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Tatars et encouragement de l’islam chez les Kazakhs

Deuxième partie L’islam face à l’Empire russe

2.1. L’Empire russe et l’islam au cours de la colonisation des terres kazakhes (XVIIIème siècle-Ière moitié du XIXème siècle)

2.1.4. Tatars et encouragement de l’islam chez les Kazakhs

L’utilisation des Tatars pour avancer en Asie centrale avait comme but de contrôler les routes transcontinentales qui passaient par la région. Au XVIIIème et au XIXème siècle ils encourageaient l’élargissement de l’activité commerciale des Tatars en Asie centrale. Les Tatars et les Bachkirs avaient un monopole de commerce de la Russie avec les khanats d’Asie centrale jusqu’à la deuxième moitié du XIXème siècle. En 1812 ils ont obtenu le droit de faire du commerce détaxé dans les villes.87 Les commerçants musulmans de la Volga et les religieux sont devenus intermédiaires entre la Russie et ses voisins du sud. Le clergé tatar de la Commission frontalière d’Orenbourg exerçait dans la steppe kazakhe les fonctions de service de renseignement russe. M. Houssaïnov l’a dirigé à partir 1785 jusqu’à ce qu’il devient le premier mufti de l’Assemblée. Il dirigea maintes fois les délégations gouvernementales dans le Jüz Cadet et Moyen pour les pourparlers avec les khans et les sultans kazakhs. Il a été très attentif à ce qu’il n y ait pas de propagande antirusse dans les années de la guerre russo-turque. Son successeur à ce poste, G. Ghabdrahimov a pris part dans les affaires politiques des Kazakhs. Dans les années 1823-1824 il était membre de la commission pour résoudre des problèmes sous la présidence du khan Ayşwaq.

Les mollahs tatars avaient le droit d’aller dans les steppes kazakhes, dont l’accès était autorisé par l’administration russe qui les invitait à informer la population de nouvelles directives du gouvernement. Pour mettre les Kazakhs au courant des «Règlements sur les Kirghizes sibériens », des fonctionnaires spéciaux accompagnés d’un interprète et d’un mollah tatars y étaient envoyés.

Dans les conditions de la diversité de la société, le tatar a joué le rôle de langue intermédiaire entre les Russes et les Kazakhs. Les Tatars de la Volga ont beaucoup influencé sur la culture spirituelle des Kazakhs dans la connaissance avec l’héritage musulman et aussi sur le plan de l’instruction. Les Tatars enseignaient dans les écoles la langue tatare dans un

premier temps puis le russe. Le tatar était la langue officielle de communication entre les pouvoirs russes et les dirigeants locaux, les Tatars étant leurs secrétaires. Tous les documents officiels écrits en russe, étaient d’abord traduits en tatar et puis transmis aux chefs locaux. Ainsi les écritures étaient menées en russe et tatar. Vu que parmi les Kazakhs il n’y avait pas de traducteurs connaissant le russe, ce sont les Tatars qui s’en sont chargés. L’influence des Tatars était visible dans les questions des relations nuptiales. Ils contribuaient à la réduction d’impact des biys88, le remplacement d’adat par la charia. Cela ne pouvait que provoquer le

mécontentement de la population envers les mollahs tatars.

Avec l’aide du clergé musulman de la Volga, le gouvernement espérait éloigner les nomades kazakhs de l’influence des khanats d’Asie centrale. Le gouvernement a conclut que la diffusion de l’islam est un fait positif car la religion monothéiste correspondait plus aux intérêts de l’Etat central et pouvait servir en tant qu’idéologie pour dépasser le tribalisme et unir les nomades, et ainsi faciliter l’établissement du contrôle administratif le rendant plus efficace. En même temps, les pouvoirs n’étaient pas indifférents pour ce qui est du modèle de l’islam. Le modèle des khanats centrasiatiques ne les satisfaisaient pas, c’est pour cette raison qu’ils ont employé des Tatars. Leur mentalité et le mode de vie pendant les deux siècles de la colonisation est devenu plus proche des Russes que des habitants d’Asie centrale traditionnellement penchant vers la culture musulmane. C’est comme cela que le gouvernement russe voulait opposer dans la steppe l’islam « civilisé » à l’islam « arriéré et fanatique du type centrasiatique ».

D’autant plus que les pouvoirs russes cherchaient à faire face à l’influence politique des khanats d’Asie centrale, prenant en conscience que dans les années 1790 pendant la guerre russo-turque, Boukhara et Khiva ont renforcé la propagande islamique à quoi s’ajoutait le khanat de Kokand fondé en 1798. Cette propagande s’accompagnait par l’excitation des propos antirusses chez l’élite kazakhe. Ils misaient surtout sur le clan de qoja qui habitait parmi les Kazakhs.

Les mollahs tatars qui étaient jusqu’à 1780 hors la loi, ont été activement employés par le gouvernement afin d’influencer idéologiquement sur les peuples du Kazakhstan, d’Asie centrale et du Caucase. Afin d’empêcher la diffusion de la propagande antirusse, les pouvoirs aspiraient à tempérer la migration du clergé musulman des khanats et ont interdit à ses habitants de passer sur ses territoires. Donc, grâce aux efforts des pouvoirs officiels, l’islam se répandait non seulement en venant du sud mais aussi du nord, et ce de la région de la Volga.

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Mais la conservation des liens économiques, culturels et politiques des khanats d’Asie centrale avec les Kazakhs créaient les possibilités pour continuer l’influence religieuse. Les khans de Grand jüz avaient leur siège à Turkestan qui était sous le protectorat de Boukhara ou de Kokand. Dans le premier quart du XIXème siècle les possessions du khanat de Kokand ont été élargies jusqu’à la mer d’Aral et le fleuve Ile.

La politique du gouvernement par rapport à l’islam dans cette période-là se caractérisait par l’ambigüité : dans la législation il y avait des oukases au contenu tolérant mais il y en avait d’autres qui lésaient les droits des musulmans.

D’une côté un vaste Etat unitaire était considéré comme russe d’où venait les essais d’unification et d’homogénéité religieuse, ethnique et culturelle dans l’empire. D’un autre côté cette aspiration était modérée par la peur de répugner les musulmans par des poursuites ouvertes et aussi par le rattachement du territoire du Kazakhstan. Le khan Äbilqayır a pris le protectorat de la Russie et les territoires du Jüz cadet ont donc du fait étaient intégrés à la Russie. Le khan de Jüz moyen Abılay passait tout à tour sous le protectorat de la Russie et de la Chine, c’est seulement sous le règne de son fils que le Jüz moyen a fait partie de l’empire russe ; les régions essentielles du Kazakhstan du nord-est et du centre, dans les années 1820- 1840.89

Mais jusqu’au début du XIXème siècle, l’influence russe n’était pas si forte. Les lignes frontalières sont devenues les territoires d’appui pour encercler la steppe kazakhe de l’ouest et du nord et l’instrument de progression de la Russie vers le sud. Au cours de l’expédition militaire dans les années 1860, les villes de Turkestan, Chymkent et Aoulie-Ata ont été prises et les territoires de Grand jüz ont été rattachés à l’Empire. Avec la fin de la colonisation des terres kazakhes, la politique confessionnelle du gouvernement russe continua à poursuivre son but c'est-à-dire l’établissement du calme et de la sécurité des routes commerciales avec la région de Kachgar.

2.1.5. Mosquées et écoles dans le cadre de la politique gouvernementale

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