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Chapitre 4 – CLIENTÈLE : Nombre et type de clients desservis, relations avec

4.2.3 Relations avec la clientèle

4.2.3.3 Qualité des relations

Le statut de travailleur autonome, comparativement au statut d’employé, permet d’alimenter des relations plus directes avec la clientèle dans la mesure où le travailleur autonome choisit d’y mettre le temps :

« Je lui parlais [à ma cliente], puis cela c’est quelque chose que tu ne peux pas faire en agence, t’as pas le temps, t’as pas le temps de penser, t’as pas le temps de faire exactement ce que t’aimes parce que, à un moment donné, c’est l’argent qui règne… C’est l’argent qui décide. Tandis que, dans mon cas, c’est de la passion. »

[Relationniste, en couple- 1 enfant TA-10 ans] 027

Dans la même veine, le travailleur autonome bénéficie directement des commentaires, tant positifs que négatifs, formulés par la clientèle. Par le fait même, il jouit d’une source de satisfaction supplémentaire ; cela peut même s’avérer un remède à une déprime passagère :

« Si moi je suis content avec (sic) ce que j’ai fait avec le client, ça c’est mon premier critère… le deuxième, c’est que j’ai un dossier à la maison, dès que j’ai une lettre de félicitation ou de remerciement de quelqu'un, je la mets dans ce dossier-là, quand je suis un petit peu déprimé, je sors mon dossier, je regarde ça, pis j’en ai une par mois en moyenne… fait que j’en reçois à peu près une vingtaine par année pis ça, dans l’entreprise, je n’avais jamais ça… dans l’entreprise, je pouvais faire des choses extraordinaires pis je n’avais rien en reconnaissance… fait que… ma satisfaction, la satisfaction du client… le fait que mes clients me rappellent pour d’autres mandats, ça c’est une source de satisfaction. »

[Psychologue (♂), en couple, TA-3 ans] 060

Les relations à long terme sont souvent souhaitées par les travailleurs autonomes. Plusieurs d'entre eux développent des contacts quasi-personnels avec leurs clients et font croître leurs affaires en gardant ces contacts au fur et à mesure que les personnes changent d’organisation :

« Moi, je développe une fidélité fait qu’elle [la cliente] n’aura pas le goût d’aller magasiner pour un autre attaché de presse, parce que je deviens quasiment son amie. »

[Relationniste, en couple- 1 enfant TA-10 ans] 027

Par contre, il est clair que l’indépendance constitue un avantage majeur du statut d’autonome. Cela n’empêche évidemment pas la loyauté, mais apporte une certaine dose de prudence ou de réalisme :

« Je suis loyal à mon client pendant que c’est mon client, je suis loyal à mon employeur pendant que c’est mon employeur, mais je ne suis pas si loyal que cela dans la mesure où je sais qu’il peut me remplacer parce qu’à un moment donné, il n’a plus… il a les moyens de le faire. Puis je sais que moi-même j’aurai peut-être à trouver d’autre chose. »

Dans certaines circonstances, lorsque le travail évolue dans une voie qui s’éloigne des objectifs du départ ou lorsque le travailleur autonome ne se sent plus à la hauteur de la situation, il arrive qu’il doive annoncer à son client que le mandat ne se prolonge pas.

« Non parce que… c’est plate mais ça c’est mal terminé… c’est comme si ma décision de dire non vous correspondez plus à ce que je recherche comme contrat, c’est inversé comme rôle, c’est pas l’employeur qui dit au salarié j’ai pu besoin de toi, là c’est l’inverse, c’est moi qui dit à un client "vous ne rentrez pu dans ma catégorie de clientèle". »

[Comptable (♀), monoparentale-2 enfants, TA-2ans] 025

Certains clients ou donneurs d’ordre perçoivent le travailleur autonome comme leur employé et attendent de lui une pleine disponibilité. C’est alors que le travailleur autonome doit faire preuve de diplomatie afin de marquer ses limites.

« La problématique (sic), c’est que… quand t’es travailleur autonome, puis t’es seul, t’as pas une entreprise, c’est que les clients te prennent pour leur employé. Donc, bien, "mercredi, t’étais pas là", "oui, et…"… parce que j’aurais tendance à leur dire "c’est parce que j’ai d’autres clients", mais je le dis pas, mais… je dois l’imposer. »

[Relationniste, en couple, TA-10 ans] 002

Comme cela a été souligné dans le chapitre 3 portant sur les conditions et l’organisation du travail, les limites imposées par le travailleur autonome, notamment en terme d’horaire de travail, sont généralement bien reçues et respectées des clients. Ainsi, d’ordinaire, les clients se plient à l’horaire du travailleur autonome. Dans certains domaines, toutefois, en droit et en soutien informatique notamment, le téléphone reste ouvert 24 heures sur 24 pour les urgences ou pour éteindre les feux. Aussi, pour des raisons personnelles ou familiales, le travailleur autonome peut, l’espace d’un moment, être moins disponible. Si au début du chapitre, certains travailleurs interrogés ont marqué leur préférence pour une clientèle corporative en raison de l’adéquation des horaires de travail, les clients individuels sont habituellement plus compréhensifs face aux situations d’urgence, en cas de maladie notamment, qui empêchent les travailleurs autonomes de prendre ou d’avancer un contrat.

« [Quand ma fille a été gravement malade…] À ce moment-là, j’avais quelqu’un qui était à la maison pour demeurer avec mes deux garçons. Et, oui, effectivement, il s’est avéré qu’il y ait des clients qui ont téléphoné, qui avaient besoin de services et on les a tout simplement rappelés de l’hôpital en expliquant la situation et… Les relations avec les clients, nous, c’est assez extraordinaire. Je vous le disais tout à l’heure, c’est pas des liens d’amitié, mais… il y a un énorme respect l’un de l’autre. Et je me rappelle […] par la suite, il a rappelé pour prendre des nouvelles de notre fille, savoir comment elle allait. » [Consultante en informatique, en couple – 3 enfants, TA-2 ans] 049

Par contre, en matière d’obligations quotidiennes, contrairement aux besoins plus ponctuels tels que l’exige la maladie, la situation n’est pas toujours aussi harmonieuse. Par exemple, en regard de la conciliation famille-emploi, les clients mettent certaines mesures à la disposition de leurs propres employés, mais considèrent rarement les besoins des travailleurs autonomes avec qui ils font affaires. Loin de s’attendre à bénéficier des mêmes mesures de conciliation emploi-famille que les employés, les travailleurs autonomes souhaiteraient tout de même davantage de respect ou de compréhension, comme le souligne cette participante :

« On s’attend à ce que je réponde le samedi ou le dimanche, le matin à 7h30 ou le soir à 10h00. Malgré le fait que je sache que ces clients-là ont une pratique [de conciliation famille-emploi] envers leurs propres employés. Parce qu’eux, en faisant ça avec leurs employés, son rendement… on sait que des employés heureux c’est toujours mieux comme conditions de travail sauf que le comptable, qu’il soit mieux ou pas, ça change rien. »

[Comptable (♀), en couple-3 enfants, TA-13 ans)] 009