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Les acteurs liés aux transports touristiques

ET LA DIVERSITE DES ACTEURS « VUS PAR LE HAUT »

A PARTIR DES PRATIQUES DES TOURISTES ET DES HABITANTS

A) Les acteurs liés aux transports touristiques

C’est au XIXe siècle que les moyens de transports vont connaître un développement décisif

favorable au tourisme avec la construction des grands réseaux de chemin de fer et l’invention

de l’automobile montée sur des pneumatiques. Cette dernière va s’imposer entre les deux

Guerres. Si en 1920 on ne comptait que 140.000 voitures en Frances, dix ans plus tard on en

dénombrait 1.200.000 (Signaux, G., 1965). Aujourd’hui, la France compterait environ 38

millions de véhicules.

Quelle que soit la destination, les touristes français se déplacent principalement en voiture, en avion ou en train. La voiture va être prédominante pour les séjours en France (surtout pour les

destinations rurales et de montagne), l’avion pour les séjours à l’étranger (cf. tableau 6).

77 Dans l’étude du GESTE (2007), les commerces alimentaires et les autres commerces ne sont pas considérés

Tableau 6 : Les modes de transports des français lors de leurs voyages personnels et professionnels en 2008

Voyages à l’étranger (%) Voyages en France

Voiture 26,9 78,6

Train 8,7 15,7

Avion 54,7 2,1

Autres 9,7 3,6

Source : CNT, 2010

Dans les autres modes de transports (CNT, 2010), certaines filières sont spécialisées dans le tourisme comme :

- le tourisme fluvial qui représentait 145 entreprises en 2003 pour un chiffre d’affaires

de 208 millions d’euros,

- les croisières,

- les autocars de tourisme qui pesaient en 2005 un chiffre d’affaires dépassant le

milliard d’euros, réalisé par plus de 1.200 entreprises embauchant environ 17.000 salariés (un mode de transport très important pour les clientèles de groupes).

A cela, il convient de rajouter des modes individuels :

- les camping-cars (représentant 0,9% des modes de transports des français),

- les bateaux de plaisance qui génèrent un chiffre d’affaires de 162 millions d’euros

dans les ports de plaisance et qui emploient 2.500 personnes.

Les déplacements doux (à pied, à vélo, à cheval…) restent très marginaux pour se rendre au

sein de la destination. En revanche, ces modes vont être parfois prépondérants pendant le séjour.

Des réflexions sont menées à plusieurs niveaux pour évaluer les conséquences d’une

« économie décarbonée » qui devrait impacter le secteur des transports et par conséquent, celui du tourisme.

B) L’agritourisme

L’agritourisme peut être défini comme une prestation touristique en lien avec l’exploitation. Dans les enquêtes sur les systèmes d’exploitation agricole menée par l’AGRESTE, les activités liées au tourisme sont l’hébergement, la restauration et les autres activités lucratives.

Dans ces dernières, sont comptabilisées la vente directe au consommateur de produits

agricoles, la transformation de produits agricoles pour la vente, les activités d’artisanats les

pour la vente. Parmi ces activités, la vente directe et les travaux effectués hors de

l’exploitation sont souvent liés au tourisme78 .

Entre 2000 et 2007, le nombre d’exploitation ayant une activité agritouristique a diminué de

près de 11% mais la part de l’agritourisme devient de plus en plus importante passant de 2,8%

à 3,1%. L’activité la plus importante reste l’hébergement (concernant 2,14% des exploitations agricoles). La vente directe suit la même logique. Elle concernait en 2007 un peu plus de 16% des exploitations agricoles (cf. tableau 7) Ces chiffres ne doivent pas masquer le poids variable que peuvent jouer les activités touristiques au sein des exploitations. Ces activités peuvent être occasionnelles, annexes ou principales.

Tableau 7 : Les exploitations agricoles ayant une activité agritouristique entre 2000 et 2007 Nb expl.. 2000 (1) % Nb expl. 2007 (2) % Evol. 2000-2007 % Nombre d’exploitation 663.807 527.351 -136.456 -20,56

Vente directe au consommateur de produits agricoles 101.988 15,36 85.114 16,14 -16.874 -16,55

Activités d’artisanat 736 0,11 1.372 0,26 636 86,41

Activités liées au tourisme 18.543 2,79 16.540 3,14 -2003 -10-80

Dont restauration 2.973 0,45 2.827 0,54 -146 -4,91

Dont hébergement 12.795 1,93 11.272 2,14 -1521 -11,89

Dont autres activités lucratives 5.428 0,82 5.582 1,06 154 2,84

Travaux effectués à façon hors de l'exploitation 24.006 4,55

(1) Source : RGA 2000

(2) Source : Enquête sur les systèmes d’exploitation agricole 2007

L’agritourisme, bien que significatif sur certains territoires79, est surtout le fait d’acteurs

individuels qui sont eux-mêmes très différents : « Aucun type n'est dominant ; les profils sont disparates selon les territoires. Ce sont des agriculteurs traditionnels (pour l'hébergement), des militants (pour les fermes de découverte) ou des néo-ruraux aux pratiques individuelles (pour

les ventes directes) » (Marcelpoil E., Perret J., 2001). Selon cette analyse, le type d’activités

agritouristiques proposées serait différenciant. Pour compléter la typologie proposée, les

auteurs proposent quatre grandes motivations80 qui orientent le projet agritouristique :

78

« Les pratiques dites de vente directe sont très généralement perçues comme des pratiques touristiques, et ce pour diverses raisons :

1. il y a souvent visite de l’exploitation ou tout au moins de l’atelier de transformation,

2. les ventes sont largement organisées pour les touristes, que ce soit à la ferme, ou sur les marchés ; le chiffre

d’affaires des mois d’été est essentiel,

3. les ventes de produits du terroir, sous les formes diverses (marchés, portes ouvertes), sont organisées pour les

touristes comme promotion de la qualité, de l’authenticité du terroir,

4. la démarche des agriculteurs est, pour beaucoup, délibérément touristique ». (Marcelpoil, E., Perret, J., 2001).

Toutefois, pour l’AGRESTE il n’y a pas de distinction entre les ventes directes proposées aux touristes et celles

proposées aux industriels ou sur les marchés urbains (ou dans le cadre des AMAP).

79

Les situations sont contrastées selon les typologies des territoires ruraux (Marcelpoil, E., Perret, J., 2001).

80Cette typologie s’approche de celle proposée par Nathalie Dizez (1996), à savoir la logique patrimoniale, la logique entrepreneuriale et la logique de complément de revenu.

- culturelle : l’agriculteur (le plus souvent « militant ») veut faire connaître son métier, ses savoir-faire originaux à travers les techniques mobilisées et les valeurs qui

l’animent,

- patrimoniale : l’agriculteur recherche surtout à sauvegarder son patrimoine

immobilier,

- entrepreneuriale : les activités agricoles et touristiques sont indissociables,

- commerciale : l’activité touristique représente une opportunité commerciale.

Les démarches individuelles qui sont majoritaires, n’empêchent pas les exploitants agricoles d'adhérer à des réseaux spécialisés dans le tourisme rural par opportunités économiques (subventions, promotion, commercialisation). Ils adhèrent de préférence (et de plus en plus) aux trois réseaux dominants : Gîtes de France, Bienvenue à la Ferme, Accueil Paysan.

Tableau 8 : Les produits agritouristiques labellisés en France entre 2000 et 2011

Produits 2000 (1) 2011 (2) Evol.

2000-2011 %

Accueil Paysan

Points d'accueil 333 700 367 110,21

Bienvenue à la Ferme

Camping en ferme d’accueil 553 390 -163 -29,48

Fermes de séjour 254 75 -179 -70,47 Fermes auberges 609 365 -244 -40,07 Goûter à la ferme 202 148 -54 -26,73 Fermes de découverte 295 577 282 95,59 Fermes pédagogiques 144 771 627 435,42 Fermes équestres 204 225 21 10,29 Chasse à la ferme 8 10 2 25,00

Vente de produits fermiers 1 542 3 592 2 050 132,94

Sous-total 3 811 6 153 2 342 61,45 Gîtes de France Gîtes 42 253 44 620 2 367 5,60 Chambres d’hôtes 8 334 10 453 2 119 25,43 Gîtes de groupes 1 613 1 572 -41 -2,54 Gîtes d’enfants 306 156 -150 -49,02 Campings 854 487 -367 -42,97 Chalets loisirs 472 810 338 71,61 Sous-total 53 832 58 098 4 266 7,92 TOTAL 57 976 64 951 6 975 12,03

(1) Source : Marcelpoil, E., Perret, J., 2001

(2) Source : sites Internet des réseaux Bienvenue à la Ferme et Accueil Paysan, FNGdF, 2010

Les trois réseaux nationaux concernant le tourisme en espace rural représentent près de 65.000 produits, dont plus de 58.000 labellisés Gîtes de France (cf. tableau 8). Cela ne

- contrairement aux deux autres réseaux, les exploitants des Gîtes de France ne sont pas

majoritairement agriculteurs (seuls 16% des 39.980 adhérents soit environ 6.40081)

auxquels s’ajoutent environ 5.800 adhérents à Bienvenue à la Ferme et plus de 300 à

Accueil Paysan,

- de nombreux exploitants proposent plusieurs produits,

- certains exploitants peuvent être adhérents à deux réseaux (Gîtes de France et

Bienvenue à la Ferme essentiellement).

Néanmoins, il est raisonnable de penser qu’une part significative des exploitants agricoles

proposant une activité agritouristique a intégré un des trois réseaux nationaux auxquels nous

pouvons aussi rajouter Clévacances (qui compte environ 6.000 chambres d’hôtes et 25.000

gîtes), de plus en plus présent dans les destinations rurales et de montagne..

Les produits les plus importants sont les gîtes ruraux, les chambres d’hôtes et les ventes

directes qui ont fortement progressé ces dernières années. A l’inverse, les produits à faible

valeur ajoutée (produits pédagogiques et campings à la ferme) connaissent un net recul.

Si l’adhésion à des réseaux nationaux comportent certains avantages, elle entraîne aussi une standardisation de l’offre (Marcelpoil, E, Perret, J., 2001), chaque produit devant répondre à

des critères dit « de qualité » qui sont les mêmes partout en France. A cela s’ajoutent souvent

certains critères d’éligibilité pour l’obtention notamment de subventions. Il est fréquent

qu’une des conditions soit liée à la gamme de la prestation qui doit « tirer vers le haut » le

parc d’hébergement. Pour les Gîtes de France, viser au minimum un classement trois épis est

fréquemment imposé. Entre 2008 et 2009, le nombre de gîtes ruraux en France classés 3 et 4 épis ont progressé respectivement de +4,8% et +19,4% alors que ceux classés 1 et 2 épis ont régressé respectivement de -11,2% et -1,3% (FNGdF, 2010). Sur ce point, le réseau Accueil

Paysan se distingue en ne proposant pas de classement.

Cette standardisation de l’offre, qui gommerait l’identité et l’authenticité du territoire, pousse

certaines collectivités ou EPCI à élaborer leurs propres référentiels territoriaux. C’est

notamment le cas des Parcs naturels régionaux à travers la marque Accueil du Parc.

81 Environ le tiers des Gîtes d’enfants et des campings à la ferme est proposé par des agriculteurs (FNGdF,

Il convient de revenir sur la notion de vente directe qui est très recherchée dans certaines filières notamment dans la viticulture. Pratiquement toutes les grandes organisations

professionnelles de cette filière vont s’organiser pour la favoriser, à travers notamment les

routes des vins. D’autres filières vont mener des actions similaires (productions fromagères

par exemple). Enfin, la vente directe c’est aussi la vente sur les marchés. Les organisations

professionnelles agricoles vont chercher à se démarquer en proposant des marchés spécifiques où les producteurs puissent vendre leurs produits directement aux consommateurs et notamment aux touristes. Les marchés des producteurs de pays, marque liée au réseau des

chambres d’agriculture, présents dans 25 départements, est l’organisation la plus significative

en la matière. Localement, il existe aussi des initiatives qui restent très hétérogènes et auxquelles il ne faut pas toujours se fier : marchés paysans, marchés du terroir, marchés de

producteurs, marchés fermier