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« Plongée interactive » dans les émotions d’un père dont le fils s ’est suicidé. L’illustrateur Éric Godin (le père) et l’artiste Zllon ont conçu ce projet, alliance d’une narration, la lecture de la « lettre à Vincent », et d ’illustrations pour imager le drame.

http://lettreavincent.onf.ca/#/lettreavincent

Él é m e n t s d’a n a l y s e d e l’h y p e r m é d i a l i t é

PRINCIPES - Commentaires sur...

modularité La production comprend :

- 1 piste audio associée à la narration (env. 8:15 min; la narration est faite par le père et illustrateur Éric Godin);

- 1 piste audio associée à l’environnement sonore de la production (des sons en résonnance, en écho, comme dans une grotte, peut-être l’évocation pdfr le son de l’esprit de vide et de tristesse qui habite le narrateur);

- une cinquantaine d’illustrations à l’encre (par l’artiste Zïlon); - les éléments du menu inférieur fixe;

- les textes.

Les constituants de la production ne peuvent se consulter séparément. Il est par ailleurs difficile de dire si la narration est soutenue par les illustrations ou si c ’est l’inverse. Cela dit, puisque la production se nomme Lettre à Vincent, nous pouvons supposer que, bien que les modules se soutiennent mutuellement, ce sont les illustrations qui doivent soutenir la piste audio.

MVC - Commentaires s u r -

interface L’interface est simple et statique. Tandis que la piste audio joue, les illustrations, centrées sur fond noir, s’enchaînent. Le curseur est représenté par une croix en trait de crayon rouge.

RÉCIT - Commentaires sur...

genre Œuvre intimiste, relevant sans doute davantage du Net art que du film ou du documentaire. Il n’y a d’ailleurs aucune séquence d ’images animées.

diégèse Un seul récit (celui de la lettre), qui explique le processus de réflexion et de guérison d’un père, le narrateur, dont le fils s’est suicidé. La diégèse est simple.

segmentation du récit

D’abord, soulignons que l’interface sert en quelque sorte de cadre, et que la narration est divisée en quatre temps, lesquels sont identifiables d’une part par des pauses dans la narration et, d ’autre part, par des transitions par mouvements saccadés dans le passage d’une illustration à une autre. Ces transitions ne sont pas associées à une illustration précise, mais à une étape de la narration. Ensuite, s’il y a chronologie dans la narration, il y a par contre a-chronologie dans le cas des illustrations. Il semble d ’un côté y avoir différentes séries d ’illustrations; autrement dit, des illustrations faites à partir d ’un même point de départ (par ex., le cœur toujours présent dans l’une des séries). D ’un autre côté, ces illustrations n ’ont pas de liens causals entre elles ni de rapport de temporalité, mais elles relèvent d’un même ordre de réalité. Il y a donc séquences en accolade dans le cas des séries d’illustrations.

nature de la présentation

La production est une intrusion dans l’univers émotionnel de l’auteur. Elle joue surtout sur la transparence, bien que la démarche soit expliquée dans l’onglet « A propos ».

CONSTAT GÉNÉRAL sur l’hypermédialité

Sobre, un plan, une illustration, avec deux trames sonores, dont la principale est la narration. Considérant l’objectif du projet, on peut se demander s’il y aurait un intérêt à consulter les modules séparément. Par opposition, dans

Sacrée montagne, les très courts-métrages peuvent avoir et ont une vie en dehors de la production. Dans Lettre à Vincent, la narration donne sens aux illustrations, lesquelles ajoutent à l’émotion. L’intermédialité est à la fois voilée

et manifeste, dans la mesure où l’usager voit bien que les illustrations ne sont pas complètement liées à la narration. Néanmoins, comme nous le verrons, les interventions possibles de l ’usager sont limitées, si bien que la production semble davantage voilée que Terre de fro id ou que les autres essais photographiques de l’ONF/interactif.

Él é m e n t s d’a n a l y s e d e l’i n t e r a c t i v i t é

PRINCIPES - Commentaires sur...

variabilité L’usager n’a pas de contrôle sur la narration. S’il veut la stopper, il doit fermer l’application. Le volume peut être coupé, mais cela tait la narration en plus de l’environnement sonore.

L’usager peut laisser aller l’enchaînement des illustrations, comme il peut l’accélérer en cliquant sur celles-ci. Du moment où il clique sur une illustration, le mode automatique d’enchaînement des illustrations, d ’après notre observation, est désactivé. Des cinq fois où nous avons redémarré la production pour en compter les illustrations, nous avons constaté que Tordre de présentation des illustrations changeait. Seule l’illustration de départ est demeurée la même.

Notons qu’il y a deux formes de transition entre les illustrations : le fondu au blanc et un secouement vertical (mouvement saccadé à la verticale). En redémarrant la production plus d’une fois, nous avons pu constater que le secouement n’était pas lié à une illustration précise, mais aux transitions dans la narration (comme un changement de paragraphe dans le texte). formes

d’interactivité présentent

L’interactivité est fermée à 100 %. Les seules images-interfaces sont celles du menu inférieur fixe. La production peut être partagée.

mobilité de la plateforme

Flash est nécessaire pour visionner la production, et la production ne fait pas partie des choix de l’application ONF pour iPhone/iPad.

MVC - Commentaires sur... posture

spectatorielle

La production peut ne nécessiter que le clic de démarrage et de fermeture pour se dérouler. L’intervention n’est donc pas nécessaire pour que l’usager puisse visionner l’entièreté de la production. Sur ce point, nous pouvons dire que la posture est essentiellement celle du lean-

back. Cela dit, l’usager peut aussi choisir de faire dérouler les illustrations plus rapidement en

cliquant sur celles-ci. Nous avons alors une posture de lean-forward. Puisque l’œuvre est annoncée comme une « plongée interactive », on peut supposer que l’objectif est que l’usager fasse lui-même défiler les illustrations. L ’intervention est néanmoins plutôt limitée.

interface Il n’y a pas de menu autre que celui au bas de l’interface et qui revient pour chaque production. La navigation à l’intérieur de la production n’est pas réellement nécessaire. Il n ’y pas non plus de « monde » à explorer. Les illustrations ne font que se superposer au même endroit sur l’interface.

RÉCIT - Commentaires sur... construction et

lecture du récit

L’usager ne joue aucun rôle dans la construction du récit, si ce n’est qu’il peut faire progresser l’enchaînement des illustrations à un autre rythme que celui prévu en cas de non-intervention de l’usager. Cela dit, l ’usager n’a pas à intervenir s’il ne le désire pas. L ’influence de l’interactivité sur le récit est donc quasi nulle, d’autant plus que l’ordre de présentation des illustrations semble, d’après nos observations, aléatoire, par opposition à Terre de froid, par exemple. nature de la

narration

Les illustrations sont liées au thème, mais ne semblent pas être coordonnées ni dans le temps ni selon le contenu de la narration, à l’exception des quatre transitions, qui marquent un

changement dans la narration, et de l’illustration de départ qui demeure la même.

Il y a transitivité dans la narration, mais plus ou moins pour la présentation des illustrations, qui tournent d’ailleurs en boucle et ne cessent que lorsque l’usager ferme l’application ou

sélectionne « Redémarrez » dans le menu inférieur fixe. Il est néanmoins possible d ’identifier des séries d’illustrations avec des caractéristiques communes, ce que nous avons déjà précisé. Bien que les illustrations ne soient pas clairement liées à la narration (sans celle-ci, plusieurs interprétations seraient possibles), on pourrait voir une certaine discontinuité entre l’audio et le visuel (rappelons l’ordre aléatoire). Aussi, c’est parce que la production se nomme « Lettre à Vincent » que l’usager sait que ce sont les illustrations qui viennent appuyer la trame sonore et non l’inverse.

actions dans la diégèse

Les actions de l’usager sont non diégétiques. S’il choisit d ’intervenir dans le déroulement des illustrations, puisque celles-ci sont aléatoires, il est difficile d ’affirmer qu’elles relèvent de la diégèse de la narration. Les actions de l’usager sont donc des actions d’autorisation. Même chose pour la machine, qui ne fait qu’organiser les modules : ses actions sont non diégétiques.

CONSTAT GÉNÉRAL sur l’interactivité_______________________________________________________________ L’interactivité est ici secondaire, puisque la production peut exister sans de fréquentes interventions de l’usager. Du coup, l’interactivité ne contribue pas particulièrement à la réalisation de l’œuvre. L ’usager ne peut non plus

commenter la production à l’intérieur même de celle-ci. Le récit est surtout fermé.______________________________

Typededispositifselon Fourmentraux (2010)

Lettre à Vincent est un dispositif à exploration, où la navigation est limitée. Il n’y a pas d ’exploration d ’un

« monde » au même titre que dans Sacrée montagne ou même Terre de froid. Essentiellement, la production est « montrée » à l’usager, l’interactivité est de second plan. L’usager consulte la production seul. Il n’y a pas réellement de liens à parcourir, puisque, en dehors de l’intervention pour lancer la production et la fermer, la production peut défiler d’elle-même. L’auteur est en tout point le créateur du site, le dispositif est prédéfini et il n ’y a pas de transformation possible. Le temps de navigation est le temps accordé par la narration si l’usager n’intervient pas; s’il

FICHE D’ANALYSE

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