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Mosquées et écoles dans le cadre de la politique gouvernementale La formation du corps des serviteurs de culte dans les steppes kazakhes à la fin du

Deuxième partie L’islam face à l’Empire russe

2.1. L’Empire russe et l’islam au cours de la colonisation des terres kazakhes (XVIIIème siècle-Ière moitié du XIXème siècle)

2.1.5. Mosquées et écoles dans le cadre de la politique gouvernementale La formation du corps des serviteurs de culte dans les steppes kazakhes à la fin du

XVIIIème et dans la première moitié du XIXème a amené à la construction des mosquées. Elles étaient construites dans les endroits où les Tatars étaient concentrés. Les entrepreneurs tatars, en règle générale, étaient les constructeurs des mosquées et des écoles religieuses.

Les conditions de leur construction étaient réglementées par les lois. Selon les oukases du 19 novembre 1742 et du 23 aout 1756, la construction des mosquées était autorisée s’il n’y avait pas de tentation pour les habitants de confession chrétienne. La deuxième règle était la présence de 200-300 personnes du genre masculin, si avec le temps leur nombre augmentait, les nouvelles mosquées ne se construisaient plus. Selon d’autres oukases du 13 décembre 1817 et du 31 mai 1829, les mosquées comme les églises devaient être construites dans les endroits ou les places ouvertes de tous les côtés et les plus fréquentés.90

L’Etat définissant l’ordre de construction des mosquées, ne cherchait pas à contredire aux normes musulmanes. Avant 1844 la construction des mosquées était réglée par les pouvoirs locaux, l’ASMO et la DGASCE. Seulement le 18 janvier 1844 une nouvelle règle était imposée selon laquelle les nouvelles mosquées à la charge de la direction spirituelle et civile, devaient être construites selon un plan architectural établi par le gouvernement. A titre d’exemple, la mosquée d’Atbasar,bâtie en 1864 à la charge du sultan supérieur Köşek Jadaev et des sociétés kazakhes, a été ratifiée par le gouverneur général Von Friedrich.

Cela a lésé les droits des musulmans puisqu’ils ne pouvaient pas choisir les schémas compositionnels. Enfin du compte l’édit de 1862 a permis de faire la construction selon d’autres plans.

La volonté de l’administration russe d’exercer un contrôle pour la construction des mosquées, s’exprime par l’obtention de la permission du gouverneur général de la Sibérie occidentale et également de l’accord de l’Assemblée d’Orenbourg. Malgré toutes ces prescriptions, les mosquées construites dans les années 1830, 1850 et même 1860, dans leur grande majorité, étaient érigées sans aucune autorisation. Par exemple, 6 mosquées se trouvant dans l’ouiezd Aqmola, construites dans les années 1830-40 se sont faites sans la permission de la direction, dans l’ouiezd de Petropavlovsk 6 des 13 mosquées étaient bâties de même manière, elles aussi dans l’illégalité91. Les autorités ne suivaient pas l’exécution des

décisions adoptées. L’explication se trouve dans le fait que la population n’exprimait pas son souhait de construire les mosquées. Leur nombre ne dépassait pas les limites indiqués par les pouvoirs à cause du petit nombre de personnels de l’administration russe et son manque de volonté d’intervenir dans la vie religieuse des Kazakhs.

90 NURĞALÏEVA A., op.cit., p.37 91

AYTBAYEVA R., Gosudarstvennaâ politika Rossijskoj imperii po otnošeniû k islamu v Kazahstane v XIX

Les écoles ouvertes par le gouvernement dans la première moitié du XIXème siècle au Kazakhstan poursuivaient un but assez utilitaire – la préparation des fonctionnaires du milieu kazakh. Les disciplines enseignées étaient définies conformément à ce but : la langue russe, la rédaction des documents officiels, l’arithmétique, la calligraphie, les règles du calcul sur le boulier, la langue tatare et la charia. Il s’agissait de préparer des administrateurs fidèles, soumis aux autorités, de ce fait il était indiqué d’accueillir à l’école les enfants des Kazakhs rendant service au gouvernement et connus pour leur fidélité. Cela pouvait être non seulement les enfants des sultans, des biys, des chefs mais aussi des Kazakhs ordinaires.

La charia était enseignée pour les élèves kazakhs, comme la Bible pour les enfants russes, par souci de la religiosité et de la morale. Le législateur de l’idée musulmane était nommé par le gouverneur militaire des mollahs, approuvés par l’ASMO.

A l’époque de Nicolas Ier le corps des lois de l’Empire russe fixait le droit des différentes religions à exercer librement ses pratiques. Mais le gouvernement n’a pas renoncé à l’idée de la christianisation des peuples non-russes afin de les russifier et assimiler.

Dans le cas des mariages mixtes entre les musulmans et les chrétiens, la personne musulmane devait abandonner sa religion. Les nouvelles lois donnaient la facilité aux musulmans et aux païens convertis à l’orthodoxie comme l’exemption du service militaire. L’hétérodoxe, converti au christianisme s’il avait commis un crime grave sa peine était allégée. Cette pratique était courante jusqu’à 1864 et était annulé en 1866.

Selon l’oukase spécial de 1822, les Kazakhs baptisés récemment obtenaient des privilèges spéciaux. Ils prenaient le statut des migrants russes dont leurs droits de bien étaient protégés par l’administration, les premiers six ans ils étaient également exemptés des impôts. Depuis 1836 les néophytes kazakhs obtenaient la somme de 25 roubles. Les religieux ayant réussi à convertir à l’orthodoxie plus de 100 hétérodoxes, étaient décorés d’ordre de Sainte Anne.

Les Kazakhs néophytes se trouvaient sous le patronage des pouvoirs qui les défendaient de ses parents non-baptisés. Avant 1861, les Kazakhs convertis à l’orthodoxie partaient ailleurs et obtenaient un autre statut social. La rupture des liens parentaux était une des causes principales d’absence des conversions massives à l’orthodoxie.

Les conversions dans le sens inverse, étaient punies. Le code synodique de 1845 ne prévoyait plus la condamnation à mort comme celui de 1649. Il prévoyait la privation de tous les droits et la déportation pour les travaux forcés de 8 à 10 ans. L’activité missionnaire était autorisée uniquement à l’Eglise orthodoxe russe.

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