ET LA DIVERSITE DES ACTEURS « VUS PAR LE HAUT »
A TRAVERS LES ACTIVITES PRODUCTIVES
C) Les démarches nationales
Plusieurs démarches sont portées par l’Etat dans un objectif de développer certaines filières.
C’est le cas notamment pour le Ministère en charge du tourisme avec le classement Villes et Villages Fleuris, l’appellation les Villages Étape101 ou plus récemment le label Destination
pour Tous102 (les 6 sites pilotes ont été retenus en septembre 2010). D’autres démarches ayant une signification pour le tourisme sont portées conjointement avec d’autres ministères :
- Villes et Pays d’Art et d’Histoire103
(Ministère de la Culture),
- les Sites Remarquables du Goût104 (Ministères de l’Agriculture, de la Culture et de
l’Environnement »),
- la marque Vignobles et Découvertes105 (Ministère de l’Agriculture) créé en 2009 (les
10 premiers sites ont été désignés en octobre 2010).
101
Cette appellation concerne des communes ayant une population inférieure à 5.000 habitants et situées à moins de cinq kilomètres de l’autoroute ou de la route nationale à caractéristiques autoroutières. En juillet 2012,
27 communes bénéficiaient de cette appellation. Ces dernières doivent offrir un certains nombres de services aux usagers du réseau routier ou autoroutier et proposer un programme de valorisation des ses patrimoines.
102
Ce label concerne « des territoires à vocation touristique garantissant des prestations touristiques (hébergement, restauration, activités culturelles, sportives et de plein air) et des services de proximité accessibles (commerces, services ouverts au public, services de soin, etc.) ».
103
Ce label, créé en 1985, a pour objectif de valoriser et d’animer les patrimoines et l’architecture et de
sensibiliser les publics. En juillet 2012, il y avait 153 territoires labellisés.
104
Ce label repose sur 3 critères : un produit alimentaire emblématique du territoire, un patrimoine exceptionnel sur le plan environnemental et architectural et un accueil du public. En juillet 2012, 31 sites étaient labellisés.
105
Bien que récente, cette marque ne prend en compte que très partiellement le développement durable. Les enjeux affichés sont doubles : développer l’efficacité touristique de ces destinations viticoles par une meilleure
mise en valeur de leurs richesses et mise en réseau de leurs acteurs, développer globalement l’image, la notoriété
Le classement Villes et Villages Fleuris est ancien (le premier concours
date de 1959). Les critères d’attribution ont été revisités récemment afin de
tenir compte des préoccupations environnementales. Trois séries de critères sont proposées : patrimoine paysager et végétal, animation et valorisation touristique, développement durable et cadre de vie. Cette dernière série, qui compte environ pour 30% de la note, ne concerne que la dimension environnementale. En 2011, 4.031 communes étaient classées (avec des distinctions allant de 1 à 4 fleurs) sur près de 11.000 candidates. Dans une enquête commanditée par le CNVVF, Villes et Villages Fleuris apparait comme le label
communal le plus connu des Français tant en réponses spontanées (67%) qu’en réponses
assistées (99%), loin devant les autres qui ne dépassent pas les 10% en réponses spontanées pour les plus connues : Pavillon Bleu et Plus Beaux Villages de France - qui obtiennent plus
de 60% en réponses assistées – (IPSOS, 2011).
Certaines collectivités concernées par le tourisme se regroupent au sein d’organisations
spécifiques qui portent des stratégies collectives basées souvent sur la création de marques ou
de labels territoriaux. Certains concernent les associations de maires106 des communes
touristiques107 :
- l’Association Nationale des Maires des Stations Classées et des Communes
Touristiques, qui comprend près de 1.100 membres, cogère le Label Famille Plus108, - l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne, qui regroupe plus de
120 communes, cogère le Label Famille Plus et est à l’initiative de la Charte des
stations de montagne en faveur du développement durable.
106A noter que l’Association des Maires de France, qui revendique plus de 34.000 mairies et de 1.400 présidents d’EPCI adhérents, aborde assez peu les questions liées au tourisme. Sur son site Internet, le tourisme est absent des 11 grandes thématiques parmi lesquelles une est dédiée à « environnement et développement durable ».
Source : http://www.amf.asso.fr/dossiers/index.asp?MENU=4 (consulté le 7/07/2012).
107
D’après le Code du tourisme, et la circulaire du 3 décembre 2009, une commune touristique est « une
commune qui met en œuvre une politique locale du tourisme et offrant une capacité d’hébergement d’une
population non résidente ». Elle doit disposer d’un office de tourisme classé, d’une capacité d’hébergement
touristique et organiser des animations touristiques. La station touristique est « une commune touristique ayant
structuré une offre touristique d’excellence susceptible d’être reconnue et valorisée par le classement ». Source
Gazette Officielle du Tourisme, n°2048 du 3/03/10.
108
Le Label Famille Plus est destiné aux clientèles familiales. Il est devenu le label de référence pour le tourisme familiale, remplaçant et complétant deux anciens labels « Station kid » et « Petits Montagnards ». Les communes labellisées doivent respecter six engagements allant de la qualité de l’accueil à la tarification adaptée en passant par la proposition d’animations et d’activités spécifiques. En juillet 2012, 106 stations et communes
La charte des stations de montagne en faveur du développement durable a été lancée en 2007.
Elle oblige les signataires à établir une stratégie et un programme d’actions en se dotant de
moyens humains (des coordinateurs locaux) et de gouvernance (des comités locaux). Un premier bilan effectué fin 2009, sur les 51 stations adhérentes, montrait que seules 20 stations avaient formé leur
comité local, 6 avaient rédigé leur plan d’actions. Les principaux
obstacles étaient le facteur financier (pour le fonctionnement et
l’investissement) et le manque de « culture durable » des élus, des habitants et des clientèles. Les réussites et les perspectives
concernaient principalement la gouvernance permettant « d’engager
des actions réfléchies et adaptées » (Bruget, L., Vivant, L.M., Sheppard, S., 2010.). En juillet 2012, 48 stations étaient signataires de la charte (très majoritairement dans les Alpes) dont 33 avaient désignées un coordinateur local. Depuis
2010, l’ANMSM propose aux signataires des outils spécifiques comme e-carbone permettant
d’estimer les quantités de Co2 rejetées et de mener une politique de diminution des impacts.
Par ailleurs l’association propose un kit de conduite de projets visant à vérifier la prise en
compte des trois dimensions du développement durable dans la mise en œuvre des actions.
D’autres démarches sont lancées par des élus se regroupant au sein d’associations pour distinguer leurs communes à travers des classements ou des marques :
- les marques Station Verte et Village de neige gérées par la Fédération Française des
Stations Vertes de Vacances et des Villages de Neige (qui cogère aussi le label Famille Plus),
- le classement Les Plus Beaux Villages de France109 géré par l’association du même
nom en bénéficiant du soutien de Michelin,
- le classement Les Plus Beaux Détours de France110 géré par l’association du même
nom en bénéficiant aussi du soutien de Michelin,
- le classement Petites Cités de Caractère111 géré par l’association du même nom (qui
ne concerne que 14 départements métropolitains).
109
Ce classement, créé en 1991, concerne les communes de moins de 2000 habitants respectant une charte de
qualité bâtie sur l’existence d’au moins deux périmètres de protection attachés au patrimoine, une qualité
urbanistique et architecturale, une politique de mise en valeur, d’animation de promotion du patrimoine… En
juillet 2012, 157 villages étaient classés.
110
Ce classement, créé en 1998, concerne les communes de 2000 à 20.000 habitants. La charte de qualité est similaire à celle des Plus Beaux Villages de France. En juillet 2012, 100 villes étaient classées.
111
Ce classement, qui ne concerne que les communes de moins de 6000 habitants, est lié à une charte de qualité basée sur la qualité du patrimoine communale et à la politique de réhabilitation et de mise en valeur. En juillet 2012, 102 communes étaient homologuées.
Ces démarches ne peuvent être considérées comme significatives du tourisme durable même
si elles s’en référent de plus en plus. C’est le cas de Station Verte (dont le concept est né en
1964) dont la charte a été revisitée et ses critères obligatoires revus (20 critères dont celui
d’avoir une population inférieure à 10.000 habitants). L’article II de la charte est consacré à l’environnement et au cadre de vie. En juillet 2012, le réseau comptait 600 destinations labellisées.
Des signes de reconnaissance sont aussi proposés par des organismes privés. Certains sont
liés à des filières particulières comme le label Ville et Métiers d’Art112, d’autres sont connus à
la fois par les destinations et les clientèles touristiques soucieuses de l’environnement. C’est
le cas de la Fondation pour l’Education à l’Environnement (FEE) qui délivre le Pavillon
Bleu113 depuis 1985. Ce dernier est décerné aux communes présentant une
bonne qualité des eaux de baignade (littorales ou continentales) et menant
des actions en faveur de l’environnement. Ce label concerne aussi les
ports de plaisance. En 2011 en France, 120 communes (pour 358 plages)
et 84 ports de plaisance114 ont été récompensés (Gazette Officielle du Tourisme, n° 2114).
Depuis 2007, l’association Mountain Riders édite un éco-guide des stations de montagne afin
d’informer les clientèles des actions menées par les stations en faveur du développement
durable. Cette évaluation se fait à l’aide de 42 éléments de mesure concernant 7 critères : transport, énergie, aménagement, eau, déchets, social, territoire (dans lequel nous retrouvons
la gouvernance). Aujourd’hui, 95 stations françaises (et 34 étrangères) ont répondu au
questionnaire (elles n’étaient que 57 en 2007).
Enfin, une autre distinction (créée en 2007) concerne les stations ; les Perles alpines. Seules deux stations françaises (contre 25 destinations étrangères) sont concernées en proposant une
possibilité d’accéder en transport en commun et une offre structurée d’activités douces sur
place. Au total ce sont 10 points qui sont contrôlés « garantissant des vacances respectant
l’environnement, les diversités culturelles et le climat ».
112 Ce label a été créé en 1992 par les organisations liées aux métiers d’art afin de valoriser les savoir-faire artisanaux et traditionnels. En juillet 2012, 64 communes en bénéficiaient.
113
Cette démarche, aujourd’hui internationale, est présente dans 41 pays. Plus de 3550 plages et ports de plaisance ont été récompensés en 2011.
114
A noter que concernant les ports de plaisance (et de pêche), il existe aussi une démarche intitulée Opération
Ports Propres pouvant aboutir à une certification Gestion Environnementale Portuaire. En juillet 2012, 25 ports
Parfois, les collectivités vont chercher à obtenir plusieurs labels. C’est la cas de Sainte -Suzanne, petite commune de moins de 1000 habitants qui bénéficie de pas moins de six
labels115 : Pays d’Art et d’Histoire, Plus Beaux Villages de France, Petite Cité de Caractère,
Station Verte, Village Fleuri mais aussi Architecture de Terre Remarquable en Europe.116. Le
village est aussi candidat à l’émission Le village préféré des français réalisé par France 2117
Après cet aperçu, nous observons que le tourisme durable n’est que partiellement pris en
compte. Les démarches existantes sont majoritairement centrées sur une ou deux dimensions ;
l’économie et/ou l’environnement. Ces dernières années, l’environnement a pris plus d’importance. La dimension sociale est elle, très peu prise en compte. Quant à la dimension éthique (la gouvernance notamment), elle commence à apparaître même si les exigences
proposées restent encore peu explicites. D’autres initiatives territoriales existent. Les plus
significatives sont sans aucun doute pilotées par les espaces protégés.