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CHAPITRE 8 – CONCILIATION emploi, vie familiale et vie personnelle

8.2.5 Les avantages : flexibilité et conciliation

« Écoutez, je ne sais pas s’il y a beaucoup de gens qui ont des doutes là-dessus mais les semaines ont toujours 7 jours, les journées 24 heures et les heures durent toujours 60 minutes. Alors ce n’est pas plus de temps, c’est juste un réaménagement du temps… je veux dire si on veut un revenu décent, il faut y mettre le temps. »

[Coach (♀) pour entrepreneurs, célibataire-enfant âgé, TA-18 ans] 039

Le temps consacré au travail, lorsqu’on est travailleur autonome, laisse-t-il suffisamment de temps hors travail pour faire autre chose ? Nous avons demandé aux personnes interviewées quels avantages elles accordent au fait d’être travailleur autonome. Au total, 38 participants (53,5 %) ont mentionné que le fait d’avoir plus de temps pour faire autre chose était un avantage important ou très important du statut d’autonome. Cependant, il est à noter que seuls 59 participants (83,1 %) ont donné leur opinion sur la question.

De plus, Nous avons ventilé les données selon le sexe et aussi selon le fait d’avoir un ou des enfant(s) présent(s) à la maison. En comparant les deux tableaux, on peut présumer de la variable qui, entre les deux, influe davantage sur le fait que les répondants voient là un avantage du travail autonome. Les tableaux 8.4 et 8.5 montrent que la majorité des interviewés, mais surtout les parents d’enfants de 16 ans et moins et les femmes, considèrent que la flexibilité dans les horaires de travail et la possibilité de concilier famille et emploi sont des avantages importants du travail autonome. Les hommes voient surtout l’avantage de concilier l’emploi et d’autres activités personnelles et d’avoir plus de temps pour faire autre chose.

Tableau 8.4

Nombre de mentions* « important » ou « très important » aux avantages du travail autonome, selon la situation familiale

Total

(% sur 71) Sans enfant (% sur 47) Avec enfant(s) de 16 ans et moins (% sur 24) Flexibilité dans les horaires

de travail (87,3 %) 62 (80,9 %) 38 (100 %) 24 Concilier famille et emploi 40

(56,3 %) (38,3 %) 18 (91,7 %) 22 Concilier emploi et autres

activités personnelles (60,6 %) 43 (57,4 %) 27 (66,7 %) 16 Avoir plus de temps pour

faire autre chose

38 (53,5 %) 22 (46,8 %) 16 (66,7 %) * Les répondants avaient la possibilité de nommer plus d’un avantage à la fois.

Tableau 8.5

Nombre de mentions* « important » ou « très important » aux avantages du travail autonome, selon le sexe

Total

(% sur 71) (% sur 30) Hommes (% sur 41) Femmes Flexibilité dans les horaires

de travail (87,3 %) 62 (80,0 %) 24 (92,7 %) 38 Concilier famille et emploi 40

(56,3 %) (46,7 %) 14 (63,4 %) 26 Concilier emploi et autres

activités personnelles 43 (60,6 %) 19 (63,3 %) 24 (58,5 %) Avoir plus de temps pour

faire autre chose (53,5 %) 38 (60,0 %) 18 (48,8 %) 20 * Les répondants avaient la possibilité de nommer plus d’un avantage à la fois.

Par rapport au temps hors travail que peut dégager le travail autonome à domicile en raison de la diminution des déplacements et/ou de la flexibilité d’horaire, soulignons une grande différence selon la situation familiale du répondant. Par exemple, sur les 9 participants à la tête d’une famille monoparentale, 7 ont répondu que le fait d’avoir plus de temps constitue un avantage important du travail autonome. Parmi ces derniers, 6 (85,7 %) ont mentionné que leur travail leur laisse suffisamment de temps pour faire ce qu’ils veulent hors travail et 1 seul (14,3 %) a affirmé le contraire. D’autre part, sur les

15 participants vivant en couple avec enfant(s), seulement 9 ont répondu à cette question. Parmi ces personnes, 5 (55,6 %) ont mentionné que le travail leur laisse suffisamment de temps pour faire ce qu’ils veulent hors travail et 4 (44,4 %) ont dit qu’au contraire, leur travail ne leur laisse pas suffisamment de temps pour faire ce qu’ils veulent hors travail. Chez les couples sans enfant, 18 participants sur 27 ont répondu à cette question fermée. Parmi ceux-ci, 10 (55,6 %) ont assuré que le travail leur laisse suffisamment de temps pour faire ce qu’ils veulent hors travail et 7 (38,9 %) ont affirmé le contraire ; notons aussi qu’un participant a mentionné que le travail lui laisse trop de temps hors travail, comparativement à un emploi salarié. Finalement, la moitié (50 %) des 20 participants vivant seuls (sans conjoint(e) ni enfant) ont répondu à cette question. Sur ces 10 répondants, 4 ont mentionné que le travail leur laisse suffisamment de temps et 6 ont affirmé le contraire. À la lumière du tableau 8.6, qui reprend les principaux résultats énoncés, il est étonnant de constater que les personnes monoparentales sont celles qui affirment avoir suffisamment de temps. On observe toutefois certaines différences dans les raisons qui expliquent ce phénomène : ceux qui n’ont pas d’enfant nomment davantage les exigences du travail, alors que les couples avec enfant(s) soulignent la conjugaison travail+famille.

Tableau 8.6

Le travail vous laisse-t-il suffisamment de temps pour faire ce que vous voulez hors-travail ? Selon la situation familiale

Total

(%) Avec enfants de 16 ans et moins Sans enfant

Total Seul En couple Total Seul En couple

Oui, le travail me laisse suffisamment de temps hors-travail 26 (36,6 %) 11 (45,8 %) 6 (66,7 %) (33,3 %) 5 15 (31,9 %) 4 (20,0 %) (40,7 %) 11* Non, le travail ne me laisse pas suffisamment de temps hors-travail 18 (25,4 %) (20,8 %)5 1 (11,1%) (26,7 %) 4 (27,7 %)13 6 (30,0 %) (25,9 %) 7 N.A. 27 (38,0 %) (33,3 %)8 2 (22,2 %) (40,0 %) 6 (40,4 %)19 10 (50,0 %) (33,3 %) 9 Ensemble 71 (100 %) 24 (100 %) 9 (100 %) 15 (100 %) 47 (100 %) 20 (100 %) 27 (100 %)

* Un participant a mentionné que le travail lui laissait même plus de temps qu’il n'en a besoin pour faire

En ventilant le temps hors travail selon le sexe (tableau 8.7), on observe que les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à avoir répondu à la question. En proportion du taux de réponse, elles sont également plus nombreuses que les hommes à affirmer que le travail ne leur laisse pas suffisamment de temps hors travail. Par contre, lorsque l’on compare ces données à celles sur la longueur du temps de travail comparée entre les activités d’autonome et le dernier emploi salarié (tableau 8.8), les femmes sont plus nombreuses que les hommes à faire de moins longues heures (47,8 % des femmes et 38, % des hommes qui ont répondu à la question) et moins nombreuses à affirmer qu’elles font de plus longues heures (26,1 % des femmes et 33,3 % des hommes qui ont répondu à la question) ; alors que la proportion de celles et ceux qui ne voient pas vraiment de changement est sensiblement la même selon le sexe (26,1 % des femmes et 28,6 % des hommes qui ont répondu à la question). Ces constatations semblent confirmer l’affirmation selon laquelle les femmes ont souvent des horaires réduits et, en tant que travailleuses autonomes, elles sont d’autant plus libres de réduire leur horaire de travail si elles le souhaitent.

Tableau 8.7

Le travail vous laisse-t-il suffisamment de temps pour faire ce que vous voulez hors travail ? Selon le sexe

Total Hommes Femmes Oui, le travail me laisse suffisamment de temps hors travail 26 (36,6 %) (36,7 %) 11* (36,6 %) 15 Non, le travail ne me laisse pas suffisamment de temps hors travail

18 (25,3 %) (20,0 %) 6 (29,3 %) 12 N.A. 27 (38,0 %) 13 (43,3 %) 14 (34,1 %) Ensemble 71 (100 %) (100 %) 30 (100 %) 41 *Un participant a mentionné que le travail lui laissait plus de temps qu’il en avait besoin pour faire ce qu’il voulait hors travail.

Tableau 8.8

Considérez-vous devoir faire de plus ou moins longues heures de travail comparativement au travail que vous aviez avant d'être travailleur autonome ?

Selon le sexe

Total Hommes Femmes De moins longues heures 19 (26,8 %) 8 (26,7 %) 11 (26,8 %) Pas de changement (16,9 %) 12 (20,0 %) 6 (14,6 %) 6 De plus longues heures (18,3 %) 13 (23,3 %) 7 (14,6 %) 6 N.A. 27 (38,0 %) 9 (30,0 %) 18 (43,9 %) Ensemble 71 (100 %) 30 (100 %) 41 (100 %)

Aussi, la profession, plus que le statut, empêche de disposer de plus de temps hors travail (3 mentions; 2 hommes et 1 femme). En guise de compensation, le travail autonome permet au moins de se concentrer sur ce que l’on aime faire (2 mentions; 2 hommes). D’autres croient que le temps hors travail est suffisant, mais que l’énergie manque après le travail (1 mention; 1 femme). Les activités autonomes demandent beaucoup de temps, surtout lors de la phase de démarrage (1 mention; 1 femme). Ainsi, le manque de temps semble incontournable (1 mention; 1 homme). En effet, le statut d’autonome occupe toujours, puisque, en plus du travail principal, on doit assurer les tâches connexes que sont la comptabilité et l’administration, qui prennent du temps (1 mention; 1 homme).

« Des fois je manque de temps, comme je mets beaucoup de temps sur mon travail, des fois, oui je peux empiéter sur mon temps social, oui. Mais ça ne pose pas de problèmes, mais des fois oui… je trouve que je mets trop sur mon travail (sic). »

[Chercheur, en couple, TA-17 ans] 048

« Ben je ne pense pas que c’est le fait d’être travailleur autonome comme le fait d’être professionnel, ou d’être dans un milieu corporatif compétitif, qui nous gruge le temps c’est tout. Je regarde des gens qui sont employés pis qui en ont pas plus, c’est parce qu’ils sont dans un milieu corporatif compétitif c’est tout. Il ne faut pas mélanger les deux, c’est pas parce que tu es travailleur autonome que tu as moins de temps, c’est parce que le marché de l’emploi actuel et le marché… est de plus en plus compétitif et tu dois y consacrer plus d’heures pour progresser, que tu sois travailleur autonome ou que tu sois avocat ou que tu sois cadre intermédiaire […] »

Finalement, ajoutons que dans certains cas, le manque de temps n’est pas toujours dû au travail ou au statut d’emploi, mais plutôt au fait que les individus ont beaucoup d’intérêts en dehors du travail (4 mentions; 2 hommes et 2 femmes) ; plus on a d’intérêts, plus on tend à penser manquer de temps :

« On se rend compte que le travail ce n’est pas la seule chose importante dans la vie, qu’il y a plein de domaines où on peut aider où on peut s’épanouir… je suis comme ça moi, j’ai beaucoup d’intérêts […] par contre, des fois je me dis que peut-être je consacre trop de temps à ces choses-là, pas assez au travail, donc c'est pour ça que là finalement je n’ai pas assez de contrats. C’est le danger un peu de verser dans l’autre extrême, d’être tentée de faire des voyages… on peut faire ce qu’on veut, c’est vraiment fou… » [Rédactrice, en couple, TA-3 ans] 055