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Des exemples desquels s’inspirer

3.5 Les productions de 1* ONF/interactif résumées

3.5.9 Ça tournait dans ma tête*

Inspirée d’un documentaire du même nom qui présentait quatre jeunes souffrant de maladie mentale, Ça tournait dans ma tête (http://catoumaitdansmatete.onf.ca/#/catoumaitdansmatete) est la présentation interactive des carnets de notes d ’une jeune femme souffrant de schizophrénie. Cette

jeune femme, Blanche, aussi narratrice du projet interactif, est l’une des quatre jeunes du documentaire.

Le projet a pour thème les poèmes et les dessins de Blanche, et les textes sont tirés de ses carnets de notes d’adolescence. Blanche est donc filmée alors qu’elle regarde son carnet et en tourne les pages. La caméra est posée au-dessus de son épaule de façon à ce que nous puissions la voir tourner les pages, mais, surtout, de façon à ce que nous puissions voir le contenu du carnet, des dessins. Il y a arrêt sur image chaque fois qu’une page est tournée, au même moment où la piste de narration démarre. Contrairement à, par exemple, Otage de moi, le contenu de la narration correspond aux dessins montrés. Au total, 25 dessins servent à raconter le parcours de la protagoniste.

Ça tournait dans ma tête est une production au récit linéaire, avec un début et une fin, raconté par

le biais de dessins et d’un témoignage. L ’usager est libre d ’accélérer le déroulement des séquences (ce qui a pour effet de couper la narration) ou de revenir en arrière s’il le désire, puisque des flèches de navigation lui permettent de passer d’un plan à un autre. C’est d’ailleurs par son intervention sur l’interface que les pages sont tournées. Au sens figuré, c’est donc l’usager qui tourne les pages.

3.5.10

100 mots pour la folie

100 mots pour la folie (http://malajube.onf.ca/#/malajube) est pour l’instant Tunique vidéoclip

interactif proposé par TONF/interactif. Il a été réalisé pour la chanson « Contrôle » du groupe québécois Malajube. L’objectif est de générer un vidéoclip par une expérience vidéo avec l’interactif. Le thème de la folie a été choisi parce que, selon les membres du groupe, il englobe presque tout le spectre des émotions.

La section « Comprendre », accessible à partir du menu inférieur fixe, explique très bien la démarche et le fonctionnement de la production. Pour démarrer l’expérience, l’usager doit d ’abord entrer un mot selon ce que lui inspire l’émotion qui lui est présentée (soit Tune des six émotions fondamentales : amour, joie, surprise, colère, tristesse ou peur). Cette action de l’usager provoque le déclenchement de la chanson « Contrôle » et d ’une « nuée de mots, composée de [la] réponse [de l’usager] et de celles de l’ensemble des utilisateurs ». L ’usager a par la suite la possibilité de cliquer sur des mots pour générer des extraits vidéo provenant des archives de l’ONF. À d’autres moments durant le vidéoclip, l’usager doit entrer d’autres mots, toujours selon les six émotions. Ces réponses sont, encore une fois, associées à Tune des six émotions, et les « nuances de l’émotion que [l’usager a] évoquée dans [sa] réponse s’ajoutent à l’ensemble des mots » qui apparaissent à l’écran. C ’est la saisie de mots par l’usager et l’intervention de celui-ci sur la rafale de mots qui déterminent quels

extraits vidéo sont présentés durant le vidéoclip (le programme recherche dans le titre ou le descriptif des vidéos un mot correspondant à celui ou à ceux entrés ou choisis par l’usager).

Par conséquent, et théoriquement, chaque usager produit son propre vidéoclip de « Contrôle » et, dès lors, sa propre expérience. Les auteurs parlent tant d’une « expérience intime individuelle » que d’une « expérience collective », car les réponses de tous les usagers sont utilisées. Alors que les pièces de musique mises en images animées le sont généralement avec un seul vidéoclip, « Contrôle » de Malajube en possède plusieurs42.

3.5.11

BlaBla*

Offert en neuf langues (mots et textes à traduire seulement, car aucune parole), Bla Bla (http://blabla.onf.ca/), nous dirons, est un film d’animation « interactif » — à l’instar du vidéoclip interactif- dans lequel les interventions de l’usager sont nécessaires pour donner vie aux personnages. La production s’annonce comme un « conte interactif qui explore la communication humaine et ses principes fondamentaux ». Elle « se distingue par l’accent mis sur la réponse affective du spectateur », nous dit la section « Approche » du menu inférieur fixe. L’histoire de Bla Bla est racontée en six chapitres, avec une fermeture soulignée à la façon des films d’époque : « FIN ». Il prend un peu moins de 10 minutes à l’usager pour regarder la production d’un bout à l’autre, mais soulignons que, s’il le désire, l’usager peut naviguer entre les chapitres, faire des bonds dans le temps ou revenir en arrière. Les chapitres numérotés et leur contenu suggèrent toutefois une chronologie qu’il est préférable de suivre.

Ce qui distingue ce film d ’animation interactif des autres productions repose avant tout sur la participation de l’usager, non pas simple navigation comme dans la plupart des cas, mais construction du récit. Les grandes lignes sont fixées par les auteurs, chapitres, thèmes, action de départ, action finale, mais c’est l’usager qui, par ses interventions, détermine la tournure des actions à l’intérieur des chapitres. La coopération textuelle, à plus forte raison marquée par rapport à celle des productions que nous avons montrées jusqu’à présent, est significative. Par conséquent, il vaut la peine de reprendre chacun des chapitres pour en expliquer le déroulement conformément au rôle de l’usager. Cela donnera au lecteur un aperçu du développement de la production.

Chapitre 1. Les mots (~ 1 min)43 : Dès le départ, un indice : « Cliquez n’importe où. » L’action consiste en des ronds (des mots?) qui se déplacent à l’intervention de l’usager. Les points changent de taille, de couleur, bougent, s’absorbent, entrent en collision (formation des mots? histoire de leur création?).

Chapitre 2. La leçon (~ 55 sec) : L’action repose sur un personnage qui suit des yeux le curseur. Un clic sur le personnage fait réagir celui-ci (son, mouvement, « parole »); un clic autour du personnage, soit dans l’arrière-plan, provoque l’apparition d’un petit rond que le personnage avale (le personnage apprend-il à parler avec les « mots » du chapitre précédent?).

Chapitre 3. La naissance (~ 1:05 min) : (Le personnage a appris à parler, suit donc la naissance, l’entrée en contact éventuelle avec le monde, mais doit-il d’abord s’y rendre?) La première action est celle où l’usager fait sauter le personnage dans un trou. Le personnage suit des yeux le curseur, mais son regard reviendra toujours vers le trou, comme pour indiquer à l’usager qu’il doit l’y faire sauter (un clic sur le personnage ou le trou le fait sauter). Si l’usager ne l’y fait pas sauter, le temps s’écoule et l’usager passe au chapitre suivant comme si de rien n ’était.

Une fois sauté (deuxième action), le personnage tombe en chute libre. Le fond, d ’abord blanc, donne à présent l’impression que le personnage traverse les kilomètres qui séparent le ciel de la terre (le personnage passait-il du néant, souvent représenté par le blanc, à la vie sur Terre?). Il y a changement dans l’atmosphère. Le cadre est fixe, le mouvement est créé par la chute. Puis il y a fondu au blanc et passage au chapitre suivant.

Chapitre 4. Les deux (~ 1:20 min) : (Un premier contact?) Le personnage est d ’abord seul, sur le dos (comme s’il était bel et bien tombé), et semble se plaindre de sa chute si l’on se fit aux signes qui apparaissent au-dessus de sa tête (les gribouillis qui marquent la colère, entre autres dans les bandes dessinées). Puis, arrive un autre personnage, pareil en apparence. L’intervention de l’usager fait s’animer la discussion entre les deux personnages. Il y a, à l’intervention de l’usager, sons et mouvement, changement dans la taille de la tête des personnages et dans la couleur de leur tête.

Chapitre 5. Le chœur (~ 1:30 min) : (L’entrée en société?) L’action repose sur la présence de plusieurs personnages parlant entre eux. Des personnages s ’ajoutent et disparaissent au rythme des interventions de l’usager. Ils se déplacent, leur tête change de couleur, s’incline, se redresse, se tourne. Il semble y avoir parfois accord, parfois désaccord, parfois conflit entre les idées, parfois alignement sur une même voix, ou écoute attentive.

Chapitre 6. La nuit (~ 2:15 min) : Le fond est noir, légèrement étoilé ou ennuagé, selon. Le personnage est de nouveau seul. Les interventions de l’usager font passer le personnage par toutes sortes d’émotions : joie, amusement, tristesse, colère, etc. Des éclats de couleurs jaillissent parfois de son corps. (Est-ce dire qu’on revient toujours à nous-mêmes? Ou que la vie est composée des deux aspects? Que la nuit, nous passons par toute une gamme d’émotions, en songeant aux moments passés et à venir?)

Dernier plan : La fin est annoncée à la façon des films d’époque, c’est-à-dire en un plan, par le mot « FIN », placé au centre de l’interface.