• Aucun résultat trouvé

ET LA DIVERSITE DES ACTEURS « VUS PAR LE HAUT »

A TRAVERS LES ACTIVITES PRODUCTIVES

F) Les concours tourisme durable

Quelques organismes publics ou privés, organisent des concours visant à identifier et à récompenser les « bonnes pratiques » en termes de développement durable et parfois spécifiquement liées au tourisme durable.

Depuis 2007, Voyages-sncf.com organise Les Trophées du Tourisme

Hébergement Responsable, Agence de voyage Responsable, Ecomobilité, Information et Sensibilisation Responsable, Destination et Territoires France. Les éditions 2011 et 2012, ouvertes aux votes des internautes, comprenaient 10 catégories : « bons plans », « luxe et

zen », « bol d’air », « urbain », « solidaire », « information », éco-mobilité », « territoires »,

« accessibilité », « voyage humanitaire ». Cette initiative, soutenue par de nombreux partenaires privés et publics (ADEME), prend chaque année une ampleur plus importante. Les quelques 90 lauréats (pour 900 candidatures) depuis la première édition (entre 2007 et

2011) s’en servent fréquemment pour communiquer dessus comme un label ou une marque.

http://voyage-responsable.voyages-sncf.com/trophees/presentation.php (consulté le11/07/2012).

Cette longue énumération des stratégies en faveur du tourisme durable permet de constater que trois logiques dominent :

- Celle des grands groupes privés et des principales organisations professionnelles qui

jouent, comme carte principale, des démarches spécifiques qu’ils maîtrisent en

s’appropriant le concept de durabilité en servant à la croissance de leur activité sans remettre en question leur modèle de développement et sans impliquer de changement significatif au sein de leur fonctionnement et de leurs productions. Les moyens accordés à ces démarches restent limités. Une partie de ces derniers est liée à la

communication afin que « les efforts consentis » servent à l’amélioration de l’image,

- Celle des organisations internationales et nationales qui cherchent à privilégier les

standards à travers des normes et des labels, applicables à toutes les entreprises et sur tous les territoires, plutôt tournés vers le management environnemental,

- Celle des destinations qui développent des marques territoriales, se voulant

identitaires, mais ayant surtout comme objectif de se démarquer dans une logique de concurrence territoriale.

Ces logiques dominantes sont fortement inter reliées avec les politiques d’accompagnement, de communication et de commercialisation mises en œuvre aux différentes échelles

d’intervention, en se justifiant mutuellement.

Dans ce cadre, les entreprises indépendantes sont fortement incitées, parfois contraintes, de participer à ce système afin de bénéficier de certains dispositifs. Néanmoins ce système, plus

proportion d’entreprises indépendantes concernées. Parfois, des entreprises voulant œuvrer en

faveur de la durabilité, vont préférer créer leur propre démarche, avec une intégration territoriale prédominante. Face aux modèles dominants, ces démarches restent très souvent confidentielles.

Les stratégies actuelles se réclamant du tourisme durable ne seraient donc que très partiellement en adéquation avec le concept de durabilité et ne seraient pas en mesure de

s’adresser à la diversité des entreprises (et au plus grand nombre).

I-III-II-3- Quels sont les impacts auprès de la clientèle ?

Les démarches éco-responsables dans le tourisme semblent correspondre aux attentes des consommateurs qui souhaitent pouvoir se fier à « des labels garantissant la qualité et la sincérité des prestations fournies ». 75% des personnes interrogées considèrent « la présence

d’un label comme une garantie pour la démarche de tourisme durable » (Atout France, 2011).

Dans l’enquête TNS Sofres (2010a), 83% répondent que la présence d’un label garantissant

les principes de tourisme durable peut les inciter « à choisir un voyage responsable plutôt

qu’un voyage classique ».

Pourtant, toujours d’après les enquêtes réalisées auprès des consommateurs, la notoriété de

toutes ces démarches reste très limitée. Dans une enquête menée par Atout France (2011), la notoriété spontanée est de moins de 3% (personnes connaissant au moins « un label appliqué

dans le domaine du tourisme en France (hébergement, restauration, activités…) et apportant

des garanties en termes de tourisme durable »). En réponse assistée, les résultats sont toutefois supérieurs (cf. tableau 20). Une des explications peut se trouver dans le très faible nombre

d’entreprises engagées dans ces démarches. Concernant l’hébergement, qui est la filière la

plus concernée, il y aurait moins de 2500 établissements (toutes formes d’hébergement

confondues) qui bénéficieraient d’une reconnaissance éco-responsable (hors marques

Tableau 20 : Les principaux labels et chartes de tourisme durable en France et leur reconnaissance Référentiel (date de création) Nombre d’hébergements

concernés en 2012 (1)

Niveau de connaissance 1 (2) Niveau de connaissance 2 (3)

Ecolabel Européen

(2003)

198189 24 % 26 %

La Clef Verte (1994) 659 (fin 2012) 15 % 13 %

Green Globe 21 (1999) 27 19 % Earthcheck (1987) 68 (fin 2012) Huttopia (2005) 7 Via Natura (2006) 10 Chouette Nature (2004) 49 12 % Ethic Etapes (2005) 50 Gîtes Panda (1993) 280 41 % 19 % Hôtels au Naturel (1998) 23 16% Ecogîtes (2005-06) 289 (fin 2012) Ecogestes (2012) 289 (fin 2012)

Accueil Paysan (1988) 600 (estimation)

Rando Accueil (2001) 232

Clévances environnement (2008)

157 (fin 2012)

(1) Source : sites Internet dédiés. Recherche effectuée en juillet 2012. Atout France, 2013 pour les données fin 2012.

(2) Source : Atout France, 2011. Réponse à la question « Parmi les labels touristiques existant en France et garantissant le respect de l’environnement et le caractère équitable des produits et services, qui suivent, pouvez-vous indiquer, si vous les connaissez, ne serait-ce que de nom ?

(3) Source : TNS Sofres, 2010. Réponse à la question « Connaissez-vous, ne serait-ce que de nom, les labels de tourisme responsable suivants ? ».

Dans la restauration, si les démarches qualifiantes sont peu nombreuses, elles souffrent aussi

du manque de notoriété. Les consommateurs vont alors se tourner vers d’autres outils pour

faire leurs choix en consultant notamment les guides spécialisés qui vont servir de référence :

Guide Rouge Michelin, Guide Gault Millau… pour une cuisine traditionnelle ou

gastronomique, guides du Routard, du Petit Futé… pour un bon rapport qualité/prix.

I-III-II-4- Quel est l’impact de la Marque Qualité Tourisme ?

Le Ministère du Tourisme a créé une marque ombrelle (Qualité Tourisme) regroupant un certain nombre de démarches qualifiantes portées par des organisations professionnelles nationales, mais aussi des démarches pilotées par des régions et, peut être plus surprenant, par

des chaînes intégrées, ces dernières étant même majoritaires (cf. annexe 13).

Qualité Tourisme ne reconnaît aucune démarche spécifiquement liée de près ou de loin au

développement ou au tourisme durable. Par ailleurs, les démarches caractéristiques du tourisme social ou du tourisme rural sont absentes (en dehors de Rando Accueil). Ainsi,

189 Dans un article du 13/12/12 (VeilleInfoTourisme), l’AFNOR annonçait qu’environ 260 hébergements seraient

Qualité Tourisme, qui se veut être la marque de référence du tourisme national, privilégie très

largement une offre standardisée proposée par les plus grands groupes de l’industrie hôtelière.

Quant à sa notoriété, elle reste énigmatique, aucune étude n’ayant été menée pour réellement

évaluer son intérêt et son impact auprès des professionnels ou des clientèles.

D’une manière générale, le consommateur va utiliser directement les médias touristiques, et

de plus en plus Internet, pour trouver ce qu’il recherche, sans forcément s’appuyer sur les

démarches institutionnelles.

I-III-II-5- Les médias touristiques

« Il ne suffit pas qu’un lieu existe, il est nécessaire que le touriste le sache pour accroître la

probabilité qu’il le fréquente » (Napoléone, C. et al., 2009). Cette connaissance est transmise par les médias (nous nous intéressons ici aux médias non dépendants directement des institutions du tourisme) qui vont transmettre une information sensée faire découvrir (ou

comprendre) une destination et ses acteurs en ne retenant que « l’essentiel », donc en

simplifiant la réalité, avec souvent une ambition de ne mettre en avant que « le meilleur ».

Tous les médias s’intéressent au tourisme et le tourisme s’intéresse à tous les médias : « l’information touristique est aujourd’hui semblable à un bien de consommation,

omniprésente et pluricanal » (Seoane, A., 2012). Dans les médias généralistes (télévision, presse, radio, Internet), des émissions, des rubriques, des numéros spéciaux y sont régulièrement consacrés. Cette dynamique semble expliquer la notoriété de la notion de

tourisme durable, dont 60% des français déclaraient en 2009 la connaître (ils n’étaient que

27% en 2007) grâce à la télévision (61%), aux magazines/journaux/presse (46%), la radio

(25%) et Internet (13%)190. Dans tous les types de médias, il existe des sociétés spécialisées :

- télévision : chaîne Voyage..

- magazines : Détours en France, Pays de Provence

- guides touristiques : guides Vert Michelin, Bleus, du Routard, Petit Futé, Lonely

Planet

- guides touristiques spécialisés : guides Rouge Michelin, Gault et Millau, Bottin

Gourmand

- Internet : Tripadvisor

Malgré la multiplication des contenus, il est souvent constaté que « le genre relève d’un

discours universel maximisant le consensus sur les lieux de notoriété » (Napoléone, C. et al., 2009). Nous allons nous centrer sur les deux médias les plus influents : le guide touristique et

Internet. En effet, le guide touristique reste l’objet privilégié des touristes. En 2005, 8,6

millions de guides auraient été vendus en France (Petit, D., 2007). Hachette Tourisme domine largement le marché (avec 40% des ventes) grâce au Guide du Routard, loin devant Michelin (10% du marché), Gallimard, Petit Futé et Lonely Plantet (ce dernier est leader mondial).

Quant à Internet, nous assistons depuis ces dernières années à « l’explosion » du e-tourisme.