• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE II METHOLOGIE

II. 2.1.5.3 Les thèmes émergents

Le thème récurent aux deux entretiens est celui du « politico-économique » c’est-à-dire la situation politique et économique de la France. Et la discussion ne change guère : la politique, c’est « bonnet blanc et blanc bonnet » (Jeannot), je décèle un penchant, non avoué directement, pour le Front National dont le consultant fait allusion à plusieurs reprises notamment à Marine Le Pen. Et pour l’économique, il ne fait que reléguer le discours alarmiste des économistes qui annoncent la mise en place, très prochainement, de mesures drastiques : « Alors il141 a dit ‘bé voilà, il va falloir que les Français fassent un effort’ et voilà et alors on va avoir des impôts et ci, là-bas, bon enfin, je te dis pas bon et ça va sortir là, ça va sortir. Et bé on va faire des efforts quoi. On va foutre des gens sur la paille de plus en plus et puis c’est fini. » (Jeannot). Le thème du « politico-économique » est en lien avec l’actualité

du moment puisque le week-end précédent l’entretien du mardi 19 juin, il y a eu les élections législatives et il est aussi à l’origine d’un autre thème « les étrangers en France ». En effet, le consultant donne son avis sur la politique de la France concernant l’immigration, il a des propos que je qualifierais de virulent, accusant « les étrangers » de profiter du système social français et pressent une issue assez sombre pour la société « On va vers une guerre, civile,

voilà. Entre nous, on se tirera sur…entre nous, on tuera les Arabes, Gitans, ceux qui nous

140

Puisque qu’il a participé à la plupart de mes films sociologiques.

bouffent tout. » (Jeannot) ; confirmant ainsi ce que je pensais, une certaine attirance pour le

Front National. Il précise aussi que dans le village ou il vit depuis toujours, il y a de moins en moins d’habitants originaires du village et de plus en plus de gens qui viennent d’ailleurs, voire de l’étranger comme les Anglais, ce qu’il regrette. Ce que mettra aussi en avant l’enregistrement filmé. Le point de vue critique concernant l’immigration est à mettre en lien, selon certains auteurs (Bréchon et Tchernia, 2009), avec une appréhension négative de l’avenir, renvoyant davantage à un prétexte pour laisser transparaître la crainte du futur ainsi qu’un certain pessimisme concernant l’intégration dans la société d’accueil des immigrés (Roux, 2009, p. 312). L’enquête Valeurs de 1999 et 2008 montre que la question de l’immigration reste problématique malgré une certaine tolérance qui se développe (Ibid, p. 310-311).

Deux thèmes, par contre, sont longuement développés dans le deuxième entretien libre mais ne figurent pas dans le premier. C’est tout d’abord celui de l’écologie, plus précisément de la pollution de l’eau par l’Homme. L’Homme a beau être évolué, être l’origine de grands progrès, il n’a rien fait pour protéger l’eau qui est maintenant polluée et quoi qu’il puisse faire, c’est trop tard pour y remédier. Il y a beaucoup d’êtres humains sur la planète et ils consomment trop d’énergie pour qu’il y ait un renversement de la situation même si il y a une prise de conscience :

« (…) ils s’en occupent les écolos, mais c’est trop tard, c’est fini. C’est cuit. Et comment vas- tu faire toi, une ville comme Marseille où c’est que tu vas aller foutre les égouts ! (…) La pollution…ma pauvre, elle y est, il fallait pas faire tous ces trucs avant. Seulement, c’est des problèmes énormes tu comprends, comment veux-tu toi des villes entières qui se sont agrandies, qui a du monde de plus en plus mais comment tu veux faire. » (Jeannot).

Ensuite comme autre thème dans le deuxième entretien libre, il y a la famille et les repas de famille142 ou le consultant parle longuement de ce que je qualifie d’une tradition familiale, la préparation du cochon, avec sa tante, ses cousins et son épouse, c’est-à-dire qu’ils achètent un morceau de cochon qu’ils décortiquent tous ensemble pour en faire de la saucisse, du saucisson, du pâté, « comme ils faisaient à l’époque » (Jeannot). Et le consultant s’adonne à cette activité familiale, tous les ans, en janvier. A travers ce thème, il en profite pour souligner que les jeunes d’aujourd’hui se nourrissent mal contrairement aux anciens, ce qui se retrouve selon lui, au niveau de l’espérance de vie, il est réservé quand à la longévité de la nouvelle génération.

Cependant, pour Guy Michelat (1975), la répétition d’un thème n’a pas de pertinence et n’est pas révélatrice d’une importance particulière pour l’enquêté, au contraire : [Si l’on admet qu’il existe des mécanismes de blocage, de censure au niveau de l’expression individuelle, dus ou non, aux mécanismes de l’inconscient, il est vraisemblable que des éléments d’information importants n’apparaîtront peut-être que de façon fugitive et masquée. On peut même dire, comme dans la théorie de l’information, que plus faible est la probabilité d’occurrence d’un thème, plus grande est la quantité d’information qu’il apporte.] (Michelat,

1975, p. 238). De plus, la fréquence ne peut être utilisée, de manière significative, que pour des entretiens de durée égale ou proche et quel chiffre retenir. Et je n’ai, en outre, effectué que deux entretiens libres.