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Les démarches spécifiques des espaces protégés

ET LA DIVERSITE DES ACTEURS « VUS PAR LE HAUT »

A TRAVERS LES ACTIVITES PRODUCTIVES

D) Les démarches spécifiques des espaces protégés

La France comprend de très nombreux espaces naturels protégés (cf. annexe 6) avec des

finalités différentes (cf. tableau 11). La plupart d’entre eux sont confrontés à des

problématiques de fréquentations et d’usages touristiques et/ou de loisirs. Certains espaces protégés vont donc s’impliquer fortement en faveur du tourisme durable. Nous allons voir

quelques exemples significatifs qui concernent essentiellement les espaces des catégorie IV et

V du classement de l’UICN.

Les Parcs nationaux ont pour objectif de protéger un patrimoine naturel, culturel et paysager exceptionnel. Ils comprennent une zone

cœur (classée par décret) et une aire d’adhésion composée des

communes « ayant vocation à faire partie du parc national en raison

notamment de leur continuité géographique ou de leur solidarité écologique avec le cœur. »

Cette dernière constitue un territoire d’engagements des acteurs locaux en faveur du développement durable. Chaque parc élabore, en concertation avec les acteurs concernés, une charte de 15 ans approuvée par décret dans laquelle sont inscrits les engagements collectifs.

115

In : Les cahiers du Tourisme, juin-juillet 2012. P. 38-39.

116 Label européen créé dans le cadre du programme Terra Incognita : http://www.culture-terra-incognita.org/

Tableau 11 : Les espaces protégés français selon les catégories des aires protégées de l’UICN

Source : UICN, 2008

Les Parcs naturels régionaux (PNR) naissent de la volonté des collectivités locales de porter un projet collectif sur un territoire cohérent offrant une forte valeur patrimoniale et paysagère et soumis à des menaces. Le projet et le

périmètre doivent être reconnus par l’Etat avant que soit élaborée la charte, pour 12 ans, permettant de fixer les objectifs, la stratégie et les actions à mener. Les PNR ont pour mission de :

- protéger, restaurer et gérer les milieux et richesses naturelles,

- contribuer à l’aménagement du territoire,

- favoriser le développement économique et social,

- promouvoir un accueil de qualité basé sur l’information, l’éducation et la

sensibilisation,

- mener des expérimentations et des actions innovantes en termes de développement

durable.

Parc national de France et Parc naturel régional sont des marques territoriales reconnues par

l’Etat. La France totalisait en 2012, 48 Parcs naturels régionaux et 10 Parcs nationaux. Pour

gérer et développer le tourisme, les parcs naturels peuvent s’engager dans la Charte

Européenne du Tourisme Durable des Espaces Protégés (CETDEP) gérée par EUROPARC

En 2012, 19 espaces protégés étaient engagés dans cette démarche : 15 PNR, 3 parcs nationaux et 1 association de 6 réserves naturelles, 8 autres territoires étaient en cours de

D’autres territoires (concernés par des sites classés au titre de la loi 1930), s’engagent dans des Opérations Grands Sites (OGS) afin d’agir en faveur de

la préservation et la restauration de paysages fragiles et attractifs, de gérer et maîtriser les fréquentations et de promouvoir les valeurs du développement

durable. Cette démarche doit aboutir à l’obtention du label Grand Site de France. Ce dernier

n’est pas soumis à une grille de critères. Il est attribué par le Ministère en charge de l’écologie après l’étude des dossiers de candidatures, élaborés autour de 4 grandes parties : état des

lieux, schéma de gestion (objectifs et programme d’actions), moyens techniques et financiers, moyens d’évaluation et de suivi. Si 37 sites sont membres du réseau, seuls 11 sont labellisés.

Les espaces du Conservatoire du Littoral sont des sites qui

bénéficient d’une protection foncière et d’une gestion partenariale

définie dans des plans de gestion, devant à la fois préserver les milieux et accueillir les publics. Après avoir acquis les sites, le Conservatoire du Littoral délègue la gestion principalement à des collectivités locales. En 2012, le Conservatoire concernait environ 600 sites sur près de 1200 km de rivage.

Il existe 277 réserves naturelles (nationales et régionales) qui ont pour objectifs de protéger et valoriser les milieux naturels exceptionnels et de sensibiliser les acteurs. Ces dernières doivent élaborer des plans de gestion en suivant une méthode définie en 1991. Toutefois, cette dernière a évolué

récemment afin d’accorder plus d’importance à la concertation.

La France est aussi concernée par Natura 2000 (réseau européen de sites écologiques issus des Directives Oiseaux et Habitats) qui représente 1753 sites situés sur près de 9000 communes (+ 207 sites marins). Chaque site fait

l’objet d’un document de gestion qui doit obligatoirement être élaboré en concertation avec

les acteurs concernés « citoyens, élus, agriculteurs, forestiers, chasseurs, pêcheurs, propriétaires terriens, associations, usagers et experts ».

Les Réserves de Biosphère sont « des sites d’apprentissage pour le

développement durable ». Elles sont désignées par les gouvernements

nationaux et reconnues par l’UNESCO dans le cadre de son programme Man

And Biosphere (MAB) pour promouvoir un développement durable basé sur

doivent de concilier conservation de la diversité naturelle et culturelle et développement économique et social. « Elles permettent de tester et développer des approches novatrices de développement durable du niveau local au niveau international » (UNESCO). La France totalisait en juillet 2012, 12 Réserves de Biosphère où les principes de concertation sont au

cœur de la démarche.

L’UNESCO classe aussi le Patrimoine Mondial. En France, 38 sites sont

inscrits sur la liste (dont 35 sur les biens culturels). Ces derniers obéissent à

la Convention du patrimoine mondial qui « vise à l’identification, la

protection, la conservation, la mise en valeur et la transmission aux générations futures du patrimoine culturel et naturel de valeur universelle exceptionnelle ». La

démarche d’inscription et de gestion doit «encourager à assurer la participation d’une large

variété d’acteurs concernés, y compris gestionnaires de sites, autorités locales et régionales,

communautés locales, organisations non gouvernementales (ONG), autres parties prenantes et partenaires intéressés » (UNESCO).

Les Espaces Naturels Sensibles (ENS) sont de compétence départementale. En 2008, 74

départements avaient acquis 3050 sites (UICN). L’objectif est de maîtriser le foncier à la fois

pour préserver l’environnement naturel mais égalementpour assurer l’accueil des publics et

ce, dans le cadre d’un gestion concertée. Majoritairement, cette gestion est déléguée à un

partenaire118.

Dans toutes ces démarches, le tourisme est pris en compte afin de le maîtriser, le gérer et ce,

pour préserver le patrimoine naturel (au sens large). L’objectif de développement est souvent

exprimé, sans être toujours prégnant. Parfois, le fait d’intégrer ces démarches (notamment

pour le patrimoine mondial de l’UNESCO), engendre des effets pervers avec une augmentation significative de la fréquentation des touristes et des excursionnistes, rendant alors plus difficile la gestion des flux et la préservation des ressources. Nous observons une

autre constante dans ces démarches : la volonté de mettre en œuvre une gouvernance

spécifique mobilisant les acteurs concernés.

118

De nombreux sites classés ENS ou Natura 2000 sont animés et/ou gérés par les Conservatoires d’espaces naturels qui existent dans 21 régions et 8 départements et qui gèrent au total 2374 sites dont 63% ne bénéficient