• Aucun résultat trouvé

ET LA DIVERSITE DES ACTEURS « VUS PAR LE HAUT »

A TRAVERS LES ACTIVITES PRODUCTIVES

D) Les impacts en termes d’emplois

Le tourisme génère de nombreux emplois au bénéfice principalement de la population locale. Certains emplois engendrent des flux de salariés vers les grandes destinations touristiques à

certaines périodes (stations littorales en été et de sports d’hiver en hiver).

D-a) Les emplois directs et indirects

Selon l’OMT (2011), le tourisme représente en France un total de plus de 2,6 millions

d’emplois (soit environ 10,2 % des emplois totaux) dont près d’un million en emplois

indirects, ces derniers représentant près de 38% des emplois touristiques. Ces emplois concernent majoritairement les jeunes et les femmes. Les emplois directs sont fortement marqués par le temps partiel.

Les emplois directs se retrouvent majoritairement dans la restauration (près de 355.000 postes

EQTP), l’hébergement (plus de 170.000 postes EQTP) et les agences de voyages (33.000

postes EQTP). Les emplois indirects concernent principalement les secteurs de l’éducation et

la formation, de l’agroalimentaire, de la construction, l’énergie, des technologies de

l’information et de la communication…

D-b) Les saisonniers

Selon la réglementation Européenne, un emploi saisonnier dépend du rythme des saisons et se répète automatiquement chaque année. Le Ministère du travail ou les organisations professionnelles ne sont pas plus précis (ANEM, 2006). Cette définition recouvre des situations très différentes. Selon Le Pors (1999), il y aurait plusieurs catégories à prendre en compte pour bien cerner la problématique des saisonniers :

- les pluriactifs locaux (ou installés) qui représenteraient 20% de la population présents

dans le guidage, la restauration, le commerce,

- les saisonniers professionnels, souvent pluriactifs, qui représenteraient aussi 20% de la

population et qui seraient présents surtout dans l’agriculture, la restauration, le

commerce, les métiers du sport,

- les saisonniers précaires (jeunes à la recherche d’un premier emploi et étudiants

souhaitant travailler pendant leurs vacances). Ils concernent tous les métiers souvent

peu qualifiés que l’on trouve principalement dans les stations littorales (été) et de montagne (hiver).

Selon le Ministère du Tourisme, il y aurait entre 400.000 et 420.000 saisonniers dans le

secteur du tourisme dont une grande majorité dans l’hôtellerie, les cafés et la restauration. Si

nous devons reconnaître qu’il est très difficile de dénombrer exactement les saisonniers liés

au tourisme, nous pouvons reconnaître qu’il s’agit d’une problématique souvent fondamentale

au sein des destinations.

D-c) Les caractéristiques globales des emplois touristiques

Une étude menée en 1998 par les fédérations syndicales de travailleurs, coordonnées par le Comité de liaison européen du tourisme sur « quels emplois dans le tourisme ? » faisait

ressortir pour le secteur de l’hôtellerie en France que :

- la moitié des contrats étaient des contrats à durée déterminée,

- les conditions de travail étaient difficiles, aux niveaux des horaires notamment,

- les salaires mensuels moyens étaient bas, moins de 1.000 euros net (Juyaux, C.,1999).

Si ces données ont plus de 10 ans, elles restent malheureusement d’actualité dans un secteur

qui reste marqué par une forte flexibilité, où les emplois occupés par la population locale ou les migrants de proximité sont les moins qualifiés et les plus marqués par la saisonnalité (Reinauld, C., Vandewalle, I., 2010), expliquant en partie les difficultés de recrutement et/ou de fidélisation des salariés dans le secteur.

Alors que les femmes sont majoritaires dans le secteur, elles seraient beaucoup moins

représentées dans les postes à responsabilité161. Pour lutter « symboliquement » contre cette

161 Quelques sociologues et anthropologues étudient « les impacts du tourisme sur le partage des rôles entre hommes et femmes » montrant que le sexe peut être un critère important dans la prise en compte de la diversité

des acteurs. Cela serait d’autant plus important dans les pays en voie de développement (Leite, N., Graburn, N.,

réalité, une association Femmes de tourisme s’est créée en 2005162 pour « Encourager l’accès

des femmes aux postes traditionnellement occupés par des hommes », « Promouvoir le

recrutement des femmes dans les postes à responsabilité et soutenir les objectifs de l’égalité

salariale entre hommes et femmes à poste équivalent », « Informer les étudiantes et les futures

diplômées des perspectives d’avenir et des débouchés des métiers du tourisme ». Depuis 2010, elle organise des trophées pour récompenser les plus belles initiatives concernant les

femmes163.

Globalement, les salariés du tourisme ne sont que peu représentés par les organisations syndicales (moins de 10% dans le secteur tourisme et hôtellerie). Si ces dernières sont prises en compte dans certaines politiques gouvernementales, cela est beaucoup moins vrai dans les politiques locales.

D-d) Les pluriactifs

La pluriactivité se définit comme « l’exercice de plusieurs emplois ou activités

professionnelles assurées de façon successive ou simultanée dans l’année par un seul

individu » (ANEM, 2006). Le pluriactif peut ainsi avoir plusieurs statuts : salarié/salarié, salarié/indépendant, indépendant/indépendant. Le pluriactif peut être installé (sédentaire) ou

non (migrant). Il peut exercer deux métiers différents au sein d’une même structure (on parle de diversification de l’activité principale) ou dans deux structures différentes et ce, de manière simultanée ou successive. Si parfois, les définitions du saisonnier et du pluriactif se rejoignent, il convient de préciser que tous les saisonniers ne sont pas toujours pluriactifs et que les pluriactifs ne sont pas toujours saisonniers.

Il y aurait en France environ 2,3 millions de personnes répondant au critère de pluriactifs dont 1,5 million exerçant une pluriactivité exclusivement salariale et 750.000 cumulant soit un emploi salarié avec une ou plusieurs activités indépendantes, soit plusieurs activités

indépendantes avec 29% d’agriculteurs, 22% de commerçants et artisans, 39% de professions

libérale (ANEM, 2006). Malheureusement, il n’existe pas de données précises sur la

pluriactivité concernant le secteur du tourisme (un actif qui exerce au moins un métier lié au tourisme).

162En 2012, l’association ne comptait 65 membres actifs (In : Les Cahiers du Tourisme, août 2012. P. 50).

I-III-I-5- Enseignements

Le tourisme en France apparait comme un système paradoxal d’acteurs. Il ne semble pas

bénéficier d’importants de moyens spécifiques au regard de ce qu’il représente dans

l’économie nationale. Cette vision partagée par les principaux opérateurs touristiques peut toutefois être nuancée face à la multitude de financements qui intervient en sa faveur.

En France, malgré une répartition des compétences, les différents échelons territoriaux ont tendance à définir leur propre stratégie de développement touristique, entrainant des

redondances préjudiciables à l’efficacité collective, qui favorisent, en outre, la concurrence

entre les collectivités et l’uniformisation de l’offre, sous l’effet des logiques omniprésentes du

marketing de la demande. Dans ce contexte, faut-il s’étonner des analyses du secteur

touristique qui montrent une faible et lente prise en compte du développement durable dans le monde du tourisme ?

Ces concepts sont en fait plus présents dans les orientations des politiques liées à la gestion des espaces naturels protégés (qui dépend au niveau national du Ministère du Développement

Durable, lié à l’environnement). Ils sont aussi plus observés dans les démarches globales qui font référence aux textes fondateurs comme dans les Agendas 21 locaux et les programmes européens en incitant les décideurs à favoriser la participation des acteurs. Dans la réalité, cette participation reste partielle comme nous le verrons plus tard avec une difficulté

d’intégrer certaines catégories : les habitants, les visiteurs, les chercheurs, les salariés qui

eux-mêmes présentent des réalités très différentes.

Cela pose la question de la « culture » des acteurs institutionnels liés au tourisme et de la formation. Le développement durable entre progressivement mais encore timidement, dans les cycles de formation de niveaux supérieurs (1 et 2 selon la classification nationale).

L’appropriation du tourisme et du tourisme durable en particulier par les enseignants chercheurs ouvre de nouvelles perspectives pour les années à venir afin que la « culture touristique » change de manière significative. Cette dernière ne doit pas seulement concerner les acteurs institutionnels mais également les acteurs privés. Nous proposons dans le

sous-chapitre d’analyser le niveau d’appropriation du tourisme durable dans les entreprises

[Retour Sommaire]

[P

REMIERE PARTIE

-C

HAPITRE

3]

S

OUS

-

CHAPITRE

2

LES ENTREPRISES TOURISTIQUES ET LE TOURISME DURABLE

La diversité des entreprises ne peut s’appréhender uniquement à travers leur codification ou

leur poids dans l’économie locale. D’autres critères liés à leur organisation, leur stratégie ou

encore leur niveau d’intégration du concept de durabilité, peuvent être pris en compte.

I-III-II-1- La diversité par l’organisation

L’organisation des entreprises touristiques est dépendante des critères de taille et de gamme. Ces derniers vont influer sur leur représentativité professionnelle au sein du secteur.