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Les indicateurs de la professionnalisation des études

UNIVERSITAIRES ET RAPPROCHEMENT UNIVERSITE- UNIVERSITE-ENTREPRISE

II. Enjeux et formes concrètes de la professionnalisation dans le champ de l’enseignement supérieur : éléments de définition

3.2 Formes et degrés divers de professionnalisation des enseignements à l’université ?

3.3.2. Les indicateurs de la professionnalisation des études

Si on peut penser que la nature des coopérations entre acteurs conditionne la relation Formation-Emploi et explique la variété des formes concrètes de professionnalisation des formations, il pour autant nécessaire de mettre au jour les indicateurs qui permettent de pointer très concrètement la particularité des diplômes professionnels ou professionnalisés au sein des universités.

Pierre Dubois distingue quatre spécificités des formations professionnelles supérieures parmi lesquelles le partenariat tient une place essentielle214 :

L’orientation vers le marché du travail : « Les formations professionnelles préparent à des emplois identifiés et visent à rendre leurs diplômés directement opérationnels sur le

212 Bel M., 2003, « La professionnalisation de l’enseignement supérieur : une recherche d’efficacité conduite par de multiples logiques », Knowledge, Education, and Future Societes, SASE.

213 Bel M., 2003, idem.

214 Dubois P., 2004, « Evaluer la qualité de la relation formation – emploi : le cas des DUT et des licences professionnelles », Education et Formation, L’enseignement supérieur, grandes évolutions depuis 15 ans, n°67, pp 129-143.

marché du travail. Vu la relation Formation-Emploi souhaitée, un numerus clausus et une sélection à l’entrée sont mise en œuvre ».

L’organisation des études : « Les méthodes pédagogiques impliquent une forte participation des étudiants. La formation comprend une période de stage obligatoire en entreprise et un projet collectif tutoré ; elle peut être organisée selon le système d’alternance (apprentissage). Les étudiants bénéficient de conditions d’études favorables : taux d’encadrement et dotation financière par étudiant plus élevés que dans les formations générales, travaux en petits groupes. La sélection à l’entrée et les conditions d’études expliquent le faible taux d’abandon et le bon taux de succès au diplôme, eu égard à ceux observés dans les filières générales ».

Le partenariat économique : « Au niveau national, le monde professionnel est associé à la conception des formations, au processus d’habilitation ; il maîtrise la reconnaissance des titres dans les grilles de classification des conventions collectives. Au niveau local, il est associé au conseil de la formation, aux jurys, (sélection à l’entrée, examens), aux enseignements ; il accueille les étudiants en stage ou en apprentissage ; il peut verser à la formation un certain volume de taxe d’apprentissage ».

Le devenir professionnel : « Pour un niveau de formation donné, les débouchés professionnels des étudiants ayant acquis un diplôme professionnel sont meilleurs que ceux des diplômés ayant obtenu un diplôme d’études générales (DEUG) ou une licence générale ».

Ces quatre spécificités s’apprécient au regard de plusieurs indicateurs de lisibilité de la professionnalisation. Ces indicateurs permettent de différencier les diplômes professionnels et professionnalisés inscrits dans l’offre de formation universitaire. Par ailleurs, ils peuvent aider à identifier et classifier les formes de professionnalisation formations.

• Un contenu élaboré en partenariat avec les professionnels en vue de débouchés nouveaux ou finalisés. Les acteurs professionnels sont associés à la conception des formations, au processus d’habilitation.

• Une formation assurée en partie par des professionnels extérieurs • La possibilité d’organiser la formation sous le mode de l’alternance • Une période de stage obligatoire en entreprise

• Une reconnaissance plus fréquente du titre dans les grilles de classification des conventions collectives

• L’habilitation à percevoir la taxe d’apprentissage

• Un nombre d’heures d’enseignement plus élevé que dans les filières générales • Une sélection mise en œuvre à l’entrée (numerus clausus)

• La possibilité de faire valider à l’entrée les acquis professionnels • Des droits d’inscription plus élevés

Sur la base de ces critères, et à l’instar de Pierre Dubois, plusieurs diplômes et filières peuvent être identifiés comme professionnalisées.

• le Diplôme Universitaire de technologie (DUT) • le Diplôme d’Ingénieur

• la Maîtrise de Méthodes Informatiques Appliquées à la Gestion (MISAG) • la Maîtrise de Sciences et Techniques (MST)

• la Maîtrise de Sciences de Gestion (MSG)

• le Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) • le Magistère

• le Diplôme d’Etudes Universitaires de Sciences et de Techniques (DEUST) • le Diplôme de Recherche Technologique (DRT)

• le diplôme d’Etudes Universitaires Professionnalisées (DUP) • le Diplôme National de Technologie Spécialisé (DNTS) • la Licence Professionnelle. (LP)

• Langues Etrangères Appliquées (LEA) • Administration Economique et Sociale (AES)

• Mathématiques appliquées et Sciences Sociales (MASS)

Les diplômes professionnels et filières ci-dessus présenteraient donc l’ensemble, ou un grand nombre des indicateurs précédemment exposés, critères qui les distingueraient des filières et diplômes généraux. Pour autant, selon Pierre Dubois, « dans la réalité les frontières entre types de diplômes ne sont pas toujours claires : les diplômes des filières telles qu’AES, LEA, MASS, créés au milieu des années soixante-dix dans la perspective d’une professionnalisation des études, ont perdu certaines des caractéristiques qui suivent ; ils se sont rapproché des diplômes de la filière générale ; il en va de même pour

les diplômes de Sciences de l’éducation, ou des sciences de l’information et de la communication »215.

Je retiendrai également la typologie des formations professionnalisées proposée par Maïten Bel, Philippe Cuntigh, Laure Gayraud et Georgie Simon dans le cadre des travaux du Céreq216. Celle-ci a été élaborée sur la base de critères de différenciation relativement similaires aux indicateurs proposés par Pierre Dubois. L’étude a considéré un ensemble cohérent d’outils et dispositifs variés utilisés dans une optique de professionnalisation des formations (sous ses registres divers allant de la simple familiarisation ou découverte du monde du travail à la construction de relations structurelles étroites, de dispositions institutionnelles et organisationnelles assurant une coopération entre universitaires et professionnels à différents stades du processus d’éducation). Selon les auteurs, le caractère professionnalisant d’une formation fait appel à plusieurs registres, allant du « degré d’engagement des milieux professionnels aux différents stades de la conception, de la mise en œuvre et de la validation d’un diplôme », à la « sélection à l’entrée » , le « taux d’encadrement des professionnels », en passant par le « positionnement terminal de la formation dans l’ensemble du cursus », le degré de spécialisation des formations ou l’analyse des modes d’entrée sur le marché du travail. « Les configurations qui résultent de la combinaison de ces différents registres permettent de dessiner les contours de plusieurs types de formations professionnalisantes. Elles montrent surtout qu’entre formations professionnelles et généralistes, il n’existe pas de frontière nette, mais plutôt un continuum de situations »217.

Type 1

« Il est constitué des formations pour lesquelles l’obtention du diplôme est indispensable pour accéder à l’exercice de métiers bien identifiés. La filière santé en est le modèle type. C’est le plus ancien modèle de formation professionnalisante et sans doute le plus accompli en ce qui concerne les modalités et les contenus de formation mais surtout, il destine ses diplômés à un marché professionnel spécifique comme celui des architectes, des avocats… Entrent aussi dans ce groupe toutes les formations dispensées à l’issue d’un

215 Dubois P., 1997, « Universités, Croissance et diversité de l’offre de formation », Formation-Emploi, Enseignement supérieur et trajectoires étudiantes, n°58, pp 7-12.

216 Bel M., Cuntigh F., Gayraud L. et Simon G., 2005, « Systèmes régionaux d’enseignement supérieur et dynamique de professionnalisation de l’offre », Institut d’économie publique, Céreq, Marseille.

concours de la fonction publique comme les IUFM par exemple. Les effectifs d’étudiants engagés dans une formation supérieure de type 1 concernent un quart de l’ensemble des formations professionnalisantes. Soumis à une régulation nationale des flux, ils ont stagné, voire diminué ces dernières années. Les niveaux de sortie se distribuent surtout entre bac+3 et bac+4 (écoles paramédicale et sociale, IUFM) et bac+6 et plus (médecine) ».

Type 2

« Il réunit les formations conduisant à des diplômes à forte lisibilité sur l’ensemble du territoire national et pour lesquels les référentiels ont une forte connotation professionnalisante du point de vue des modalités de construction et de mise en œuvre des formations. En revanche, l’entrée sur le marché du travail à l’issue de ces formations n’est pas systématique. La dispersion des emplois auxquels ils permettent d’accéder est plus ou moins grande tant du point de vue des secteurs d’activité que du positionnement dans l’échelle des qualifications et des salaires. Entrent dans ce groupe les BTS, les DUT, les licences professionnelles, les diplômes d’IUP, les DESS, les diplômes d’écoles d’Ingénieurs ou de commerce… De facture plus récente, ce modèle de professionnalisation est aussi celui qui se développe le plus actuellement. Les effectifs d’étudiants engagés dans ces formations sont non seulement majoritaires (56% de l’ensemble des étudiants en formation professionnalisante) mais en forte croissance ces dernières années. Les diplômes de niveau bac+2 et bac+5 constituent le noyau dur de ce type mais, avec le développement des diplômes d’IUP et plus récemment celui des licences professionnelles, l’offre de formation s’élargit à tous les niveaux de sortie de l’enseignement supérieur ».

Type 3

« Un troisième groupe comprend les formations conduisant à des titres ou diplômes dont la lisibilité est beaucoup plus faible comme les diplômes d’université par exemple ou ceux délivrés par des écoles dont la réputation n’est pas solidement établie. Souvent créés pour répondre à un besoin de spécialisation au sein d’une université ou d’une région, ils n’offrent pas les mêmes garanties et perspectives qu’un diplôme national. En outre, le degré de professionnalisation de ces diplômes est plus difficile à apprécier. On fait l’hypothèse qu’il sera plus élevé pour ceux issus de composantes universitaires où l’expérience et les réseaux professionnels sont bien établis comme les IUT ou les IUP par

exemple, ou dans des UFR proposant des diplômes dans des domaines à fort contenu technico-scientifique comme la gestion, la finance, les spécialités juridiques ».

Type 4

« Un dernier type regroupe les formations qui préparent à un concours d’entrée dans la fonction publique comme par exemple les IUFM, ou à une formation sélective du type classe préparatoire à l’entrée dans une « grande école ». Ce type ne conduit pas directement à entrer sur le marché du travail mais représente, dans le processus de construction des formations professionnalisantes, la phase amont d’une partie des formations de type 1 et 2. Il représente 7% des effectifs »218.

4. La professionnalisation : un processus structuré par une diversité

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