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CHAPITRE 8 – CONCILIATION emploi, vie familiale et vie personnelle

8.2.3 Du temps pour les activités physiques et de détente ?

Nous avons aussi voulu savoir si le travail autonome permet d’avoir plus de temps pour des activités physiques ou de détente, puisqu’un certain nombre d’écrits indiquent que le fait de travailler à domicile ou d’être son propre patron aide à dégager du temps.

Tableau 8.2

Est-ce que le fait d’être travailleur autonome vous permet de pratiquer davantage d’activités physiques ? Selon le sexe Total (% sur 71) Hommes (% sur 30) Femmes (% sur 41) Oui 25 (35,2 %) 11 (36,7 %) 14 (34,2 %) Tableau 8.3

Est-ce que le fait d’être travailleur autonome vous permet de pratiquer davantage d’activités physiques ? Selon le regroupement professionnel

Total

(% sur 71) Professionnels membres d’un ordre (% sur 18) Professionnels n’appartenant pas à un ordre (% sur 40) Autres (% sur 13) Oui 25 (35,2 %) (44,4 %) 8 (35,0 %) 14 (23,1 %) 3

Dans l’ensemble, les activités physiques et de détente que les participants ont mentionnées sont assez diversifiées : marche, vélo, patins à roues alignées, ski, planche à neige, natation, lecture, musique, yoga, méditation pour n’en nommer que quelques-unes. La marche est l’activité qui est la plus pratiquée ; 19 travailleurs autonomes (4 hommes et 15 femmes) parmi ceux que nous avons interviewés ont mentionné pratiquer cette activité parce qu’elle permet notamment de réfléchir et de décompresser. Si quelques-uns avouent qu’il est difficile de faire du sport régulièrement (2 mentions; 1 homme et 1 femme), d’autres soulignent être en mesure d’en faire assez pour que cela soit bénéfique (2 mentions; 1 homme et 1 femme). Plusieurs ont mentionné que la seule solution pour dégager le temps nécessaire à ces activités soit de le mettre à son agenda, même si cela n’est pas toujours facile à respecter (7 mentions; 2 hommes et 5 femmes). Finalement, même s’ils ne disposent pas d’un temps libre suffisant pour se rendre dans un centre de conditionnement, certains travailleurs trouvent le temps de s’entraîner en écoutant des cassettes d’exercices à la maison (3 mentions; 3 femmes). Globalement, il ne semble pas que le statut de travailleur autonome augmente énormément le temps affecté aux activités physiques. En effet, quoique le fait de pouvoir travailler à domicile permette d’intégrer plus facilement des activités réalisées à domicile ou de faire une activité le midi, l’imprévisibilité des demandes des clients fait qu’il n’est pas toujours possible de se dégager. De plus, certains mentionnent qu’une fois partis sur un projet, il leur est difficile de s’arrêter, de crainte de ne pas pouvoir poursuivre sur une aussi bonne lancée.

« J’ai la chance de pouvoir y aller le midi… on est juste des travailleurs autonomes quasiment pis des gens du milieu de la télévision qui sont là où je vais. Mais c’est que

c’est dur […] tu as un téléphone 10 minutes avant de partir, pis là il faut que tu livres de quoi, ou il faut que tu envoies de quoi, ou il faut que tu fasses une proposition. C’est sûr que j’aimerais ça dire: non, je ne suis pas là, comme si ça serait un rendez-vous d’affaires, comme si j’étais en prise de vue… mais ça c’est cas par cas… tu évalues l’urgence pis tu décides ensuite ce que tu fais… ou des fois tu es parti sur un air d’aller pis là tu sais qu’il faudrait que tu y ailles pis ça va bien tes affaires, fait que là, tu dis : Après en revenant, ça ne me tentera pas de continuer… pis là d’un autre côté, tu as les remords qui te disent : Il faut que j’aille m’entraîner pour que ça aille bien le lendemain. Ça c’est pas évident. »

[Photographe (♂), en couple, TA-4 ans] 020

« Il y a des choses qui n’empiètent jamais… C’est-à-dire que mon travail n’empiète jamais sur mes parties de soccer du mercredi soir, puis, l’été, c’est-à-dire à certaines périodes de l’année, sur mon hockey du samedi matin. Cela passe avant tout. Je refuse des réunions si… je vais trouver des raisons de ne pas aller quelque part si je pense que cela va me faire rater une de ces deux activités-là. Parfois, je n’irai pas pour des raisons familiales, mais… pour des raisons professionnelles, jamais je ne rate cela. Donc le sport, généralement, va passer avant le reste. »

[Chercheur, en couple-enfants âgés, TA-8 ans] 069

Si plusieurs travailleurs autonomes affirment que, grâce à leur statut, ils disposent de plus de temps et de flexibilité pour s’adonner à ce type d’activités (6 mentions; 4 hommes et 2 femmes), le fait d’avoir de jeunes enfants peut amener le travailleur autonome à diminuer, voire à oublier, de mettre la pratique d’activités physiques ou de détente à l’agenda ; et c’est plus souvent le cas des femmes. Lorsque les enfants grandissent, cependant, le sport peut devenir une occasion de faire une activité en famille. Aussi, il est toujours possible de disposer de temps quand les enfants s’adonnent eux-mêmes à leurs activités.

« Bon, des activités genre "activités autres", là… je n’ai pas… non… courir après un enfant, puis les organiser… déjà, en soi, c’est une grosse activité. »

[Avocate, en couple-2 enfants, TA-10 ans] 066

« Mon fils fait du soccer, fait que, moi pendant ce temps-là, je m’entraîne parce que c’est dans le même centre de conditionnement […] c’est le seul temps où je peux le faire. » [Dépannage et services aux personnels et aux entreprises (♀), monoparentale–1 enfant, TA-1 an] 032

« Cette année, c’est la première année qu’on a recommencé à faire du ski en famille. Bien, en fait, que les enfants en font, donc c’est devenu une activité familiale, cette année. Vraiment, tous les samedis. Fait que cela, cela a été toute une rigueur aussi. Ils n’en faisaient pas avant. Moi, j’en avais fait longtemps, puis on avait arrêté tout cela. Mais, là, cette année, ils étaient en âge de pouvoir être autonomes là-dedans aussi. Mais c’est quelque chose… Je suis un peu dans le tournant de tout cela, c’est une décision aussi que j’ai prise de me remettre en forme parce que je n’ai pas réussi, depuis 5 ans, à trouver la régularité, à me l’imposer. Fait que là je me l’impose… parce que je le faisais, oui, j’ai toujours fait du sport énormément et, bon, avec mes enfants, j’ai arrêté, puis, bon, cela, c’est la vie… »

« … j’ai un cours par semaine, une heure, à l’extérieur mais pour le reste, je fais des vidéos d’exercice. Je le fais des fois sur l’heure de dîner, pis ça c’est clairement mon statut de travailleuse autonome qui facilite ça, parce que je suis à la maison, je suis ici, pis j’essaie vraiment, au moins 2 fois par semaine de le faire. Je ne fais pas la cassette au complet parce que ben souvent c’est une heure pis une heure c’est trop, mais j’essaie de le faire 30 minutes, fait que le fait de travailler à la maison ça facilite. Pis l’été, je fais un petit programme d’exercice de marche, de Josée Lavigueur, c’est 30 minutes aussi, alors tu marches pis à différents rythmes pis tu fais des petits exercices, pis moi j’ai la piste cyclable qui est pas loin, juste à côté. Fait que l’été, ça me permet de couper ma journée, fait que le midi, je dîne pis après ça je sors pour mon 30 minutes de marche. J’essaie de le faire 2 fois par semaine. Si j’étais salariée… comment est-ce que tu veux que je fasse mon vidéo si j’étais salariée?... je ne le ferais pas… pis ça empièterait sur ma vie de famille, ce que je ferais, c’est que je sortirais le midi avec mes collègues de travail pour aller manger au restaurant ou pour aller magasiner au centre-ville, donc ça me permet de faire plus d’exercice. »

[Journaliste (♀), en couple-3 enfants, TA-15 ans] 035

Au rang des avantages, la pratique d’activités physiques relaxantes et de détente contribue à diminuer le stress (8 mentions; 4 hommes et 4 femmes), le sport permet de décrocher mentalement en plus de procurer des avantages physiquement (4 mentions; 3 hommes et 1 femme) et il contribue à augmenter l’efficacité et la productivité (4 mentions; 2 hommes et 2 femmes). Les activités relaxantes aident à l’équilibre personnel (4 mentions; 1 homme et 3 femmes).

Par contre, pour certains, le temps pour soi, c’est vraiment la dernière chose à laquelle peut s’attarder le travailleur autonome (2 mentions; 2 femmes). Prendre du temps pour soi peut même engendrer un sentiment de culpabilité, surtout en période de démarrage, comme en témoigne cette participante :

« Pas encore, je suis dans une phase intense d’organisation, je fais des essais au niveau de l’horaire, j’ai plus de temps pour la famille, par contre, je n’ai pas encore trouvé beaucoup de temps pour moi. […] Parce que c’est un nouveau statut pour moi, là, on dirait que toutes les libertés que j’ai tant souhaitées, là je les ai… mais quand je prends du temps pour moi… dire aller me faire masser ou je m’en vais me faire couper les cheveux, un mardi à 2h, je fais de la culpabilité. Je le fais parce que je me dis qu’il faut que je le fasse… "J’ai fait ça pour ça". Pour ne pas avoir à prendre un rendez-vous chez le coiffeur un samedi à 10h, pis avec 52 personnes, pis faire mon épicerie le vendredi à 10h, c’est génial au lieu de le faire samedi, en catastrophe, à 4h30. Donc, ça, ça fait partie de l’organisation mais il faut que j’arrête de me sentir coupable de ces choses-là parce que je livre le même travail. Je ne le fais pas au même moment mais c’est juste que je suis habituée que dans ma tête, un mardi après-midi, je suis au bureau pis je bosse. Je suis en période d’adaptation avec moi-même. »

[Conseillère en ressources humaines, en couple – 1 enfant, TA-moins d’une année] 026