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Chapitre 7 – satisfaction quant à son statut et à son emploi

7.2.2 Facteurs de succès professionnel

Les éléments qui génèrent la satisfaction et le succès professionnel sont nombreux et diversifiés. Comme il a été mentionné précédemment, Hundley (2001a) affirme que les travailleurs autonomes sont plus satisfaits dans leur emploi parce que leur statut leur donne plus d’autonomie, de flexibilité, leur permet d’utiliser davantage leurs habiletés et leur procure une plus grande sécurité d’emploi. Par contre, l’auteur note que la satisfaction en emploi, qui constitue un avantage du travail autonome, est réduite, voire inexistante, chez les gestionnaires et les membres des professions bien établies, puisqu’ils possèdent des degrés élevés d’autonomie et d’utilisation de leurs habiletés, même lorsqu’ils sont à l’emploi d’une organisation. Jamal (1997), pour sa part, n’a pas trouvé de différence significative dans la satisfaction au travail entre les travailleurs autonomes et les autres employés.

Les qualités personnelles, où dominent la qualité du travail, le professionnalisme, la loyauté à l’égard des clients ainsi que l’éthique professionnelle, sont des facteurs sur lesquels plusieurs participants insistent (8 mentions; 4 hommes et 4 femmes). Ainsi, en raison de ce sens des responsabilités, plusieurs travailleurs autonomes considèrent le respect des échéances de livraison comme un gage de succès (3 mentions; 1 homme et 2 femmes).

« [En parlant des facteurs de réussite] La fiabilité, je suis quelqu’un, je le disais tout à l’heure, je suis très disciplinée, et je suis fiable, donc les clients savent que s’ils [me] demandent un article […] ils vont avoir l’article qui va être bien fait. Alors, je pense que c’est vraiment le numéro 1. Pis évidemment travail bien fait, donc c’est deux aspects-là qui sont égaux, c’est ça qui définit mon succès, c’est pour ça que j’ai des contrats pis que je n’ai pu de périodes creuses, parce que je remets un bon travail dans les délais requis. Je ne fais pas faux-bond au client. »

[Journaliste (♀), en couple-3 enfants, TA-15 ans] 035

« Je pense que les qualités comme le sens des responsabilités, le professionnalisme… la débrouillardise, l’autonomie… Toutes des choses qui ont fait qu’aujourd’hui j’ai été capable. Je pense que je suis aussi quelqu’un qui apprend beaucoup par moi-même, c’est pour cela qu’en travailleur autonome, je réussis […] Je pense qu’au niveau de ma carrière aussi, cela m’a beaucoup servie parce que je n’ai jamais eu peur de me lancer, même si je n’avais pas tout le temps les qualifications requises. »

[Dépannage et services aux personnels et aux entreprises (♀), monoparentale–1 enfant, TA-1 an] 032

Dans le domaine du service, la convivialité et la simplicité avec lesquelles le travailleur autonome aborde les clients, le contact personnalisé, la disponibilité et l’implication qu’il déploie auprès de sa clientèle sont des motifs de succès (4 mentions; 2 hommes et 2 femmes). L’écoute, la souplesse et l’adaptation aux goûts et aux besoins des clients sont également d’importantes sources de succès (3 mentions; 3 femmes) :

« [En parlant des facteurs de réussite] Un, mon implication au niveau du réseau de travailleurs autonomes. Deux, je dirais mon écoute, j’ai essayé beaucoup d’écouter, de comprendre vraiment ce que la personne a de besoin parce que dans la société où l’on vit, c’est souvent… Ah tu écoutes 2 secondes et pis j’ai la bébelle… mais moi c’est pas des bébelles que je vends, je vends du service pis très personnalisé, pis quand on écoute pas bien, on ne livre pas nécessairement la bonne marchandise, donc c’est pas bon pour nous, et c’est pas bon pour le client. »

[Conseillère en communication, en couple, TA-3 ans] 024

Un des avantages du statut d’autonome est la plus grande motivation à s’impliquer au niveau du travail. Cela devient alors un élément de succès (1 mention; 1 femme). Par contre, il arrive que des objectifs extérieurs au travail constituent un incitatif à la motivation professionnelle :

« [En parlant des facteurs de réussite] C’est cela que je disais à mon mari l’autre jour… J’ai dit "c’est-tu une belle motivation d’avoir acheté une maison", il m’a dit "qu’est-ce que tu veux dire, moi, je reçois mon chèque à toutes les deux semaines…", j’ai dit "ah bien, je parle pour moi d’abord". Mais pour moi, toutes les fois je me disais "ah…"… T’sais des journées où tu dis "je pense que je suis fatiguée aujourd’hui, je ne me forcerai pas pour rappeler cette personne-là tout de suite, je vais la rappeler demain"… Mais là c’est comme "hey, j’ai une maison à payer, oui, allo, oui, on va aller luncher, let’s go, oui…" puis t’as comme un but, puis un objectif, c’est excitant, puis je ne pense pas que je trouverais cela aussi excitant si j’avais une paie à tous les jeudis. Je me dirais "ah, bien, je vais avoir encore 500$ la semaine prochaine, puis un autre 500$ la semaine

d’après"… Mais là, j’ai tout le temps dans ma tête quelque chose qui me dit "tout d’un coup que je pourrais aller chercher un 5000$..." »

[Relationniste, en couple- 1 enfant TA-10 ans] 027

Les individus manifestant certaines qualités entrepreneuriales, dont la capacité d’adaptation, l’audace, la débrouillardise et la confiance, possèdent donc un atout pour le succès (6 mentions; 6 femmes), sans compter que, pour d’autres, il faut d’abord savoir se vendre et être polyvalent (1 mention; 1 homme) :

« [En parlant des facteurs de réussite] Premièrement, mes performances en tant que salariée parce que ayant été une bonne employée en tant que salariée ben j’étais reconnue pour ça, donc après ça, les gens sont plus enclins à engager quelqu’un à contrat qui a été reconnu comme une bonne employée… mes bonnes relations avec les gens en général… je pense que c’est ça. Ma facilité de rentrer en contact avec les gens, ma capacité d’adaptation en fait. En même temps, toutes ces qualités-là, je devais les avoir de toutes façons avant même de devenir travailleuse autonome parce qu’elles sont parties intégrantes du travail que je fais. Ça m’a permis d’avoir un certain succès, je pense que quelqu’un pourrait avoir toutes ces qualités-là et en même temps être très insécure, ne pas avoir confiance, donc pas être bien comme travailleur autonome […] j’ai

toujours été confiante en ce qui va se passer, pis j’ai pas trop mangé de claques à date. Ça aide pour la confiance. »

[Chargée de projet (pub/org évén), en couple, TA-1,5 ans] 011

« C’est premièrement des qualités intrinsèques… c’est évident que si quelqu’un a les critères de base pour être un bon entrepreneur, ça va faciliter les choses, je pense qu’on peut faire de quelqu’un qui n’a pas toutes les critères… en faire un bon, ou un

entrepreneur qui va faire la job comme on dit. C'est-à-dire, on peut creuser un trou avec une pelle ou on peut le creuser avec une cuillère, ça prendra pas le même temps, ça c’est sûr mais il y a une façon d’être… et remarquer que dans entrepreneur… et être un travailleur autonome, c’est être aussi un entrepreneur… on entreprend des choses… et entreprendre ça veut dire mettre des choses en avant. Fait que, c’est une façon de penser, c’est une façon d’être et c’est avant tout quelque chose qu’il faut construire et ce n’est pas construire un jour pour toujours, c’est être continuellement en train de

construire. Donc, c’est fait de beaucoup de qualités intrinsèques qui peuvent être supportées par une formation adéquate ou des habiletés. Pis peut-être une question de personnalité ultimement… c’est difficile, il y a des gens, même si on essayait de les porter à bout de bras, on n’en ferait pas des entrepreneurs. Dans la vie on peut décider d’être parmi les battants ou les battus. »

[Coach (♀) pour entrepreneurs, célibataire-enfant âgé, TA-18 ans] 039

« Moi, j’ai jamais été capable de comprendre les entreprises qui réussissaient à passer à travers en n’ayant rien à vendre. Il y en a beaucoup qui ont éclaté pendant la bulle Internet mais ça je n’arrive pas à comprendre ça. Le moteur d’une entreprise, c’est l’argent qui rentre, c’est les ventes, moi je pense que la capacité de vendre est quelque chose de bien important, pour n’importe quelle entreprise. Tu as beau être le meilleur praticien, tu as beau être le meilleur fabricant de… bureau, si il reste dans ton entrepôt, si les gens ne les connaissent pas… il n’y a rien à faire. Il y a tout le côté de la

diversification aussi, être capable de faire plus qu’une tâche, oui je suis un praticien mais oui je suis un gestionnaire pis oui en même temps, quand je me suis monté avec rien, des outils de vente, des outils de mise en marché, fait qu’il y a ce côté de polyvalence-là, moi que je te dirais, c’est les deux facteurs. Pis si je changeais de business demain matin, je suis sûr que j’utiliserais… en plus j’ai mon expérience en plus, mais même ne pas connaître ce que je ferais, ne pas connaître le côté technique des choses, moi je dis toujours qu’à 45 ans, je prends ma première retraite, je m’en va élever du basilic

hydroponique, je vais devenir un gentleman farmer, je ne sais pas encore dans quoi, je ne sais pas où, mais… je vais crisser mon camp en campagne et je vais faire d’autres choses. Je sais que je n’aurai pas de misère du fait qu’il y a tout cet aspect là… vendre du basilic ou vendre d’autres choses, il y a des choses fondamentales à faire pis à t’occuper, le service à la clientèle, des choses comme ça, qui vont rester quand même. » [Organisateur d'événements, en couple, TA-7 ans] 017

Pour soutenir le statut de travailleur autonome avec succès, il faut aussi une bonne dose de persévérance (3 mentions; 3 femmes) puisque, pour réussir, le nombre d’heures de travail et la quantité d’énergie consacrés à s’impliquer dans le projet sont volumineux (2 mentions; 2 hommes).

L’expérience est un autre élément qui aide au succès (3 mentions; 1 homme et 2 femmes). Le fait d’avoir le soutien de son entourage et de pouvoir échanger avec un mentor est également primordial (1 mention; 1 homme). Finalement, l’atteinte du succès peut passer par une offre originale ou unique ; en effet, proposer un produit ou service innovateur ou précurseur, c’est ce qui permet de se démarquer (3 mentions;1 homme et 2 femmes) :

« Aussi, quand j’ai commencé, il n’y a pas beaucoup de monde qui faisait cela et surtout pas la façon dont moi je le faisais. Puis c’est une raison aussi pour laquelle j’ai envie de changer parce que là, il y en a plein. Puis, je suis comme un peu blasée. Fait que… Mais je pense que j’ai été une des premières à faire des événements de cette façon-là. Fait que cela aussi, c’était un peu précurseur. Fait que je pense que cela aussi cela a aidé ma réussite… Puis on n’était pas beaucoup quand j’ai commencé. Il n’y avait pas beaucoup de monde qui faisait cela. L’événement, comme je vous dis, il y avait un organisme qui commençait, une revue qui commençait… On dirait qu’il y avait comme une effervescence de ce milieu-là, il y avait un nouveau cours qui se donnait à

l’université, tout cela… Mais avant, cela ne se donnait pas comme formation. » [Organisatrice d'événements, en couple, TA- 4 ans] 018

« Bien, premièrement, je me fais un point d’honneur justement de… d’avoir une bouffe qui est un peu différente de ce qu’on offre, par rapport au prix. Alors donc, c’est un peu cela, je pense que pour l’équivalent d’un prix de manger chez St-Hubert BBQ, ils ont un buffet totalement différent, qui leur coûterait très cher ailleurs. Fait que cela joue là- dessus, c’est vraiment, cela joue dans la différence de ce que les autres offrent. Et je pense aussi la convivialité de… la simplicité avec laquelle j’aborde les gens aussi. Je pense que les gens aiment cela travailler avec moi. […] Je m’adapte beaucoup à eux autres. Bien j’essaie de leur concocter un peu clé en main le… Fait que je pense que c’est un plus pour eux et c’est cela qui [me] démarque un peu aussi. »

[Traiteure, en couple-3 enfants, TA-5ans] 044

Finalement, en plus du profil personnel, la formation donne un coup de pouce pour développer la polyvalence nécessaire au travail autonome (2 mentions; 2 femmes).