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Un univers, celui de Sacrée Montagne, celui du mont Royal, représenté par le déracinement de la montagne en un îlot flottant. Cette structure est l’élément interactif central de la production. L’usager s’y plonge et choisit d’explorer, principalement, les six « lieux » de la montagne, auxquels sont associés les éléments de contenu vidéo et photographique. En parallèle, l’usager peut écouter des enregistrements audio (messages laissés sur une boîte vocale) et consulter le contenu lié au projet sur les réseaux sociaux et lui-même commenter.

http://sacreemontagne.onf.ca/; http://holymountain.nfb.ca

Él é m e n t s d’a n a l y s e d e l’h y p e r m é d i a l i t é

PRINCIPES - Commentaires sur...

L’intermédialité est manifeste pour ce qui a trait à la production dans son ensemble : chaque élément de contenu se consulte séparément. On parle néanmoins d’une intermédialité voilée lorsqu’on cible, par exemple, les vidéos, lesquelles sont des très courts-métrages, donc des films documentaires au sens traditionnel.

Éléments de contenu

- 25 vidéos (très courts-métrages documentaires, des films informatifs ou à démarche plus « artistique ») d ’une durée de 0:55 min à 11:02 min (15 entre 3 et 5 min) :

o un encadré en transparence avec texte et image apparaît lorsque le curseur survole la miniature de chaque vidéo.

- 111 photographies (dont 55 liées aux lieux et 56, au photomaton organisé par Urbania77) : o au survol du curseur, les miniatures de chaque photo apparaissent, alignées;

o des photographies sont également suggérées sous « Ma montagne », par l’intermédiaire des sites de partage (les photos proviennent du public); o puisque la production fonctionne en Flash, les photographies ne peuvent être

enregistrées sur l’ordinateur de l’usager;

o relativement au photomaton d ’Urbania, chaque série de photo commence par un texte blanc sur noir; les photos des 4 séries comprennent toutes du texte superposé; deux séries consistent à mettre un texte en image, si bien que, par exemple, un « flâneur » volontaire formera la première lettre du mot équilibre (E) avec son corps, le mot étant ajouté su* la photographie par ordinateur.

- 27 enregistrements sonores, accessibles sous « Ma montagne », représentant des messages laissés sur une boîte vocale par des « amoureux du mont Royal [qui] ont été invités à contribuer à la mémoire collective de la montagne en partageant leurs souvenirs ». Autres

- Un environnement sonore comportant les messages vocaux et des sons généralement perceptibles dans l’environnement réel de la montagne (ex. sons de cloches, chants d ’oiseaux, bruissement de feuilles, etc.).

- Les éléments propres aux médias numériques : éléments de navigation, icônes, animations et visuel de l’interface.

- Les textes : associés aux contenus du menu inférieur fixe; des encadrés qui apparaissent en transparence lorsque le curseur survole les miniatures des vidéos.

76 La production a été réalisée avec Département (studio de création multidisciplinaire basé à Montréal) pour le développement et la conception du site; Couleur.tv (studio de postproduction Web, télé et cinéma basé à Montréal) a réalisé la modélisation 3D du site.

MVC - Commentaires sur..

interface L’essentiel de l’interface, du point de vue de l’hypermédialité, repose sur l’îlot suspendu qui représente la montagne, et sur les principales branches qui en découlent (les six lieux). Pour consulter les éléments de contenu, l’usager doit sélectionner les éléments

indépendamment. Les éléments de contenu sont donc distinctifs à l’intérieur de l’interface.

RÉCIT - Commentaires sur...

genre Dans le cas de Sacrée montagne, on parle d ’abord d’une forme de documentaire (le

documentaire n ’étant toutefois pas un genre (Gauthier, 2011)). Comme la production comporte plusieurs très courts-métrages documentaires de genres différents, nous pourrions parler, pour la production prise dans son ensemble, d ’un documentaire interactif à sketches, c’est-à-dire un documentaire qui regroupe plusieurs histoires tournant autour d’un même thème.

Malgré un côté parfois très subjectif, Sacrée montagne serait un documentaire au sens où les images sont données comme réelles et non comme fictives. Cela dit, notons que les métrages qui relèvent strictement du didactif ou de l’informatif, qui cherchent strictement à « restituer les apparences », sont rares. L’objectif semble être de « montrer » les choses et le monde tels qu’ils sont « perçus ». On part d’une réalité et on la rend poétique plus qu’objective ou neutre. On la veut artistique plus que fictive. La question de départ des producteurs prédisposait à cette approche documentaire : on y questionne « le lien spirituel qui unit les Montréalais au mont Royal » (nous soulignons).

diégèse La production se compose de plusieurs courts récits, elle est en outre plurilinguistique, mais tous les récits appartiennent au même monde, celui de la montagne. Par contre, puisque la production fait appel, de façon bien distinctive, à plusieurs moyens d’expression (filmique, photographique, audio), nous dirons qu’il y a une certaine rupture dans les codes et les canaux et que, par

conséquent, la diégèse est multiple même si le thème est commun. segmentation du

récit

- En raison de l’îlot suspendu, la production relève essentiellement d’un univers intemporel : on suspend le temps et on observe. Cela dit, les vidéos sont datées et leur durée est

indiquée, ce sont les seules indications temporelles pour l’usager-spectateur. - L’espace repose sur la montagne suspendue et ses six lieux.

- L’image-instrument qu’est la montagne est en quelque sorte un plan autonome, mais lorsque l’usager sélectionne un lieu pour accéder aux vidéos et aux photographies, il ouvre le chemin à une séquence de montage parallèle.

- Chaque lieu renvoie donc à une séquence de montage en parallèle, où les « motifs » sont chacun des vidéos et des photographies. Il n ’y a pas de lien chronologique entre les motifs, mais une coexistence spatiale à valeur symbolique. S’il y a coexistence spatiale toutefois, on ne peut parler de séquence descriptive, car il n’y a pas rapport de simultanéité, et on ne peut parler de séquence par épisodes non plus, car il n ’y a pas chronologie.

- Les vidéos prises dans la globalité de la production sont des scènes; les séries de photographies, elles, comportent des plans autonomes.

Principal contenu de la production

Les lieux

- « La statue de l’ange » : 4 vidéos et 8 photographies - « Les sentiers » : 4 vidéos et 16 photographies - « Les cimetières » : 4 vidéos et 10 photographies - « L’Oratoire » : 4 vidéos et 7 photographies - « Le lac des castors » : 4 vidéos et 7 photographies - « La croix » : 5 vidéos et 7 photographies

« Ma montagne »

- Quatre photomatons de, respectivement, 18, 19,12 et 7 photographies - Liens vers sites de partage

- 27 messages vocaux à écouter

nature de la D’un côté, la démarche du projet est expliquée sous « Démarche », il n ’y a pas de médias présentation d’expression dominants et les modules peuvent être consultés séparément. Il y a donc mise au

premier plan (foregrounding) sur ces points. D ’un autre côté, l’usager plonge dans l’univers de la montagne. Le sens de l’illusion que la production cherche à préserver n ’est pas celui de l’univers filmique, mais fait surtout penser à l’univers du jeu. On ne peut parler de la production sans parler de l’activité de lecture aléatoire de l’usager, sans parler de l ’interactivité. Sur ce point, il y a transparence.

CONSTAT GÉNÉRAL sur l’hypermédialité

L’intermédialité est manifeste pour l’ensemble de la production, puisque les éléments de contenu doivent être visionnés de façon indépendante, chaque élément possède sa propre « branche » de la structure.

Él é m e n t s d’a n a l y s e d e l’i n t e r a c t i v i t é

PRINCIPES - Commentaires sur...

variabilité - L’ordre de visionnement des éléments de contenu dépend de chaque usager. - La durée de la visite dans la production dépend de chaque usager.

- L’usager est libre de naviguer dans la production à son rythme et selon ses intérêts. Il peut aussi revenir sur ce qu’il a déjà consulté.

- Les vidéos peuvent être interrompues, reculées, avancées. - Les éléments de contenu ne peuvent être modifiés par l’usager.

- Le son peut être coupé, comme dans toutes les autres productions de l ’ONF/interactif. - Des commentaires peuvent être faits sur les éléments de contenu, vidéos et photographies,

mais par l’intermédiaire des sites de partage et non à même le site.

- Les tweets qui apparaissent dans le coin inférieur gauche changent de façon aléatoire. formes

d’interactivité présentent

Image-instrument : la base de la structure de la production

La montagne et ses six lieux, coeur de la production, sont des images-instruments, c’est-à-dire qu’ils se veulent une représentation du réel, la création d ’un pendant virtuel de la montagne dans lequel l’usager « circule ». Lorsque celui-ci sélectionne un lieu, un zoom sur l’endroit est fait, pour ensuite mener l’usager « à l’intérieur » de la montagne, vers le lieu sélectionné.

Pour reprendre le terme utilisé par les créateurs : la montagne suspendue de l’interface est une « allégorie » du mont Royal.

Imaees-interfaces (éléments de navigation)

- Les choix dans le menu inférieur fixe (présent dans toutes les productions)

- Les miniatures des lieux dans le coin supérieur gauche, lorsque l’usager est dans un lieu. - L’oiseau Twitter dans le coin inférieur gauche, petite animation jumelée à des tweets qui

s’enchaînent à sa droite.

- Les miniatures des éléments de contenu (vidéos et photos) une fois l’usager dans un lieu. - L’arbre « Ma montagne » (coin inférieur droit), qui s’anime au survol du curseur, et les liens

qui suivent une fois l’hyperlien activé.

- En accueil, Phyperlien vers la vidéo « Les arbres » (il s ’agit d’un raccourci, d’une suggestion, puisque cette vidéo est accessible dans le lieu « Sentiers »).

Simulation

L’image-instrument de la montagne vise à créer une ressemblance avec la réalité : elle est une « représentation » du mont Royal, une « illusion visuelle ». Elle vise à plonger l’usager dans un univers virtuel lié à la montagne. D’une certaine manière, elle illustre le monde qu’ont tenté de reproduire les créateurs de Sacrée montagne.

- Une seule résolution est disponible pour les photographies. Autres formes

- L’interactivité est fermée à 100 %.

- La production a une page Facebook et utilise Twitter.

- Possibilité de partager la production et les films individuellement. mobilité de la

plateforme

Dans l’application ONF pour iPhone/iPad, la production fait partie des 15 choix sous l’onglet « Channel » (en date du 5 juin 2012). Cela donne accès aux vidéos seulement. Les vidéos peuvent en outre être ajoutées aux « favoris » de l’usager. Des films reliés apparaissent lorsqu’une vidéo de la production est choisie.

L’accès à l’ensemble de la production, avec son image-instrument, nécessite Flash. Le logiciel n ’existe ni pour le iPhone ni pour le iPad en date de notre analyse.

MVC - Commentaires sur... posture

spectatorielle

L’expérience de la production se fait, dans la consultation des éléments de contenu, en posture de lean-back. L’utilisateur n ’a pas besoin d’être « actif » du point de vue interactif pour visionner les vidéos et écouter les enregistrements sonores des messages enregistrés. Là où il doit se mettre en « action » sur le plan interactif (lean-forward), c’est pour naviguer dans l’image-instrument et sélectionner, d’une part, les lieux et les éléments de contenu à visionner. Soulignons que les séries de photographies ne s’enchaînent pas d’elles-mêmes; l’utilisateur doit cliquer sur chaque photo pour la consulter. D’autre part, il y a les éléments de contenu

supplémentaires, accessibles par l’image-interface « Ma montagne » et le menu fixe inférieur. Le temps d ’attention pour l’écoute des vidéos est relativement court. On parle de très courts- métrages, qui oscillent entre 0:55 et 11:02 min. La majorité (15) dure entre 3 à 5 min.

interface Le cœur de l’interface repose sur l’image-instrument qu’est l’îlot représentant le mont Royal. Les miniatures des vidéos et des photographies servent d’hyperliens pour accéder à leur taille. L’arborescence est simple et le « menu » supérieur, une fois dans un lieu, contient des

hyperliens sous forme de miniatures des lieux permettant à l’usager de passer d ’un lieu à l’autre sans devoir retourner à la structure d’accueil. Si on s’en tient au principal contenu de la

production, en excluant les éléments du menu inférieur fixe, la structure, partant de la montagne, se divise en 7 branches (6 lieux + « Ma montagne), puis chaque branche se divise selon le nombre de vidéos et de photographies, ou, dans le cas de « Ma montagne », en trois branches, dont deux renvoient à des sites de réseautage et de partage.

Dans l’interface, tout ce passe au « centre ». L’usager peut toujours fermer la page de l’élément de contenu visionné par le biais d’un @ dans le coin supérieur droit.

RECIT — Commentaires s u r-

construction et « Plutôt que le mouvement, c ’est la suspension du monde, dit Schefer, qui donne le visible à la lecture du récit pensée, non pas comme un objet, mais comme un acte qui ne cesse de naître et de se dérober

dans la pensée » (Deleuze, 1985, p. 220).

Il n’y a pas de coopération textuelle en matière de contenu. L ’interactivité n ’influence que l’ordre de visionnement des éléments de contenu. L’influence est sur ce point faible quant à la forme de la production ou de son récit. Le projet, selon la fiche « Démarche », émane de gens qui ont voulu raconter l’univers du mont Royal par la présentation et le point de vue des « flâneurs » de la montagne. Sacrée montagne, c’est « interroger la persistance du sacré dans notre société », note la codirectrice du projet, Hélène de Billy, c’est interroger le lien spirituel qui unit les Montréalais à leur montagne. La production est par conséquent constituée de multiples récits. C ’est le regroupement de plusieurs récits de plusieurs auteurs autour d’un même thème (une production plurilinguistique).

À l’intérieur de cette structure, si l’usager veut construire une certaine narrativité, il le fait dans _________________ l’ordre de navigation et de visionnement. Il peut en arriver, d ’une certaine manière, à générer sa

propre expérience de la production, selon les vidéos et les photographies consultées et selon l’ordre de consultation.

Il y a un thème général, exploité par 25 « récits filmiques » de type documentaire. Le récit dans sa globalité ne se termine que lorsque l’usager le décide. La fin de l’expérience peut varier d’un usager à l’autre. Une visite ne signifie pas, au demeurant, le visionnement de tous les éléments de contenu. L’usager peut consulter une seule fois la production et ne plus y revenir, même s’il ne consulte pas tous les éléments vidéo et photo, comme il peut revenir pour « conclure » son expérience.

Ajoutons finalement que, considérant la différence de ton qu’il peut y avoir d ’une production à l’autre, selon la vidéo ou la série de photographies qui mettra fin à l’expérience de l’usager, ou encore selon les vidéos consultées, l’impression générale sur la production d ’un usager à l’autre pourrait varier légèrement. Cela dit, nous ne faisons qu’émettre une hypothèse.

nature de la narration

Il est difficile de parler de narration pour l’ensemble de la production au regard de

l’interactivité. Si l’on adapte les oppositions de Wollen à notre objet, nous pourrions dire que

Sacrée montagne exploite une intransitivité narrative. Les vidéos prises individuellement, par

contre, sont généralement toutes en transitivité narrative. Ainsi, le fait que la production contienne des éléments de contenu divers, accessibles avec l’intervention de l’usager, génère une construction épisodique du récit global et produit des interruptions.

Il y a, toujours au sens de Wollen, ouverture, car l’usager choisit de mettre fin à son expérience quand il le veut. Il n ’existe pas de fin définie à la production. Il s’agit plutôt, à la limite, d ’une boucle, à l’image de l’image-instrument de la montagne qui tourne sur elle-même. Seuls les récits de chaque élément de contenu sont, au sens traditionnel, des récits fermés. L ’usager peut visionner les éléments selon une suite de lecture de gauche à droite à l’intérieur de la

production, mais il peut tout autant naviguer en zigzag dans la production. actions dans la

diégèse

Les actions tant de la machine que de l’usager sont essentiellement non diégétiques, au sens où elles ne sont que des actions d’activation (lancer une vidéo, voir en taille réelle une

photographie) et de restriction (interrompre une vidéo, fermer une photographie). L ’usager décide de ce qu’il veut voir, c ’est sur ce point qu’il personnifie sa visite, son expérience. La machine, elle, ne produit que des actions de configuration en réponse aux demandes de l ’usager (MVC).

CONSTAT GÉNÉRAL sur l’interactivité

L’interactivité en est une de navigation. Le récit est fermé plus qu’ouvert au sens traditionnel, mais il y a une certaine liberté dans l’ordonnancement des « actes » de la production. La contribution de l’usager à la production, par

exemple par l’ajout de commentaires écrits ou l’envoi de messages sur la boîte vocale (ce qui n ’est plus actif en date de l’analyse), est minimale. Toutefois, l’usager peut envoyer des photographies sur des sites de partage, que

production annonce dans une de ses sections.

Typededispositifselon Fourmentraux (2010)

Sacrée montagne est un dispositif à exploration. La contribution possible de l’usager est trop restreinte pour que

la production puisse être qualifiée de dispositif à contribution; la plus importante contribution possible se fait non pas à même la production, mais sur des sites de partage de photographies (entre autres). Par conséquent, il y a surtout

intra-action, l’interactivité en est une de navigation. Elle permet à l’usager d ’expérimenter l’œuvre, de consulter les

vidéos et les photographies, de découvrir le mont Royal de ceux qui l’ont filmé et pris en photo. L’usager n ’est là que pour naviguer, seul, et voir. Ce sont les créateurs, les cinéastes et les photographes qui sont à proprement parler les auteurs du site. Le dispositif est prédéfini, il n’y a pas d’actions de transformation, et ce, même si l’usager peut laisser des commentaires sur des vidéos et que les autres usagers pourront les lire. Le temps de navigation sera le temps que l’usager s’accorde pour consulter les vidéos et les photographies.

FICHE D’ANALYSE