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Hausse et diversification de la population estudiantine en chiffres 1. La hausse des étudiants d’université

UNIVERSITAIRES ET RAPPROCHEMENT UNIVERSITE- UNIVERSITE-ENTREPRISE

I. Approche historique du mouvement de professionnalisation des études universitaires : les facteurs d’évolution des

1.2. Hausse et diversification de la population estudiantine en chiffres 1. La hausse des étudiants d’université

En France, durant une longue période, le nombre d’étudiants est resté minime. En 1899, l’enseignement supérieur comptait seulement 29 000 étudiants, 41 000 en 1909, 45 000 en 1919, 73 000 en 1929, 50 000 en 1939, pour atteindre un effectif de 136 000 étudiants en 1949. Une importante hausse de la population estudiantine s’observe à partir de 1960 jusqu’en 1970, période au cours de laquelle le nombre d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur a quasiment triplé, passant de 309 700 en 1960 à 850 600 en 1970 (soit une progression annuelle moyenne de 17,5%). Au sein des universités, leur nombre passe de 214 700 en 1960 à 637 000 en 1970 (hors IUT et IUFM), soit une progression très légèrement supérieure à celle observée pour l’ensemble des filières de l’enseignement supérieur.

Au cours de la décennie suivante, entre 1970 et 1980, la croissance des effectifs étudiants inscrits dans un cursus d’enseignement supérieur se poursuit, malgré un léger ralentissement, pour atteindre 1 181 100 étudiants en 1980 (+38,8% en 10 ans ; soit un taux de croissance annuel moyen de 3,9%). L’essoufflement constaté est plus marqué encore pour ce qui concerne l’Université, dont l’indicateur sur la même période enregistre un taux de progression de 26,2% (soit en moyenne une hausse de 2,6% annuelle et un effectif de 804 400 étudiants).

Entre 1980 et 1990, pour l’ensemble du système d’enseignement supérieur, la progression des effectifs continue au rythme moyen de 4,5% par an, soit à une cadence sensiblement supérieure à la période antérieure. 1 717 100 étudiants sont inscrits dans un cursus d’enseignement supérieur en 1990. L’université (hors IUT et IUFM) voit quant à elle son effectif passer la barre symbolique du million : 1 085 600 étudiants et un taux d’évolution de 3,5% annuel entre 1980 et 1990.

Le taux de progression diminue encore entre 1990 et 2000 (2,6% annuel pour l’ensemble de l’enseignement supérieur et 1,8% annuel pour l’Université), puis les effectifs ont légèrement tendance à baisser entre 2000 et 2009.

Tableau 1 : Evolution du nombre d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur

1960 1970 1980 1990 2000 2009

Universités (hors IUT et IUFM) 214,7 637,0 804,4 1 085,6 1 277,5 1 223,7 IUT 24,2 53,7 74,3 119,2 113,7 118,1 STS 8 26,8 67,9 199,3 234,2 234,2 CPGE 21 32,6 40,1 64,4 70,3 80,0 Autres établissements et formations 66 130 215 293,4 454,3 575,7

Ensemble 309,7 850,6 1181,1 1717,1 2256,2 2 231,7

Sources : Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, DEP.

Graphique 1 : Effectifs dans l’enseignement supérieur depuis 1960 (En milliers)

Sources : Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, DEP.

Si les universités concentrent la très large majorité de l’ensemble des jeunes en études au sein du système d’enseignement supérieur, la part des étudiants poursuivant un cursus universitaire a tendance à baisser. Pour autant l’université (IUT et IUFM compris), qui représentait près de 70% de la population étudiante en 1960, reste la première destination après le baccalauréat, puisqu’elle concentre en 2009un peu plus de 62% de la population estudiantine. 0 500 1000 1500 2000 2500 1960 1970 1980 1990 2000 2009

Effectifs dans l'enseignement supérieur depuis 1960 (En milliers)

Graphique 2 : Part des inscrits à l’Université (IUT et IUFM compris) sur l’ensemble de la population étudiante

Sources : Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, DEP.

1.2.2. L’afflux des nouveaux étudiants aux profils diversifiés : une évolution de la demande sociale d’éducation

En raison de l’explosion quantitative de la population étudiante sur ces cinquante dernières années, le système universitaire a intégré des étudiants aux profils très diversifiés, eu égard à la catégorie sociale d’appartenance59, au parcours d’étude antérieur, ou encore aux projets d’insertion professionnelle60. Cette hétérogénéité s’est d’abord reflétée par une diversification sociale qui fut appréhendée comme la première étape d’une « démocratisation » de l’accès et de la réussite dans les études supérieures. La progression des effectifs étudiants a concerné toutes les catégories sociales, bien que selon les données du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, les étudiants des catégories sociales les plus favorisées continuent à être fortement surreprésentés au détriment de ceux de catégories sociales plus modestes. Ainsi en 2007, toutes formations confondues, 30,1 % des étudiants ont des parents cadres supérieurs ou exerçant une profession libérale, 10,8 % sont enfants d’ouvriers. Par rapport à l’ensemble de la nation, les proportions sont inversées.

59 Bourdieu P. et Passeron JC., 1964, Les héritiers. L’étudiant et la culture, Les Editions de Minuit, Le sens commun.

Baudelot C. et Establet R., 1971, L’école capitaliste en France, Paris, Maspero.

60 Erlich V., 1998, Les nouveaux étudiants : un groupe social en mutation, Paris, Armand Colin. Galland O., 1995, Le monde des étudiants, Presses Universitaires de France.

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 1960 1970 1980 1990 2000 2009

Part des inscrits à l'Université (IUT et IUFM compris) sur l'ensemble de population étudiante

La sous-représentation des enfants d’inactifs et de retraités chez les étudiants provient en partie de la structure par âge de cette population dont, pour la majorité, les parents n’ont pas encore l’âge de la retraite.

Tableau 2 : Répartition en 2007 des étudiants français selon la PCS du chef de famille (%) (France métropolitaine + DOM) 61

(1) Y compris les formations d'ingénieurs en partenariat.

(2) Y compris écoles supérieures d'architecture, de journalisme et de communication.

(3) Groupe non homogène (écoles vétérinaires, autres écoles dépendant d'autres ministères, etc.) (4) Source INSEE : recensement de la population 1999.

Si suivre des études au delà du baccalauréat n’est plus le privilège des groupes sociaux

‟favorisés”, on observe un glissement progressif des inégalités sociales d’accès à l’enseignement supérieur, vers des inégalités sociales relevant de la répartition des étudiants dans les différentes structures et filières d’enseignement. Un grand nombre de sortants de l’enseignement secondaire entre aujourd’hui dans un cursus de formation supérieure, mais de fortes inégalités subsistent. Celles-ci sont liées à la possibilité d’accéder ou non à telle ou telle structure, ou formation. Une hiérarchisation des

61 Repères et références Repères statistiques 2009.

Agri.

art. comm Cadres, prof Prof Retraités Non

chefs d'entr intell sup interm. Employés Ouvriers et inac renseigné

Universités 8,6 32,2 14,6 13,3 10,1 11,7 9,5

Discipline générale de la santé 8,4 27,8 14,3 13 9,7 12 10,1 IUT 11 47,1 18 16,7 14,5 8,4 3,6

Grands établissements 9,1 25,4 8,9 7 3,4 12,1 12,4

IUFM 8,4 15 15,5 12,7 11,1 14 12,9

STS 12,1 50,4 15,6 18,2 20,3 14 4,9

CPGE 9,7 14,2 13,9 10,2 5,1 7,3 3,5

Formations comptables non

univ. 11,5 48,3 16,1 17,2 21,9 13,1 6

Université de technologie et

INP (1) 9,8 39,8 16 8,2 6,3 7,7 3,7

Autres formations

d'ingénieurs non univ 17,1 35,6 11,3 6,6 3,5 5 16,7

Écoles comm. Gest. vente

compta. 12,7 31,5 8,7 6 2,1 4,6 30,4 Établissements d'ens. Univ.

privés 13,9 48,7 8 5,4 4,3 9,1 27,7 Écoles normales supérieures 7,7 24,3 9,3 5,5 3,1 6 19,6 Écoles sup. artistiques et

cultur. (2) 10,5 18,8 8,5 7,9 2,5 4,8 41,4 Écoles paramédicales et

sociales 11,8 23,5 12 18,9 17,6 2,1 18,7

Autres écoles et formations

(3) 11,8 30,1 11,4 9,9 6,6 7,3 29,7

Total enseignement

supérieur 9,9 30,1 13,9 13,2 10,8 11,7 9,5

établissements et des formations s’est opérée en fonction de critères multiples : ‟prestige de la formation”, capacité d’absorption des étudiants sur le marché du travail, etc. Il existe ainsi une forte disparité entre les cursus et formations du point de vue de l’origine sociale des étudiants. Les données de 2008 montrent ainsi que la part des enfants de cadres est très importante en classes préparatoire, dans les INP62 et les ENS63 où elle dépasse 45%.64 A l’inverse, les enfants d’ouvriers y sont très peu présents, autour de 5% alors qu’au niveau national les enfants d’ouvriers représentent 10,7% de la population. La répartition des étudiants dont les parents occupent une profession intermédiaire, ou sont employés, est quant à elle beaucoup plus homogène. S’agissant de la composition des effectifs à l’université, « les cadres représentent près du tiers des effectifs alors que les catégories défavorisées y sont bien moins présentes que dans le reste de la population. Selon les filières, les répartitions ne sont pas homogènes. Dans la filière Santé, les enfants de cadres supérieurs sont les plus nombreux, ils représentent 43,3 % des effectifs, contre 5,3 pour les enfants d’ouvriers. Dans les filières Économie et Lettres, Sciences humaines et Langues, les enfants de cadres sont moins représentés (26 %) au profit des enfants de professions intermédiaires, d’ouvriers et de retraités, inactifs (presque 40 %) »65.

Ces données, du point de vue de la professionnalisation, renseignent sur la composition de certaines filières professionnalisées de l’enseignement supérieur, qui, au-delà de l’attrait qu’elles peuvent avoir pour les étudiants, jouissent et entretiennent par des mécanismes de contrôle et de sélection, un certain prestige social. Les grandes écoles qui représentent un type particulier de formation professionnalisée, au regard d’un certain nombre de caractéristiques, liées entre autres aux modalités régulant l’entrée des jeunes dans la filière de formation (sélection des diplômes sur dossier, cursus de formation payant, etc.), accueillent majoritairement des enfants des classes sociales ‟favorisées”. A contrario, les formations universitaires, notamment dans le domaine des lettres et sciences humaines, accueillent majoritairement des étudiants dont les parents occupent une profession intermédiaire et un emploi d’ouvrier.

62 Les instituts nationaux polytechniques (INP) ont été créés en 1969, suite à la Loi Faure.

63 Ecoles nationales supérieures (ENS)

64 Repères et références statistiques 2009.

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