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2.2.2.1 La théorie systémique de l’innovation : historique et définition

une industrie ou une économie (2.2.2.3).

2.2.2.1- La théorie systémique de l’innovation : historique et

définition

Avant de définir le système d’innovation et d’analyser ses composantes et ses implications pour l’innovation, il convient de présenter le soubassement théorique de l’approche systémique de l’innovation. L’expression « système d’innovation » a été introduite dans la littérature économique par Lundvall (1985, p.55) pour désigner les interactions entre les firmes et les institutions impliquées dans la production de la connaissance, plus précisément entre les producteurs (recherche fondamentale, universités) et les utilisateurs (recherche appliquée, industrie) de la connaissance.

Ainsi, les fondements théoriques du concept de système d’innovation reposent sur la nouvelle compréhension du processus de l’innovation dans les années 1980 et qui s’inspire dans une grande mesure des avancées des théories de l’apprentissage et des théories évolutionnistes. Contrairement à l’approche néoclassique qui suppose que l’innovation est un processus séquentiel et linéaire (Owen-Smith et al., 2002)à travers

lequel la recherche fondamentale est automatiquement transformée en technologies nouvelles qui sont à leur tour transformées en innovations, la nouvelle théorie de l’innovation avance que le processus de l’innovation est plutôt interactif en ce sens que chaque étape est reliée avec les phases précédentes par des feedbacks (Lundvall, 1985 ; 2002 ; Edquist, 1997).

Partant de l’idée que le changement technologique est un processus évolutionniste (Carlsson et Stankiewicz, 1991 ; Nelson et Rosenberg, 1993), l’approche des systèmes d’innovation apparaît donc compatible avec les théories évolutionnistes. Conjointement aux théories de l’apprentissage interactif, les théories évolutionnistes de l’innovation constituent le fondement théorique des systèmes d’innovation (Niosi et al., 1993; Edquist, 1997; Saviotti, 1997).

Graphique 2.10 Le modèle interactif de l’innovation

De même, l’innovation résulte de la contribution de nombreux acteurs internes et externes à l’organisation (la firme) au sein de laquelle s’accumulent des processus d’apprentissage. Le fait que l’innovation se présente comme un processus cumulé et interactif signifie que la capacité d’innover dépendrait des relations et interactions qui existent entre les individus, les organisations et les institutions (Lundvall, 2002, p.43). En effet, l’innovation est le produit d’une combinaison de compétences diverses intervenant et induisant des rétroactions au niveau des différentes étapes du processus.

L’innovation n’est donc pas une activité isolée étant donné que ses acteurs (en l’occurrence les firmes) sont influencés par leurs clients, fournisseurs, la structure et l’évolution du marché, l’environnement économique et social dans lequel ils opèrent (Kline et Rosenberg, 1986 ; Callon, 1991, Gibbons et al., 1994 ; Lundvall et Borras, 1997 ; Etkowitz et Leydersdorff, 2000 ; Uzunidis, 2004 ; Cowan, 2005 ; Earl et Gault, 2006).

En effet, « la firme n’est pas isolée dans un espace à cloison ou dans une sorte de terra incognita où tout est à faire, tout est à découvrir, tout est à explorer, tout est à explorer, … L’émergence de l’entreprise et son développement (son évolution) sont bien enracinés dans un système d’économies nationales, dont celles d’origine apporte les ingrédients nécessaires à la réalisation de combinaisons de ressources productives lui permettant d’innover » (Uzunidis, 2004, p.116). Dans ce sens, l’innovation est tributaire non seulement des caractéristiques et des capacités d’une firme « innovation seeking » mais également de ses liaisons et interactions avec tout un ensemble d’autres acteurs. C’est le contexte qui les englobe et au sein duquel se déroulent ces interactions qui est appelé « système ».

Le système d’innovation se définit donc comme “the network of institutions in the public and private sectors whose activities and interactions initiate, import, modify and diffuse new technologies” (Freeman, 1995). Il représente donc un ensemble d’organisations qui, à travers leurs ressources et leurs activités, affectent le rythme et la trajectoire du processus de l’innovation (Lundvall, 2002, p.44). Il inclut également les relations et les interactions entre ces organisations dans la mesure où un système se caractérise par sa spécialisation et son cadre institutionnel, mais aussi par ses connections avec son environnement.

Ainsi, un système d’innovation peut être présenté comme un ensemble d’acteurs et d’entités comme les entreprises, d’autres organisations et institutions qui interagissent en vue de la génération, l’utilisation et la diffusion de nouvelles connaissances dans le processus de production (Fischer, 2000, p.200).

La diffusion de la technologie et de la connaissance au sein du système, les capacités d’absorption et d’innovation de la firme dépendent de la qualité du système d’innovation dans lequel elle s’intègre. Il s’agit ainsi d’une relation réciproque en ce

sens que la qualité du système d’innovation est fonction des capacités d’innovation des institutions qui le composent ainsi que de leurs interactions et en même temps, les capacités d’innovation des institutions dépendent de la qualité du système d’innovation dans lequel elles s’inscrivent.

C’est ainsi que le concept de système d’innovation ne désigne pas automatiquement un modèle réussi d’innovation i.e. que les institutions qui le constituent sont naturellement homogènes et cohérentes. En effet, les institutions de production et de consommation de la connaissance sont confrontées à des changements technologiques, réglementaires, économiques, politiques, intérieurs et extérieurs qui influencent l’efficacité de leur fonctionnement et le potentiel et la nature de leurs interactions.

Dans un contexte évolutionniste, l’efficacité d’un système d’innovation peut alors s’affaiblir, voire à en devenir obsolète. Le système japonais en constitue un exemple (Lundvall, 2002). L’innovation est un processus économique et social qui dépend des interactions des acteurs du système non seulement avec leur environnement (politique, réglementaire, économique, etc.) mais aussi les uns avec les autres (Asheim et Isaksen, 2002). Ce sont ces interactions qui influencent positivement ou négativement les conditions de la réalisabilité et de l’évolution de la création, de l’utilisation et de la diffusion de la connaissance et donc des innovations.

Jusqu’au milieu des années 1980, le concept de système d’innovation était inconnu, le développement qu’il a assuré depuis son émergence est phénoménal comme l’indique la multiplication des travaux scientifiques et académiques portant sur ce concept estimés à environ 33.000 références (Lundvall, 2011). La nouveauté relative de l’approche systémique est associée à certaines ambiguïtés conceptuelles (Edquist, 1997) relatives en particulier à la définition des frontières du système d’innovation.

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