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Islam et stratégie du Parti communiste russe pendant la période d’installation du pouvoir soviétique

Politique soviétique et islam

3.1. Islam et pouvoir soviétique dans les années 1917-

3.1.1. Islam et stratégie du Parti communiste russe pendant la période d’installation du pouvoir soviétique

La révolution d’octobre de 1917 a apporté de grands changements dans le développement politique des peuples de l’ex-Empire russe. Le Parti communiste russe (les bolcheviks) (PCR) est arrivé au pouvoir avec l’intention de mettre en œuvre les principes révolutionnaires sur l’organisation de l’Etat et de ses peuples. Les objectifs importants, comme l’installation du pouvoir et l’organisation de la gestion de l’Etat, ont posé au parti la question de l’élaboration d’une nouvelle politique dans tous les domaines de vie de la société multinationale et multiconfessionnelle, accablée par le passé colonial. La réalisation du programme politique a commencé dans les conditions d’une confrontation dramatique dans le pays.

Cherchant à détruire rapidement l’appareil clérical du précédent pouvoir (les institutions de l’Eglise orthodoxe russe en faisaient partie), le Conseil des commissaires du peuple (CCP) de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR) a changé le statut des institutions religieuses et des serviteurs du culte. Dans la période d’octobre 1917 à janvier 1918, le gouvernement a élaboré le décret sur le transfert des établissements scolaires religieux sous la compétence du Commissariat du peuple à l’éducation ; les décrets « Sur le mariage civil, les enfants et la gestion des livres des actes de l’état civil », « Sur le divorce », « Sur la réforme de toutes les directions du service spirituel » ont été adoptés.153 Le programme complet des relations entre l’Etat et la religion est décrit dans le décret du Comité central (CC) de la RSFSR « Sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat et la séparation de l’Ecole et de l’Eglise » du 20 janvier 1918, dans lequel se répètent les règlements du programme du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR), adoptés au IIème congrès en 1903, et les premiers arrêtés du CC du PCR de la RSFSR sur la question religieuse.

153 NURTAZÏNA N., «Bor’ba s islamom, Religioznaâ politika sovetskoj vlasti v Kazahstane v 20-40 gody XX

veka » (Lutte avec l’islam, Politique religieuse du pouvoir soviétique au Kazakhstan dans les années 1920-1940), Almaty, Qazaq wniversïteti, 2008, p.5, disponible sur: http://doc.nlrk.kz/result/ebook_140/index.html#ps

Il est connu que Lénine, en prenant connaissance du décret, a changé le nom initial de « Sur la liberté de conscience et les associations ecclésiastiques et religieuses» en « Sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat et la séparation de l’Ecole et de l’Eglise ». D’autres modifications ont été faites dans la loi avec le but d’affaiblir l’influence du clergé orthodoxe suprême.

Le décret a proclamé la laïcité de l’Etat, qui a affirmé sa neutralité dans les affaires de religion et de l’église. Les actions liées aux règlements sociaux publics ne devaient pas s’accompagner de rites et de cérémonies religieuses, le serment religieux était supprimé. En conformité au décret, la tutelle officielle des institutions religieuses sur l’éducation était abolie, les écoles confessionnelles étaient fermées, l’enseignement des disciplines religieuses dans les établissements scolaires publics et l’édition des manuels d’enseignement religieux étaient supprimés. L’Ecole se séparait de l’Eglise, mais l’article 9 laissait aux citoyens le droit d’obtenir une formation religieuse à titre particulier. L’enregistrement des actes d’état civil était transféré au pouvoir civil. Le mariage dans les églises n’était pas interdit mais n’avait aucune valeur juridique, seul le mariage civil était reconnu. Dans les articles 10-13 « Sur la situation juridique des organisations religieuses », les normes de l’Etat laïque étaient respectées de telle sorte que, dans les documents officiels, la mention de la confession était interdite. L’aide publique à l’Eglise orthodoxe russe, qui existait avant la révolution, a été supprimée. Toutes les organisations religieuses qu’elles soient orthodoxes, musulmanes ou autres devenaient des sociétés privées égales en droit, elles étaient basées sur le principe du bénévolat et étaient financées par les croyants. Les organisations religieuses utilisaient les maisons de prière et les biens du culte gratuitement, selon l’arrêté du pouvoir central et local. D’après le décret, ces organisations jouissaient du statut de personne morale. Le dernier règlement touchait avant tout les intérêts de l’Eglise orthodoxe qui était un grand propriétaire terrien durant le tsarisme154.

En des délais très courts, le nouveau gouvernement a élaboré les principes des relations entre l’Etat et la religion. Ces normes juridiques ont abrogé la division des organisations religieuses entre les dominantes, les tolérées (y compris musulmanes) et les non-tolérées.

Avec l’adoption de la Constitution de la RSFSR en juillet de 1918 par le Vème congrès russe des Soviets, les règlements principaux du décret sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat sont devenus les normes du droit constitutionnel. Les normes adoptées étaient assez

154Voir l’annexe, « Le décret sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat en Union soviétique », Bibliothèque

démocratiques, à l’exception de l’article qui privait les organisations religieuses du droit à être personne civile. C’était la différence principale de la législation soviétique par rapport au régime juridique des pays européens sur la religion. Les constitutions soviétiques suivantes ont copié les règlements fondamentaux du décret de 1918. Le seul point qui a changé concerne la tolérance envers la propagande religieuse.

Le décret sur « La séparation de l’Eglise et de l’Etat et la séparation de l’Ecole et de l’Eglise » avait une efficacité juridique sur le territoire de la RSFSR, mais était en usage dans tous les territoires du pays.

Les décrets du pouvoir soviétique permettaient aux populations de s’exprimer librement sur les sujets religieux et d’agir selon leurs convictions. Mais la nature de la politique religieuse du parti bolchevik était contradictoire à son début, car les déclarations publiques n’ont pas été mises en application.

La gestion des institutions religieuses par l’Etat était devenue une tradition de l’autocratie russe, légalisée par Pierre Ier en 1721. L’église orthodoxe russe avait commencé à être dirigée par le Saint Synode et s’était transformée en soutien de l’autocratie. Au XIXème siècle, l’intelligentsia russe, sous l’influence des révolutions bourgeoises européennes qui avaient engendré la liberté de conscience et certaines exigences politiques, avait commencé à nier de plus en plus la religion et l’Eglise. La pensée scientifique européenne avait eu une influence colossale sur l’évolution des principes athées. La doctrine de Darwin sur l’évolution naturelle des espèces biologiques et de l’origine de l’homme, ainsi que les œuvres d’E. Heckel sur l’autogenèse de la vie de la matière morte, fournissaient des arguments théoriques sur la genèse naturelle du monde et son unité. K. Marx et F. Engels ont contribué à la confirmation de la nouvelle conception dont la base étaitle matérialisme.

La désapprobation de l’Eglise était fondée sur les directives du programme du POSDR. Le fondateur du parti, Lénine, dans ses œuvres Socialisme et religion (1905), Sur

l’attitude de la classe des ouvriers vers la religion (1905), Matérialisme et empiriocriticisme (1908), Classes et partis dans leur rapports à la religion et l’église (1909), Sur l’importance du matérialisme militant (1922) a défini les buts du parti et

de la classe ouvrière par rapport à la religion et l’église. Lénine les a stigmatisées comme oppresseur et colonisateur des peuples de la Russie, et ne comprenait pas la question religieuse hors de « la lutte des classes ». Il était d’avis que la religion avait une hiérarchie – voire « des classes » – qui était à l’origine d’une domination financière.155

155

Au début du XXème siècle, la longue évolution de la société russe et la recherche de la foi ont évolué en négation complète de la religion. Les principes de l’Etat laïque, initiés sur les idées des révolutions bourgeoises, les découvertes scientifiques qui ont étayé la conception matérialiste (d’où les demandes humanistes de la liberté de conscience dans les premiers décrets soviétiques) et les dispositions radicales ont trouvé leur place de façon complexe et contradictoire dans la théorie de l’Etat athée, élaborée par Lénine.

Finalement, si les bases théoriques du modèle soviétique des relations entre l’Etat et la religion se sont formées sur les principes de l’Etat laïque, la mise en pratique de ces derniers a été étroitement liée avec les règlements du programme du parti communiste et basée sur les idées du socialisme scientifique.

Le radicalisme révolutionnaire et l’idéologie marxiste-léniniste ont engendré un système spécial de représentations et de valeurs de la politique religieuse étatique en URSS, qui a trouvé sa réalisation juridique dans la base législative de la politique soviétique. Dès le début elle s’est avérée sélective et répressive.

En dehors de la négation de la religion et de l’Eglise, les idées du communisme scientifique contenaient un certain dédain de la spécificité confessionnelle des peuples musulmans et son ignorance. Dans la plupart des cas, les leaders bolchéviques se tenaient du point de vue européocentrique envisageant un modèle d’évolution de la société applicable à la Russie en général, et des peuples musulmans en particulier. Selon leur avis, « les peuples arriérés » devaient rapidement se joindre à la civilisation mondiale.

Le PCR ne pouvait pas ignorer les musulmans de la Russie. Bien avant octobre 1917,

Lénine s’était intéressé à la taille de la population en Orient. Au début du XXème siècle, quand l’appartenance religieuse et non nationale, a été fixée, la population totale des musulmans atteignait 30 millions. C’est sur ces données que les représentants de nouveau pouvoir se sont fondés en 1917. En 1920, le Commissariat du peuple aux nationalités a recueilli les données sur les musulmans de Russie, sur la base d’enquêtes complexes. Selon leur compte, il y avait 5,2 millions « de Kirghizes » (regroupant Kazakhs et Kirghizes). Si, en 1880, parmi les musulmans, il y avait seulement 12 personnes détenant une formation supérieure, en 1910 leur nombre avait atteint 200. Un autre fait est que, chez les Tatars de Kazan, il y avait en moyenne une école pour 100 personnes, tandis que chez les orthodoxes le nombre était beaucoup plus faible, une école pour 2000 personnes156.

L’évolution de niveau culturel des musulmans a été à l’origine d’une « agitation panislamique ».

Les circonstances se compliquaient en Orient du fait que le bolchévisme n’avait pas eu d’échos avant la révolution parmi les musulmans. L’influence du parti jusqu’en 1917 était faible, vu le petit nombre, voire l’absence, de classe ouvrière. Le nombre des musulmans parmi les bolchéviques mêmes n’était pas considérable. Jusqu’en octobre 1917, on peut compter une dizaine des personnes comme Narïman Narïmanov, Mechadi Azizbekov, Magomed Dalgat, Yousouf Chamsoutdinov, Gaydar Bammatov, Mir-Said Sultangaliev etc. Les communistes parmi les Kazakhs sont arrivés juste pendant la révolution. Par exemple : Älibï Jangeldïn a adhéré au parti en 1915, Turar Rısqulov en 1917, Mirjaqıp Dulatov et Alma Orazbayeva en 1919 etc. La plupart d’entre eux ont suivi le parti communiste non pour des raisons de lutte des classes, mais pour la cause de l’autodétermination nationale.

Avec la prise du pouvoir dans les régions musulmanes (Crimée, Caucase du Nord, région de la Volga, Kazakhstan, Turkestan), les autonomies nationales ont été partout proclamées, comme le résultat logique de la politique impériale séculaire russe. Les Etats d’Idel-Oural, la république de Crimée, l’imanat de Daghestan et de Tchétchénie, l’émirat du Caucase du Nord, la république autonome Turkestan (Kokand), l’autonomie kazakhe étaient la réponse des musulmans au défi des Bolcheviks.

En décembre 1917, avec la proclamation de l’autonomie kazakhe, le gouvernement d’Alaş-Orda avec, à sa tête, Ä. Bökeyxan, a installé un contrôle sur les régions des steppes. Il agissait avec les autonomistes de Kokand et de Bachkortostan en formant un front unique. Dans la guerre civile, Alaş-Orda a soutenu les unités des garde-blancs de Doutov et est entré en dialogue avec Koltchak. Pourtant l’imprévoyance politique des leaders du mouvement contre-révolutionnaire, leurs aspirations à rétablir la Russie autocrate sans la constitution et les autonomies nationales, a plutôt éloigné les mouvements de libération nationale.

Ici, les leaders bolchéviques ont plus de succès. En faisant preuve de sagacité et de souplesse politique et en promettant la structure autonome, ils ont capté les initiatives des musulmans. Lénine et son entourage comprenaient bien qu’en réalité les peuples musulmans représentaient une force qui pourrait les soutenir ou devenir une opposition difficile aux Bolchéviks. Le Turkestan et la Région des steppes sont devenus l’arène de la confrontation puissante et de l’interaction des idées et des mouvements massifs pro- et anti-bolcheviks, des innovations et traditions politiques.

Le pouvoir soviétique avait fait des déclarations politiques, en se déclarant le protecteur des peuples musulmans. Les premiers décrets du Commissariat du peuple

« Déclaration des droits des peuples de la Russie » (2 novembre 1917), « A tous les travailleurs musulmans de la Russie et de l’Orient » (20 novembre 1917) contenaient des normes progressistes. Il faut préciser que le terme « musulman » était employé à cette époque au sens large : comme la nationalité et comme la désignation de toute la population de l’Orient. A la base de son activité, le gouvernement voyait l’annulation de toutes sortes de privilèges nationaux et religieux parmi d’autres principes démocratiques. Ce sont les déclarations du pouvoir soviétique et la propagande bien ciblée faite à un moment opportun qui ont armé et motivé les forces peu nombreuses des bolchéviks dans les provinces périphériques. Dans les conditions de la guerre civile, les messages et autres communiqués ont obtenu l’audience et le soutien d’une partie des populations musulmanes. Le clergé musulman était recruté pour diffuser la propagande soviétique dans les aouls kazakhs.

En décembre 1917, le Commissariat du peuple soviétique a initié l’organisation du congrès musulman à Petrograd. Il a rendu solennellement au Congrès une des reliques musulmanes connues, le Coran d’Othman, confisqué sous le tsarisme. Dans le monde musulman celui-ci était considéré comme sacré, le manuscrit du Coran ayant été écrit à l’époque du calife Othman (VIIs). Célèbre comme troisième calife juste, et premier classificateur des sourates du Coran, il a été tué en 656. Selon la tradition islamique, au moment de sa mort, il tenait dans ses mains le Coran sur les pages duquel son sang a coulé. Le livre précieux avait été emporté de Samarkand après sa conquête en 1869, sur l’ordre du gouverneur général de la région du Turkestan Kaufmann, et était conservé dans la bibliothèque publique de Saint-Pétersbourg. Le décret « Sur le transfert du Coran, emporté par le gouvernement tsariste à la disposition des musulmans de Turkestan » était signé par Lénine, Bontch-Brouïevitch et d’autres. Il stipulait de l’envoyer à Tachkent. Le Coran d’Othman a été conservé à Oufa et en 1923 transféré à Tachkent157.

D’autres actions impressionnantes à l’égard des reliques musulmanes ont suivi : la reconstruction de la tour Suyumbek à Kazan, de la mosquée Caravane-sérail à Orenbourg. Par conséquent, la partie loyale du clergé a déclaré « Pour le pouvoir soviétique, pour la charia » et appelé les croyants à la mise en pratique exacte et absolue des obligations civiles. Non seulement les chefs musulmans mais aussi les représentants des églises arménienne, luthérienne et baptiste ont soutenu le pouvoir soviétique.

Lénine a appelé ses compagnons à être attentifs à l’Orient. Dans ces années-la il y avait beaucoup de déclarations qui ont été faites pour séduire les musulmans, par exemple la

charia était considérée compétente comme le droit coutumier. Il est connu que Frounze, envoyé au Turkestan pour l’installation du pouvoir soviétique, connaissait les langues orientales, le Coran, et l’une de ses premières mesures a été le décret sur la déclaration du vendredi comme jour férié.

Cette tactique par rapport aux musulmans n’avait pas uniquement pour but de les gouverner. Les premières années de révolution avaient connu l’effervescence des passions idéologiques et des rêves utopiques. Les actes révolutionnaires avaient aussi été portés par l’idée du rôle mondial du communisme. Au début on avait espéré le soutien du prolétariat européen quand les manifestations des ouvriers avaient eu lieu en Allemagne, Austro-Hongrie etc. Mais en 1918, les foyers des manifestations prolétaires avaient été étouffés et l’attention des Bolcheviks s’était dirigée vers l’Orient. L’idée d’utiliser le potentiel révolutionnaire de l’Orient dans la lutte anti-impérialiste avait été proposée par le musulman communiste Mirsaet Sultangaliev.

L’orientation promusulmane de la Russie soviétique a été mise en avant lors du premier congrès des peuples de l’Orient à Bakou en 1920. Le slogan traditionnel de l’internationalisme s’est modifié en « Prolétariats de tous les pays et peuples opprimés du monde entier, unissez-vous », « Une nouvelle culture suprême viendra de l’Orient dans l’Europe bourgeoise ».

Les discours emphatiques étaient calculés sur l’effet produit dans le monde musulman. Dans le télégramme envoyé au chef du Conseil national de la Turquie, Mustafa Kemal, en janvier 1921, Lénine a écrit que « la Russie donne l’autonomie à tous les peuples qui sont sur son territoire et soutient la formation des républiques locales selon le principe du droit de chaque peuple à l’autodétermination. ».158

Ce communiqué du gouvernement soviétique à l’attention de la Turquie devait gagner la bienveillance du monde musulman intérieur qui avait de la sympathie pour son voisin.

En Turquie, dans les années 1920, prend forme le modèle spécifique des relations entre l’Etat et la religion. En 1924, Mustafa Kemal commence le processus de sécularisation. Il supprime l’institution du califat, annonce la laïcité de l’Etat, remplace la charia par le système législatif, interdit la procédure judicaire islamique et l’éducation musulmane et change l’alphabet arabe par l’alphabet latin. L’exemple de la Turquie a poussé les Bolcheviks à entreprendre des actions brusques.

Les déclarations du pouvoir soviétique ont produit un effet dans le monde musulman. La Russie soviétique a conclu des traités d’amitié et de fraternité avec la Turquie, l’Afghanistan et l’Iraq. L’intérêt politique extérieur orienté vers l’Est a prédéfini en quelque sorte l’adoption d’une attitude circonspecte envers les musulmans.

En même temps, désavouant chaque fois le passé historique, les Bolcheviks ont continué les traditions de l’Empire russe cherchant continuellement l’expansion géopolitique, y compris sur les terres musulmanes.

Pour mener une politique nationale, le Commissariat du peuple aux nationalités était fondé à l’intérieur du Commissariat du peuple de la RSFSR. Celui-ci était crée le 26 octobre 1917 au cours du IIème congrès russe des soviets. La spécificité de sa création et de la structure de l’appareil était basée sur le principe ethnique, mais pas sur le principe du domaine de compétence (comme par exemple l’économie, la culture, l’industrie etc.) adopté dans la pratique mondiale. Il n’y avait pas d’élément analogue dans l’histoire de la Russie impériale. Au début du XXème siècle, il y avait 189 ethnies et les Bolcheviks les prenaient en considération.

Les problèmes nationaux étaient étroitement entrelacés avec ceux des confessions. Comme la religion avait de l’influence sur la conscience et la vie des peuples, cela a amené au changement des compétences du Commissariat qui devait examiner en complément de ses attributions les questions de caractère confessionnel.

Staline, qui a dirigé cet organe dès décembre 1917, organisait les entretiens avec les musulmans, en particulier avec le délégué du Conseil musulman de la Russie A. Tsalikov. Il voulait connaître l’attitude des musulmans envers le pouvoir soviétique.

En janvier 1918, à l’intérieurdu Commissariat du peuple aux nationalités (CPN) s’est

organisé le Commissariat socialiste musulman. Dans la formation du personnel on tenait compte de connaissance de la langue nationale et l’appartenance à l’islam comme condition nécessaire à la réussite du travail. M. Vahitov (représentant de l’élite tatare) a dirigé le Commissariat musulman et ses filiales, créées dans les périphéries nationales (au Kazakhstan à Semey et à Verny) et qui devaient attirer les masses musulmanes aux idées du socialisme. Au sein de ce Commissariat il y avait une commission qui travaillait sur l’étude des divers courants religieux du clergé musulman, mais le clergé n’y était pas représenté.

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