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Des exemples desquels s’inspirer

4. Présentation des résultats

4.1 Regroupement par « type » de productions

La première question que nous souhaitons aborder est celle du regroupement des productions par type. Rappelons qu’avant d’entamer notre travail de recherche, alors que nous réfléchissions à l’ONF/interactif sans réelle intention, nous avions observé que plusieurs s’interrogeaient sur ce qu’étaient les productions de l’ONF/interactif. II ne semblait pas y avoir unanimité sur la question, non plus parmi les étudiants à qui nous en avions présenté quelques-unes, sauf bien sûr que toutes tenaient du multimédia. Suivant cette observation, il nous avait alors semblé que la question du « genre » devait être résolue, partiellement voire temporairement s ’il le faut, pour que, même si les particularités des productions n’étaient pas totalement comprises, nous puissions malgré tout regrouper les productions sous des bannières qui « parleraient » d’elles-mêmes. Pensant aux différents « genres » filmiques, littéraires, etc., qui servent à former des catégories d’œuvres artistiques de même style ou de même sujet, nous avons avec cette intention précise inclut le

55 Incluant toujours le NFB/interactive.

« genre » à notre grille de repérage de l’hypermédialité, l’associant à première vue aux médias utilisés dans les productions. Nous allions par la suite constater que la nature de l’interactivité allait également déterminer l’éventuelle classification des productions de notre corpus.

Pour revenir de façon plus spécifique à notre corpus, il nous faut rappeler que les genres n ’existent que s’ils sont reconnus par la critique et le public, et que la pertinence de leur définition ne s ’acquiert qu’à l’intérieur d’un système. Selon ce principe, notre système devient celui de l’ONF/interactif, et l’établissement de genres n ’a de valeur qu’au regard de ce système, qu’au regard de notre corpus. Par ailleurs, nos analyses nous ont montré que le documentaire est très présent dans les productions de l’ONF/interactif. Cela dit, au sens où l’entendent les théoriciens, le documentaire n ’est pas considéré comme un genre au même titre que le sont les westerns ou les policiers, pour reprendre les exemples donnés par Gauthier (2011). Il nous est pourtant difficile, du point de vue de notre corpus, de retirer cette forme de regroupement de notre analyse. Elle nous semble au contraire aller de mise avec nos autres regroupements, qui se veulent avant tout utiles pour ceux qui découvrent les productions de l’ONF/interactif et cherchent à en comprendre la portée. Dès lors, tandis que notre grille de repérage utilise le terme « genre », nous préférons ici le remplacer par « type » (de productions), plus neutre, sans antécédent théorique si l’on peut dire, mais qui préserve l’idée du regroupement et de la catégorisation.

La catégorisation par type s’inspire donc des productions de notre corpus et repose sur leurs caractéristiques, révélées par nos analyses. Par l’établissement de « types de productions », nous espérons formuler des regroupements plus évocateurs, offrant la perspective la plus englobante possible des productions de l’ONF/interactif.

Dans l’ensemble, nous avons distingué six types de productions, dont deux se subdivisent selon les quelques nuances qui les distinguent. Le Tableau 4.1, à la page suivante, regroupe les productions de l’ONF/interactif par type, bien entendu suivant nos analyses. Nous en donnerons des exemples au fur et à mesure. Concernant les trois types qui ne regroupent qu’une seule production, l’on peut se demander s’il est pertinent de définir trois nouvelles catégories en fonction d’un seul cas. Puisque rien n’exclut que des productions similaires, qui pourraient appartenir à ces catégories, soient plus tard réalisées, nous avons conclu qu’il était préférable d’attribuer un type spécifique à chacune des trois productions pour le moment « uniques ».

Tableau 4.1

Répartition des productions p a r type

Types__________________ Sous-types_______________ P roductions

W ebdocumentaires (18) Webdocumentaires « simples » (6)

Flawed (fiche 24) Waterlife (fiche 28) The Next Day (fiche 30)

Ici, chez soi : ie coût réel de l ’itinérance (fiche 31) Flub and Utter (fiche 32)

Crash Course (fiche 35)

Webdocumentaires à plus forte dimension interactive (6)

Sacrée montagne (fiche 01) Écologie sonore (fiche 04) Ma tribu c ’est ma vie (fiche 12) Code barre (fiche 15)

Out o f My Window (fiche 27) Bear 71 (fiche 39)

Volets interactifs d ’un documentaire (4)

Terre de fro id (fiche 02)

L'Éprouvette avec David Suzuki (fiche 07) Trou Story (fiche 16)

Capturing Reality (fiche 25)

Sites Internet de type documentaire (2) PIB (fiche 06) noussommes.ca (fiche 13) Πuvres photographiques interactives (12) Essais photographiques (10)

Otage de moi (fiche 05)

Réminiscence apocryphe (fiche 08) Lavi an p a fin i (fiche 14)

Territoires (fiche 17) 24 poses féminines (fiche 20)

Habiter, au-delà de ma chambre (fiche 21) Main Street (fiche 34)

2nd — The Face o f Defeat (fiche 36) Fire (fiche 37)

G od’s Lake Narrow (fiche 38)

Photoreportages (2) Autour de Saint-Tite (fiche 18)

Ying Jia, dépanneur de la Petite Patrie (fiche 22)

Œ uvres interactive de type Net a rt (S) Lettre à Vincent (fiche 03)

Ça tournait dans ma tête (fiche 09) Welcome to Pine Point (fiche 23) Soldier Brother (fiche 29)

Please Call, Very Sentimental (fiche 33)

Site Internet (1) Burquette (fiche 19)

Film interactif (1) Bla Bla (fiche 11)

Vidéoclip interactif (1) 100 mots pour la folie (fiche 10)

Le type le plus fréquent, avec un total de 18 productions sur 38, est celui du webdocumentaire56. Nous définissons le webdocumentaire comme suit, sans lui attribuer de caractéristiques précises quant à la forme et l’esthétique : un documentaire produit et réalisé avec pour intention d ’être diffusé sur le Web. Ce type, nous l’avons divisé en trois groupes, en fonction des productions de l’ONF/interactif toujours : les webdocumentaires « simples » (6), les webdocumentaires à plus forte dimension interactive (6), les volets interactifs d’un documentaire destiné au grand écran (4) et les sites Internet de type documentaire (2).

Théoriquement, le webdocumentaire est à la base interactif, puisqu’il émane du Web, nécessairement interactif, peu importe la complexité des formes d ’interactivité invoquées. De fait, notre analyse nous a fait constater que l’interactivité se déploie de façon variable d ’une production à l’autre. Dans la construction de leur propos, certains webdocumentaires misent davantage sur le dialogue, sur l’interaction entre la production et l’usager, tandis que d’autres se limitent à une interactivité de navigation. Nous avons par conséquent voulu établir une distinction entre les productions dont l’interactivité sert essentiellement à la navigation (par exemple Waterlife et Crash

Course, et même Ici, chez soi, bien que son interface soit dynamique sur le plan visuel57), soit les

webdocumentaires « simples », et les productions où l’interactivité sert à la fois la navigation et le contenu (par exemple Code barre et Ma tribu c 'est ma vie), soit les webdocumentaires à plus forte dimension interactive, qui doivent déployer une interactivité qui oriente le contenu des productions sur certains points. Ainsi, Sacrée montagne, Écologie sonore, Ma tribu c ’est ma vie, Code barre, Out

o f My Window et Bear 71 permettent toutes aux usagers d’intégrer la production, par l’ajout de

56 Les expressions « webdocumentaire », « documentaire Web » ou « documentaire interactif » semblent utilisées en tant que synonymes et aucune terminologie unique ne paraît exister pour le moment. Pour notre part, nous préférons l’utilisation du terme « webdocumentaire », simplement parce qu’en regroupant les deux mots, il devient plus court. Les articles Wikipédia, incomplets nous précisons, des entrées « Web-documentaire » et « Web documentary » nous disent que le « web-documentaire » est un documentaire d’abord produit pour être diffusé sur le Web, « en associant texte, photos, vidéos, sons et animations, de manière interactive ». Toujours selon l’article en français, le webdocumentaire se caractérise « par l’utilisation d’un contenu multimédia; l’introduction dans le récit de procédés interactifs; une navigation et un récit non-linéaire [s/c]; une écriture spécifique; et un point de vue d’auteur ». L’article anglais, légèrement plus détaillé, nous suggère un quatrième synonyme, que nous traduisons : « documentaire multimédia ». Il propose comme description du webdocumentaire : « a documentary production that differs from the more traditional forms - video, audio, photographie -

by applying a full complément o f multimédia tools ». Précisons que nous n’avions pas consulté ces articles avant d’entamer

la rédaction de la section « Présentation des résultats ». Fait intéressant, nos observations se rapprochent des définitions proposées dans Wikipédia, mais elles nous permettent en plus d’affirmer que le webdocumentaire peut prendre des formes plus complexes que ce qui est suggéré dans ces articles. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Web-documentaire, http://en.wiki pedia.org/wiki/Web_documentary)

7 En effet, l’interactivité de l’interface d'Ici, chez soi : le coût réel de l'itinérance pourrait suggérer qu’il s’agit là d’un webdocumentaire à plus forte dimension interactive; pourtant, l’interactivité sert essentiellement la navigation et l’accès au contenu. L’usager n’a pas, comme dans Sacrée montagne ou Code barre, la possibilité de partager du contenu qui sera

commentaires à même la production, par le partage de contenu (photographies le plus souvent), ou encore en devenant un « élément » de la production (un avatar, un point sur une carte).

Le troisième « sous-type » du webdocumentaire s’apparente à l’une ou l’autre des deux distinctions que nous venons d’établir, à la différence que, dans ces cas particuliers, les productions sont le prolongement d’un documentaire pour grand écran, un «volet interactif»58 à ces documentaires59. Terre de fro id et Trou Story sont les volets de documentaires portant le même nom,

L ’Éprouvette avec David Suzuki, du documentaire Une force de la nature, et Capturing Reality, du

documentaire The Art o f Documentary: Capturing Reality.

Finalement, nous disons de PIB et de noussommes.ca qu’ils sont des sites Internet de type documentaire, puisqu’ils se distinguent des autres productions de cette catégorie par leur structure en arborescence, propre à la majorité des sites Internet qui existent actuellement. Il s’agit de l’unique distinction que nous faisons entre ces deux productions et les autres du même groupe.

Notons que les quatre sous-types possèdent tous les caractéristiques du documentaire filmique traditionnel, soit des montages « d’images visuelles et sonores données comme réelles et non fictives » et des œuvres qui présentent « presque toujours un caractère didactique ou informatif qui vise principalement à restituer les apparences de la réalité, à donner à voir les choses et le monde tels qu’ils sont » (Aumont et Marie, 2008, p. 74), du moins aux yeux de leurs auteurs. Devant le documentaire, le spectateur, l’usager dans notre cas, tendra généralement « à adopter une attitude “documentarisante” plutôt que “fictionnalisante” » (ibid.).

Le second type rencontré le plus souvent est celui de l’œuvre photographique interactive, avec un total de 12 productions, que nous avons décidé de répartir en deux sous-types : l’essai photographique et le photoreportage. Ces deux expressions sont issues des résumés et sommaires des productions de l’ONF/interactif. Elles apparaissent sans réelle constance, c’est-à-dire que toutes les œuvres photographiques interactives ne sont pas annoncées comme étant des essais photographiques ou des photoreportages. Nous qualifions d’œuvres photographiques interactives toute production qui utilise comme principal média d’expression la photographie. Les essais photographiques renvoient aux productions dont le contenu repose sur la réflexion d ’un ou de plusieurs auteurs sur un même sujet, et ce, sans l’épuiser (par exemple Réminiscence apocryphe, sur le sacré au Québec, et

58 Expression utilisée par l’ONF/interactif.

59 Ici repose, selon nous, une limite de l’établissement du webdocumentaire en tant que type, car les volets interactifs d’un documentaire peuvent prendre différentes formes. Dans le cas de notre corpus par exemple, l’un d’eux, True Story, aurait pu à lui seul être un type, bien que l’aspect documentaire soit clairement visible. Cela montre que le documentaire lui- même comprend certaines subdivisions plus précises que celles que nous donnons.

Territoires, sur les espaces urbains et le développement). Les photoreportages, eux, sont des

productions où la dimension journalistique ou documentaire est plus marquée60 (par exemple Ying

Jia, dépanneur de la Petite Patrie, sur la famille Lu et leur dépanneur, et Autour de Saint-Tite, sur un

pan de culture). Certaines œuvres photographiques offrent une perspective documentaire, mais nous ne les intégrons pas au type webdocumentaire puisque nous avons décidé d ’instaurer une distinction fondée sur la nature de l’hypermédialité. Ainsi, si un média d’expression se démarque particulièrement, par opposition à l’utilisation de plusieurs médias d’expression, la production se retrouve dans le type qui réfère à ce principal média, dans le cas de la photographie, celui les œuvres photographiques interactives.

Le troisième type le plus observé, avec 12 productions, est l’œuvre interactive, inspirée par le concept de Net art. Cette catégorie, qui ne contient pas de sous-type, regroupe les œuvres développées dans une perspective artistique pour, par et avec Internet, et, le plus souvent, par des artistes professionnels. Nous excluons de cette catégorie les productions qui reposent uniquement sur le média filmique ou le média photographique.

Le rapport créatif lié à ces productions s’opère selon les spécificités du média numérique. Autrement dit, l’auteur choisit la plateforme Web plutôt qu’un autre support pour en exploiter le caractère interactif, entre autres raisons. Par exemple, les auteurs de Welcome to Pine Point pensaient au départ faire un livre, mais ont préféré la plateforme Web, tandis que Lettre à Vincent aurait lui aussi pu devenir un livre illustré ou une exposition plutôt qu’une production interactive. Dans ces deux cas, le résultat n’aurait pas été le même, pas davantage que l’expérience des récepteurs, pour utiliser un terme plus général.

Finalement, trois autres types, moins présents, ont été constitués. Dans un premier temps, nous avons les productions dont la forme s’apparente à celle de la plupart des sites Internet, soit des productions construites avec une structure en arborescence et pour lesquelles l’intermédialité est manifeste. Trois productions sont considérées comme sites Internet, mais une seule renvoie à ce type : il s’agit du site Burquette. Nous avons voulu distinguer Burquette des productions PIB et

noussommes.ca parce que celles-ci possédaient clairement un caractère documentaire, absent chez Burquette, qui, lui, propose un regard réfléchi et éditorial sur la société.

Dans un second temps, nous avons le film (d’animation) interactif, dont l’unique représentant est

Bla Bla (fiche 11), et, dans un troisième temps, le

vidéoclip interactif, avec 100 mots pour la fo lie

(fiche 10), soit le vidéoclip de la pièce « Contrôle » du groupe québécois Malajube. Rappelons seulement que Bla Bla est un « film » de fiction dit interactif dans la mesure où il nécessite l’intervention de l’usager pour que son récit prenne vie, et que le principe est relativement le même avec 100 mots pour la folie, où la production requiert l’intervention de l’usager pour démarrer.