• Aucun résultat trouvé

I-I-5- 2005-2006 : Les années charnières

T OURISME DURABLE ET DIVERSITE DES ACTEURS OBSERVES SUR LE TERRAIN

U N ACTEUR DE L ’ INGENIERIE CONFRONTE AU TOURISME DURABLE

II- I-I-5- 2005-2006 : Les années charnières

Plusieurs événements marquent profondément Géo-Système en 2005-2006 :

- le départ de Philippe Béringuier de la société après l’obtention d’un poste de Maître de conférence à l’Université de Toulouse,

- la perte d’un très important contrat de cartographie concernant la réalisation de plans

de villes dans des circonstances « pénibles » qui nous amène à poursuivre l’éditeur en

justice (procédure longue et difficile, l’éditeur étant basé en Suisse, avec au final des

décisions défavorables en première instance et en appel),

- notre première sélection en tant que PAST à l’Université d’Avignon et des Pays de

Vaucluse, impliquant une activité à temps partiel au sein de la société.

- suppression de deux emplois avec licenciements à l’amiable (pour motif économique)

après avoir proposé aux salariés de devenir co-gérants afin de partager les responsabilités220,

- recentrage de l’activité sur l’ingénierie touristique et abandon progressif des activités

jugées non rentables (cartographie et interprétation des paysages)221,

- construction d’une extension dans notre résidence personnelle afin d’y accueillir le

siège de la société en diminuant les charges de fonctionnement et en optimisant le temps (une heure gagnée quotidiennement sur les trajets pendulaires entre Camaret-sur-Aigues et Avignon),

- création d’une nouvelle identité visuelle (logo et charte actuels), d’un nouveau site

Internet (cf. illustration 18) et d’un tableau de bord d’engagement en faveur du

développement durable. Concernant ce dernier point, les objectifs sont triples :

o différencier Géo-Système de la concurrence en misant sur « le marketing

responsable »,

o maîtriser l’activité (et non la développer, ce qui a été difficile à faire

comprendre à l’agence de communication conceptrice du site Internet),

o mettre en application ce qui est systématiquement recommandé aux acteurs

accompagnés, à savoir partir sur des engagements concrets concernant les 4 dimensions du développement durable et adapter à son échelle le système de

reporting 222.

Ce tableau de bord est bâti à partir de 21 indicateurs dont 8 concernant les dimensions socio-économiques, 5 la dimension éthique et 8 la dimension environnementale. Les indicateurs sont renseignés par des éléments de mesure qui sont suivis annuellement ou mensuellement de ce, depuis la création du tableau de bord. Outre la gestion environnementale, ils prend

220

Il nous a été parfois reproché d’avoir licencié les salariés considérant que cela était en contradiction avec le concept de développement durable. A cela nous répondons que la situation économique de Géo-Système

n’offrait guère de choix. La proposition de devenir co-gérant était pour nous la plus compatible avec la durabilité

avec ce que cela a comme conséquences. Passer d’un statut de salarié à celui de Travailleur Non Salarié (TNS)

n’est pas évident. C’est la vision pessimiste qui a dominé chez les anciens salariés : revenus non garantis, perte

des droits aux allocations chômage…

221 Après une période de chômage, les deux anciens salariés ne trouvant pas d’emplois à plein temps

correspondants à leurs attentes, vont décider de créer leurs propres activités : cartographie d’aide à la décision pour le premier, cartographie illustrative et interprétation pour le second… C’est ainsi que Géo-Système s’est engagé auprès d’eux à ne plus se positionner dans ces domaines (avec quelques transferts de dossier en cours), à

les recommander auprès des commanditaires et à faire appel à leurs compétences en sous-traitance…

222 Dans son mémoire de stage, Aurélie Dumas (2006) fait ressortir Géo-Système comme un des premiers

cabinets d’ingénierie à adopter cette démarche, qui au départ n’a pas été forcément « comprise ». Aujourd’hui,

ces engagements constituent une valeur ajoutée et une légitimité devant les commanditaires qui inscrivent dans

aussi beaucoup en compte la gestion du temps afin de pouvoir maîtriser les temps professionnels mais aussi personnels.

Illustration 18 : Page d’accueil du site Internet de GéoSystème

Source : http://www.geosysteme.fr/

En 2006, avec les cabinets Mahoc (alors sous la direction de Luc Deschamps), Alter ID

(cabinet créé cette année-là par Marlène Schmitt après son stage de fin d’études au sein de

Géo-Système) et Ethicalia (cabinet créé en 2005 par Isabelle de Montrichard et Julia

Lignères), nous créons le réseau informel GAME, dont le nom reprend les initiales des 4 cabinets, tout en signifiant union en grec (cf. illustration 19). L’idée est alors d’offrir une

plateforme de 4 cabinets (avec des consultants seniors et des consultants juniors, respectant la parité homme-femme) ayant des savoir-faire communs mais aussi spécifiques, permettant de répondre à des missions importantes, nécessitant la mobilisation de plusieurs consultants.

L’ambition est aussi de prouver que la mise en réseau, tant vantée par tout le monde (mais

Illustration 19 : Présentation du réseau GAME en septembre 2011

Source : réseau GAME, 2011

Cette initiative va s’avérer rapidement très fructueuse sur le plan économique avec l’obtention

de plusieurs études. Le réseau GAME devient une référence dans l’élaboration de stratégies

touristiques durables et plus particulièrement dans la mise en œuvre de la Charte Européenne du Tourisme Durable dans les Espaces Protégés (CETDEP). Les apports de cette mise en

réseau vont bien au-delà de l’aspect économique. Ils se concrétisent par un véritable partage

de savoir-faire, d’informations, de données mais aussi par des débats sur des questions de

prospective et d’innovation et ce, dans un cadre qui dépasse largement le cadre professionnel.

II-I-I-6- 2008-2012 : Le temps de l’application à « d’autres mondes »

En 2008, Géo-Système se positionne sur des missions concernant directement les entreprises

touristiques, voulant mettre à profit ses compétences à leur service. A noter que souvent c’est

la démarche inverse qui est adoptée, en adaptant des démarches « du monde de l’entreprise »

au « monde des territoires ». C’est le cas notamment des démarches marketing, des plans

qualité ou encore des labellisations. La première expérience significative est liée à une

formation-action proposée par l’Association Gîtes de France-Tourisme Vert du Gard. La

dernière est relative à la mise en œuvre du volet 2 de la CETDEP dans les 5 PNR de la région

Provence-Alpes-Côte-d’Azur223

. Autant d’expériences détaillées dans le chapitre suivant.

A partir de l’histoire de Géo-Système (en cours d’écriture), nous cherchons à démontrer que la

mise en œuvre un tourisme durable nécessite « un partenariat avec l’ensemble des acteurs, l’équilibre des trois sphères économique, sociale et environnementale, le renforcement d’une éthique qui intègre la transparence, l’ouverture à d’autres cultures et aux nouvelles idées, la

prise en compte du court et du long terme… » (Perrin-Bensahel, L., 2010).