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Transformation du contexte socio-économique et apparition de la notion d’insertion professionnelle en tant que critère incontournable dans la

UNIVERSITAIRES ET RAPPROCHEMENT UNIVERSITE- UNIVERSITE-ENTREPRISE

I. Approche historique du mouvement de professionnalisation des études universitaires : les facteurs d’évolution des

3.2. Transformation du contexte socio-économique et apparition de la notion d’insertion professionnelle en tant que critère incontournable dans la

régulation des systèmes de formation

A compter des années quatre-vingt, ce changement de contexte économique et sociale réactive la thématique de la professionnalisation. Les évolutions du marché du travail, mais également les représentations vis-à-vis de l’insertion dans la vie active, ont conduit de plus en plus les jeunes entrant dans l’enseignement supérieur à s’orienter vers des

Parts des formes particulières d'emploi (France métropolitaine, moyenne annuelle) 0.0 2.0 4.0 6.0 8.0 10.0 12.0 14.0 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006

formations professionnalisées. Celles-ci sont jugées plus « efficaces » du point de vue de l’insertion. Cette représentation sera d’autant plus vigoureuse que l’ensemble des acteurs politiques s’attachera à la valorisation de la voie professionnelle comme réponse au chômage des jeunes. Ainsi comme le rappellent Stéphanie Mignot-Gérard et Christine Musselin, « si les diplômés du supérieur ont été comparativement moins touchés par les problèmes d’emploi (avec cependant de fortes variations selon les formations et le type de diplôme considérés), le chômage des titulaires d’un diplôme universitaire, les écarts entre leur niveau d’études et les catégories d’emploi auxquelles ils pouvaient accéder, les critiques récurrentes des médias, des hommes politiques et des chefs d’entreprise sur l’inadéquation des formations dispensées et la faible employabilité de ces diplômés, n’ont pas été sans effet sur les mentalités. La question des débouchés a ainsi cessé d’être une question taboue ou ignorée »101.

De nouveaux diplômes et cursus sont créés, moins dans une démarche strictement adéquationniste, que dans un souci de former efficacement à des secteurs ou domaines d’activité qui requièrent des compétences et savoirs plus clairement reliés à la pratique. Les DEUST (Diplômes d’Etudes Universitaires Scientifiques et Techniques) apparaissent en 1984, les Magistères en 1985, les IUFM (Instituts Universitaires de Formation des Maîtres) en 1989, les IUP (Les Instituts Universitaires Professionnalisés) en 1991, les DNTS (Diplômes Nationaux de Techniciens Spécialisés) en 1994 et les licences professionnelles en 1999102. De nouvelles filières ont également été imaginées : LEA (Langues Etrangères Appliquées) et AES (Administration Economique et Sociale) en 1973, MISASHS (Mathématiques, Informatique et Statistiques Appliquées aux Sciences Humaines et Sociales). Ces nouveaux diplômes et filières n’ont plus pour principale finalité de répondre à une demande de main d’œuvre spécialisée. Selon Jean-François Giret et Stéphanie Moullet, « la volonté de professionnalisation allait au delà de la simple logique adéquationniste ». Prenant l’exemple des IUP, les auteurs affirment que ces établissements « pour ses créateurs, devaient fonctionner comme des ferments de modernisation pour les universités, répondre en termes d’adéquation aux besoins

101 Mignot-Gérard S. et Musselin C., 2001, « L’offre de formation universitaire : à la recherche de nouvelles régulations », Education et Société, n°8.

économiques et technologiques d’entreprises, de secteurs, ou de branches afin d’être des vecteurs d’innovation technologique »103.

Par ailleurs, c’est la conception même de la professionnalisation qui évolue, en prenant des acceptions multiples et des formes également variées. Sous l’effet d’une hausse progressive du chômage en France et de son installation sur le long terme, la professionnalisation va peu à peu s’afficher comme un ‘remède’ aux difficultés d’insertion professionnelle d’une part importante des sortants de l’université. Autour de principes organisationnels assurant le rapprochement entre les universités et le monde économique (ou les entreprises), assise sur l’élaboration de partenariats entre les divers acteurs socio-économiques, la professionnalisation va incarner alors une multitude de dispositifs devant peu ou prou agir en vue de faciliter l’accès à l’emploi des diplômés au moyen de leur acculturation104 aux mécanismes et normes du monde du travail ou par leur « socialisation professionnelle »105. Elle exprime « une volonté de sensibiliser les étudiants aux exigences du monde professionnel, qui peut se traduire notamment par la mise en place de modules d’enseignement ad hoc (incluant la recherche d’emploi, la définition de projets professionnels, le poids renforcé de certaines disciplines), par des modalités pédagogiques intégrant l’alternance, par la participation de professionnels aux formations »106.

En somme, ces dispositifs ont vocation à agir sur l’« employabilité » des étudiants. Cet engouement en faveur du développement d’outils divers axés sur la socialisation professionnelle est concomitant d’une représentation particulière du rapport entre Université et Entreprise. L’université est apparentée à vase clos, trop éloigné du monde économique et des exigences du monde du travail ; n’accordant que très peu d’importance à sa mission de préparation à l’activité économique. Le développement de la professionnalisation des formations et à l’émancipation progressive de mesures censées offrir à l’étudiant une bonne connaissance du monde du travail relèvent majoritairement

103 Giret JF. et Moullet S., 2008, « Une analyse de la professionnalisation des formations de l’enseignement supérieur à partir de l’insertion de leurs diplômés », Net.Doc. 35, Céreq, Février.

104 Nous entendons par « acculturation », au sens large le processus par lequel un individu assimile les valeurs et normes de la société, ou de l’organisation sociale dans laquelle il évolue. Rattaché au qualificatif de « professionnel », la notion définit le processus au moyen duquel un individu intègre les normes et valeurs propre au champ de l’entreprise ou plus largement du monde professionnel.

105 Nous développerons ce concept dans un chapitre à venir.

106 Maillard D., Veneau P. et Grandgérard C., 2004, « Les licences professionnelles. Quelle acception de la professionnalisation à l’Université ? », Relief 5, Céreq

du postulat, à discuter, selon lequel « l’emploi ne manque pas (…). Ce qui manquerait serait la qualification suffisante pour les occuper. L’école est de ce fait accusée de mal préparer à la vie professionnelle, d’être trop éloignée des soucis d’emploi »107.

3.3. La professionnalisation des études universitaires : un atout du point de

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