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ET LA DIVERSITE DES ACTEURS « VUS PAR LE HAUT »

A PARTIR DES PRATIQUES DES TOURISTES ET DES HABITANTS

C) Le tourisme de découverte économique

Le tourisme de découverte recouvre la visite d’entreprise en activité, la découverte du

patrimoine industriel et des musées patrimoine, la visite des sites scientifiques.

Les autres secteurs économiques sont peu structurés au niveau national pour favoriser la

découverte des savoir-faire. Selon une enquête menée en 2007 par l’Assemblés des Chambres

Françaises de Commerce et d’Industrie (ACFCI), d’après les sources des réseaux des chambres de commerces et d’industrie, des comités régionaux du tourisme et des comités départementaux du tourisme, environ 4700 entreprises françaises étaient ouvertes au public. Néanmoins, ce chiffre est peu significatif car dans la même étude, il est noté que seulement 836 entreprises auraient accueilli et recensé du public, comptabilisant 8,2 millions de visiteurs.

En 2002, l’ACFCI lance le label Destination Entreprise qui va obtenir en 2009 la marque Qualité Tourisme. En 2011, seules 5 régions sont concernées avec une offre de seulement 86

entreprises labellisées, concernant principalement l’agroalimentaire et l’artisanat82

, ces

dernières ayant le plus d’intérêts économiques en proposant souvent une entrée payante et/ou un lieu de vente. Dans un peu moins d’un quart des cas, les entreprises consacrent des moyens

spécifiques à l’organisation et à la promotion des visites. Dans ce cas, en moyenne, 2 à 3

personnes y sont affectées (ACFCI, 2007).

82

En 2005, le Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie crée le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) pour « distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire

artisanaux et industriels d’excellence ». Ce label concerne à la fois les entreprises

commerciales et industrielles mais aussi et surtout les entreprises artisanales et d’artisanat

d’art. En 2011, plus de 510 entreprises labellisées proposaient des visites, ces dernières étant

valorisées à travers la démarche La route des EPV83.

Enfin, les Parcs naturels régionaux, à travers la Marque Parc, valorisent aussi la découverte économique. En 2011, environ 500 producteurs ou entreprises en bénéficiaient.

Comme dans l’agritourisme, de nombreuses entreprises non qualifiées à travers les démarches

nationales vont intégrer des initiatives régionales, départementales ou locales portées par les institutions ou non, par exemple sous la forme de routes des savoir-faire. Ces dernières années, comme les routes touristiques, vont connaître une évolution significative. Auparavant, les acteurs étaient reliés physiquement par un itinéraire jalonné et identifiés par des marqueurs

invitant les visiteurs à s’arrêter et à découvrir les activités proposées. Avec l’essor du e

-tourisme et du m-tourisme, l’itinéraire devient moins fondamental. Les acteurs touristiques

constituent des points d’intérêt (des POI) géo référencés que les visiteurs vont choisir en

fonction d’une thématique, d’un mode de déplacement, d’une durée, d’une proximité… En 2010, l’Association de la Visite d’Entreprise (ADEVE) a réalisé un recensement des

entreprises ouvertes au public que l’on peut découvrir depuis décembre 2012 sur le portail

www.entrepriseetdecouverte.fr, dans lequel plus de 5.000 entreprises y figurent. Une

recherche avancée permet d’identifier les entreprises selon des critères de localisation, de secteurs d’activités, de visites en langues étrangères ou encore de labels. A noter que ces

derniers ne recensent pas spécifiquement les démarches Accueil Paysan ou Marque Parc84.

83

Source : http://www.patrimoine-vivant.com/search_advanced. (recherche effectuée en juillet 2011).

I-II-II-5 : Enseignements

Les pratiques des touristes montrent les spécificités de ce secteur en sollicitant de très nombreuses autres activités économiques, liées notamment à la consommation de services qui relèvent principalement du secteur privé. Ces activités sont situées au sein de destinations touristiques, que les organismes territoriaux vont chercher à différencier, développer,

aménager et promouvoir, en tenant compte de leurs limites d’intervention.

En 2006, le Code du tourisme introduit les acteurs liés à l’organisation institutionnelle du

tourisme, au financement du tourisme à vocation social, à l’aménagement et la réglementation

des espaces à vocation touristique (littoral, montagne, espace rural et naturel)… Cette

reconnaissance illustre que le tourisme s’inscrit dans des logiques territoriales globales devant

respecter notamment les règles liées à l’aménagement, l’urbanisme et à la gestion et à la

protection des espaces naturels. Le Code du tourisme rappelle aussi que le tourisme peut être

la compétence de toutes les échelles territoriales : de l’Etat à la commune en passant la

Région, le Département ou les regroupements de communes (à fiscalité propre ou non).

En revenant sur les pratiques des touristes, nous observons qu’elles peuvent concerner la

culture, les sports, les loisirs et bien entendu les transports « carbonés » et doux. Autant

d’activités qui vont être proposées par une grande diversité d’acteurs relevant des secteurs

marchands et non marchands. Certains secteurs vont ainsi s’organiser pour introduire dans

leurs activités principales une « dose de tourisme » (dose qui parfois devient si forte qu’elle

provoque une réorientation de l’activité principale).

A noter que certaines pratiques touristiques relèvent de « l’invisible », de l’informel, comme

tout ce qui a trait au repos par exemple, mais aussi aux activités (légales ou illégales) non déclarées. Ces dernières peuvent concerner autant les activités dites caractéristiques du tourisme (hébergement, restauration) que les activités partiellement touristiques (transports,

ventes directes, services…). Capter la diversité des acteurs peut signifier aussi de prendre en

compte l’informel, en allant au-delà des analyses classiques.

Toutes ces activités vont avoir des conséquences sur les rapports entre habitants et touristes.

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[P

REMIERE PARTIE

-C

HAPITRE

2]

S

OUS

-

CHAPITRE

3

Q

UELS SONT LES LIENS

ENTRE LES HABITANTS ET LE TOURISME

?

Je ne peux pas m’empêcher de penser que les gens sont beaucoup moins différents entre eux qu’ils ne le croient en général. Qu’il y a trop de complications dans la société, trop

de distinctions, de catégories. (Houellebeck, Michel)85.

Faut-il rassurer l’auteur ou au contraire lui avouer que la société produit de la complexité et

que le tourisme y contribue ? Pour apporter un élément de réponse, nous allons approcher ce

qui est l’essence du tourisme, c’est-à-dire la rencontre de l’autre pendant un instant court sur

un territoire qui n’est pas neutre en tant que «construit d’acteurs… dédié à des fins qui relèvent du sentiment d’appartenance… ou de la nécessaire solution à des problèmes communs » (Mao, P., 2007).

I-II-III-1 Les habitants et le rapport au tourisme