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Chapitre 2 – CONTEXTE : Pourquoi devient-on travailleur autonome ?

2.2 Résultats de notre recherche

2.2.8 Soutien du conjoint et de l’entourage

« Et, là, c’est mon conjoint qui m’a dit "pourquoi tu ne démissionnes pas, tu pars pas à ton compte"… Parce que j’ai un historique familial d’entrepreneurs. Mes parents, sont en entreprise depuis 45 ans, ils ont un commerce. Donc, j’ai évolué là-dedans. À 15 ans, je répondais aux clients. »

[Conseillère en ressources humaines, en couple – 2 enfants, TA-2,5 ans] 010

En général, le conjoint témoigne de la compréhension à l’égard du statut professionnel (5 mentions). Celui-ci accepte certains inconvénients inhérents au travail autonome, comme les absences ou le manque de disponibilité (2 mentions). Aussi, lorsque le conjoint est lui-même travailleur autonome, cela donne lieu à des échanges et à une complicité entre les partenaires qui favorisent d’autant plus cette compréhension (2 mentions). Certaines attitudes favorables du conjoint, telles que la fierté, l’appui et les encouragements par rapport au projet de travail autonome sont aussi soulignées par les répondants comme une confirmation de son soutien (5 mentions). Le soutien peut également prendre la forme d’une aide accrue du conjoint aux tâches ménagères (2 mentions), même si ce geste apprécié peut mettre une pression « morale » supplémentaire sur le travailleur autonome :

« Je pense qu’elle [ma conjointe] comprend très bien [ma situation de travailleur autonome] elle va le [le ménage et autres tâches] faire elle-même plutôt [que de me demander de le faire]… mais moi, je viens enragé, bien enragé, je ne suis pas content, que ce soit elle qui est obligée de le faire. »

[Comptable (♂), en couple-2 enfants âgés, TA-5 ans] 047

Dans un autre ordre d’idées, le revenu du conjoint apporte un soutien considérable à la stabilité et à la solidité financière du couple, avec toutes les répercussions positives que cela engendre pour les travailleurs autonomes, surtout dans la phase de démarrage ou dans les périodes creuses (14 mentions) :

« C’est un soutien, en partant, c’est un soutien financier. Les trois premières années, il ne fallait pas attendre mes revenus pour aller faire l’épicerie, parce qu’on aurait mangé du beurre d’arachide. C’est un point majeur. Je ne serais pas travailleuse autonome aujourd’hui, si il avait gagné 25 000$ par année, on n’aurait pas pu. Avec la voiture… On a deux voitures, une maison, les enfants sont dans des activités… Non, c’est évident que s’il n’y a pas un bon revenu stable dans la maison, c’est très difficile. »

[Comptable (♀), en couple-3 enfants, TA-13 ans)] 009

En plus d’être associé à une certaine sécurité financière, l’appui financier du conjoint permet au travailleur autonome de traverser les périodes pour lesquelles les revenus sont insuffisants :

« Mais oui, il est très compréhensif, pis j’ai son appui, ce que je trouve formidable, je tiens à le dire, c’est que bon, ça fait 6 ans et demi que je suis en affaires à peu près et jamais à aucun moment, ne m’a-t-il jamais dit : "Ben regarde, je suis écœuré de payer le trois-quarts des dépenses, pis vas te chercher une job, parce que tu vois, ça ne décolle

pas ton affaire" ou quoi que ce soit du genre. Jamais, il m’a toujours encouragée… Il a confiance. »

[Traductrice, en couple, TA-6 ans] 041

L’appui ou les encouragements du conjoint sont aussi importants dans la décision de partir à son compte. Plus que tout, la stabilité de la situation d’emploi du conjoint est ce qui confère une (relative) solidité financière. Cet élément est présent dans la littérature, alors que Lin, Picot et Compton (2000) affirment que le revenu stable d’un conjoint salarié augmente la potentialité du travailleur autonome à poursuivre son aventure commerciale et, en cela, réduit le risque qu’il quitte son statut d’autonome. Non seulement cette idée a-t-elle été avancée par les travailleurs autonomes que nous avons interviewés, mais il apparaît que la stabilité et le niveau de revenu du conjoint influencent aussi la satisfaction du travailleur autonome quant à son propre revenu dans la mesure où, ne considérant pas le revenu du conjoint, son propre revenu peut devenir insuffisant au point de devoir travailler un plus grand nombre d’heures (2 mentions). Finalement, parmi les travailleurs que nous avons rencontrés, deux étaient le soutien financier de leur conjoint.

« …Moi j’ai un conjoint, j’ai cette chance-là d’avoir quelqu'un qui a une solidité financière mais si je me retrouve seule, t’sais on ne sait pas, ben je n’ai pu cette solidité-là, je ne peux pas avoir de maison, je ne peux pas… même là, ça fait 4 ans, peut-être que je pourrais avoir une maison, mais à quelle condition… t’sais, je tombe malade, j’ai besoin de faire des réparations, j’ai besoin d’un emprunt, c’est tout ça que c'est un gros point d’interrogation… »

[Nutritionniste, en couple, TA-4ans] 061

« C’est sûr que ça aiderait [si ma conjointe avait déjà été travailleuse autonome], ça serait bon, [parce qu’elle ne comprend] pas nécessairement ça que je passe 3 jours par semaine à la maison ici pis là, des fois, elle s’attend à la vaisselle pis tout ça… mais je ne suis pas ici pour faire… je travaille ici, je ne m’amuse pas, j’écoute pas la TV. En ayant une personne qui saurait c’est quoi, c’est sûr que ça aiderait. »

[Chargé de placement publicitaire (marketing), en couple, TA - moins d’une année] 016

L’écoute est un autre aspect important du soutien du conjoint comme peuvent en témoigner les deux citations suivantes. D’ailleurs, plus que le soutien financier, le soutien moral du conjoint et son appui semblent être un élément essentiel à la persévérance du travailleur autonome21 (2 mentions).

« Ben il m’encourage, il va m’écouter. Quand j’ai des doutes, des questionnements, il va être une oreille attentive, il va respecter aussi que je doive travailler. T’sais, il sait que je dois mettre du temps pis que je dois faire les choses… donc il respecte ma situation et en même temps, il m’encourage et il m’écoute. »

[Nutritionniste, en couple, TA-4ans] 061

« J’ai une chance inouïe. J’ai un conjoint compréhensif comme ce n’est pas possible, extrêmement compréhensif, qui ne m’en veut jamais quand il faut que je travaille le soir ou la fin de semaine ou quand je suis préoccupée ou stressée ou tendue ou en état de panique. Il m’écoute, il n’est pas toujours de bon conseil, c’est sûr que étant un gars, je

ne veux pas paraître sexiste, mais les gars, on dirait que des fois, ils veulent régler les problèmes, mais les filles elles ont besoin de faire valider ce qu’elles disent, elles ont juste besoin d’être écoutées. »

[Traductrice, en couple, TA-6 ans] 041

À l’opposé, certains répondants affirment que leur conjoint ne les soutient pas beaucoup, que ce soit par rapport aux tâches domestiques ou familiales, aux finances ou à l’effort de compréhension envers la situation professionnelle, surtout dans la phase de démarrage22 (2 mentions). De plus, sans être un frein au lancement en affaires, l’insécurité du conjoint face au statut peut retarder le démarrage des activités d’autonome23 (1 mention).

En ce qui concerne le soutien, plusieurs répondants ont mentionné que leur conjoint les aidait relativement à l’exécution de leur travail. Pour certains, c’est au niveau des compétences informatiques (3 mentions; 3 femmes), pour d’autres c’est du point de vue du soutien professionnel, comme la comptabilité (2 mentions; 1 homme et 1 femme), le graphisme et la mise en page (1 mention; 1 homme) ou la correction, la révision et la relecture des documents (2 mentions; 1 femme et 1 homme). D’autres considèrent comme une marque de soutien de la part de leur conjoint, le fait de pouvoir lui emprunter son équipement (télécopieur, imprimante ou autre) (2 mentions; 2 femmes). Cette question sera abordée un peu plus loin, mais mentionnons ici que cela ne peut qu’influencer positivement le travailleur autonome, voire le soutenir dans ses démarches quotidiennes.