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La professionnalisation : un enjeu fort par les universités ?

UNIVERSITAIRES ET RAPPROCHEMENT UNIVERSITE- UNIVERSITE-ENTREPRISE

II. Enjeux et formes concrètes de la professionnalisation dans le champ de l’enseignement supérieur : éléments de définition

4.3 La professionnalisation : un enjeu fort par les universités ?

La position des présidents d’universités dans le cadre du débat national Université-Emploi, position exposée par la CPU231, est également largement favorable au développement de la professionnalisation – celle-ci devant s’accompagner de transformations tangibles des formes de pilotage de la formation. La CPU évoque, à l’instar des organisations patronales, les avantages supposés d’une plus grande autonomie des universités et UFR dans la gestion des cursus. Cette autonomie, encadrée par l’Etat dans le cadre des contrats quadriennaux, est selon les présidents d’université le principal moteur de la construction de partenariats efficaces et durablement installés entre l’université et le monde de l’entreprise. La CPU place par ailleurs l’insertion professionnelle au cœur de ses préoccupations. Celle-ci doit être centrale du point de vue de la construction des diplômes et filières (tout diplôme devant être construit et organisé en lien avec les débouchés professionnels pouvant être déclinés par métier, profession, emploi, secteur ou domaine d’activité. L’insertion est amenée à être également au centre de nouvelles mesures d’évaluation des activités d’éducation, en tant qu’indicateur premier de la qualité du service public d’éducation.

Une contribution de la présidence de la CPU présentée le 18 mai 2006 au président de la commission Université-Emploi va dans ce sens :

« Pour faciliter l’orientation des étudiants dans leur parcours universitaire et en direction de l’emploi, les universités doivent avoir les moyens d'accompagner l'orientation et l'insertion professionnelle de leurs étudiants. Elles doivent disposer d’outils performants donnant une meilleure transparence et lisibilité aux offres de formation et d’emplois existantes. Leur SCUIO doivent pouvoir à la fois répondre aux demandes des étudiants et soutenir les enseignants dans la mission d’orientation qui est aussi la leur. Les parcours universitaires incluent des temps d’orientation et de préparation de projet professionnel. Chaque université doit pouvoir disposer, en son sein, au plan académique ou régional, d’observations sur l’insertion de ses étudiants en termes d’accès à l’emploi, de qualité et de spécialité des fonctions et métiers exercés. Enfin, les branches professionnelles doivent accroître leur effort en matière de connaissance des

231 La Conférence des Présidents d’Université (CPU) représente les intérêts communs des établissements qu'elle rassemble : universités et universités technologiques, Instituts Nationaux Polytechniques, Ecoles Normales Supérieures, Instituts Nationaux des Sciences Appliquées et Grands Etablissements. Acteur du débat public sur l'enseignement supérieur et la recherche en France, elle est l'interlocuteur incontournable des pouvoirs publics sur la question universitaire.

évolutions de leurs métiers et d’amélioration des pratiques de gestion des ressources humaines en prenant notamment une meilleure conscience des effets négatifs pour tous de l’abus de stages sans perspective. L’Université ne peut pas tout. Une meilleure coopération entre universités et entreprises est indispensable à un meilleur ajustement des formations et des emplois, fruit conjoint d’une évolution des formations et des pratiques de gestion des ressources humaines »232.

« Pour développer la professionnalisation des formations de la licence au doctorat, qu’elles soient destinées à l’emploi public ou privé : - toute formation professionnelle implique des périodes d’alternance entre formations académiques -dont le niveau et la qualité ne doivent pas être minorés-, et expériences de travail en stage, apprentissage, etc. Ces dernières nécessitent la construction de partenariats réguliers avec les professions concernées et doivent faire l’objet d’un suivi particulier.- l’acquisition de compétences, au-delà de l’acquisition des connaissances sur lesquelles elles s’appuient, et l’accent sur le travail personnel de l’étudiant qui doit pouvoir être accompagné et évalué. - l’amélioration des ajustements entre formations et emplois ne peut être que le fruit de partenariats durables entre universités et professions. Ceux-ci doivent porter sur la définition de l’offre, la partiCeux-cipation de professionnels aux enseignements, le suivi de l’insertion réelle tout autant que sur le développement de la formation continue et de la VAE et que sur unemeilleure utilisation des compétences en recherche des universités »233.

Outre que l’Université par la voie de ses présidents est favorable au développement de dispositifs assurant une meilleure adaptation des diplômes à l’emploi, c’est une évolution de la manière de construire et gouverner en interne la carte de formation dont il est question. L’engagement de professionnalisation des diplômes, ou plus largement l’engagement des universités vis-à-vis de leur mission d’insertion professionnelle semble s’articuler à l’idée d’une modification de la gouvernance de la formation. Dans le cadre de l’audition du président de la CPU, celui-ci exprime les liens existants entre la

232 Contribution 1 au débat national Université-Emploi, « Universités et emplois des diplômés », CPU, 18 mai 2006.

233 Contribution 1 au débat national Université-Emploi, « Universités et emplois des diplômés », CPU, 18 mai 2006.

problématique de la professionnalisation et celle de la gouvernance des formations. Plusieurs éléments de modification des modalités de gouvernement et gestion interne des établissements, ou du mode de pilotage, ont été interprétés comme des facteurs nécessaires au bon déroulement de la mission de professionnalisation dans laquelle s’engagent les universités :

Cibler l’investissement dans la formation sur les diplômes et filières jugés efficaces du point de vue de l’insertion professionnelle.

« Toute la LOLF, avec l’obligation de résultat et l’obligation de transparence sur les moyens accordés aux différentes actions que mènent les universités en est un vecteur important ».234

Développer une culture du résultat qui s’appuie sur l’élaboration d’un contrat entre l’Etat et l’Etablissement convenant des objectifs à atteindre et des moyens.

« L’importance croissante que prend le contrat avec l’Etat. Dans le contrat quadriennal avec l’Etat, le fait d’inclure de plus en plus des objectifs précis et ciblés vis-à-vis de l’enseignement, de la recherche, de l’accueil de nouveaux publics, etc… est très important ».235

Modifier les principes de management des universités en interne en vue de favoriser l’intérêt pour la professionnalisation et les actions liées au développement de partenariats avec les acteurs professionnels.

« Une révision des modalités d'évaluation du service des enseignants chercheurs pour tenir compte de la variété des activités attendues d'eux ». « Il suffit de changer les systèmes d’évaluation, d’intégrer par exemple un degré d’intérêt pour la professionnalisation et pour le rapport avec les entreprises cela ne se fera pas en un jour mais en quelques années et je pense que nous aurons effectivement des personnes qui s’impliqueront davantage sur ces questions »236.

234 Education nationale –Débat national Université-Emploi – Audition de la CPU, 10 mai 2006.

235 Education nationale –Débat national Université-Emploi – Audition de la CPU, 10 mai 2006.

Prenant exemple de l’Université de Marnes La Vallée, la CPU préconise une culture de l’évaluation demandant une modification des pratiques enseignantes et de leur statut.

« Au contraire d’une idée répandue, nous avons le très fort sentiment que cette réussite est liée au choix de professionnalisation qui a été pris dès la création de cette université - je rends hommage au passage à Daniel Laurent - choix qui a fixé d’entrée des priorités thématiques plutôt que disciplinaires et défini une culture d’évaluation externe. Ce ciblage thématique s’est avéré très performant pour articuler l’enseignement et la recherche, la culture d’évaluation s’est avérée performante pour fonctionner par objectifs, projets et mieux utiliser les moyens. Je pense qu’il s’agit d’un modèle performant qui permet d’utiliser au mieux l’ensemble des ressources des universités françaises telles qu’elles sont et qu’il faut lui donner ses chances. (…) Je ne suis pas de ceux qui sont choqués - mais je n’engage pas l’ensemble de la CPU - de la valeur symbolique accordée à la recherche et à la production de connaissances. En revanche, je suis choqué qu’il n’existe pas d’autres formes de carrière. Créons donc la possibilité de carrières salariales diversifiées au sein des universités et ne soyons pas bloqués par le fait que des améliorations de salaire soient exclusivement conditionnées par l’excellence en recherche ou liés à des activités extérieures. Permettons aux universités d’internaliser tout cela et d’avoir des politiques salariales »237.

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