Joliane (E-09), débute également dans le 2e quadrant, comme l’illustre la

figure 6.3. On y trouve d’abord un cube de taille 4 q ui représente une maison qui convenait bien à Joliane, à so n mari et à leurs 4 enfants. Les conflits armés ainsi que les problèmes de tribalisme existant dans le pays ont forcé la famille à se réfugier dans la forêt. Joliane n’était alors plus très autonome sur le plan du logement (autonomie = 2), et dépendait quotidiennement de la conjoncture politique et sociale de son quartier. Évidemment, elle ne percevait pas son lieu de résidence comme satisfaisant, ni convenable (cube de taille 1). Les guerres civiles sévissaient toujours autour de son lieu de résidence, et elle y a un jour perdu toute sa famille, alors qu’elle attendait son cinquième enfant. Elle s’est donc déplacée vers un camp de réfugiés dans un pays voisin, où les réfugiés n’ont pas de droit au travail. Joliane y a résidé avec deux enfants, dont l’un qu’elle a adopté avant de quitter son pays d’origine. En dépit de son manque d’autonomie résidentielle (autonomie = 1), elle est davantage satisfaite des conditions de logement que lui fournissent le camp que de celles dans lesquelles elle vivait auparavant : « au camp de réfugié, on vous donne un grand sachet comme ça de UNHCR. Tu divises les morceaux des enfants, moi à coté, et les habits à coté. Et quand il pleuvait, il y avait un autre endroit pour faire la cuisine » (Joliane).

Autonomie résidentielle

Trajectoire résidentielle E-09/Joliane/rs-rp-cc/43ans

Pays d’origine Arrivée au

Canada Logement actuel

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113 Joliane et ses deux filles de 10 ans ont par la suite été reconnues en tant que réfugiées par le Canada et sélectionnées par le Québec. À son arrivée, la famille a brièvement été hébergée à la résidence du YMCA, dont elle jugeait les conditions plus satisfaisante que celles du camp (cube de taille 2), mais où elle n’était pas autonome (autonomie résidentielle = 1). A u terme d’un court séjour au centre d’hébergement du Y MCA, un ag ent d’immigration a di rigé le ménage vers un logement de l’arrondissement Lasalle. Comme Joliane est arrivée en tant que réfugiée sélectionnée à l’étranger, le Canada lui a accordé la résidence permanente à l’arrivée et elle a rapidement perçu des prestations d’aide sociale. L’agent d’immigration lui a donc proposé un logement dont elle acquittera elle-même les frais puisés dans les ressources financières de l’aide sociale (autonomie résidentielle=3). Elle ne considère cependant pas que le logement qu’on lui a f ourni lui convienne. C elui-ci ne sa tisfait pas l’ensemble de ses besoins résidentiels, puisqu’elle doit partager sa chambre avec ses deux enfants, aujourd’hui âgés de 12 ans (cube de taille 2).