ET LA DIVERSITE DES ACTEURS « VUS PAR LE HAUT »
A PARTIR DES PRATIQUES DES TOURISTES ET DES HABITANTS
B) Quelques grandes tendances liées au tourisme
Le « volume » de touristes est en croissance avec le développement :
- de nouveaux marchés émetteurs,
- une proportion plus importante de seniors (recherchant la santé, la sécurité, le confort,
les activités douces de loisirs) et d’urbains (recherchant des offres « authentiques »,
conviviales, de « bien-être et de ressourcement),
- …
En termes de séjours, on enregistre ces dernières années en France notamment :
- une durée des séjours qui a tendance à diminuer mais un nombre de séjours qui
augmente (fragmentation des séjours, développement des courts séjours)50,
- une forte saisonnalité des séjours (plus marquée sur le littoral et en haute montagne)
mais un développement du hors saison (qui profite aux villes),
- une attraction des stations littorales et de haute montagne51 qui reste prédominante
mais un développement d’autres types d’espaces (destinations urbaines, parcs
d’attractions52…),
50 Le CNT (2008) envisage que « la pratique des courts séjours à répétition devrait se poursuivre et s’amplifier
dans des couches moyennes de la population… Bien qu’écourtées, l’efficacité des vacances sera plus nécessaire… Les offres de proximité, à moins de deux heures d’une grande ville, devraient prospérer si elles
- un développement du haut de gamme mais aussi des vacances à « bas coût »53,
- …
En termes de pratiques, le touriste est de plus en plus :
- « connecté » pour s’informer, comparer et acheter directement via Internet, les réseaux
sociaux et le Smartphone (consommation plus autonome et plus individualiste),
- à la recherche du meilleur rapport qualité/prix et des « bonnes affaires » de dernière
minute (consommation d’opportunisme)54
,
- « caméléon » variant différents types de séjours sur une année (changement de
comportement en fonction du séjour),
- …
Nous verrons plus loin que sa perception et ses attentes vis-à-vis du développement et du tourisme durables évoluent.
I-II-I-3- Le touriste selon diverses approches
A) Le touriste selon l’approche marketing
L’objet du marketing est d’analyser le marché et d’attirer et/ou de le fidéliser les clientèles cibles… de les faire consommer. Les études marketing font ressortir des caractéristiques qui vont permettre de définir des typologies. On retrouve alors presque systématiquement une différenciation selon :
- le triptyque études / profession / revenus,
- l’âge,
- l’origine géographique (nationalité, région, urbanité).
51 Près d’un français sur deux «passe ses vacances d’été sur une plage », la France représente 30% du marché mondial « journées-skieurs » (CNT, 2008).
52 La notoriété des principaux parc d’attractions est proche de 100% (enquêtes IPSOS, 2012, GFK-GOT, 2011).
L’augmentation des fréquentations est régulière, à quelques exceptions près, ces cinq dernières années
(Mémento du tourisme, 2012). En 2011, plus de 9 français sur 10 sont allés dans un parc d’attractions. 72% pensaient y retourner dans l’année (GFK-GOT, 2011).
53
Le CNT (2008), notait « Les années passées, et surtout celles à venir, vont être le témoin d’un développement
sans précédent des consommations haut de gamme, stimulées par l’écart croissant entre les hautes et les basses
rémunérations… ». Plus loin, il est noté aussi :« les années à venir pourraient voir se démultiplier des formules à bas coûts (low cost) sur un nombre élargi de produits…) et ce notamment pour répondre à une clientèle « moyenne » qui cherche à voyager plus à budget constant.
54 De nombreux auteurs et consultants parlent de « consom’acteurs » qui seraient plus avertis et plus exigeants et
Selon l’étude Tourisme et développement durable (Atout France, 2011), la segmentation des
clientèles d’après «l’importance de la dimension durable dans l’acte de consommation » et « le lien avec l’éco-consommation au quotidien » permet de distinguer deux grands groupes :
- « les attentistes » qui ne tiennent pas ou peu compte du tourisme durable,
- « les sensibilisés » qui, soit considèrent le tourisme durable comme « un plus », soit
comme étant important dans leur choix de vacances.
Le premier groupe est composé de personnes caractérisées par un triptyque études / profession / revenus inférieur à la moyenne et un âge supérieur à la moyenne. Les plus sensibles au tourisme durable (le sous-groupe des « Ethic Yuppies »), quant à eux, seraient des personnes ayant un bon niveau de formation, des professions de catégories supérieures,
des revenus aisés, plutôt jeunes et habitants dans les grandes villes (notamment à l’étranger). Le problème, lorsqu’on analyse les études marketing, est que les cibles prioritaires des
destinations sont toujours les mêmes et que c’est bien le niveau de revenu qui est le plus
déterminant. Ainsi, les destinations qui se basent sur ces études pour se positionner ou non sur le tourisme durable, entrent en concurrence frontale les unes contre les autres.
Dans une autre enquête, une typologie différente est proposée avec 5 profils types de voyageurs définis selon « leur intérêt et leurs pratiques en matière de tourisme responsable ». La première famille, regroupant 40% des répondants, serait composée des « partisans » caractérisés par un profil sociodémographique. Une autre famille, « les individualistes », serait au contraire peu attirée par le tourisme responsable. Elle serait composée des « gros
voyageurs » et donc ne serait pas caractérisée par un niveau faible d’études / profession /
rémunération ; bien au contraire (TNS Sofres, 2010a).
Dans l’étude menée par François-Lecompte et Prim-Allaz (2009), six groupes d’individus
sont identifiés au regard de leurs pratiques :
- les « néodurables » ont un budget vacances limité en privilégiant le logement non
marchand et en recherchant les rencontres. Ils sont « sensibles aux ressources économiques et socioculturelles des populations visitées et sont prêts à pratiquer un tourisme de proximité »,
- les « campeurs » ont aussi un budget limité, ils hébergent de préférence dans un camping en France et cherchent avant tout à se reposer et à pratiquer des activités de loisirs. Ils sont peu sensibles aux rencontres et au tourisme durable en général,
- les « séjours clubs » recherchent avant tout le plaisir en partant en voyages souvent
organisés. Ils recherchent le confort, la détente et le dépaysement et « se soucient peu du patrimoine socioculturel et naturel du lieu visité »,
- les « institutionnels cultureux » sont eux au contraire soucieux du patrimoine
socioculturel et naturel du lieu visité. Ils aiment les voyages organisés avec des prestations plutôt haut de gamme, le confort étant pour eux primordial,
- les « touristes d’aventure » sont très sensibles au tourisme durable mais « le pratique
sur des destinations lointaines » sur de longues périodes. Ils recherchent plus les rencontres que le confort.
Dans cette classification, deux groupes ayant des pratiques de tourisme durable (les
néodurables » et les « touristes d’aventure » ne sont pas caractérisés par un niveau
socio-économique, contrairement aux « institutionnels cultureux ».
Comme le souligne Dimanche (2010), les analyses marketing reposent trop souvent sur des méthodes classiques quantitatives. Il invite à développer les recherches qualitatives plus à même de prendre en compte les nouveaux comportements des touristes liés « aux évolutions technologiques de la fin du XXe siècle », à la mondialisation, à la prise en compte du développement durable.